Le véritable amour dans l'éducation

1. L'expression de l'amour

Plusieurs croient que le problème de la relation parent-enfant réside dans l'incapacité des parents d'exprimer leur amour envers leurs enfants. Ils se lancent ensuite dans toute une série de moyens faisant davantage appel au physique qu'au spirituel.

Ainsi apparaît l'exploitation consciente et volontaire des regards, du toucher, des échanges verbaux. Nous n'oserions pas nier que ces choses font partie courante de la vie humaine et de l'amour humain dont sont pourvus la plupart des gens. Mais le véritable amour possède des caractéristiques hors du commun, des racines plus profondes, qui dépassent le simple jeu des formes et que peu de gens connaissent et comprennent véritablement.

Pourquoi serait-il si difficile de faire preuve d'amour et pourquoi cela demanderait-il tant d'attention? Faut-il connaître les sciences humaines et la psychologie pour arriver à aimer? Non, ce serait absurde. En fait, si les parents ne peuvent communiquer cet amour, c'est parce qu'ils ne le possèdent tout simplement pas. Ils n'ont pas encore saisi et apprécié le véritable amour dont l'exemple le plus manifeste se trouve dans la vie et la mort de notre Sauveur.

Il y a danger à diriger notre attention et à centrer notre approche éducative sur les moyens proposés pour exprimer l'amour, perdant ainsi de vue la nature spirituelle de l'amour; car l'amour vient de Dieu. Il s'ensuit que le seul moyen efficace d'exprimer l'amour consiste à :
  1. recevoir l'amour;

  2. vivre l'amour.

L'étape naturelle et automatique consiste ensuite à le communiquer, à le partager, cela est évident.

Disons au départ que toutes nos actions proviennent d'une même source, le cerveau; c'est là que se forment nos pensées, nos sentiments et nos motivations, ce que nous définissons comme le caractère. Où doit donc d'abord s'installer l'amour? Dans l'esprit, au niveau du caractère, bien sûr.
« Mais ce qui sort de la bouche vient du coeur, et c'est ce qui souille l'homme. Car c'est du coeur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères... » ( Matthieu 15.18-19 ). (Le coeur signifiant l'esprit.)
Ainsi le vrai défi consiste à transformer le coeur du parent puis de l'enfant : « Le Sauveur a dit : 'Nul, s'il ne naît d'en haut' -- s'il ne reçoit un coeur nouveau et des aspirations nouvelles qui l'entraînent vers une nouvelle vie -- 'ne peut voir le royaume de Dieu.' La notion d'après laquelle il suffirait à l'homme de travailler à développer le bien qui est en lui par nature est une erreur fatale. 'L'homme animal [naturel] ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c'est spirituellement qu'on en juge'. » (Vers Jésus, p. 18-19).

« La conformité extérieure à la lettre de la loi n'était pas suffisante. Les principes mêmes de la loi doivent être plantés dans le coeur et l'amour pour Dieu et pour l'homme doit être révélé dans le caractère, les paroles et les actions. Ceux qui croient en Christ comme en leur Sauveur personnel auront la foi qui agit par amour, manifesteront Son Esprit et Sa grâce, et coopéreront avec Lui pour éduquer et discipliner les âmes pour Son royaume céleste. » (Signs of the Times, 9-10-1886). Cela dépasse le simple niveau de l'expression.

« Quand l'amour du Sauveur est implanté dans un coeur, de même qu'un parfum suave, il ne peut rester caché. Sa sainte influence s'exerce sur tous ceux avec lesquels il entre en contact » (Vers Jésus, p. 77). N'est-ce pas ce que nous devons espérer de la part de chaque parent, de chaque enseignant chrétien, dans la tâche éducative qui leur incombe?

Le bien n'existe pas naturellement chez l'enfant et pas davantage chez le parent; ils doivent donc faire appel à une aide extérieure, à la puissance d'en haut. L'amour ne peut être communiqué que par l'Esprit à la personne qui naît de nouveau ( Romains 5.5 ), « une expérience rare de nos jours ». Jésus a Lui-même décrit la nouvelle naissance comme condition et cause d'entrée dans le royaume de Dieu, le royaume de l'amour.

Nous devons donc en déduire que l'amour auquel il est fait référence dans la plupart des livres éducatifs contemporains représente plutôt l'amour humain; c'est un amour qui n'a rien d'inconditionnel, mais qui se trouve toujours motivé par un certain intérêt personnel et égoïste, bien que souvent caché (cf. Le mot qui tourna le monde à l'envers, p. 5, 15). Le véritable amour n'est pas non plus moral, notons-le, on ne peut commander l'amour. On n'aime pas parce qu'on veut aimer ou qu'on nous dit d'aimer. C'est un principe intérieur qui nous est communiqué et par lequel nous agissons sans nous en rendre nécessairement compte, naturellement. On ne peut que le recevoir du ciel. Les oeuvres deviennent alors l'évidence d'une vie intérieure intense de l'individu, et même de l'enfant.
« L'amour de Dieu dans le coeur est la seule source de l'amour du prochain. » (Jésus-Christ, p. 501-2).
L'amour ne vient pas par habitude, en faisant ou en agissant, mais en contemplant l'Amour incarné. La contemplation de l'amour immense déployé à la croix subjuguera l'âme. « Nous l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier » ( 1 Jean 4.19 ). Touchés par l'amour, ils aimeront; c'est là la puissance de l'amour. Comme il nous est difficile de comprendre ce fait si simple que même un enfant peut y arriver ! Cela lui sera même plus facile.

Ainsi, tout comme il est naturel pour l'homme non converti de faire le mal, il devient naturel pour l'homme spirituel, né de nouveau, de faire le bien, parce qu'il est habité par le Saint-Esprit, et qu'il participe à la nature divine. C'est pourquoi on peut dès ce moment dire sans se tromper : « Il est facile d'être sauvé et difficile d'être perdu. » L'éducation prend alors une toute nouvelle direction, elle devient positive, joyeuse.