La Passion de Jésus-Christ

DEVANT PILATE

Après que Christ eut été condamné par les juges du Sanhédrin, Il fut tout de suite conduit chez Pilate, le gouverneur romain, pour que soit confirmée et exécutée la sentence. Les prêtres et les dirigeants juifs ne pouvaient eux-mêmes entrer dans la salle du tribunal de Pilate. Selon les lois cérémonielles de leur nation, ils se souilleraient en agissant ainsi et se priveraient alors de prendre part à la fête de la Pâque. Dans leur aveuglement, ils ne voyaient pas que Christ était le véritable Agneau pascal et que comme ils L'avaient rejeté, cette grande fête avait perdu pour eux toute sa signification.

En regardant Jésus, Pilate vit un homme d'apparence noble et d'un port digne. Aucune trace de crime ne paraissait sur Sa figure. Pilate se tourna vers les prêtres et demanda : « Quelle accusation portez-vous contre cet homme? » Ses accusateurs ne souhaitaient pas discuter sur les détails et n'étaient donc pas préparés pour cette question. Ils savaient qu'ils ne pouvaient apporter aucune vraie preuve que le gouverneur romain accepterait comme Le condamnant. Alors les prêtres eurent recours à de faux témoins. « Ils se mirent à l'accuser, disant : Nous avons trouvé cet homme excitant notre nation à la révolte, empêchant de payer le tribut à César, et se disant lui-même Christ, roi. » (Luc 23.2). C'était faux car Christ avait clairement approuvé le paiement du tribut à César. Quand les docteurs de la ioi avaient essayé de Le piéger sur cette question précise, Il avait dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Matthieu 22.21)

Pilate ne se laissa pas tromper par le discours des faux témoins. Il se tourna vers le Sauveur et demanda : « Es-tu le roi des Juifs? » Jésus répondit : « Tu le dis. » (Matthieu 27.11). Quand ils entendirent cette réponse, Caïphe et ceux qui l'accompagnaient appelèrent Pilate à constater que Jésus avait admis le crime dont ils L'accusaient. Ils réclamèrent à grands cris qu'Il soit condamné à mort. Comme Christ ne donnait aucune réponse à Ses accusateurs, Pilate Lui dit : « Ne réponds-tu rien? Vois de combien de choses ils t'accusent. Mais Jésus ne répondit encore rien. (Marc 15.4-5)

Pilate était perplexe. Il ne voyait aucune évidence que Jésus était coupable d'un crime, et il n'avait aucune confiance en ceux qui L'accusaient. L'apparence noble et les manières calmes du Sauveur contrastaient ouvertement avec l'excitation et la furie de Ses accusateurs. Pilate en fut impressionné et fut convaincu de Son innocence. Espérant tirer de Lui la vérité, il prit Jésus à part et L'interrogea : « Es-tu le roi des Juifs? » Christ ne donna pas une réponse directe à cette question mais demanda : « Est-ce de toi-même que tu dis cela, ou d'autres te l'ont-ils dit de moi? » L'Esprit de Dieu luttait avec Pilate. La question de Jésus était conçue pour l'amener à examiner son propre coeur de plus près. Pilate comprit le sens de la question. Son coeur était ouvert devant lui et il vit que son âme était touchée par la conviction. Mais l'orgueil jaillit dans son coeur et il répondit : « Suis-je un Juif? Ta nation et les principaux sacrificateurs t'ont livré à moi : qu'as-tu fait? » L'occasion en or de Pilate était passée. Mais Jésus désirait que Pilate comprenne qu'Il n'était pas venu pour être un roi terrestre; par conséquent, Il lui dit : « Mon royaume n'est pas de ce monde, si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs; mais maintenant mon royaume n'est point d'ici-bas. » Pilate demanda alors : « Tu es donc roi? » Jésus répondit : « Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. » Pilate désirait connaître la vérité. Son esprit était confus. Il saisit avec avidité les paroles du Sauveur et son coeur fut touché d'un désir ardent de connaître ce qu'était réellement la vérité et comment il pouvait l'obtenir. Il demanda à Jésus: « Qu'est-ce que la vérité? » Mais il n'attendit pas la réponse. Le tumulte de la foule à l'extérieur du tribunal était devenu un rugissement. Les prêtres réclamaient à grands cris une action immédiate et Pilate fut ramené aux préoccupations du moment. Sortant devant le peuple, il déclara : « Je ne trouve en lui aucune faute. » Ces paroles provenant d'un juge païen étaient un reproche cinglant à la vile perfidie et au mensonge des chefs d'Israël qui accusaient le Sauveur.

Quand les prêtres et les anciens entendirent ces mots venant de Pilate, leur désappointement et leur rage éclatèrent. Ils avaient comploté et attendu cette opportunité depuis longtemps. En voyant la perspective de la libération de Jésus, ils semblèrent prêts à Le mettre en pièces. Ils perdirent toute raison et toute maîtrise de soi et se mirent à lancer des malédictions, se comportant davantage comme des démons que comme des hommes. Ils dénoncèrent tout haut Pilate et le menacèrent de la censure du gouvernement romain. Ils l'accusèrent de refuser la condamnation de Jésus qui, affirmaient-il, S'était opposé à César. Ils crièrent ensuite : « Il soulève le peuple, en enseignant par toute la Judée, depuis la Galilée où il a commencé, jusqu'ici. » (Luc 23.5)

À ce moment-la, Pilate n'avait nullement l'idée de condamner Jésus. Il était certain de Son innocence. Mais lorsqu'il entendit que Christ venait de la Galilée, il décida de L'envoyer à Hérode, le dirigeant de cette province, qui se trouvait alors à Jérusalem. De cette manière, Pilate pensait transférer la responsabilité du procès à Hérode. Jésus était affaibli par la faim et fatigué par le manque de sommeil. Il souffrait aussi du traitement cruel qu'Il avait reçu. Mais Pilate Le livra de nouveau aux soldats et Il fut emmené à l'écart, au milieu des moqueries et des insultes d'une racaille sans pitié.