LE CONCEPT « EN CHRIST »

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L'EXPÉRIENCE CHRÉTIENNE

Nous continuerons cette fois-ci l'étude de l'expérience chrétienne et la façon dont nous pouvons l'obtenir.

« Celui qui n'a point connu le péché, il l'a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. » ( 2 Corinthiens 5.21 )

« Or, c'est par lui que vous êtes en Jésus-Christ, lequel a été fait pour nous sagesse de Dieu, justice, sanctification et rédemption. » ( 1 Corinthiens 1.30 )

« Car nulle chair ne sera justifiée devant lui par les oeuvres de la loi, puisque c'est par la loi que vient la connaissance du péché. Mais maintenant, sans la loi est manifestée la justice de Dieu, à laquelle rendent témoignage la loi et les prophètes, justice de Dieu (et c'est ce que nous sommes faits en lui afin que nous puissions devenir justice de Dieu en lui) par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient, car il n'y a pas de différence. » ( Romains 3.20-22 )

Or, la loi et les prophètes rendent témoignage de la justice de Dieu; elle est acceptable parce que c'est ce que Jésus-Christ a été fait pour nous, pour que nous puissions le devenir en Lui et que la justice de Dieu puisse satisfaire les exigences de l'expérience chrétienne.

Lorsque nous devenons en Lui justice de Dieu, toutes les conditions sont satisfaites ici-bas et dans le ciel; c'est l'expérience chrétienne, mais elle est toute en Lui, toujours en Lui.

AUCUNE CONDAMNATION

Lisons de nouveau :

« Il n'y a donc aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, qui marchent non selon la chair, mais selon l'Esprit. » ( Romains 8.1, KJV)

« Il n'y a aucune condamnation. » « Il n'y a aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. » C'est tout, mais c'est suffisant. Mais Jésus n'a-t-Il pas été condamné? Et n'avons-nous pas été condamnés en Lui?

Lisons le récit de l'expérience de Christ alors qu'Il était devant le souverain sacrificateur :

« Vous avez entendu le blasphème. Qu'en pensez-vous? Tous le condamnèrent comme méritant la mort. » ( Marc 14.64 )

Tous Le condamnèrent comme méritant la mort.

« L'un des malfaiteurs crucifiés l'injuriait, disant : N'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même, et sauve-nous! Mais l'autre le reprenait, et disait : Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation? Pour nous, c'est justice, car nous recevons ce qu'ont mérité nos crimes; mais celui-ci n'a rien fait de mal. » ( Luc 23.39-41 )

« Pilate lui dit : Qu'est-ce que la vérité? Après avoir eu dit cela, il sortit de nouveau pour aller vers les Juifs, et il leur dit : Je ne trouve aucune faute en lui. » ( Jean 18.38 )

« Voici, je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucune faute. » ( Jean 19.4 )

« Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le, car moi, je ne trouve aucune faute en lui. » ( Jean 19.6 )

« Hommes Israélites, écoutez ces paroles! Jésus de Nazareth, un homme [remarquez un homme] auquel Dieu a rendu un témoignage d'approbation devant vous par les miracles, les prodiges et les signes qu'il a opérés par lui au milieu de vous... » ( Actes 2.22 )

Encore un autre texte :

« Car ce n'est pas celui qui se recommande lui-même qui est approuvé, c'est celui que le Seigneur recommande. » ( 2 Corinthiens 10.18 )

Le compte-rendu est clair. Jésus-Christ a été condamné par les chefs religieux de l'époque comme méritant la mort, mais l'un des malfaiteurs qui était à Ses côtés savait que c'était une condamnation injuste et il l'a déclaré. Pilate, représentant du pouvoir civil, a dit par trois fois : « Je ne trouve aucune faute en lui »; et quoique soumis à la pression des chefs religieux, il leur a déclaré : « Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le. » Son témoignage confirme qu'Il était un homme approuvé de Dieu.

Cette leçon s'applique tout particulièrement à notre situation : « Il n'y a donc aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. » Et pourtant, ceux-là mêmes qui sont en Jésus-Christ seront aussi condamnés par les leaders religieux actuels dont la pression fera céder le pouvoir civil et persécuter à son tour un « homme approuvé de Dieu. » Mais « il n'y a aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. » C'est-à-dire que Dieu ne nous condamne pas; quelle importance alors qu'un homme nous condamne? Son jugement n'a aucune valeur. Lorsque l'Écriture déclare que Jésus de Nazareth était un homme approuvé de Dieu, elle affirme [en même temps] que tout homme qui a choisi d'être en Lui se trouve aussi approuvé de Dieu.

