1, 2 : «
1 Je regardai, quand l'Agneau ouvrit un des
sept sceaux, et j'entendis l'un des quatre être vivants qui disait
comme d'une voix de tonnerre : Viens.
2 Je regardai, et voici,
parut un cheval blanc. Celui qui le montait avait un arc; une couronne
lui fut donnée, et il partit en vainqueur et pour vaincre. »
L'Agneau prit le livre, et tout de suite, il ouvrit les sceaux.
L'attention de l'apôtre est attirée par les scènes qui se présentent
sous chaque sceau. Nous avons déjà noté que dans les Écritures le
numéro sept signifie ce qui est parfait et complet. Les sept sceaux
représentent des événements d'un caractère religieux, et ils
contiennent l'histoire de l'Église depuis le commencement de l'ère
chrétienne jusqu'à la seconde venue de Christ. À mesure que les sceaux
se rompent, et que les écrits apparaissent, les scènes sont présentées
à Jean, non par la lecture de la description, mais par une
représentation de ce qui est décrit dans le livre, représentation qui
défile devant ses yeux comme animée par des personnages vivants, et
dans le lieu où la réalité devra avoir lieu, à savoir, sur la terre.
Le premier sceau.
Le premier symbole est un cheval blanc, monté par un cavalier armé
d'un arc. Une couronne lui est donnée et il sort victorieux et pour
vaincre, l'emblème adéquat des triomphes de l'Évangile du premier
siècle de l'ère chrétienne. La blancheur du cheval signifie la pureté
de la foi de ce siècle. La couronne donnée au cavalier et sa sortie
comme un vainqueur pour faire encore plus de conquêtes représentent le
zèle et le succès avec lesquels la vérité fut promulguée par ses
premiers pasteurs. Par quels symboles l'oeuvre du christianisme
aurait-elle pu être mieux représentée alors qu'elle agit comme un
principe agressif contre les terribles systèmes de l'erreur contre
lesquels elle eut à combattre au début? Le cavalier de ce cheval
partit. Dans quelle direction? Sa commission est sans limite.
L'Évangile était pour le monde entier.
3, 4 : «
3 Quand il ouvrit le second sceau, j'entendis
le second être vivant qui disait : Viens.
4 Et il sortit un
autre cheval roux. Celui qui le montait reçut le pouvoir d'enlever la
paix de la terre, afin que les hommes s'égorgeassent les uns les
autres; et une grande épée lui fut donnée.
Le second sceau.
Peut-être que la première caractéristique que nous remarquons parmi
ces symboles est le contraste qu'il y a dans la couleur des chevaux.
Celui-ci a sans doute une signification spéciale. Si la blancheur du
premier cheval représente la pureté de l'Évangile durant la période
englobée par ce symbole, la couleur rouge du second cheval devrai
signifier qu'à cette époque, cette pureté originelle commence à se
corrompre. Le mystère d'iniquité agissait déjà à l'époque de Paul, et
au début de la période symbolisée par le second sceau, et celle qui
professait être l'Église de Christ était déjà si corrompue que ce
changement de couleur remarqué dans la description du symbole qui la
représente était nécessaire. Des erreurs commençaient à apparaître. Le
matérialisme faisait son entrée. Le pouvoir ecclésiastique essayait de
s'allier au pouvoir séculier; des troubles et des agitions en étaient
le résultat.
Parlant de cette période de l'église chrétienne qui va de l'an 100 à
311, un historien dit :
« Nous passons maintenant de l'église apostolique primitive à la
gréco-romaine; de l'étape de création à celle de la conservation; de
la source de la révélation divine au courant du développement humain;
des inspirations des apôtres et des prophètes aux productions des
maîtres illuminés mais faillibles. La main de Dieu avait tracé une
grosse ligne de démarcation entre le siècle des miracles et les
suivants, pour démontrer, par la transition abrupte et le contraste
surprenant, la différence qu'il y a entre l'oeuvre de Dieu et celle
des hommes. » « La seconde période, depuis la mort de l'apôtre Jean
jusqu'à la fin des persécutions, ou jusqu'à l'ascension de Constantin,
le premier empereur chrétien, est l'ère classique... de la persécution
païenne, et du martyr et de l'héroïsme chrétiens... Ceci fournit un
commentaire continue des paroles du Sauveur : ‘Voici, je vous envoie
comme des brebis au milieu des loups’. » "L'époque antérieure au
concile de Nicée... est... la racine commune de laquelle les deux [le
catholicisme et le protestantisme] sortirent, le catholicisme (grec et
romain) d'abord, et le protestantisme plus tard. C'est la transition
naturelle entre l'ère apostolique et l'ère de Nicée, bien qu'elle
laissât derrière elle de nombreuses vérités de la première importance
(spécialement des doctrines pauliniennes) qui devaient s'établir et
être explorées dans les siècles futurs. Nous pouvons y trouver les
formes élémentaires du credo catholique, l'organisation et le culte de
l'église catholique, et aussi les germes de presque toutes les
corruptions du christianisme grec et romain. »
L'esprit de cette époque atteint peut-être son apogée aux jours de
Constantin, qui fut appelé premier empereur chrétien, dont la
conversion au christianisme en 323 produisit un compromis entre
l'Église et l'empire romain. L'Édit de Milan, en 313, accordait la
tolérance aux chrétiens et autorisait les gens à se convertir au
christianisme. Kenneth S. Latourette déclare que les actes qui
précédèrent immédiatement l'Édit de Milan et qui culminèrent par sa
promulgation en 313 « restent la plus significative des nombreuses
bornes sur la route où l'Église et l'État avancèrent vers la
coopération. »
Cet érudit moderne de l'histoire de l'église dit aussi :
« Le christianisme, en donnant le jour à l'Église, développa une
institution qui était partiellement en rivalité avec l'État. Il créa
une société dans l'empire qui, selon ce que beaucoup croyaient,
menaçait l'existence même de ce dernier. Le conflit fut très marqué
durant un siècle ou plus, avant Constantin... Quand Constantin fit la
paix avec la foi il sembla que le conflit s'était résolu par
l'obtention du contrôle de l'Église par l'État. Cependant, même
pendant les jours d'apparente subordination de l'Église au
gouvernement, les ecclésiastiques tentaient d'influencer les
directives de ce dernier. »
Un tel état de chose répond fidèlement à la déclaration du prophète :
le cavalier reçut le pouvoir « d'enlever la paix de la terre, afin que
les hommes s'égorgeassent les uns les autres; et une grande épée lui
fut donnée ».
