LE VRAI COMBAT DE JOB

LA GRANDE CONTROVERSE

Les deux principaux protagonistes de cette histoire sont en réalité Dieu et Satan. Job constitue le champ de bataille comme ce fut le cas du chef du royaume de Perse ( Daniel 10.13 ) et comme c'est aussi notre cas à tous. Il s'agit ici d'un épisode de la grande controverse à une échelle réduite mais représentative. Job est le représentant de Dieu. Satan se présente comme le gouverneur de la terre, le prince de ce monde ( Jean 12.31 ). C'est ce qu'il affirme en réponse à Dieu.

« Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l'Éternel, et Satan vint aussi au milieu d'eux. L'Éternel dit à Satan : D'où viens-tu? Et Satan répondit à l'Éternel : De parcourir la terre et de m'y promener. » ( Job 1.6-7 )

Il présente la terre comme son domaine où il peut se promener à sa guise. Mais Dieu n'est pas d'accord et l'arrête tout de suite. Il a usurpé le domaine de l'homme. C'est un imposteur. Il n'a pas le droit de se présenter à la réunion des gouverneurs de l'univers. C'est pourquoi Dieu présente l'homme Job comme le juste et réel propriétaire de la terre. Par la foi, il fait partie de la postérité d'Abraham et se trouve donc être héritier selon la promesse.

« L'Éternel dit à Abram, après que Lot se fut séparé de lui : Lève les yeux, et, du lieu où tu es, regarde vers le nord et le midi, vers l'orient et l'occident; car tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours. » ( Genèse 13.14-15 )

Évidemment le pays littéral représente ici beaucoup plus, il préfigure la Canaan céleste, la vie éternelle, qui constitue le véritable objet de la promesse de la nouvelle alliance. En même temps, l'autorité de Dieu sur le monde et l'univers est mise en jeu. Satan vient donc assister à la réunion des gouverneurs de l'univers. Pour quelle raison?

« Les Écritures déclarent qu'à une occasion, alors que les anges de Dieu vinrent se présenter devant le Seigneur, Satan vint aussi parmi eux ( Job 1.6 ), non pour se prosterner devant le Roi Éternel, mais pour faire avancer ses propres desseins malicieux contre les justes. » (GC11, p. 518)

Satan, l'Adversaire puisque telle est la signification de son nom, savait que Dieu avait des fidèles sur terre, en particulier Job. Car comment pouvait-il l'ignorer? Désireux d'affermir son autorité sur la terre et de faire chanceler le ciel, il lance une attaque contre Dieu et contre Ses fidèles, Ses justes. Certains ont avancé que le défi vient de Dieu. Mais l'attaque est bel et bien lancée par Satan de façon impromptue, alors que Dieu préside à une réunion importante où Satan a décidé de venir jeter la pagaille et semer le trouble. Il y réussit assez bien, puisqu'il force Dieu à le contredire et à Se lancer dans un duel avec lui.

Plusieurs croient que Dieu est à ce point souverain qu'Il dirige tout et que c'est Lui qui lance un défi à Satan, car personne ne peut défier Dieu, ni Le forcer à faire quoi que ce soit. Pourtant, Dieu n'a-t-Il pas été forcé de renoncer à Ses merveilleux plans pour attendre le dénouement de la rébellion de Satan. Ce n'était pas la volonté de Dieu que Satan se rebelle, non plus que l'homme tombe dans le péché. Ce sont là pour Lui deux contrariétés de taille. Elles sont tellement énormes qu'elles entraîneront la perte du tiers des anges et la mort du Fils de Dieu. En Jésus Dieu a donné tout le ciel. Dieu a pleuré et pleure encore en voyant la terre et ses habitants dans une telle déchéance. Ce n'est certes pas là Sa volonté.

Dieu est-Il toujours souverain? Oui, mais Il est d'abord amour et c'est cet amour qui le pousse à la patience avant de reprendre Ses droits souverains sur l'univers. Or, il ne le peut pas tant que le péché subsiste, tant que l'égoïsme laisse partout ses traces en ce monde et remet tout en question, même l'amour inconditionnel de Dieu pour Ses créatures.

« Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est sous la puissance du malin. » ( 1 Jean 5.19 )

Deux défis sont par conséquent lancés impliquant Job, comme champion de la cause du Seigneur. Le premier défi est surtout physique, extérieur. Le second introduit une composante plus profonde, plus intérieure. Satan travaille toujours à la fois du dehors et du dedans, comme le péché qui pénètre par les sens mais jaillit aussi du coeur ( Matthieu 15.19 ). Comment travaille-t-il? Il cherche en premier à nous attirer dans le péché pour ensuite nous faire croire qu'il n'y a plus de salut pour nous. C'est à ce moment que notre foi est particulièrement éprouvée.

Dans le cas de Job, le diable sait qu'il ne peut l'amener à pécher, car c'est un homme intègre et droit, aux dires mêmes de Dieu ( Job 1.1, 8 ). Alors le seul moyen de le faire tomber, c'est de briser sa communion avec Dieu. Il réussit en lançant, d'une part, un défi à Dieu (qui cesse dès ce moment de le protéger et semble l'abandonner) et, d'autre part, en se servant des soi-disant amis de Job, pour le pousser à se décourager et à perdre confiance en la bonté de Dieu. La maladie devient le véhicule du découragement qui à son tour devient l'arme ultime contre la foi. Job vivra son propre Gethsémané, le vrai combat de la foi, un combat extrême. Ce combat pourra-t-il autant et plus attirer notre attention que les combats spectaculaires des gladiateurs modernes? Il le faudrait car ce n'est pas seulement notre vie physique qui est en jeu, mais notre vie spirituelle, notre vie éternelle.

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr l'âme et le corps dans la géhenne [le séjour des morts]. » ( Matthieu 10.28 )

Comme Dieu sur la croix, la souffrance de Job n'est pas tant physique que morale. La question pour lui est de savoir, comme Jésus, où est Dieu en ce temps d'épreuve. L'a-t-Il abandonné? Si oui, pourquoi?