Voici une autre pensée. Notez ce que dit l'Écriture : « Il n'y a donc maintenant aucune condamnation. » Elle ne dit pas : « Il n'y a donc maintenant aucune culpabilité. » La première étape d'un procès consiste à démontrer la culpabilité de l'accusé, la suivante consiste à rendre la sentence. De même, la première fonction du Saint-Esprit est de convaincre de péché, non dans le but de condamner, mais dans le but d'accorder un pardon gratuit. Il peut y avoir verdict de culpabilité mais il ne faut pas confondre culpabilité et condamnation. La fonction suivante de l'Esprit est de convaincre de justice et le but de Dieu en amenant cette conviction est toujours de pouvoir accorder un pardon gratuit, non de condamner.

UN REFUGE EN LUI

Le texte nous suggère aussi une autre idée : « Aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. » Allons maintenant au chapitre 35 du livre des Nombres. Nous n'aurons pas le temps de lire le chapitre mais nous en donnerons un bref aperçu. C'est l'histoire de l'établissement des villes de refuge et vous vous souvenez que lorsqu'un homme en avait tué un autre, il pouvait s'enfuir vers l'une de ces villes de refuge. S'il était démontré après enquête que le meurtre n'avait pas été commis par malice ou intentionnellement, le meurtrier était en sécurité tant [et aussi longtemps] qu'il demeurait dans cette cité de refuge; on ne pouvait pas l'y condamner. Mais s'il s'aventurait hors de la ville, il devenait passible de peine. Ces cités de refuge étaient dispersées sur tout le territoire d'Israël de sorte qu'il était impossible pour une personne se trouvant à l'intérieur des frontières du pays d'être à plus d'une demi-journée de marche de l'une d'elles; de plus, les routes menant à ces villes étaient toujours gardées en bonne condition et des annonces de « REFUGE » s'élevaient un peu partout le long de ces routes afin d'éviter au fuyard qu'il perde du temps et se trompe de chemin.

Voyez-vous avec quelle exactitude cette leçon s'applique à notre cas? Jésus-Christ n'est pas loin de chacun de nous; et Dieu a rendu la route qui mène à Lui aussi facile que possible, étant toujours ouverte et réparée; elle est de plus bordée d'enseignes à chaque carrefour indiquant le chemin qui mène à Jésus-Christ, le Refuge, de sorte qu'au moment où un homme accepte sa position en Lui, il est à l'abri de son poursuivant tant et aussi longtemps qu'il demeure en Christ. S'il Le quitte, c'est à ses propres risques; il devra en subir la pénalité; mais s'il demeure en Lui, il sera en sécurité. « Il n'y a aucune condamnation. »

Il est dit dans l'Épître aux Philippiens :

« Mais ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte, à cause de Christ. Oui, et même je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur, pour lequel j'ai renoncé à tout, et je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ, et d'être trouvé en lui, non avec ma justice qui viendrait de la loi, mais avec celle qui s'obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi. » ( Philippiens 3.7-9 )

C'est cette justice de Dieu que nous devenons en Lui. L'expérience de Paul [avant sa conversion] était celle d'un parfait pharisien. Il donne la liste de ses bons points : sa naissance, sa généalogie, ses oeuvres et sa condition « irréprochable, à l'égard de la justice de la loi. » Mais lorsqu'il s'est vu tel qu'il était par rapport à Jésus-Christ et qu'il a vu toutes les oeuvres qu'il avait faites comparativement à la perfection de la justice de Jésus-Christ, non seulement a-t-il dû compter tout ce qu'il avait fait comme sans valeur, mais il a compris que toutes ses oeuvres n'étaient en réalité que pure perte. Elles devenaient même une quantité négative à inscrire à son compte du côté débit. Car il devait s'en repentir et « être trouvé en lui. » Il lui suffisait dorénavant d'être trouvé en Lui. Remarquez comment il compare ce qu'il a découvert en lui et ce qu'il a trouvé en Christ et voyez quels avantages il avait d'être trouvé en Christ plutôt que d'être livré à lui-même.