5, 6 : «
5 Quand il ouvrit le troisième sceau,
j'entendis le troisième être vivant qui disait : Viens. Je regardai,
et voici, parut un cheval noir. Celui qui le montait tenait une
balance dans sa main.
6 Et j'entendis au milieu des quatre
êtres vivants une voix qui disait : Une mesure de blé pour un denier,
et trois mesures d'orge pour un denier; mais ne fais point de mal à
l'huile et au vin. »
Le troisième sceau.
Comme la corruption a avancé rapidement! Quel contraste de couleur
entre ce symbole et le premier! C'est un cheval noir, précisément la
couleur opposée au blanc! Ce symbole doit représenter une période de
grandes ténèbres et de corruption morale dans l'Église. Les événements
du second sceau préparèrent le terrain pour qu'un état présenté se
produise. Le temps écoulé entre le règne de Constantin et
l'établissement de la papauté en 538 peut être remarqué à juste titre
comme le temps où surgirent les erreurs les plus sombres et les
superstitions les plus absurdes. Mosheim dit au sujet de la période
qui succéda immédiatement l'époque de Constantin :
« Ces vaines fictions, qu'un attachement à la philosophie platonique
et aux opinions populaires avaient fait adopter par la grande majorité
des docteurs chrétiens avant l'époque de Constantin, furent maintenant
confirmées, amplifiées et embellies de diverses manières. De là
naquirent cette vénération extravagante pour les saints défunts, et
ces notions absurdes d'un certain feu destiné à purifier les âmes
désincarnées, qui prévalaient maintenant, et qui laissaient partout
des traces dans le public. De là venait aussi le célibat des prêtres,
le culte des statues et des reliques qui, avec le fil du temps
détruisirent presque la religion chrétienne, ou du moins il éclipsa
son éclat et corrompit son essence même, de la façon la plus
déplorable. Un énorme système de superstitions de toutes sortes
prenait graduellement la place de la vraie religion et de la piété.
Cette odieuse révolution était due à une variété d'origines. Une
ridicule précipitation à recevoir les nouvelles opinions, un désir
absurde d'imiter les rites païens et de les fusionner au culte
chrétien, et cette propension oisive de l'humanité en général à
rechercher une religion de mauvais goût et pleine d'ostentation, tout
ceci contribua à établir le règne de la superstition sur les ruines du
christianisme. »
Plus loin il ajoute : « Il faudrait un volume entier pour contenir les
diverses supercheries que des fripons rusés pratiquèrent avec succès
pour tromper les ignorants, quand la vraie religion fut presque
totalement remplacée par l'horrible superstition. »
Ces citations de Mosheim contiennent une description de la période
couverte par le cheval noir du troisième sceau, et elle correspond
exactement à la prophétie. On peut y voir comment le paganisme a
corrompu le Christianisme; et comment pendant cette période le faux
système qui résulta de l'établissement de la papauté s'acheva
rapidement dans sa plénitude complète et mûrit dans toute la
déplorable perfection de sa force et de sa stature.
La balance.
« La balance indiquait que la religion et le pouvoir civil allaient
s'unir en la personne qui administrerait le pouvoir exécutif dans le
gouvernement, et qui prétendrait avoir l'autorité judiciaire tant dans
l'Église que dans l'État. C'était vrai pour les empereurs romains
depuis l'époque de Constantin jusqu'au règne de Justinien, quand il
remit le pouvoir judiciaire à l'évêque de Rome. »
Le blé et l'orge.
« Les mesures de blé et d'orge qui sont données pour un denier
indiquent que les membres de l'Église se consacreront avec avidité aux
biens de ce monde, et que l'amour de l'argent prévaudrait, car pour de
l'argent ils se sépareront de n'importe quoi. »
L'huile et le vin.
Ceci « symbolise les grâces spirituelles, la foi et l'amour, et il y
avait un grand danger à ce que celles-ci soient submergées par un tel
esprit mondain. Et il est bien prouvé par tous les historiens que la
prospérité de l'église de cette époque produisit les corruptions qui
menèrent finalement à l'apostasie et à l'établissement des
abominations antichrétiennes. »
Il faut observer que la voix, qui limitait la quantité de blé qui
pouvait être obtenue pour un denier et qui disait : « ne fais point de
mal à l'huile et au vin », ne provient d'aucun être sur cette terre,
mais du milieu des quatre êtres vivants, ce qui signifie que bien que
les sous-bergers ou soi-disant ministres de Christ ne prenaient pas
soin du troupeau, le Seigneur ne l'oubliait pas durant cette époque de
ténèbres. Une voix du ciel arrive. Il veille à ce que l'esprit de
mondanité n'ait pas le dessus au point que le christianisme se perde
totalement, ou que l'huile et le vin, les grâces de la piété
véritable, disparaissent de la terre.
7, 8 : «
7 Quand il ouvrit le quatrième sceau,
j'entendis la voix du quatrième être vivant qui disait : Viens.
