Une des principales erreurs véhiculées dans le domaine
religieux comme éducationnel consiste à nier la perfection
et à la mettre hors de portée de l'homme et à plus forte
raison de l'enfant qui n'a pas atteint ce « stade de maturité. » On la
définit comme une chose vers laquelle nous devons tendre sans pour
autant jamais l'atteindre, une sorte d'utopie. « Personne n'est
parfait! » entendons-nous souvent.
Cette expression est, j'aimerais l'espérer, celle d'un athée, d'un
matérialiste, ou d'un mauvais jardinier qui n'arriverait jamais à
tuteurer correctement ses arbres en disant : « L'arbre a poussé croche
et on ne peut rien y faire. » Cette façon de voir n'est pas digne d'un
éducateur chrétien, parent ou enseignant, et ne reflète pas du tout
la position biblique. Elle correspond plutôt à une position religieuse
moderne et libérale d'après laquelle nous serions rendus justes, tout en
excluant la sanctification (la sainteté) comme accessoire et non
essentielle; elle demeurerait certes désirable, mais la perfection
resterait impossible à atteindre. Nous ne pourrions que tendre vers
elle, prétend-on encore une fois.
Mais que signifie le mot parfait? A-t-il vraiment sa place ici-bas,
dans une éducation concrète et quotidienne?
« L'idéal de Dieu pour Ses enfants est plus élevé que tout ce
que la pensée humaine peut imaginer. 'Vous serez donc
parfaits, comme votre Père céleste est parfait.' Cet ordre
renferme aussi une promesse. Le plan de la rédemption
prévoit notre affranchissement complet du pouvoir de
Satan. Le Christ éloigne toujours l'âme contrite du péché.
Il est venu pour anéantir les oeuvres du diable, et Il a pourvu
à ce que le Saint-Esprit soit communiqué à toute âme
repentante, pour la préserver du péché. » (Jésus-Christ, p. 300).
Première constatation : la perfection désigne un état de délivrance,
d'affranchissement du péché. Pour l'homme spirituel, l'homme qui
croit dans la parole de Dieu et qui en dépend, il existe un espoir
bien supérieur, puisque basé sur une promesse divine et infaillible.
Cette perfection ne dépend pas de lui, mais de Dieu. Sa part
consiste à vivre en relation étroite et ferme avec Celui qui est la
perfection même et qui n'a d'autre désir que de Se faire connaître
à l'être humain dans toute Sa bonté aimante, qui forme le lien
même de la perfection qui les unit (
Colossiens 3.14 ).
« Tel Il est, tels nous sommes aussi dans ce monde : c'est en
cela que l'amour est parfait en nous, afin que nous
ayons de l'assurance au jour du jugement... et celui qui
craint n'est pas parfait dans l'amour » (
1 Jean 4.17-18 ).
L'amour dont il est question est certainement parfait, il ne peut être
autre chose quand on le considère dans ce texte bien connu (portez
attention au mot « tout ») :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur,
de toute ton âme, et de toute ta pensée... » (
Matthieu 22.37 ).
« Les intelligences célestes aideront l'homme qui recherche, avec une
foi déterminée, cette
perfection du caractère qui mènera à la
perfection dans l'action... En coopérant avec la volonté de Dieu,
la volonté humaine devient toute-puissante. Tout ce qui est fait sur
Son ordre peut être accompli par Sa force. Tout ce qu'Il ordonne,
Il le donne. » (Les Paraboles de Jésus, p. 287-8, corrigé).
Cet amour est l'accomplissement parfait de la loi (
Romains 13.10 ).
Ce ne peut être un accomplissement partiel. « Car quiconque
observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement est
coupable de tous » (
Jacques 2.10 ).
La perfection est exigée partout
dans la Bible. Le nier, c'est nier la Parole. C'est porter atteinte à
l'honneur de Dieu. C'est croire qu'Il nous demande une chose
impossible. Dieu n'oserait jamais se moquer ainsi de nous. « Tout
ce qu'Il ordonne, Il le donne. »
Lorsque l'amour de Dieu prend possession de notre coeur, nous
cessons de pécher. « Quiconque demeure en Lui ne pèche point;
quiconque pèche ne l'a pas vu, et ne l'a pas connu » (
1 Jean 3.6 ).
Il est toujours possible de tomber, mais il faut pour cela que notre
communion avec Lui soit brisée, ce que l'ennemi s'efforce de
produire avec acharnement et ce que nous sommes toujours libres
de faire. (Il se sert de quatre armes pour y arriver : les soucis de la
vie, les plaisirs de ce monde, les péchés et imperfections dans notre
vie et dans celle des autres.) Notre vie est parfaite parce que Christ
vit en nous.
« Quand nous nous soumettons au Christ, notre coeur est uni
au Sien, notre volonté se confond avec la Sienne, notre
esprit s'identifie au Sien, nos pensées sont captives de Sa
volonté. Nous vivons Sa vie. » (Les Paraboles de Jésus, p.
271; Christ's Object Lessons, p. 312).
« Le Sauveur est venu pour glorifier le Père par la démonstration
de Son amour; de même l'Esprit devait glorifier
Christ en révélant Sa grâce au monde. L'image même de
Dieu doit être reproduite dans l'humanité [les enfants aussi].