« Vous avez tout en lui. » ( Colossiens 2.10 )

Lisons le texte du second chapitre de Colossiens, en commençant au verset 6 :

« Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d'après l'enseignement qui vous a été donné, et abondez en actions de grâces. Prenez garde que personne ne vous dépouille... »

C'est-à-dire ne vous vole, ne fasse de vous sa proie, ne vous mette à nu, ne vous dévêtisse. Vous voyez que nous devons être trouvés en Jésus-Christ; nous devons être revêtus du Seigneur Jésus-Christ. Maintenant soyez sur vos gardes de peur que quelqu'un ne vous enlève le vêtement de noces, la justice de Dieu que nous avons en Lui.

« Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ. Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité... »

Non pas dans une masse informe, mais « en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité » dans un corps, matériellement, un corps qui avait été préparé pour lui.

« Tu m'as préparé un corps » ( Hébreux 10.5 )

Maintenant, dans ce corps, c'est-à-dire dans la chair, « habite toute la plénitude de la divinité » et toute la plénitude de la divinité était dans ce corps, y habitait corporellement. Voyez-vous la force de cette déclaration, [toute la plénitude de la divinité] dans ce corps, corporellement, non pas dans une masse indéfinie, mais la divinité revêtue d'un corps?

« Et vous êtes complets en lui. »

Ou mieux encore, selon la Version Révisée :

« Vous êtes remplis en lui. » ( Colossiens 2.10 )

Que sommes-nous sans Lui? Rien, rien du tout. Si nous essayons d'être quelque chose, nous ne pouvons en être que la forme. Ce n'est que du formalisme, quoi! Vous vous souvenez que la loi nous a été transmise par Moïse, mais que « la grâce et la vérité » ou selon la Version Syriac, « la grâce et la réalité sont venues par Jésus-Christ. » Maintenant, s'il est vrai que nous avons dans la loi la forme de la vérité, la réalité se trouve cependant en Jésus-Christ. Or, n'importe quel homme qui tente de devenir meilleur et qui essaie de se conformer aux exigences de la loi divine sans Christ, n'est qu'un formaliste. Il ne possède que la forme. La loi n'est alors rien de plus qu'une lettre morte. Il est tout à fait correct d'avoir la forme, mais la forme doit être remplie. Or, « vous êtes remplis en lui. » La forme y est, la loi également, mais au lieu de n'être qu'une forme morte, une sorte de squelette légal, elle est vivante et « nous [en] sommes remplis en lui. »

JUSTIFICATION ET SANCTIFICATION

Nous pouvons pousser la réflexion plus loin comme vous pouvez l'imaginer, car cette idée est omniprésente dans les saintes Écritures. Tout est en Lui. Et ce concept jette aussi un flot de lumière sur le sujet de la justification et de la sanctification. Il m'a permis de clarifier une grande partie de ce qui restait obscur et confus dans mon esprit à propos de la justification et de la sanctification. Lisons de nouveau dans Romains 5. Il serait bien de lire une bonne partie du chapitre mais nous passerons directement aux versets 17, 18 et 19.

« Car si par l'offense d'un homme la mort a régné par un seul, à plus forte raison ceux qui reçoivent l'abondance de la grâce et du don de la justice régneront-ils dans la vie par Jésus-Christ seul. Ainsi donc, comme par l'offense d'un seul le jugement a apporté la condamnation à tous les hommes, de même par la justice d'un seul, le don gratuit a apporté la justification qui donne la vie à tous les hommes. Car, comme par la désobéissance d'un seul homme beaucoup ont été rendus pécheurs (ont été constitués pécheurs), de même par l'obéissance d'un seul beaucoup seront rendus justes (ou constitués justes). » ( Romains 5.17-19 )

Maintenant, n'est-il pas parfaitement clair à partir du verset 18 que comme la condamnation a atteint tous les hommes, de même la justification qui donne la vie s'est étendue à tous les hommes? C'est parfaitement clair. La pensée me semble par conséquent celle-ci : tous les hommes ont été justifiés en Jésus-Christ. Verset 8 :

« Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. »

Est-Il mort pour tous?