8
Je regardai, et voici, parut un cheval d'une couleur pâle. Celui qui
le montait se nommait la mort, et le séjour des morts l'accompagnait.
Le pouvoir leur fut donné sur le quart de la terre, pour faire périr
les hommes par l'épée, par la famine, par la mortalité, et par les
bêtes sauvages de la terre. »
Le quatrième sceau.
La couleur de ce cheval est remarquable. Le mot dénote à l'origine la
« couleur pâle et jaunâtre » qui se voit sur les plantes fanées ou
malades. Ce symbole doit représenter un état de choses extrême dans
l'Église qui professe appartenir à Dieu. Le cavalier qui montait ce
cheval s'appelait la Mort et l'Enfer (Hades, sépulcre) le suivait. La
mortalité était si grande à cette période qu'il semblait que « les
pâles nations des morts » étaient venues sur la terre, et étaient
suivies de ce pouvoir ravageur. Il est difficile de se tromper sur
l'époque couverte par ce sceau. Il doit s'agir de celle où le pape
exerce sa domination persécutrice sans restriction, plus ou moins à
partir de l'année 538 jusqu'au moment où les réformateurs commencent à
dévoiler les corruptions du système papal.
« Le pouvoir leur fut donné », « leur » c'est-à-dire au pouvoir
personnifié par la mort assise sur le cheval pâle; à savoir, la
papauté. Par la quatrième partie de la terre on comprend, sans l'ombre
d'un doute, le territoire sur lequel ce pouvoir avait sa juridiction;
et « l'épée », « la famine », « la mortalité » (c'est-à-dire, ce qui
provoque la mort, comme les outrages ou la torture), et les bêtes de
la terre, sont des images qui représentent les moyens par lesquels des
millions de martyrs furent mis à mort.
9-11 : «
9 Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis
sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la
parole de Dieu et à cause du témoignage qu'ils avaient rendu.
10
Ils crièrent d'une voix forte, en disant : Jusques à quand, Maître
saint et véritable, tardes-tu à juger, et à tirer vengeance de notre
sang sur les habitants de la terre?
11 Une robe blanche fut
donnée à chacun d'eux; et il leur fut dit de se tenir en repos
quelques temps encore, jusqu'à ce que fût complet le nombre de leurs
compagnons de service et de leurs frères qui devaient être mis à mort
comme eux. »
Le cinquième sceau.
Sous le cinquième sceau, les martyrs réclament vengeance, et des robes
blanches leur sont données. Les questions qui nous viennent tout de
suite à l'esprit et demandent une solution, sont celles-ci: ce sceau
englobe-t-il une période de temps, et si tel est le cas, quelle
est-elle? Où est l'autel au-dessous duquel les âmes sont vues? Que
signifie leur cri de vengeance? Que représentent les robes blanches
qui leur sont données? Quand reposent-elles pour un peu de temps, et
qui sont leurs compagnons de service qui doivent être mis à mort comme
eux? Nous croyons que toutes ces questions peuvent recevoir une
réponse satisfaisante.
Il semble logique de croire que ce sceau, comme tous les autres, doit
englober une certaine période de temps, et que la date de son
application est caractéristique si les sceaux antérieurs ont été
localisés correctement. Comme ceci suit la période de persécution
papale, le temps contenu par ce sceau doit débuter quand la Réforme
commence à miner la structure papale et à freiner le pouvoir
persécuteur de l'église catholique romaine.
L'autel.
Il ne peut s'agir d'aucun autel céleste, mais c'est évidemment le
lieu où les victimes ont été mises à mort, l'autel du sacrifice. À ce
propos, Adam Clarke déclare : « Une vision symbolique lui fut
présentée, dans laquelle il vit un autel; et dessous, les âmes de
ceux qui avaient été mis à mort à cause de la Parole de Dieu -- qui
avaient souffert le martyre par amour au christianisme, -- sont
représentées comme mortes à nouveau, victimes de l'idolâtrie et de la
superstition. L'autel est sur la terre et pas au ciel. » On trouve une
confirmation de cette opinion dans le fait que Jean est en train de
contempler des scènes qui se déroulent sur la terre. Les âmes sont
représentées sous l'autel, comme des victimes mortes dessus et dont le
sang coule à sa base, pour tomber ensuite autour.
· .
Les âmes sous l'autel.
Cette représentation est populairement considérée comme une preuve
catégorique qu'il y a des esprits désincarnés et conscients après la
mort. Ici, affirme-t-on, Jean vit des âmes désincarnées mais
conscientes et connaissant les événements passés, puisqu'elles
demandent à être vengées de leurs persécuteurs. Cette interprétation
est inadmissible pour plusieurs raisons.
La théorie populaire place ces âmes dans le ciel, mais l'autel du
sacrifice sur lequel elles furent mises à mort et sous lequel elles
sont vues, ne peut pas être là-haut. Le seul autel mentionné comme
étant dans le ciel est l'autel des parfums; mais il ne serait pas
correct de se représenter les victimes qui viennent d'être mises à
mort sous l'autel des parfums, car il n'a jamais été consacré à un tel
usage.
Il répugnerait à toutes nos idées sur l'état céleste de se représenter
les âmes qu'il y a au ciel enfermées sous un autel.
Pouvons-nous supposer que le désir de vengeance dominerait à tel point
ces âmes dans le ciel qu'il les maintiendrait mécontentes et
inquiètes jusqu'à ce que leurs ennemis soient châtiés, malgré la joie
et la gloire de l'état ineffable dont elles devraient jouir? Ne
devraient-elles pas se réjouir plutôt d'avoir souffert la persécution
et d'être arrivées ainsi plus vite en présence de leur Rédempteur, à
la droite duquel se trouve la plénitude de la joie et des plaisirs
éternels?
