Ce sont ses amis que Job décrit ainsi comme de fâcheux ou misérables
consolateurs (
Job 16.2
). Il est intéressant de remarquer que ceux qui entourent Job (ses
amis) ont des noms très significatifs, comme tous les noms de l'Ancien
Testament d'ailleurs : Éliphaz (Dieu d'or), Bildad (dont la racine
signifie probablement « se désister ») et Tsophar (s'en aller,
quitter). Ces trois hommes symbolisent peut-être les trois avenues
offertes à Job par Satan pour trouver la délivrance : l'idolâtrie,
l'évasion ou la fuite, et la mort. La plupart des êtres humains
choisissent l'une de ces trois solutions aisées. Elles constituent
cependant toutes à long terme la mort spirtuelle. C'est un refus de
Dieu.
Le quatrième ami porte le nom d'Élihu qui signifie « Dieu de lui »
(Concordance Strong) ou, par extension, « Dieu avec lui ». Ceci nous
donne une idée de la teneur des discours de chacun. Élihu, en
particulier, vient par ses paroles porter secours à son ami. Il
représente en quelque sorte un envoyé de Dieu. Car il apportera à Job
les paroles de Dieu et Job recevra Dieu « de lui », de sa part, comme
d'un prêtre apportant la communion à ses fidèles.
Mais que veut dire le nom de Job? Selon la Concordance Strong, il
signifie persécuté ou haï, détesté.
Apocalypse 12.17
nous montre que l'expérience de Job sera aussi la nôtre.
« Et le dragon (Satan) fut irrité contre la femme (l'Église), et il
s'en alla faire la guerre aux restes de sa postérité, à ceux qui
gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de
Jésus. »
Et encore :
« Or, tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront
persécutés. » (
2 Timothée 3.12 )
Quel était le but initial de ses trois amis en venant le voir? « Trois
amis de Job, Éliphaz de Théman, Bildad de Schuach, et Tsophar de
Naama, apprirent tous les malheurs qui lui étaient arrivés. Ils se
concertèrent et partirent de chez eux pour aller le plaindre et le
consoler! » (
Job 2.11 ).
Après avoir pleuré, ils ne dirent plus un mot tellement ils étaient
étonnés de l'affliction de Job et ce, pendant toute une semaine. Le
silence est extrêmement difficile à supporter, surtout quand nous
traversons une période sombre, nuageuse.
« Ayant de loin porté les regards sur lui, ils ne le reconnurent pas,
et ils élevèrent la voix et pleurèrent. Ils déchirèrent leurs
manteaux, et ils jetèrent de la poussière en l'air au-dessus de leur
tête. Et ils se tinrent assis à terre auprès de lui sept jours et sept
nuits, sans lui dire une parole, car ils voyaient combien sa douleur
était grande. » (
Job 2.12-13 )
Le silence est total selon la signification de la période de sept
jours et sept nuits. Le chiffre sept symbolise ici la totalité du
silence. Or, le silence est considéré comme un aveu de culpabilité
selon
Romains 3.19
: « ... afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde soit
reconnu coupable devant Dieu ». Job se tait un bon moment. Mais au
fond de lui-même, il n'est pas d'accord. Par conséquent, il rompt ce
silence lourd et insupportable.
« Après cela, Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance.
Il prit la parole et dit : Périsse le jour où je suis né, et la nuit
qui dit : Un enfant mâle est conçu! Ce jour! qu'il se change en
ténèbres, que Dieu n'en ait point souci dans le ciel, et que la
lumière ne rayonne plus sur lui!... Pourquoi ne suis-je pas mort dans
le ventre de ma mère? Pourquoi n'ai-je pas expiré au sortir de ses
entrailles? » (
Job 3.1-4, 11 )
Quelle déclaration de Job que nous ne citons cependant que
partiellement! Après avoir été silencieux, voilà qu'il éclate, il se
laisse aller au découragement. Si nous attendions mieux de la nature
humaine, nous sommes certainement déçus. Combien de fois avons-nous
réagi de la même façon? Souvent. Pourquoi en serait-il autrement de
Job? Car, souvenons-nous, Dieu l'a laissé tomber, Il ne le bénit plus
physiquement et spirituellement, Il ne communie plus avec lui. Il l'a
laissé aux mains de Satan. Quel est l'enjeu? Que Job ne pèche pas? Il
ne peut pas se sauver de toute façon en ne péchant pas, sinon Christ
Se serait sacrifié pour rien. Honorer Dieu en ne péchant pas?
