Plusieurs croient que le problème de la relation parent-enfant
réside dans l'incapacité des parents d'exprimer leur amour
envers leurs enfants. Ils se lancent ensuite dans toute une
série de moyens faisant davantage appel au physique qu'au spirituel.
Ainsi apparaît l'exploitation consciente et volontaire des regards, du
toucher, des échanges verbaux. Nous n'oserions pas nier que ces
choses font partie courante de la vie humaine et de l'amour humain
dont sont pourvus la plupart des gens. Mais le véritable amour
possède des caractéristiques hors du commun, des racines plus
profondes, qui dépassent le simple jeu des formes et que peu de
gens connaissent et comprennent véritablement.
Pourquoi serait-il si difficile de faire preuve d'amour et pourquoi cela
demanderait-il tant d'attention? Faut-il connaître les sciences
humaines et la psychologie pour arriver à aimer? Non, ce serait
absurde. En fait, si les parents ne peuvent communiquer cet amour,
c'est parce qu'ils ne le possèdent tout simplement pas. Ils n'ont pas
encore saisi et apprécié le véritable amour dont l'exemple le plus
manifeste se trouve dans la vie et la mort de notre Sauveur.
Il y a danger à diriger notre attention et à centrer notre approche
éducative sur les moyens proposés pour exprimer l'amour, perdant
ainsi de vue la nature spirituelle de l'amour; car l'amour vient de
Dieu. Il s'ensuit que le seul moyen efficace d'exprimer l'amour
consiste à :
- recevoir l'amour;
- vivre l'amour.
L'étape naturelle et automatique consiste ensuite à le communiquer,
à le partager, cela est évident.
Disons au départ que toutes nos actions proviennent d'une même
source, le cerveau; c'est là que se forment nos pensées, nos
sentiments et nos motivations, ce que nous définissons comme le
caractère. Où doit donc d'abord s'installer l'amour? Dans l'esprit,
au niveau du caractère, bien sûr.
« Mais ce qui sort de la bouche vient du coeur, et c'est ce qui
souille l'homme. Car c'est du coeur que viennent les
mauvaises pensées, les meurtres, les adultères... » (
Matthieu 15.18-19
). (Le coeur signifiant l'esprit.)
Ainsi le vrai défi consiste à transformer le coeur du parent puis de
l'enfant : « Le Sauveur a dit : 'Nul, s'il ne naît d'en haut' -- s'il ne
reçoit un coeur nouveau et des aspirations nouvelles qui l'entraînent
vers une nouvelle vie -- 'ne peut voir le royaume de Dieu.' La
notion d'après laquelle il suffirait à l'homme de travailler à développer
le bien qui est en lui par nature est une erreur fatale. 'L'homme
animal [naturel] ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles
sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c'est
spirituellement qu'on en juge'. » (Vers Jésus, p. 18-19).
« La conformité extérieure à la lettre de la loi n'était pas suffisante.
Les principes mêmes de la loi doivent être plantés dans le coeur et
l'amour pour Dieu et pour l'homme doit être révélé dans le
caractère, les paroles et les actions. Ceux qui croient en Christ
comme en leur Sauveur personnel auront la foi qui agit par amour,
manifesteront Son Esprit et Sa grâce, et coopéreront avec Lui pour
éduquer et discipliner les âmes pour Son royaume céleste. » (Signs
of the Times, 9-10-1886). Cela dépasse le simple niveau de
l'expression.
« Quand l'amour du Sauveur est implanté dans un coeur, de même
qu'un parfum suave, il ne peut rester caché. Sa sainte influence
s'exerce sur tous ceux avec lesquels il entre en contact » (Vers Jésus,
p. 77). N'est-ce pas ce que nous devons espérer de la part de
chaque parent, de chaque enseignant chrétien, dans la tâche éducative
qui leur incombe?
Le bien n'existe pas naturellement chez l'enfant et pas davantage
chez le parent; ils doivent donc faire appel à une aide extérieure, à
la puissance d'en haut. L'amour ne peut être communiqué que par
l'Esprit à la personne qui naît de nouveau (
Romains 5.5
), « une expérience rare de nos jours ». Jésus a Lui-même décrit la nouvelle
naissance comme condition et cause d'entrée dans le royaume de
Dieu, le royaume de l'amour.
Nous devons donc en déduire que l'amour auquel il est fait référence
dans la plupart des livres éducatifs contemporains représente plutôt
l'amour humain; c'est un amour qui n'a rien d'inconditionnel, mais
qui se trouve toujours motivé par un certain intérêt personnel et
égoïste, bien que souvent caché (cf. Le mot qui tourna le monde
à l'envers, p. 5, 15). Le véritable amour n'est pas non plus moral,
notons-le, on ne peut commander l'amour. On n'aime pas parce
qu'on veut aimer ou qu'on nous dit d'aimer. C'est un principe
intérieur qui nous est communiqué et par lequel nous agissons sans
nous en rendre nécessairement compte, naturellement. On ne peut
que le recevoir du ciel. Les oeuvres deviennent alors l'évidence
d'une vie intérieure intense de l'individu, et même de l'enfant.
« L'amour de Dieu dans le coeur est la seule source de
l'amour du prochain. » (Jésus-Christ, p. 501-2).
L'amour ne vient pas par habitude, en faisant ou en agissant, mais
en contemplant l'Amour incarné. La contemplation de l'amour
immense déployé à la croix subjuguera l'âme. « Nous l'aimons parce
qu'il nous a aimés le premier » (
1 Jean 4.19
). Touchés par l'amour, ils aimeront; c'est là la puissance de l'amour. Comme il nous est
difficile de comprendre ce fait si simple que même un enfant peut
y arriver ! Cela lui sera même plus facile.
Ainsi, tout comme il est naturel pour l'homme non converti de faire
le mal, il devient naturel pour l'homme spirituel, né de nouveau, de
faire le bien, parce qu'il est habité par le Saint-Esprit, et qu'il
participe à la nature divine. C'est pourquoi on peut dès ce moment
dire sans se tromper : « Il est facile d'être sauvé et difficile d'être
perdu. » L'éducation prend alors une toute nouvelle direction, elle
devient positive, joyeuse.