La Passion de Jésus-Christ

LE SOUPER DE LA PÂQUE

Au souper de la Pâque, les disciples étaient seuls avec Jésus. Le temps qu'ils avaient passé avec Lui à ces fêtes avaient toujours été une occasion de réjouissances; mais maintenant Il était profondément troublé. Il leur dit finalement sur un ton d'une tristesse touchante : « J'ai vivement désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. » Il y avait du vin non fermenté sur la table et Il en prit une coupe, remercia Dieu et dit : « Prenez cette coupe, et distribuez-la entre vous; car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne, jusqu'à ce que le royaume de Dieu soit venu. » (Luc 22.11, 15, 17, 18) C'était la dernière fois que Christ devait garder la fête avec Ses disciples. C'était en fait la dernière Pâque qui devait jamais être gardée. Car l'agneau était immolé pour enseigner aux gens ce que représentait la mort de Christ; et quand Christ, l'Agneau de Dieu, serait immolé pour les péchés du monde, il ne serait plus nécessaire qu'un agneau soit tué pour préfigurer Sa mort. Lorsque les Juifs scellèrent leur rejet de Christ en Le mettant à mort, ils rejetèrent tout ce qui donnait à cette fête sa valeur et sa signification. En conséquence, son observation ne serait désormais plus qu'une cérémonie sans valeur.

Alors que Christ prenait part au service pascal, Il avait à l'esprit la scène de Son dernier grand sacrifice. Il se tenait maintenant dans l'ombre de la croix et la douleur torturait Son coeur. Il connaissait toute l'angoisse qui L'attendait. Il connaissait l'ingratitude et la cruauté qui Lui seraient manifestées par ceux qu'Il était venu sauver. Mais ce n'était pas à Sa propre souffrance qu'Il pensait. Il avait pitié de ceux qui rejetteraient leur Sauveur et perdraient la vie éternelle. Et le sort de Ses disciples occupait largement Sa pensée. Il savait comment, une fois Sa propre souffrance achevée, ils auraient à lutter en ce monde. Il avait tellement de choses à leur dire pour fortifier leur coeur pour ces temps où Il ne serait plus là pour marcher avec eux. Il avait espéré leur en parler dans cette dernière réunion précédant Sa mort. Mais Il ne pouvait leur dire ces choses maintenant. Car Il voyait qu'ils n'étaient pas préparés à L'écouter.

Un conflit subsistait entre eux. Ils croyaient encore que Christ serait bientôt couronné roi et chacun d'eux convoitait ainsi la plus haute position dans Son royaume. Ils entretenaient donc des sentiments de jalousie et d'irritation les uns envers les autres. Il y avait une autre cause de trouble. C'était la coutume lors d'une fête qu'un serviteur vienne laver les pieds des invités, et tout avait été préparé pour ce service. La cruche d'eau, le bassin et le linge étaient là, prêts pour le lavement des pieds. Mais aucun serviteur ne s'étant présenté, c'était la tâche des disciples de l'accomplir. Or, aucun des disciples ne voulait se faire le serviteur de ses frères. Nul n'était prêt à leur laver les pieds. Ainsi, en silence, ils avaient pris place autour de la table. Jésus attendit un peu pour voir ce qu'ils feraient. Puis Il se leva Lui-même de table. Il se ceignit du linge, versa l'eau dans le bassin et commença à laver les pieds des disciples. Il avait été attristé par leurs luttes mais Il ne leur reprocha pas leurs paroles cinglantes. Il montra Son amour en agissant comme serviteur envers Ses propres disciples. Quand il eut terminé, Il leur dit : « Si moi donc, votre Seigneur et maitre, je vous ai lavé les pieds, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres; car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. » (Jean 13- 14- 15) De cette manière, Jésus leur enseigna qu'ils devaient s'aider les uns les autres. Au lieu de rechercher la position la plus haute pour lui-même, chacun devait être prêt à servir ses frères. Le Sauveur est venu en ce monde pour oeuvrer en faveur des autres. Il a vécu pour aider et sauver ceux qui sont pécheurs et nécessiteux. Il désire que nous L'imitions.

Les disciples avaient maintenant honte de leur jalousie et de leur égoïsme. Leurs coeurs étaient remplis d'amour pour leur Seigneur et l'un pour l'autre. Ils pouvaient maintenant porter attention à l'enseignement de Christ.

Alors qu'ils étaient encore à table, Jésus prit du pain, rendit grâces, le rompit et le leur donna en disant : « Ceci est mon corps qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi. Il prit de même la coupe, après le souper, et la leur donna, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous. » (Luc 22.19-20) La Bible dit : « Aussi souvent que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'Il vienne. » (1 Corinthiens 11.26) Le pain et le vin représentent le corps et le sang de Christ. Comme le pain a été brisé et le vin versé, ainsi, sur la croix, le corps de Christ a été brisé et Son sang versé pour nous sauver. En mangeant le pain et en buvant le vin, nous montrons que nous y croyons. Nous montrons que nous nous repentons de nos péchés et que nous recevons Christ comme notre Sauveur.

Tandis que les disciples étaient assis à table avec Jésus, ils s'aperçurent qu'Il semblait encore fort troublé. Un sombre nuage descendit sur tous et ils mangèrent en silence. Finalement Jésus parla et dit : « En vérité, je vous le dis, l'un de vous me trahira. » Les disciples furent à la fois attristés et surpris par ces paroles. Chacun commença à sonder son coeur pour voir s'il y avait là l'ombre d'une mauvaise pensée contre le Maître. L'un après l'autre, ils demandèrent : « Seigneur, est-ce moi? » Seul Judas resta silencieux. Cela lui attira le regard de tous. Quand il se vit observé, il demanda à son tour : « Maître, est-ce moi? » Jésus répondit solennellement : « Tu l'as dit. » (Matthieu 26.21-22, 25) Jésus avait lavé les pieds de Judas, mais ceci ne l'avait pas amené à aimer davantage le Sauveur. Il était mécontent de ce que Christ avait accompli l'oeuvre d'un serviteur. Il était maintenant convaincu que Christ ne voudrait pas qu'on Le fasse roi et il fut encore plus déterminé à Le trahir. Quand il vit que son plan était connu, il n'en fut pas davantage saisi de crainte. Irrité, il quitta rapidement la chambre et partit accomplir son méchant dessein. Le départ de Judas fut un soulagement pour tous ceux qui étaient présents. La figure du Sauveur s'illumina et l'ombre qui avait enveloppé les disciples les quitta.

Christ parla ensuite avec Ses disciples pendant un certain temps. Il S'en allait vers la maison de Son Père, dit-Il, afin de leur préparer une place, et Il reviendrait pour les prendre avec Lui. Il promit de leur envoyer le Saint-Esprit comme enseignant et consolateur lorsqu'Il s'en serait allé. Il leur demanda de prier en Son nom et les assura que leurs prières recevraient une réponse. Puis Il pria pour eux, demandant qu'ils soient protégés du mal et s'aiment entre eux comme Il les avait aimés.

Cette prière de Jésus était pour nous aussi bien que pour les premiers disciples. Il dit : « Ce n'est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m'as envoyé... et que tu les as aimes comme tu m'as aimé. » (Jean 17.20-23)