Impossible à l'homme sans l'aide divine. « Misérable que je suis! » La
seule chose que Job puisse faire qui ait de la valeur aux yeux de Dieu,
c'est de s'accrocher à Lui, de persévérer dans la foi. Dieu lui
donnera la victoire. « Et la victoire qui triomphe du monde, c'est
notre foi. » (
1 Jean 5.4
). La victoire est toujours un don. Voilà où se dirige maintenant
l'histoire de Job : la troisième tentation ne vise plus ses
possessions et sa famille, ni sa vie physique mais sa vie spirituelle,
sa vie de foi. Voilà où Satan veut en venir! Il l'aborde donc par ses
amis. Satan se déguise toujours en ange de lumière. Et ses amis en
seront les complices involontaires en essayant de jeter de la lumière
sur les raisons de son état.
La dépression, le découragement commencent donc à s'emparer de Job et
à s'installer chez lui. Il se pose ces questions sempiternelles :
« Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui souffre, et la vie à ceux
qui ont l'amertume dans l'âme, qui espèrent en vain la mort, et qui la
convoitent plus qu'un trésor, qui seraient transportés de joie et
saisis d'allégresse, s'ils trouvaient le tombeau? À l'homme qui ne sait
où aller, et que Dieu cerne de toutes parts? » (
Job 3.20-23 )
N'est-ce pas ce que son épouse lui avait plus tôt suggéré, que Dieu ne
lui apporte rien de bon? « Tu le bénis et vois, Il t'envoie le mal. »
Job n'avait pas péché lors de sa remarque à son épouse, mais sa
patience est ici mise à rude épreuve et il se laisse aller à des
remarques plutôt curieuses pour ne pas dire désobligeantes envers
Dieu. À l'instar de ses amis, Il attribue ici les difficultés de
l'homme à Dieu. En ceci, il s'écarte de la vérité.
« L'espérance et le courage sont essentiels à un service parfait dans
l'oeuvre de Dieu. Ils sont le fruit de la foi. Le découragement
constitue un péché et est déraisonnable. Dieu est capable et veut
accorder en abondance à Ses serviteurs la force dont ils ont besoin
pour faire face au test et à l'épreuve. Les plans des ennemis de Son
oeuvre peuvent sembler bien échafaudés et fermement planifiés, Dieu
peut renverser les meilleurs de ceux-ci. Et c'est ce qu'Il fait en Son
temps et à Sa manière, quand Il voit que la foi a été suffisamment
éprouvée. (RH, 16-10-13)
Si Job n'avait pas précédemment péché en n'attribuant rien d'injuste à
Dieu, cette fois-ci, il semble qu'il tombe. Mais sa chute
entraînera-t-elle sa perte? Toute la question est là. S'il pèche, il a
un Intercesseur, Christ, qui couvre ses péchés (
1 Jean 1.9
). Mais s'il se détourne de Dieu, il perd tout.
Maintenant ses amis l'ont-ils vraiment aidé? Non; il les appellera
lui-même de misérables ou de fâcheux consolateurs. Ils l'ont plutôt
accablé et poussé au découragement. Le découragement est un péché car
il est le fruit d'un manque de confiance. Le
verset 3.26
nous parle d'un trouble; c'est son temps de trouble, d'épreuve.
« Les soi-disant amis de Job étaient de misérables consolateurs [
Job 30.12],
rendant son cas encore plus amer et insupportable, alors que Job
n'était pas coupable comme ils le supposaient. Ceux qui se sont
attirés la douleur et la détresse à cause de leurs propres
agissements, tandis que Satan cherche à les pousser au désespoir sont
ceux-là mêmes qui ont le plus besoin d'aide. L'intense agonie de l'âme
qui a été vaincue par Satan et se sent totalement mal en point et
impuissante -- comme elle est peu comprise par ceux qui devraient
accueillir l'âme égarée avec une tendre compassion! » (TM, p. 350)
Job était-il coupable devant Dieu? Certainement, comme tous les hommes
le sont selon
Romains 3.19 :
« Or, nous savons que tout ce que dit la loi, elle le dit à ceux qui
sont sous la loi, afin que toute bouche soit fermée, et que tout le
monde soit reconnu coupable devant Dieu. »
Quand il est écrit : « Job n'était pas coupable comme ils le
supposaient », cela signifie que ses amis cherchaient à lui imputer un
degré de culpabilité qu'il n'avait pas, en termes simples, à le faire
passer pour un pécheur volontaire et délibéré, haï et maudit de
Dieu.