Et de plus, la théorie populaire qui place ces âmes dans le ciel,
situe en même temps les impies dans le lac de feu, se tordant dans des
tourments indicibles, bien vue de l'armée céleste. Maintenant les
âmes représentées sous le cinquième sceau étaient celles qui étaient
mortes pendant le sceau antérieur, des décades et des siècles avant.
Sans aucun doute, leurs persécuteurs avaient disparu de la scène et,
selon la théorie que nous étudions, ils devaient être en train de
souffrir sous leurs yeux les tourments de l'enfer.
Cependant, comme si elles n'étaient pas satisfaites de cela, elles
clament à Dieu comme s'il retardait sa vengeance de leurs assassins.
Quelle plus grande vengeance pouvaient-elles réclamer? Ou si leurs
persécuteurs étaient encore sur la terre, elles devaient savoir que
tôt ou tard ils devraient s'unir à la vaste multitude qui
journellement descend par la porte de la mort dans le monde du
malheur. Cette supposition ne les rend pas plus aimables. Une chose
est au moins évidente : la théorie populaire concernant l'état des
morts, des justes et des impies, ne peut pas être correcte, ou
l'interprétation qui est généralement donnée de ce passage est
erronée, car elles s'excluent mutuellement.
Mais on insiste sur le fait que ces âmes doivent être conscientes,
parce qu'elles clament à Dieu. Cet argument aurait du poids s'il
n'existait pas une figure de langage qui s'appelle la
personnification. Mais comme elle existe, il conviendrait, à certaines
occasions, d'attribuer la vie, le mouvement et l'intelligence aux
objets inanimés. Ainsi, dit-on que le sang d'Abel crie de la terre
jusqu'à Dieu (
Genèse 4: 9, 10
). La pierre crie du milieu de la muraille, et le bois qui lie la
charpente lui répond (
Habakuk 2: 11
). Le salaire des ouvriers volés crie, et les cris des moissonneurs
sont parvenus jusqu'aux oreilles du Seigneur des armées (
Jacques 5: 4
). Les âmes de notre texte pourraient tout aussi bien crier, et ne pas
être conscientes pour autant.
L'incongruité de la théorie populaire basée dans ce verset est
apparente, car Albert Barnes fait la concession suivante : « Nous ne
devons pas supposer que ceci arriva littéralement, et que Jean vit en
réalité les âmes des martyrs sous l'autel; parce que toute la
représentation est symbolique; nous ne devons pas supposer non plus
que les victimes qui sont dans le ciel prient réellement pour être
vengées de ceux qui leur firent du mal, ou que les rachetés
continueront à prier dans le ciel pour des choses terrestres; mais on
peut déduire avec justice de ce passage qu'il y aura un souvenir aussi
réel des maux soufferts par les persécutés, les lésés et les opprimés,
que si on faisait une telle prière; et que les oppresseurs ont autant
à craindre de la vengeance divine que si ceux à qui ils portèrent
préjudice clamaient dans le ciel au Dieu qui entend la prière et qui
venge. »
En référence à des passages comme celui-ci, le lecteur se voit induit
à l'erreur par la définition populaire du mot « âme ». Cette
définition populaire lui fait supposer que ce texte parle d'une
essence immatérielle, invisible et immortelle qu'il y a dans l'homme,
et qui, à peine le corps mort, s'élève vers la liberté qu'il convoite.
Dans aucun cas l'emploi du mot dans l'original grec ou hébreux ne
permet d'accepter une telle définition. Il signifie plus souvent
« vie » et fréquemment il est traduit par « personne ». Il s'applique
aussi bien aux morts qu'aux vivants, comme on peut le voir dans
Genèse 2: 7,
où le mot « vivant » n'aurait pas eu besoin d'être rajouté si la vie
avait été un attribut inséparable de l'âme; et dans
Nombres 19: 13
, où la concordance hébraïque dit « âme morte ». De plus, ces âmes
prient pour que leur sang soit vengé, et le sang est quelque chose
qui, selon la théorie populaire, ne peut pas avoir une âme
immatérielle. Le mot « âmes » peut simplement signifier les martyrs,
ceux qui furent mis à mort, et les « âmes de ceux qui » est une
périphrase pour indiquer toute leur personne. Ces êtres humains furent
représentés à Jean comme ayant été mis à mort sur l'autel des
sacrifices papaux, sur cette terre, et ils sont morts dessous. Ils
n'étaient certainement pas vivants quand Jean les vit pendant le
cinquième sceau, parce que plus tard ils lui sont à nouveau présentés
presque sous le même langage, et il nous assure que la première fois
où ils reprirent vie après leur martyre c'est lors de la résurrection
des justes (
Apocalypse 20: 4-6
). Tandis qu'ils gisent là, victimes de la soif de sang et
d'oppression manifestée par la papauté au Moyen Age, ils crient à Dieu
de les venger, comme le sang d'Abel criait à Dieu depuis la terre.
Les robes blanches.
Leur cri : « Jusques à quand, Maître... tardes-tu à tirer vengeance de
notre sang? » reçoit une réponse partiale. Ils descendirent dans la
tombe de la façon la plus ignominieuse. Leur vie a été présentée sous
un faux jour, leur réputation a été souillée, leur nom sali, et leurs
tombes couvertes de honte et d'opprobre, comme si elles contenaient
la poussière déshonorée des personnages les plus vils et méprisables.
En fait, l'église de Rome, qui modelait alors le sentiment des
principales nations de la terre, n'épargnait pas ses efforts pour
faire de ses victimes un objet de haine pour tous.
