Le véritable amour dans l'éducation

7. Le chemin de l'amour

L'amour-agapè se distingue facilement lorsqu'on le contemple en la personne de Jésus. Car Il est venu spécialement pour nous le révéler.

Cet amour est spontané, sans motif. « Jésus guérissait tous les maux... et soulageait tous les fardeaux » dit un cantique bien connu. Il ne posait pas de questions. Il guérissait. Il n'attendait rien en retour; mais Il aimait bien sentir cette réponse du coeur, cette foi qui pouvait apprécier. Il Lui arrivait de la demander. Il éprouva de la peine de voir les dix lépreux s'en aller égoïstement et ne pas revenir, sauf un, alors qu'Il venait de leur donner une si belle démonstration de Son amour gratuit et inconditionnel par une guérison complète. « La puissance de l'amour se révélait dans chaque guérison de Christ, et c'est seulement en participant à cet amour, par la foi, que nous pouvons être des instruments pour Son oeuvre. » (Desire of Ages, p. 825, Jésus-Christ, p. 826). C'est en participant à cet amour que nous devenons capables de travailler au bien de nos enfants et comme Jésus, au relèvement de l'humanité.

Le parent aimant ne cherche pas à imposer la crainte à l'enfant, que ce soit par des punitions, en élevant la voix ou en frappant; car il possède un amour qui guérit. L'amour parfait n'utilise pas la peur comme méthode : « La crainte n'est pas dans l'amour, mais l'amour parfait bannit la crainte. » ( 1 Jean 4.18 ). Il n'utilise pas non plus l'attrait des récompenses ou les mérites; ce serait lui transmettre un esprit mercenaire, un désir de s'élever (celui-là même qui a causé la chute de l'homme); c'est un amour gratuit et spontané qui désire abattre toutes les barrières du ressentiment et de la rébellion que produisent la crainte et l'égoïsme. Enfin, il créera une atmosphère propice à faire naître le même amour spontané chez l'enfant. C'est là la véritable éducation.
« L'exercice de la force est contraire aux principes du gouvernement divin. Il ne désire qu'un service d'amour, et l'amour ne peut être commandé; il ne peut être gagné par la force ni par l'autorité. Seul l'amour éveille l'amour. Connaître Dieu, c'est L'aimer; Son caractère doit être manifesté en contraste avec le caractère de Satan. » (Desire of Ages, p. 22; Jésus-Christ, p. 12; cf. Le mot qui tourna le monde à l'envers, chapitre Éros ou agapè).
Le parent rempli d'amour, devenu canal entre Dieu et l'enfant, lui donnera toute l'aide possible, même s'il n'en reçoit que de l'ingratitude. Il donnera et il n'attendra rien en retour. Il agira toujours selon ce mobile : « L'amour de Christ nous presse. » ( 2 Corinthiens 5.14 ). C'est le caractère de Dieu d'aimer car Il est Amour. Et c'est la caractéristique de Son amour de se donner, de se répandre. Nous pouvons aussi démontrer ce caractère, en apprenant à Le connaître.

Le père du fils prodigue fut rapide à percevoir au loin la silhouette de son fils, malgré l'aspect très différent qu'il offrait maintenant, en comparaison de sa lancée vers la gloire. Le père courut au-devant de lui : l'amour est vif de réaction, il est spontané. « Apportez vite la plus belle robe. » Il est tout de suite réintégré dans la maison, dans la famille, avec tous les honneurs, et le père du fils prodigue lui laisse à peine le temps de prononcer sa demande de pardon.

Notre amour est-il aussi spontané? Sommes-nous lents à ouvrir la porte à la repentance? Repoussons-nous à plus tard le pardon que nos enfants réclament en prétextant qu'ils n'ont pas suffisamment de repentance? Faut-il leur demander d'acheter le salut par leur repentance? Sommes-nous les gardiens des portes du ciel?