Jésus dit que nous sommes pécheurs mais aussi justifiés en Lui par la
foi seulement. À la fois justes et pécheurs, disait Luther. En le
faisant passer pour plus coupable qu'il ne l'était, Satan cherche à le
décourager et à briser le lien qui l'unit à Dieu : la foi en l'amour
inconditionnel du Père manifesté en Son Fils. Dieu répand sur nous
l'agapé; l'homme ne saurait le produire; il ne peut que le refléter
vers les autres. Sa réponse à cet amour constitue la foi.
Ses amis sont prêts à l'accuser et à augmenter ses fardeaux. Ce sont
donc des accusateurs. Et comme tels, ils font le travail de l'ennemi (cf.
Zacharie 3.1;
Apocalypse 12.10
). Quel est leur argument-massue?
« Cherche dans ton souvenir : quel est l'innocent qui a péri? Quels
sont les justes qui ont été exterminés? Pour moi, je l'ai vu, ceux qui
labourent l'iniquité et qui sèment l'injustice en moissonnent les
fruits... » (
Job 4.7-8 )
Ils disent en substance : Tu as péché et c'est la raison pour laquelle
toutes ces calamités t'arrivent. Qui n'a jamais pensé ainsi? C'est une
pensée humaine normale et très en vogue encore de nos jours. Nous
connaissons tous cette expression pour l'avoir en particulier
inculquée à nos enfants : « Je t'avais bien dit que ça t'arriverait si
tu n'écoutais pas. Tant pis pour toi. »
Mais l'intervention de ces consolateurs a saveur d'ancienne alliance :
« Si tu es juste et droit, certainement alors Il veillera sur toi. » (
Job 8.6
). En d'autres termes, fais cela et tu vivras; obéis et tu seras
récompensé. Ils martèlent continuellement ce thème sachant que Job n'y
est pas insensible, car il aime les commandements. Mais Job était un
homme intègre et droit et E. Gould White nous dit que Sa justice était
« selon l'ordre de Christ ». Job est ici tenté de sombrer dans
l'ancienne alliance, dans la force de l'homme au lieu de croire en la
promesse de Dieu, qui est la nouvelle alliance, et dans sa propre
justice ou sa justice passée (pourtant authentique) au lieu de
continuer à se reposer sur celle de Christ, acquise par Sa vie et Sa
mort (
Romains 4.13-16, 20; la promesse).
Où est le défaut de l'ancienne alliance? Si l'on peut se permettre
cette comparaison, elle inverse le boeuf et la charrue. Comme le boeuf
doit tirer la charrue, Christ doit produire les oeuvres. Remarquez
l'intervention de Bildad :
« Si tu es juste et droit, certainement alors Il veillera sur toi. » (
Job 8.6 ).
Bildad pose la condition que l'homme fasse d'abord l'oeuvre et Dieu le
récompensera, le bénira ensuite. Or, la Bible dit :
« Car, lorsque nous étions encore sans force, Christ, au temps marqué,
est mort pour des impies. À peine mourrait-on pour un juste; quelqu'un
peut-être mourrait-il pour un homme de bien. Mais Dieu prouve son amour
envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs,
Christ est mort pour nous. À plus forte raison donc, maintenant que
nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la
colère. Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été
réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison,
étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. » (
Romains 5.6-10 )
Par quoi sommes-nous sauvés? Par Sa vie, Son sang, Sa mort, Sa
personne. Ce texte montre que l'initiative revient à Dieu et non à
l'homme. La nouvelle alliance est une promesse de Dieu à l'homme,
l'assurance du salut. C'est la cause de notre foi, de notre paix et de
notre joie.
Ce n'est pas un contrat entre Dieu et l'homme. C'est une promesse. Or,
une promesse n'implique que l'engagement d'un seul parti, dans ce
cas-ci Dieu. La créature doit forcément y croire ou ne pas y croire et
l'ignorer. C'est ici que la réponse de l'homme est déterminante pour
la victoire. Car il est libre de refuser le don promis.