« Afin que, par la grâce de Dieu, il souffrît la mort pour tous. » ( Hébreux 2.9 )

Maintenant, si tous les êtres humains devaient décider d'un seul coup de se repentir et de se tourner vers Dieu sur-le-champ, serait-il nécessaire qu'Il apporte des modifications à Son plan? Ne voyez-vous pas que Dieu a déjà tout fait, pour tous les hommes?

Revenons au parallèle entre le premier et le second Adam. Par l'offense d'un seul, par la désobéissance d'un seul, plusieurs ont été constitués pécheurs, c'est-à-dire qu'Adam a par sa désobéissance permis au péché d'entrer dans sa chair et qu'ainsi chacun de ses descendants, en conséquence de ce seul acte, a hérité d'une tendance au péché qui l'amènerait à commettre lui-même le péché s'il refusait de lutter contre elle; cependant, aucune culpabilité morale ne lui serait imputée comme descendant d'Adam à moins qu'il ne cède à cette tendance. Mais en ne luttant pas contre elle, il faillira et le péché se manifestera en lui.

Maintenant, par l'obéissance d'un seul beaucoup seront rendus justes; ou, par l'obéissance d'un seul homme, le don gratuit a apporté la justification qui donne la vie à tous les hommes. C'est-à-dire qu'en vertu de l'union du divin et de l'humain en Christ, de cette rencontre de notre humanité en Jésus-Christ, et du fait que la pénalité L'a frappé pour tous les hommes, Il [le Père] « a fait retomber sur lui le châtiment de tous. » Pour cette raison, chaque être humain reçoit un penchant, ressent une attirance pour la justice; et s'il ne résiste pas, il sera attiré vers la justice, mais il ne recevra rien pour son propre bénéfice à cause de cette justice ou de cette attirance vers la justice, à moins qu'il ne se soumette lui-même à cette tendance. Il sera attiré à Christ, il sera en Christ, et il recevra alors personnellement les bénéfices de la justification qui donne la vie, venue sur tous les hommes, exactement comme dans l'autre cas, il reçoit personnellement la condamnation ayant frappé tous les hommes en Adam, s'il cède à cette tendance au péché.

Maintenant nous l'avons mis sous forme de diagramme pour que le sujet soit bien clair :

JUSTIFIÉ

SA PART

NOTRE PART

Par Sa grâce ( Tite 3.7 )

Par la foi ( Romains 5.1 )

Par Son sang ( Romains 5.9 )

Par les oeuvres ( Jacques 2.24 )

La justification par la grâce, dans Tite 3.7 : « Étant justifiés gratuitement par Sa grâce. » Justifiés par Son sang, selon Romains 5.9 : « Maintenant que nous sommes justifiés par son sang. » Par la foi : « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu. » ( Romains 5.1 ). Par les oeuvres : « Vous voyez que l'homme est justifié par les oeuvres, et non par la foi seulement. » ( Jacques 2.24 ).

MÉTHODES DE JUSTIFICATION

Maintenant, il existe une grande confusion due à notre incapacité de saisir clairement ces méthodes de justification. La justification par la grâce, la grâce divine, est la source de toute justification. La justification par Son sang : le sang de Christ et le sang est la vie était le canal divin par lequel la justification devait être apportée à l'humanité, en s'unissant Lui-même, en unissant Sa vie avec celle de l'humanité. Par la foi : c'est la méthode par laquelle l'individu saisit et applique à son propre compte la justification qui vient de la grâce au travers du sang de Christ. Par les oeuvres : c'est l'évidence extérieure que l'individu s'est appliqué par la foi la justification qui vient de la grâce au travers de Son sang.

Maintenant la justification par la grâce constitue la part de Dieu. La justification par Son sang est aussi la part de Dieu qu'Il a accomplie en faveur de chaque être humain. Il a fait toutes ces choses pour la justification de chaque être humain; Sa grâce est offerte gratuitement à chaque être humain et Son sang est le canal par lequel elle coule vers chaque être humain; or, « nous estimons que si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts » ( 2 Corinthiens 5.14 ), tout cela vient donc de la grâce divine.