C'est en Christ que nous sommes sauvés, et cela ne vient pas de nous, c'est le don gratuit de Dieu. Car Dieu nous a tout donné en Christ, la foi ( Romains 12.3; Apocalypse 14.12 ) comme la repentance ( Romains 2.4 ). Nous ne pouvons rien Lui offrir. « Prends mon coeur car je ne puis Te le donner, » dit la prière. Prions Dieu dans les moments difficiles, afin qu'Il nous donne de démontrer la bonté de Dieu qui pousse à la repentance et qu'Il donne ensuite cette repentance à notre enfant.

L'amour est souverain, indépendant de la valeur de la personne ou de l'enfant. Jésus n'avait d'égard à qui se présentait devant Lui. Il oeuvrait aussi bien pour l'inconnu, l'étranger, le disciple, le pharisien, le publicain, le riche, le pauvre, la veuve, la mère de famille, l'enfant... Il s'est uni à toute la race humaine, à tous les hommes, gratuitement, par amour. Il est descendu au plus bas de l'échelle humaine, afin de pouvoir en tirer le plus déchu et le plus petit. Il s'est uni à nous par des liens que seul notre choix peut briser. (Suivant l'exemple du Sauveur, le parent ne devrait jamais laisser la main de l'enfant.) Dans Son amour, Christ a changé de vie et Il a pris sur Lui la nature des enfants de l'humanité, « parfaitement identique avec notre propre nature, mais sans la teinte du péché... homme ayant notre chair, soumis à la faiblesse de l'humanité... exposé à tous les inconvénients qui touchent l'homme. » (Manuscript Releases, vol. 16, p. 181).

De même le parent chrétien ne cherche pas en l'enfant un motif pour l'aimer. Il ne considère pas quels sont ses résultats scolaires, ses prouesses sportives, sa vivacité d'esprit, ses qualités ou sa beauté. Il le prend, tel qu'il est; il va vers l'enfant et cherche à enrôler sa volonté au lieu d'exiger. Il s'unit à lui dans l'accomplissement de ses tâches et de ses devoirs, ainsi que dans les cultes de famille; il prie avec lui le Dieu du ciel pour Lui demander pardon lorsqu'un problème se pose. Il prie par les mérites de Jésus. N'a-t-Il pas porté les péchés de beaucoup d'hommes, de tous les hommes ( Romains 5.18 )? Il les a en effet sentis en Lui, Il les a portés dans Sa conscience humaine, envahie par la douleur, l'horreur et la culpabilité du péché. Il a payé le prix pour tous les péchés de tous les temps, afin de nous libérer. Et ceci inclut et englobe aussi tous nos enfants, sans exception. Précieux Sauveur!

Nous devons ainsi considérer chaque enfant comme un enfant de Dieu. Car, à moins de résister volontairement et avec persistance à l'attrait de l'amour, il sera, lui aussi, amené aux pieds de Jésus et de la croix, dans l'appréciation profonde de ce qu'Il a fait pour lui.

Sa place est réservée au ciel car Jésus est allé la préparer. Ne dites jamais à un enfant : « Si tu continues ainsi, tu n'iras pas au ciel. » Ce serait une mauvaise nouvelle de nature à le décourager. Dites-lui plutôt cette vérité que le ciel lui a été acquis et lui est réservé en vertu des mérites de Jésus. Demandez-lui ensuite : « Veux-tu Lui être agréable? » Il agira par amour et non par crainte.

Cet amour est créateur de valeur. Non seulement Jésus vient-Il à notre secours, mais Il nous recrée. Cela veut dire prendre un être dévalorisé, un enfant maltraité ou le voyou le plus indigne, et l'aimer, lui donner espoir, créer en lui cette confiance en Dieu, cette assurance, la certitude d'être un jour avec Lui. C'est ce que Jésus a fait en prenant chaque enfant de l'humanité pour s'unir à lui; Il a porté ses péchés sur la croix et a payé pour lui le prix d'entrée au ciel. Voilà la valeur qu'Il donne à l'enfant, une valeur proportionnelle à la grandeur de Son sacrifice infini, de Son amour infini.

