Le véritable amour dans l'éducation

4. Réservoir et/ou canal d'amour

Pour recevoir un cadeau, nous tendons normalement les mains. Pour nous nourrir d'un bon fruit gros et juteux, nous utilisons les deux mains pour bien le tenir. Nos deux mains forment alors une sorte de vase, de réservoir. C'est ainsi que mangent les Africains.

L'enfant (comme tout individu) est souvent comparé à un vase ou à un réservoir qui peut recevoir l'amour. L'idée d'un réservoir recevant la grâce divine est très intéressante; elle peut cependant porter à croire en cette idée archaïque de sainteté, un peu mystique mais toujours bien vivante parmi nous. Expliquons-nous. Le croyant mystique reçoit dans son être, en lui, une « justice infuse » propre à lui permettre de marcher saintement. Ceci peut être illustré par le véhicule électrique d'un terrain de golf. Lorsque les piles sont chargées, le véhicule devient capable d'opérer seul, par lui-même, remarquez bien, seul, par lui-même, en vertu d'une sainteté acquise comme une qualité infuse. La sainteté appartient alors au saint. « C'est un saint » dira-t-on de lui. C'est un être spécial, au-dessus des hommes. Mais ce point de vue jette une ombre sur la véritable notion de sainteté, de mise à part dans un but divin, de consécration à Dieu et surtout d'union avec Christ, en qui se trouve la sainteté. Pas étonnant que beaucoup en viennent à considérer la sainteté comme impossible à atteindre ici-bas. Ce qui conduira inévitablement à inventer un purgatoire, transition nécessaire entre la terre et le ciel, entre le pécheur et la sainteté. Et nous voilà transportés dans le musée des horreurs!

La Bible enseigne plutôt que la communication doit être constante et ininterrompue. Nous sommes saints parce qu'Il est saint et que nous sommes unis à Lui, nous demeurons en Lui. Le réservoir que nous sommes doit être sans cesse alimenté. L'image du trolleybus ou du tramway est plus adéquate : si la liaison avec la ligne d'alimentation est coupée, le trolleybus ne peut plus bouger; il ne peut ni avancer, ni reculer, il est mort. De même, l'homme doit rester en communion constante avec le ciel. Il n'est pas ce saint mystique et contemplatif qu'on nous dépeint si souvent; il reste toujours pécheur par nature, mais il peut par le Saint-Esprit la soumettre et marcher dans la sainteté en maintenant cette foi et cette union en Christ son Sauveur. Il est saint parce que Dieu le considère comme tel en Son Fils, alors qu'il est uni à Lui.

« Cette union avec Christ, une fois formée, doit être maintenue. Christ a dit : 'Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi.' Il ne s'agit pas d'un contact occasionnel, d'une relation intermittente. La branche devient une partie du cep vivant. La communication de la vie, de la force et de la fécondité de la racine aux branches n'est pas obstruée mais constante. Séparée de la vigne, la branche ne peut pas vivre. Vous ne pouvez non plus vivre sans Moi, disait Jésus. La vie que vous avez reçue de Moi ne peut être préservée que par une communion continuelle. Sans Moi, vous ne pouvez vaincre un seul péché, ni résister à une seule tentation.

« 'Demeurez en moi, et je demeurerai en vous.' Demeurer en Christ signifie recevoir constamment Son Esprit, vivre dans une parfaite soumission à Son service. Le canal de communication entre Dieu et l'homme doit être continuellement ouvert. Tout comme la branche tire constamment la sève du cep vivant, de la même manière, nous devons rester attachés à Jésus, et recevoir de Lui, par la foi, la force et la perfection de Son propre caractère.

« La racine envoie la nourriture par les sarments jusqu'aux dernières ramifications. De même le Christ communique un courant de force spirituelle à chaque croyant. Aussi longtemps qu'une âme est unie à Christ, elle ne risque pas de se dessécher ou de se corrompre. » (Jésus-Christ, p. 680-1; Desire of Ages, p. 676).

Quelle est cette force, cette perfection de caractère? L'amour-agapé ( 1 Jean 4.12, 18 ). Le Saint-Esprit est toujours présent pour communiquer cet amour au croyant ( Romains 5.5 ). C'est d'ailleurs ce que représente l'échelle de Jacob avec les anges qui y montent et descendent continuellement. Le chandelier de Zacharie 4 , avec ses deux oliviers qui se déversent dans les lampes que nous sommes par les sept conduits, présente cette même idée de canal.

Il faut aussi considérer que le réservoir, le vase rempli devient aussitôt canal, pour à son tour émettre la lumière reçue, transmettre l'agapè divine à autrui. Autrement le vase n'est qu'un ornement inutile dans la maison de Dieu. Car on ne peut recevoir l'agapè sans la partager. Elle coule verticalement du ciel, pour se répandre horizontalement vers les autres. L'enfant aimé répondra à l'amour du parent mais manifestera en plus une même attitude, une même disposition envers les enfants de son entourage. Il est impensable que l'amour qui pénètre le réservoir devienne égoïsme et y reste bloqué. Il doit au contraire faire de nous des canaux.

Doit-on comparer l'homme à un réservoir ou à un canal? S'il n'a que la forme d'un réservoir, il s'enflera d'orgueil, comme les pharisiens de l'époque. Si son réservoir devient canal, il contribuera au perfectionnement de ceux qu'il côtoie et à l'édification de la société ( Éphésiens 4.12 ), tout en croissant lui-même dans l'agapè.

Ceci dit et de la même manière, le parent représente Dieu auprès de l'enfant et doit à ce titre laisser couler l'amour-agapè dans sa direction. Il devient ainsi essentiel d'établir ce canal de communication avec eux. Attention : cela signifie une présence des plus constante du parent, une association à ses préoccupations, à ses activités. L'enseignant, quant à lui, n'est plus un étranger. C'est d'abord la mère. Nous sommes d'abord et avant tout mère et père.
« L'éducation et la formation de leurs enfants dans le but d'en faire des chrétiens sont le plus grand service que les parents peuvent rendre à Dieu. » (Christ's Object Lessons, p. 195).
Abordons maintenant les caractéristiques de l'amour qui nous est habituellement présenté, en contraste avec l'agapè.