Les sentiments de Job vacillent entre le doute et la foi; ils sont
ambigus et c'est pourquoi ils se traduisent à tour de rôle par des
textes positifs et des textes négatifs. Voici d'abord quelques
exemples au chapitre des négatifs :
- il est découragé :
« Et le salut n'est-il pas loin de moi? » (
Job 6.13 )
« Voilà pourquoi sa présence m'épouvante; quand j'y pense, j'ai
peur de lui. Dieu a brisé mon courage, le Tout-Puissant m'a
rempli d'effroi. » (
Job 23.15 )
« Mon âme est dégoûtée de la vie! » (
Job 10.1 )
- il impute à Dieu le mal qui lui arrive :
« Il (Dieu) détruit l'innocent comme le coupable. » (
Job 9.22 )
« Fais-moi savoir pourquoi tu (Dieu) me prends à partie. » (
Job 10.2 )
« Oh! si tu voulais me cacher dans le séjour des morts, m'y tenir à
couvert jusqu'à ce que ta colère fût passée, et me fixer un terme
auquel tu te souviendras de moi! » (
Job 14.13 ).
- il cherche à se justifier :
« Voici, Il [Dieu] me tuera, je n'ai rien à espérer. Mais devant
lui je défendrai ma conduite. Cela même peut servir à mon
salut,... » (
Job 13.15
) (« Même s'il me tuait, je Lui ferais encore confiance » dit
cependant une autre version.)
« Jusqu'à mon dernier soupir, je défendrai mon innocence; je
tiens à me justifier, et je ne faiblirai pas. » (
Job 27.6
) (Indéniablement de la propre justification.)
Ma conduite servira à mon salut : Est-ce là de la propre
justice? Le grand-prêtre Josué dans
Zacharie 3
n'osa même pas ouvrir la bouche lorsqu'il fut accusé par Satan
et Jésus « n'a point ouvert la bouche » (
Ésaïe 53.7 ).
« Job dit : Je suis innocent et Dieu me refuse justice. » (
Job 34.5 )
Voici maintenant quelques textes positifs, des textes de foi :
« Déjà maintenant, mon témoin est dans le ciel. » (
Job 16.19 )
« Sois auprès de toi-même ma caution; autrement, qui répondrait pour
moi? » (
Job 17.3 )
« Mais je sais que mon Rédempteur (goël) est vivant, et qu'il se
lèvera le dernier sur la terre (ou au dernier jour)... Je le verrai,
et il me sera favorable... Car la justice de ma cause sera reconnue. » (
Job 19.25 )
Apparemment abandonné du ciel et de la terre, il s'exprime avec
angoisse et perplexité. La coupe tremble entre ses mains comme elle le
fit plus tard entre les mains de Christ au cours de Sa lutte finale.
Mais dans cet aveuglement temporaire, il retient fermement sa foi en
Dieu et la conscience de son intégrité en Christ.
Pour mieux comprendre, instruisons-nous de quelques citations de la
plume d'E. Gould White. Voici une comparaison entre Job et James White :
« Il m'a été montré que le comportement de mon mari n'a pas été parfait.
Il a parfois erré en murmurant et en administrant des reproches trop
sévères. Mais de ce que j'ai vu, il n'a pas été sous ce chapitre aussi
fautif que beaucoup ont supposé et que j'ai quelquefois craint qu'il
ait été. Job ne fut pas compris par ses amis. Il leur retourne leurs
reproches. Il leur montre que s'ils défendent Dieu en confessant leur
foi en Lui et leur conscience du péché, il en a une connaissance plus
profonde et plus complète que ce qu'ils ont jamais eue. 'Vous êtes
tous de misérables consolateurs' lance-t-il en réponse à leurs
critiques et leurs censures. 'Moi aussi, dit Job, je pourrais parler
comme vous : si vous étiez à ma place, je pourrais accumuler les
paroles contre vous et secouer la tête en votre présence.' Mais il
déclare qu'il ne ferait jamais cela. 'Je vous fortifierais, dit-il,
avec ma bouche et mes lèvres adouciraient votre peine'. »
(3T, p. 508)
« Des profondeurs du découragement, Job s'éleva sur les hauteurs de la
confiance implicite dans la miséricorde et la puissance salvatrice de
Dieu. Il déclara avec triomphe : 'Même s'Il me tuait, je croirais
encore en Lui :... Il sera aussi mon salut.' 'Mais je sais que mon
rédempteur est vivant, et qu'il se lèvera au dernier jour sur la
terre. Quand ma peau sera détruite, il se lèvera; dans ma chair, je
verrai Dieu. Je le verrai par moi-même, et il me sera favorable; mes
yeux le verront, et non ceux d'un autre'. (
Job 19.25-27 ) » (RH, 16-10-13)
« Le patriarche Job, au temps de son affliction la plus profonde,
s'exclama avec une confiance inébranlée : 'Mais je sais que mon
rédempteur est vivant, et qu'il se lèvera au dernier jour sur la
terre. Quand ma peau sera détruite, il se lèvera; dans ma chair, je
verrai Dieu. Je le verrai par moi-même, et il me sera favorable; mes
yeux le verront, et non ceux d'un autre'. » (
Job 19.25-27 ) (FLB, p. 348)
E. Gould White compare encore l'expérience de son mari James avec celle
de Job et d'Élie :
« Si mon mari a été soumis à une pression qui dépasse toute mesure et
s'est découragé, si, à certains moments, la vie ne lui semblait plus
désirable, ce n'est pas étrange ni nouveau. Élie, l'un des plus grands
et des plus puissants prophètes de Dieu, alors qu'il s'enfuyait pour
sauver sa vie et s'éloigner de la fureur de la reine Jézabel, fugitif
et épuisé par le voyage, désira mourir plutôt que vivre. Son
désappointement amer concernant la fidélité d'Israël avait eu raison
de son courage et il sentit qu'il ne pouvait plus placer sa confiance
en l'homme. Au temps où Job était dans l'affliction et les ténèbres,
il prononça ces mots : 'Que périsse le jour où je suis né!' »
« Ceux qui ne sont pas accoutumés à l'affliction intérieure profonde,
qui n'ont pas de fardeau à porter comme le chariot qui ploie sous ses
gerbes, et qui n'ont pas étroitement uni leur intérêt à la cause et
l'oeuvre de Dieu au point où elle semble faire partie de leur être
même et être pour eux plus chère que la vie, ceux-là ne peuvent
comprendre ce que ressentait mon mari, pas plus qu'Israël ne pouvait
comprendre les sentiments d'Élie. Nous regrettons profondément notre
découragement, peu importe qu'elles en aient été les circonstances. »
(3T, p. 261-2)
Elle confesse ici leur découragement comme étant un incident incorrect
et regrettable. Notre incompréhension de l'histoire de Job devrait
nous humilier puisque seuls ceux qui sont fortement imprégnés du désir
de sauver les âmes peuvent vraiment saisir en expérience l'affliction
de Job, d'Élie ou de James White. Ils ont tout donné pour cette cause.
Peut-être ont-ils été parfois fautifs, mais quel respect nous leur
devons!