L'honneur de Dieu, l'honneur de Christ, est impliqué dans
la perfection du caractère de Son peuple. » (Desire of Ages,
p. 671, Jésus-Christ, p. 675).
La caractéristique essentielle de Son peuple, du peuple de la fin,
c'est la perfection du caractère, par la possession d'un amour tout
à fait inconditionnel, l'agapè, « afin de présenter à Dieu tout homme,
devenu parfait en Christ » (
Colossiens 1.28 ).
Et Paul ajoute en bon
évangéliste-éducateur : « C'est à quoi je travaille, en combattant avec
sa force, qui agit puissamment en moi. » (
Colossiens 1.29 ).
« Visez à rendre vos enfants parfaits au niveau du caractère. Souvenez-vous
que seuls ceux qui le sont pourront voir Dieu... » (Child Guidance,
p. 73). Ce n'est pas là une affirmation gratuite ni un pieux souhait.
Il s'agit d'une réalité. Maintenant doit-on attendre que ces choses
ne se réalisent que dans l'avenir seulement? « À chaque étape de
son développement, notre vie peut être parfaite. » (Child Guidance,
p. 162).
D'autre part, nous ne pouvons pas penser qu'être simplement
justifié suffit et que nous pouvons nous permettre de poursuivre la
même vie de péché. Nous vivons des moments trop dramatiques
pour risquer un tel raisonnement :
« Approchons-nous en présence de Christ. Il procède à la
purification du sanctuaire céleste. Entrons-y par la foi.
[Toute] provision a été faite pour notre purification. Une
fontaine [source, lavoir] a été ouverte pour le péché et
l'impureté. Demandez avec foi la grâce divine et vous ne
demanderez pas en vain. » (Review and Herald, 28-05-1889).
Nous sommes bien au temps de la purification du sanctuaire, n'est-ce
pas? (Cf.
Tite 2.14;
Hébreux 10.19-22 et La perfection de A. T. Jones.)
« Dieu éprouvera tous les hommes [adultes et enfants ayant l'âge de
raison], comme Il l'a fait avec Adam et Ève, afin de voir s'ils seront
obéissants. Notre loyauté ou notre déloyauté décidera de notre
destinée. Depuis la chute d'Adam, des hommes de toutes époques
ont trouvé des excuses pour pécher, accusant même Dieu d'en être
responsable, se disant incapables d'observer Ses commandements.
C'est l'insinuation lancée par Satan au Dieu du ciel.
« Mais nous ne pouvons pas présenter à Dieu ce plaidoyer : 'Je ne
suis pas capable de garder les commandements'; car le Sauveur Se
tient devant Lui, portant les marques de la crucifixion sur Son corps,
témoin vivant que la loi peut être observée. Ce n'est pas que les
hommes ne peuvent pas garder la loi, mais ils ne le veulent pas. »
(Review and Herald, 28-05-1901).
Nous possédons de plus cette affirmation très juste et très claire :
« Celui qui n'a pas une foi suffisante en Christ pour croire
qu'Il peut l'empêcher de pécher, n'a pas la foi qui lui
permettra d'entrer dans le royaume de Dieu. » (Selected
Messages, vol. 3, p. 360).
L'objectif éducationnel devient donc d'abord et avant tout un
objectif spirituel : devenir semblable à Christ et c'est possible!
Ignorer ce fait rend tout notre travail auprès de l'enfant inutile.
Situons-nous maintenant : la première étape de notre analyse
consistait à établir avec certitude l'objectif. Quel est-il? La perfection,
en Christ. Il ne faudra pas le perdre de vue. C'est ce que
désire l'ennemi. Nous devrons en second lieu considérer à qui s'applique
l'objectif, à l'enfant bien sûr, mais qui est l'enfant? Quelle
nature l'anime, ressemble-t-il à l'homme? En quoi diffère-t-il si c'est
le cas? Peut-il aussi aimer, être parfait? Nous ne pouvons soigner
un malade sans d'abord consulter son dossier? Il nous faut savoir à
qui nous avons affaire. Le lecteur averti voudra peut-être compléter
lui-même sa recherche à ce propos. Nous pourrons ensuite aborder
les diverses méthodes à notre disposition pour parvenir à la
réalisation de l'objectif. Nous chercherons finalement à en isoler
une, la vraie, la seule, la meilleure.
Concluons sur le sujet de la perfection en mentionnant trois points importants :
- Christ a réécrit notre histoire en devenant notre Substitut, et en
venant vivre et mourir pour nous. C'est en Lui que nous sommes
vus comme parfaits par le Père.
- Il est possible de vivre quotidiennement sans péché par l'Esprit
qui demeure en nous et qui nous a été donné « pour nous empêcher
de pécher ». Il le fait en nous inculquant ce mobile de l'agapè.
Christ vit alors Sa vie en nous.
- Nous ne devons pas nous décourager devant les péchés qui
peuvent surgir dans notre vie. Dieu désire que nous soyons
totalement purifiés. Il ira donc jusqu'au fond pour faire paraître des
fautes jusqu'ici insoupçonnées. Cette oeuvre ne sera pas terminée
tant que nous n'aurons pas cédé sur chaque point et dit : Je préfère
le Seigneur à toutes ces choses.