Mais quoiqu'Il ait réalisé toutes ces choses pour chaque être humain, elles n'ont d'efficacité que pour ceux qui s'en saisissent personnellement par la foi, qui s'emparent de la justification fournie. Elle est gratuitement fournie pour chacun, mais l'individu doit se saisir de cette justification pour son propre bénéfice, par la foi en Lui. Ainsi la provision accomplie gratuitement pour tous vaut maintenant pour lui individuellement; et quand, par la foi, il s'est appliqué personnellement la justification qui vient de Dieu au travers du sang de Christ, les oeuvres de Christ apparaissent en lui, comme une conséquence, comme un résultat inévitable.

Par conséquent, peu importe la méthode de justification mentionnée, cela ne fait aucune différence pour la personne qui est en Jésus-Christ. Qu'elle soit justifiée par la grâce, comme il se doit bien sûr, et toutes les autres conséquences suivront. En étant justifiée par la grâce, elle devient alors justifiée par le sang, en vertu de sa propre foi, et les oeuvres feront leur apparition; vous pourrez le constater à n'importe quelle étape. Si l'individu est réellement justifié par les oeuvres de la foi et si vous dites qu'il est justifié par les oeuvres, il est évident que tout le reste l'a précédé. Ceci devrait mettre un point final à [toutes] nos discussions pour déterminer si nous sommes justifiés par la foi ou par les oeuvres, si c'est par grâce ou d'une autre manière. Une personne qui se trouve véritablement et personnellement justifiée doit l'être en chaque type de justification. Lorsqu'une personne est réellement justifiée et manifeste l'un de ces quatre types, les trois autres sont tous sous-entendus.

LA JUSTICE IMPUTÉE

Passons maintenant à une autre idée : cette justification, cette justice, constitue, somme toute, la justice imputée. Rappelons-nous qu'elle a été donnée à l'humanité; c'est-à-dire que cette justice a été fournie quand Jésus-Christ a été donné à l'humanité; on ne nous présente pas non plus une chose totalement extérieure à nous-mêmes, comme un étranger qui nous offrirait un livre en disant : « Tiens, prends-le. C'est ton billet pour le ciel. » Non, nous ne pouvons pas y entrer en présentant un billet. Il est devenu l'humanité et Il est « le Seigneur notre justice »; lorsqu'Il s'est incarné, Il est devenu un avec nous et nous sommes un avec Lui. Dieu nous considère comme un avec Lui et donc justes en Lui, un dans tout ce qu'Il est; voilà d'où vient notre justification.

Ainsi la justification nous vient en recevant Celui qui est « le Seigneur, notre justice » comme un don à l'humanité et elle est réalisée par l'union rédemptrice de nos vies. Elle est donc à la fois intérieure et extérieure; elle nous pénètre de bord en bord; elle n'est pas comme un vêtement dont on se couvrirait, mais elle est en nous et sur nous, et c'est la vie agissant jusque dans nos extrémités. Mais elle est totalement imputée; elle est totalement donnée; il existe cependant une raison derrière cette idée du don de la justice. Cette justice que nous recevons a réellement et totalement été accomplie en Lui alors que nous étions en Lui, de sorte que cette justice devient notre justice en Lui, mais elle reste toujours un don, toujours imputée; et il existe une grande différence entre cette idée et l'idée de nous donner une justice tout à fait nouvelle et inconnue auparavant.

Nous étions en Lui lorsqu'Il a accompli cette justice, mais la justice que nous avons accomplie en Lui l'a été sans aucun choix ni consentement de notre part, exactement comme le péché commis par Adam l'a été sans aucun choix ni décision de notre part. Maintenant l'expérience chrétienne consiste à nous saisir de la justice par la foi en naissant dans la famille; et ce que nous avons fait en Lui sans l'avoir choisi ni voulu, Il le fera ensuite en nous en vertu de notre consentement constant et de notre propre choix. C'est toujours un don mais totalement compris en Lui; Il en a pris l'initiative sans attendre que nous l'ayons demandé. « Lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour des impies » ( Romains 5.6 ). Il a ainsi tout accompli d'une manière absolument merveilleuse, en Lui. Il l'a fait en S'unissant Lui-même à l'humanité et en amenant l'humanité à s'unir de même en Lui.