Mais la Réforme commença son oeuvre. On commença à s'apercevoir que
l'église était corrompue et peu honorable, et que ceux contre lesquels
elle déversait sa colère étaient les bons, les purs, les fidèles.
L'oeuvre se poursuivit parmi les nations les plus illustres de la
terre, et la réputation de l'église déclinait tandis que celle des
martyrs augmentait, jusqu'à ce que toutes les corruptions et les
abominations papales soient pleinement exposées. Alors ce
gigantesque système d'iniquité fut dévoilé au monde dans toute sa
difformité nue, tandis que les martyrs furent vengés de toutes les
calomnies sous lesquelles l'église persécutrice voulut les enterrer.
Alors on vit qu'ils avaient souffert, non parce qu'ils étaient vils et
criminels, mais « à cause de la Parole de Dieu et du témoignage qu'ils
avaient rendu ». Alors on chanta leurs louanges, on admira leurs
vertus, on applaudit leur courage, on honora leur nom et on apprécia
leur mémoire. C'est ainsi qu'on leur donna des robes blanches.
Quelque temps encore.
L'oeuvre cruelle du catholicisme romain ne cessa pas complètement, ni
même quand la Réforme se fût étendue et établie fermement. La
véritable Église devait encore subir bien des explosions de haine et
de persécution. Beaucoup devaient encore être châtiés comme hérétiques,
et se voir unis à la grande armée des martyrs. La totale justification
de leur cause devait encore être retardée pour un peu de temps.
Pendant ce temps, Rome ajouta des centaines de milliers à la vaste
multitude dont le sang avait déjà été versé. Mais l'esprit de
persécution fut finalement freiné, la cause des martyrs fut vengée,
et le "quelque temps encore" du cinquième sceau arriva à sa fin
12-17 : «
12 Je regardai, quand il ouvrit le sixième
sceau; et il y eu un grand tremblement de terre, le soleil devint noir
comme un sac de crin, la lune entière devint comme du sang,
13
et les étoiles du ciel tombèrent sur la terre, comme lorsqu'un figuier
secoué par un vent violent jette ses figues vertes.
14 Le ciel
se retira comme un livre qu'on roule; et toutes les montagnes et les
îles furent remuées de leurs places.
15 Les rois de la terre,
les riches, les puissants, tous les esclaves et les hommes libres, se
cachèrent dans les cavernes et dans les rochers des montagnes.
16
Et ils disaient aux montagnes et aux rochers : Tombez sur nous, et
cachez-nous devant la face de celui qui est assis sur le trône, et
devant la colère de l'Agneau;
17 car le grand jour de sa colère
est venu, et qui peut subsister? »
Le sixième sceau.
Telles sont les scènes solennelles et sublimes qui arrivent sous le
sixième sceau. Le fait que nous sommes en train de vivre maintenant au
temps des événements puissants de ce sceau, comme ce sera démontré
présentement, tend certainement à réveiller dans chaque coeur un
intérêt intense pour les choses divines.
Entre le cinquième et le sixième sceau, le langage semble changer
soudainement et complètement pour passer du hautement figuratif au
strictement littéral. Quelle qu'en soit la cause, le changement ne
peut être nié. Aucun principe d'interprétation ne peut rendre le
langage littéral des sceaux antérieurs, ni ne peut être rendu
facilement figuratif dans ce sceau. Nous devons donc accepter le
changement, bien que nous ne puissions l'expliquer. Il y a cependant,
un fait significatif sur lequel nous voulons attirer ici l'attention.
C'était pendant la période englobée par ce sceau que les parties
prophétiques de la parole de Dieu devaient être descellées, et que
beaucoup devaient les parcourir, ou appliquer leur attention à
comprendre ces choses, et ainsi, la connaissance de cette partie de la
parole de Dieu allait augmenter énormément. Nous suggérons que c'est
peut être la raison du changement de langage, et que les événements de
ce sceau, arrivant à une époque où ces choses devaient être comprises
pleinement, ne sont déjà plus présentés sous forme d'images, mais dans
un langage clair et sans équivoque.
Le grand tremblement de terre.
Le premier événement décrit sous ce sceau, et peut-être celui qui
marque son commencement, est un grand tremblement de terre. Comme
accomplissement saisissant de cette prédiction, nous nous référons au
grand tremblement de terre du 1er Novembre 1755, connu comme celui de
Lisbonne. Au sujet de ce tremblement de terre, Robert Sears dit :
« Le grand tremblement de 1755 s'étendit sur au moins onze millions de
kilomètres carrés. Ses effets se déployèrent jusque sous les eaux,
dans beaucoup de lieux où ses secousses ne furent pas perceptibles. Il
affecta les plus grandes portions des continents européen, africain et
américain; mais son extrême violence toucha la partie sud-occidentale
du premier. » « En Afrique, ce tremblement de terre se fit sentir
presque aussi sévèrement qu'en Europe. Une grande partie de la ville
d'Alger fut détruite. Beaucoup de maisons s'effondrèrent à Fez et
Meknès, et une multitude de personnes furent ensevelies sous leurs
ruines. Les mêmes effets se produisirent à Marrakech. Des actions
similaires eurent également lieu à Tanger, Tetuan, et Funchal dans
l'île de Madère; et probablement... toute l'Afrique fut secouée par
cette convulsion terrible. Elle s'étendit dans le nord jusqu'en
Norvège et en Suède; l'Allemagne, la Hollande, la France, la Grande
Bretagne et l'Irlande furent toutes plus ou moins secouées par la même
grande et terrible commotion des éléments. » « La ville de
Lisbonne... avant cette calamité... avait plus ou moins... 150 000
habitants... Mr Barretti dit ‘que l'on estime que 90 000 personnes
périrent durant ce jour fatal.’ »
Sir Charles Lyell fait la description graphique suivante de ce
phénomène remarquable :
« Dans aucune partie de la région volcanique de l'Europe méridionale
ne s'est produit, dans les temps modernes, un tremblement de terre tel
que celui qui eut lieu le 1er Novembre 1755, à Lisbonne. On entendit
des sourds grondements souterrains, et immédiatement après, une
violente secousse abattit la plus grande partie de cette ville. En
plus ou moins six minutes 60 000 personnes perdirent la vie. Puis on
vit la mer se retirer, laissant ses rives à sec, pour revenir ensuite
sur elle-même et s'élever à quelques quinze mètres au-dessus de son
niveau habituel. Les montagnes d'Arrábida, Estrela, Julio, Marao y
Cintra, qui sont quelques-unes des plus grandes du Portugal furent
secouées impétueusement, pour ainsi dire même jusqu'en leurs
fondements; et les sommets de quelques-unes d'entre elles s'ouvrirent,
se fendirent de façon surprenante, et des masses énormes furent jetés
dans les vallées sous-jacentes. On dit que des flammes, qu'on suppose
électriques, sortirent de ces montagnes; on dit aussi qu'elles
fumèrent; mais de vastes nuages de poussière peuvent avoir donné cette
apparence...