En S'incarnant, Il est devenu nous et nous sommes devenus Lui. C'est ainsi qu'Il peut maintenant nous communiquer une valeur qui est la Sienne : « ... afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux... » ( Jean 17.26 ). Le Père nous aime comme Il aime Son Fils. Il nous rend plus précieux que l'or fin, l'or le plus pur ( Ésaïe 13.12 ). Comment pouvons-nous démontrer une telle attitude envers nos petits? C'est d'abord en ayant, selon 1 Corinthiens 2.16, la pensée de Christ. Si nos yeux sont constamment dirigés vers Christ, nous Le verrons au travers de ces petits. « Ce que vous faites au plus petit... c'est à moi que vous le faites. » ( Matthieu 25.40 ). Ce sera suffisant pour révolutionner notre approche éducative.

Finalement, l'agapè crée la communion. L'amour de Dieu se mit à la recherche d'Adam et Ève dans le jardin, en dépit de leur faute. Car Christ désire plus que toute autre chose communier avec l'homme. Il cherche l'homme, l'homme pécheur. Dieu est venu Lui-même au-devant de l'homme pour lui offrir Sa communion, Sa solution; Il est représenté dans le père du fils prodigue qui coure au-devant de son fils gaspilleur et égoïste. L'initiative vient de Dieu. « Je suis errant comme une brebis perdue : cherche ton serviteur. » ( Psaumes 119.176 ).

Que produit cette communion? Unis à Lui par la foi, dans une appréciation sincère et profonde de Son sacrifice, nous en démontrons la réalité par notre propre sacrifice, le sacrifice de soi. Car nous avons le même mobile : l'amour qui renonce à soi, qui se sacrifie. Le païen sacrifie un animal pour apaiser la colère de son dieu, le dévot fait des sacrifices pour obtenir une faveur, mais le vrai chrétien regarde son Dieu Se sacrifier pour lui avec un étonnement mêlé d'admiration. Voilà en quoi diffère le christianisme!

C'est dans le sacrifice de la croix que l'agapè prend tout son sens. C'est le point véritable de communion avec Christ. C'est la démonstration de l'amour suprême que rien ne pourra jamais égaler. Dieu est Amour. Il a voulu réconcilier le monde avec Lui-même. Il a livré Son Fils aux vignerons, à Ses ennemis, par amour pour eux. Pourtant, Il les connaissait, Il savait. Mais rien de ce qui était possible ne devait être omis pour les rescaper, rien. Christ a donné Sa vie pour nous, impies. Il connaissait Judas; n'avait-Il pas passé trois ans et demi en sa compagnie? N'avait-Il pas la possibilité de lire dans les coeurs? Il savait que ce traître ne se convertirait jamais, qu'il Le trahirait et qu'il Le livrerait. Mais Il a tout fait pour lui. Il a même communié avec Son ennemi, avec le traître, dans la chambre haute. Celui qui a mis sa main dans le plat avec Lui, Il l'a nourri, éduqué, aimé. Pour toute réponse, le méchant n'a cherché qu'à profiter de Son amour infini.

Mais on ne pourra jamais dire que Son amour est moins qu'infini. Il fera tout pour nous sauver. N'est-Il pas mort pour nous? On ne pourra jamais dire qu'Il aurait pu faire davantage. Celui qui sera perdu le devra à son propre choix et à son refus persistant de la grâce divine. N'est-Il pas ressuscité pour nous? Les liens de la mort n'ont pu Le retenir, car les liens de Son amour pour l'homme n'avaient jamais été brisés. « L'amour est aussi fort que la mort. »

Cette communion trouvera son apogée dans la plus grande réception de tous les temps. Assis autour d'une même table pour participer à ce nouveau Souper de communion, Il nous servira. Ce sera certes le meilleur festin que nous ayons jamais goûté, car c'est Lui qui l'a préparé. Ce sera un festin de roi, un festin d'agapè.