Par conséquent, lorsque nous sommes nés dans la famille et que nous avons été unis à Lui, toutes Ses oeuvres sont devenues les nôtres. Mais ceci fera-t-il germer en nous une idée de propre justice? Pas du tout; car tout est un don; la grâce est un don, le sang est un don, la foi que nous exerçons est un don et les oeuvres sont accomplies par cette foi qui est elle-même un don. Tout vient de Lui et cependant, le merveilleux plan de Dieu est que tout soit fait en Lui et en nous par l'union de nos vies; lorsque Jésus-Christ s'est uni à l'humanité, Il s'est uni à la race humaine qui vit actuellement comme à celle de n'importe quelle autre époque. C'est-à-dire qu'Il s'est uni à la postérité entière de l'homme, à l'ensemble de la famille humaine.

L'idée qui suit nous aidera peut-être à mieux l'illustrer. Il nous dit :

« Je suis le cep, vous êtes les sarments. »

Or, quand Il s'est uni à ce cep que constitue l'humanité, Il s'est uni à l'arbre généalogique humain de toutes les époques; et peu importe où vous vous situez dans l'histoire humaine, Jésus-Christ S'est joint à votre lignée autant qu'à celles qui l'ont précédée. Les générations naissent et passent, mais la source de l'humanité continue à couler, les branches poussent et sont brisées, mais le cep continue à croître, année après année. Et cette année, lorsque des branches se sont ajoutées à la vigne, il s'agissait toujours de la même vigne qui avait porté du fruit pendant toutes ces années, mais simplement d'une branche différente, c'est tout, une branche différente cette année. Et voyez ces branches, elles sont apparues sur la vigne au cours de cette génération; le fruit de la vigne doit maintenant paraître sur ces branches. N'est-ce pas la même vigne qui a déjà porté du fruit? Jésus-Christ n'était pas comme un simple homme, se tenant là, seul. Il était [le genre] humain; Il était nous et nous étions tous en Lui. Quel merveilleux plan! Quel merveilleux plan!

Mais qu'advient-il de l'idée de sanctification par rapport à cette justification [que nous venons d'exposer]? D'abord, au moment où l'homme naît dans la famille, sa sanctification n'existe pas; il est toutefois considéré comme juste dès sa naissance dans la famille parce qu'il est en Lui. Toute sa justice est une justice imputée. Il est considéré comme juste et il l'est complètement. Mais aucune partie de cette justice n'est encore accomplie en lui. Maintenant, par la soumission, en s'abandonnant, en étant toujours justifié par la foi, cette vie, cette justice qui est vie commence à agir en lui et forme une union vitale. Elle commence à faire partie de lui. Comme si le sang qui donne la vie commençait à circuler dans son système et à prendre la place des choses mortes et anciennes, le changement commence à se faire sentir intérieurement, le reliant maintenant à la source de vie divine; cette vie divine se déverse ensuite en lui et circule au travers de son être; la vie divine ainsi reçue commence alors à se manifester, tout ceci s'accomplissant en Lui seul et par Lui seul c'est la sanctification. En continuant ainsi à s'abandonner, il est pendant tout ce temps justifié, mais il continue à s'abandonner à ce courant de vie divine qui agit de plus en plus en lui; il s'abandonne aux motivations de cette [nouvelle] vie plutôt qu'aux motivations pécheresses présentes dans ses membres. Et plus il s'abandonne aux impulsions de cette [nouvelle] vie, plus il croît dans la sanctification. Sa justification ne diminue pas d'un iota, pour ainsi dire, mais la somme de sa justification et de sa sanctification constitue pendant tout ce temps la perfection.

Effectivement, sa justification ne diminue en aucun temps, malgré sa croissance dans la sanctification; et c'est le but de Dieu que toute la justice donnée à une personne au moment où elle naît dans la famille de Dieu et croit en Jésus-Christ soit accomplie en elle parce qu'elle le veut et y consent constamment. En Lui était la vie. C'est là tout le secret. En Lui était la vie. En dehors de Lui, il n'y a point de vie. Lorsque nous nous unissons à Lui en naissant dans la famille, nous recevons alors la vie. Puis le sang qui donne la vie coule en nous et la justice qui donne la vie nous est communiquée. Mais la vie de Jésus-Christ n'est pas une chose stagnante ou inactive. C'est la vie, et la vie se manifeste toujours. Nous ne sommes que les instruments de la justice. La vie de justice nous utilise alors simplement comme des instruments volontaires et soumis.

[Puisse chaque membre de l'humanité connaître en Lui l'expérience chrétienne!]