« La grande étendue touchée par ce tremblement de terre de Lisbonne
est considérable. La secousse fut très violente en Espagne, au
Portugal et au nord de l'Afrique; mais dans presque toute l'Europe et
même les Antilles sentirent le séisme le même jour. Un port appelé
Setúbal, à trente kilomètres de Lisbonne, s'effondra. À Alger et Fez,
en Afrique, l'agitation de la terre fut également violente, et à huit
lieues de Marrakech, un village disparut, avec ses huit ou dix mille
habitants, bétail inclus. Peu après, la terre se referma sur eux.
« Le séisme se fit sentir en mer, sur le pont d'un navire, à l'ouest
de Lisbonne, et la sensation produite fut très similaire à celle
ressentit sur terre. En face de Sanlúcar, le capitaine du bateau
‘Nancy’ sentit que son navire était secoué si violemment qu'il pensa
s'être échoué, mais en jetant la sonde, il trouva une grande
profondeur d'eau. Le capitaine Clarke, du Denia, se trouvant à 36º 24'
de latitude nord, entre les neuf et dix heures du matin, sentit son
bateau secoué aussi violemment que s'il avait échoué sur une roche.
Un autre navire, à quarante lieues à l'ouest du cap San Vicente, subit
un choc si violent que les hommes furent jetés à un demi-mètre
perpendiculairement vers le haut, sur le pont. À Antigua et la
Barbade, comme en Norvège, en Suède, en Allemagne, en Hollande, en
Corse, en Suisse et en Italie, des tremblements et de légères
oscillations du sol furent ressentis.
« L'agitation des lacs, des fleuves et des sources en Grandes
Bretagne, fut notable. À Loch Lomond, en Écosse, par exemple, l'eau,
sans la moindre cause apparente, s'éleva contre ses bords, pour
ensuite s'abaisser beaucoup par rapport à son niveau habituel. La plus
grande hauteur perpendiculaire de cette montée fut de 70 centimètres.
On dit que le mouvement de ce tremblement de terre fut ondulatoire, et
qu'il se déplaça à la vitesse de 30 kilomètres à la minute. Une grande
vague balaya la côte d'Espagne, et on dit qu'elle s'éleva à 18 mètres
à Cadix. À Tanger, en Afrique, elle s'éleva et retomba 18 fois sur la
côte; à Funchal, à Madère, elle s'éleva perpendiculairement à environ
cinq mètres au-dessus de la marée la plus haute, bien que la marée qui
monte ou baisse de deux mètres, était à la moitié de sa descente.
Après être entrée dans la ville et avoir occasionné de graves dommages,
elle inonda d'autres ports de l'île. A Kinsale, en Irlande, une lame
se précipita dans le port, fit virevolter de nombreux vaisseaux, et se
déversa sur la place du marché. »
Si le lecteur cherche dans son atlas les pays mentionnés, il verra
combien la superficie terrestre agitée par cette convulsion
épouvantable fut grande. Il se peut qu'il y ait eu d'autres
tremblements de terre qui furent aussi sévères dans des localités
particulières, mais aucun autre n'apporte toutes les conditions
nécessaires pour constituer un événement adéquat pour marquer
l'ouverture du sixième sceau.
L'obscurcissement du soleil.
Selon ce qu'annonce la prophétie, après le tremblement de terre, « le
soleil devint noir comme un sac de crin ». Cette partie de la
prédiction s'est aussi accomplie. Nous n'avons pas besoin d'entrer ici
dans des détails au sujet de l'admirable obscurcissement du soleil qui
se produisit le 19 Mai 1780. La majorité des lecteurs auront lu des
récits de ce qui arriva alors. Les déclarations suivantes, de
différents auteurs, donnent une idée de sa nature :
« Le jour obscur du 19 Mai 1780 -- ainsi nommé à cause de sa
remarquable obscurité, qui ce jour-là, s'étendit à toute la Nouvelle
Angleterre... L'obscurité commença plus ou moins à dix heures du matin
et se poursuivit jusqu'à minuit de la nuit suivante, mais avec une
certaine différence de degré et de durée dans les différents
endroits... La vraie cause de ce phénomène considérable n'est pas
connue. »
« Au mois de Mai 1780, il y eut en Nouvelle Angleterre, un jour obscur
très terrifiant, durant lequel tous les visages parurent devenir
noirs, et les gens furent remplis de terreur. Il y eut une grande
angoisse dans le village où vivait Edward Lee, car les hommes
craignaient que le jour du jugement soit venu; et tous les voisins se
rassemblèrent autour du saint, qui passa les heures sombres à prier
avec ferveur pour la multitude angoissée. »
« La date de ces ténèbres extraordinaires fut le 19 Mai 1780 -- dit le
professeur Williams -- Elles arrivèrent entre dix et once heures du
matin, et continuèrent jusqu'à minuit de la nuit suivante, mais avec
différents aspects dans différents lieux...
