La bonne nouvelle d'Harmaguédon

Spéculations modernes

Après avoir lu ce passage, certains chrétiens sincères ont conclu que le nom Harmaguédon représente la localisation géographique précise de la bataille finale entre ce qu'ils supposent être les armées juives et les armées des Gentils. La guerre décisive provoquant une destruction universelle sera livrée, ont-ils décidé, dans la plaine de Meguiddo, près du Mont Carmel, dans le nord de la Palestine. Cette suggestion apparaît dans la New Scofield Reference Bible (1967 ; note sur Apocalypse 19.17) et repose sur la supposition que le langage symbolique et l'imagerie de la prophétie biblique doivent être appliquées avec un littéralisme absolu.

La fondation de l'État moderne d'Israël en 1948 a suscité un nouvel intérêt pour l'étude d'Harmaguédon. Les spéculations décrivant différents scénarios d'une fin du monde prochaine ont augmenté en nombre, dont la plupart sont centrées sur le Moyen-Orient.

Par exemple, Harold Lindsell comprend Harmaguédon comme se référant à la guerre finale entre l'État d'Israël et une confédération des nations arabes productrices de pétrole. Il avance « que la fin des temps doit survenir avant que le pétrole des nations arabes ne soit épuisé. Ceci pourrait signifier que la fin n'est pas très loin et que le plan de Dieu pour l'achèvement de l'histoire atteindra son paroxysme dans un futur assez rapproché. » (The Gathering Storm, Tyndale House Publishers, 1980, p.101.)

John Walvoord a appelé la nation moderne d'Israël « le détonateur du conflit mondial final qui nous attend ». (Armaggeddon Oil and the Middle East Crisis, Zondervan Books, 1974, p. 23.)

Hal Lindsey dans son livre The Late Great Planet Earth (Bantam Books, 1973) calculait que le conflit d'Harmaguédon éclaterait au cours de l'année 1988. Prenant pour point de départ la déclaration de Jésus : « Cette génération ne passera point que toutes ces choses ne soient arrivées » ( Marc 13.30), Lindsey déclare : « De quelle génération s'agit-il ? Évidemment, selon le contexte, de la génération qui verrait s'accomplir les signes, le premier étant la renaissance d'Israël. Dans la Bible, une génération équivaut à environ 40 ans. Si cette déduction est correcte, alors toutes ces choses pourraient prendre place en l'espace de 40 années ou environ après 1948 » (p. 54). Or « nous sommes la génération dont Il parlait! » (The 1980s Countdown to Armageddon, Bantam Books, 1982, p. 162)

Aujourd'hui, une armée d'interprètes fondamentalistes modernes annoncent au monde que nous voyons la dernière génération avant le grand jour du châtiment. Leur compréhension des prophéties bibliques vient d'une même présupposition : nous devons lire les visions prophétiques des Saintes Écritures comme une description littérale précise de l'histoire à venir. En d'autres termes, leur interprétation doit suivre un littéralisme strict qui ne permet rien d'autre qu'une application littérale des mots et des noms hébreux à leur contrepartie moderne.

Cette approche implique que toutes les descriptions des lieux ethniques et géographiques d'Israël dans la prophétie biblique (le Mont Sion, la sainte Cité, etc.) et ses anciens ennemis (Babylone, l'Égypte, le roi du nord, etc.) doivent absolument avoir un accomplissement littéral correspondant à l'heure actuelle au Moyen-Orient. L'idée philosophique derrière ce concept est que les prophéties de l'Ancien Testament exigent une réalisation littérale inconditionnelle dans le temps présent, sans aucun égard à la signification transformatrice de la première venue de Christ sur toute la prophétie.