« L'intensité que cette obscurité atteignit fut différente dans les
divers endroits. Dans presque toute l'étendue du pays, l'obscurité fut
telle que, sans la lumière des bougies, les gens ne purent pas lire
des lettres d'imprimerie communes, ni voir l'heure à la montre, ni
manger ou vaquer à leurs devoirs domestiques. Dans certains endroits
les ténèbres furent si denses que les gens ne purent lire des lettres
d'imprimerie à l'air libre pendant plusieurs heures; mais je crois
que ce ne fut pas un cas général.
« L'extension de ces ténèbres fut considérable. Notre information sur
le sujet n'est pas aussi complète que nous le voudrions; mais d'après
les récits reçus, elles semblent avoir atteint tous les états de la
Nouvelle Angleterre. On les observa jusqu'à Falmouth à l'est
(Portland, Maine). Vers l'ouest, jusqu'aux confins du Connecticut, et
Albany. Au sud, on les observa tout le long des côtes, et au nord
aussi loin que s'étendaient les colonies [américaines]. Il est
probable qu'elles s'étendirent au-delà de ces limites dans quelques
directions, mais on ne peut pas déterminer les démarcations exactes
par les observations que j'ai pu réunir.
» Quant à sa durée, elle fut dans ce lieu d'au moins quatorze heures;
mais il est probable qu'elle ne fut pas la même dans les différentes
parties du pays.
» L'aspect et les effets furent tels qu'ils offraient une perspective
extrêmement sombre et assourdie. Des chandelles furent allumées dans
les maisons; les oiseaux après avoir terminé leur chant du soir
disparurent et se turent; les hôtes de la basse-cour se retirèrent
dans leur poulailler; les coqs chantèrent tous à la ronde comme au
point du jour; les objets ne pouvaient se distinguer qu'à une courte
distance; et tout avait l'aspect et l'obscurité de la nuit. »
« Le 19 Mai 1780, fut un jour particulièrement obscur. On alluma des
bougies dans de nombreuses maisons; les oiseaux se turent et
disparurent, et les animaux de la basse-cour se retirèrent dans leur
poulailler... L'opinion générale qui prévalait partout était que le
jour du jugement approchait. »
La lune entière devint comme du sang.
Les ténèbres de la nuit suivante du 19 Mai 1780 furent aussi
extraordinaires que celles du jour.
« Les ténèbres de la nuit suivante furent probablement aussi denses
que les plus denses qu'on ait observées depuis que l'ordre du
Tout-Puissant fit jaillir la lumière... Je ne pouvais m'empêcher de me
dire alors que si tous les corps lumineux de l'univers avaient été
enveloppés d'impénétrables ténèbres, ou s'ils avaient été supprimés,
l'obscurité n'eût pu être plus complète. Une feuille de papier blanc
soutenue à quelques pouces des yeux était aussi invisible que le
velours le plus noir. »
» Dans la soirée... depuis que les enfants d'Israël sortirent de la
maison de servitude, il n'y eut peut-être jamais de nuit plus obscure.
Ces ténèbres épaisses se maintinrent plus ou moins jusqu'à une heure,
bien que la lune fût pleine le jour précédent. »
Cette déclaration sur la phase lunaire démontre l'impossibilité qu'il
y ait eu une éclipse du soleil. Chaque fois que la lune apparut pendant
cette nuit mémorable, comme cela arriva par instant, elle avait, en
accord avec cette prophétie, l'apparence du sang.
Les étoiles du ciel tombèrent.
À nouveau la voix du ciel clame : « Tout est accompli! » Nous nous
référons à la grande pluie de météores du 13 Novembre 1833, au sujet
de laquelle quelques témoignages suffiront :
« En entendant crier : ‘Regardez par la fenêtre!, je sautai du lit où
je dormais profondément, et avec étonnement je vis l'orient illuminé
par l'aurore et les météores... J'appelai mon épouse pour qu'elle
contemple le spectacle; et tandis qu'elle s'habillait, elle s'exclama :
‘regarde comme les étoiles tombent!’ Je répondis: ‘C'est le prodige!’
et nous sentîmes dans notre coeur que c'était un signe des derniers
jours. Parce qu'en réalité, ‘les étoiles du ciel tombèrent sur la
terre, comme lorsqu'un figuier secoué par un vent violent jette ses
figues vertes’ (
Apoc. 6: 13 ).
« Et comment tombaient-elles? Ni moi, ni aucun membre de ma famille
n'entendîmes une explosion; et si nous devions chercher une
comparaison dans la nature, nous ne pourrions pas en trouver un aussi
adéquat pour illustrer l'aspect du ciel, que celui utilisé par Jean
dans la prophétie déjà citée. ‘Il pleut du feu!’ dit quelqu'un. Un
autre : ‘C'était comme une pluie de feu!’. Un autre encore : ‘C'était
comme les grands flocons de neige qui tombent avant l'arrivée d'une
tempête, ou comme les grosses gouttes de pluies avant une averse.’
J'admets la justesse de ces comparaisons par leur exactitude commune;
mais elles sont loin d'avoir la justesse de l'image employée par le
prophète : ‘Les étoiles du ciel tombèrent sur la terre’. Ce n'était ni
des feuilles, ni des flocons, ni des gouttes de feu; mais c'était ce
que le monde comprend par ‘étoiles filantes’; et quelqu'un en parlant
à ses compagnons pendant la scène, disait : ‘Regarde comme les étoiles
tombent!’ et celui qui l'écoutait ne perdit pas de temps à corriger
l'astronomie de celui qui avait parlé, comme il n'aurait pas perdu de
temps à répondre : ‘Le soleil ne bouge pas’, à celui qui lui aurait
dit : ‘le soleil est en train de se lever’ [la terre tourne autour du
soleil]. Les étoiles tombaient ‘comme lorsqu'un figuier secoué par un
vent violent jette ses figues vertes’. Les météores qui tombaient ne
venaient pas comme de plusieurs arbres secoués, mais comme d'un seul.
Ceux qui apparaissaient à l'est tombaient vers l'est; ceux qui
apparaissaient au nord tombaient vers le nord; ceux qui
apparaissaient à l'ouest tombaient vers l'ouest; et ceux qui
apparaissaient au sud tombaient vers le sud (car je sortis de ma
résidence au parc), et ils ne tombaient pas comme les fruits mûrs.
Loin de là! Mais ils volaient, ils étaient jetés, comme des fruits
verts, qui au départ, refusent d'abandonner la branche; et quand ils
se détachaient, ils volaient à grande vitesse, tout droit vers le bas;
et dans la multitude qui tombait, quelques-uns croisaient la
trajectoire des autres, comme s'ils étaient jetés avec une plus grande
ou plus petite force. »
« Le phénomène le plus sublime d'étoiles filantes jamais enregistré
dans l'histoire du monde eut lieu à travers les États-Unis, au matin
du 13 novembre 1833. L'extension de cette étonnante manifestation n'a
pas été établie avec précision, mais elle embrassa une partie
considérable de la superficie terrestre... Sa première apparence était
celle d'un feu d'artifice des plus imposants par sa grandeur, qui
couvrait toute la voûte céleste de myriades de boules de feu
semblables à des fusées volantes. Leur éclat était brillant,
resplendissant et permanent. Et ils tombaient à la fréquence des
flocons de neige lors des premières chutes de neige de Décembre. En
comparaison avec les splendeurs de cette exhibition céleste les fusées
volantes et les feux d'artifice les plus brillants ne sont rien
d'autre que le scintillement de la plus petite étoile face à la
splendeur du soleil. Le ciel entier semblait en mouvement, et il
suggéraient à quelques-uns l'épouvantable image employée dans
l'Apocalypse en référence à l'ouverture du sixième sceau, quand ‘les
étoiles du ciel tombèrent sur la terre, comme lorsqu'un figuier secoué
par un vent violent jette ses figues vertes’ ».
« Après avoir recueilli et confronté les récits parus dans tous les
journaux du pays, et aussi les nombreuses lettres qui me furent
adressées ou à des hommes de sciences de mes amis, les récits suivants
me semblèrent présenter les faits principaux en relation avec le
phénomène. La pluie de météores couvrit presque tout le territoire
nord américain, étant apparu avec une splendeur presque égale depuis
les possessions britanniques dans le nord jusqu'aux Antilles et au
Mexique, au sud, et depuis le 61e degré de longitude à l'est de la
côte américaine jusqu'à l'Océan Pacifique à l'ouest. À travers cette
immense région, la durée fut plus ou moins la même. Les météores
commencèrent à attirer l'attention par leur fréquence et leur
brillance inhabituelles de vingt et une heures à minuit; leur
apparition fut plus saisissante de deux à cinq heures; ils
atteignirent leur maximum, dans beaucoup d'endroits, vers quatre
heures; et ils continuèrent à tomber jusqu'à ce que la lumière du
jour les rendit invisibles. »
« Le spectacle a dû être des plus sublimes. L'apôtre Jean a dû l'avoir
devant lui quand il dit, dans le passage traitant de l'ouverture du
sixième sceau : ‘et les étoiles du ciel tombèrent sur la terre, comme
lorsqu'un figuier secoué par un vent violent jette ses figues vertes’. »
Le ciel se retira comme un livre.
Cet événement dirige notre attention vers le futur. Après avoir
examiné le passé et contemplé l'accomplissement de la parole de Dieu,
on nous invite maintenant à regarder les événements du futur, dont la
venue n'est pas moins sûre. Notre position est définie d'une façon
sans équivoque. Nous nous trouvons entre le verset 13 et 14 de ce
chapitre. Nous attendons le moment où le ciel se retirera comme un
livre qui s'enroule. Ces moments sont de la plus grande solennité et
importance, parce que nous ne savons pas à quel point
l'accomplissement de ces choses peut être proche.
Ce retrait du ciel est inclus dans ce que les auteurs des Évangiles
appellent, dans la même série d'événements, l'ébranlement des
puissances des cieux. D'autres passages nous donnent plus de détails
sur cette prédiction. Dans
Hébreux 12: 25-27;
Joël 3: 16;
Jérémie 25: 30-33;
Apocalypse 16: 17,
nous apprenons que la voix de Dieu, lorsqu'il parle depuis le ciel,
occasionnera cette épouvantable commotion de la terre et du ciel. Le
Seigneur avait déjà parlé de sa voix audible, quand il donna sa loi
éternelle depuis le Sinaï. Alors, la terre trembla. Lorsqu'Il parlera
à nouveau, la terre ne sera pas la seule à trembler, mais le ciel
aussi. Alors, « la terre chancelle comme un homme ivre ». « Elle tombe
et ne se relève plus » (
Ésaïe 24
). Les montagnes se déplaceront de leurs solides fondements. Les îles
seront soudainement remuées de leur place au milieu de la mer. De la
plaine surgiront des montagnes escarpées. Des roches jailliront de la
superficie fendue de la terre. Tandis que la voix de Dieu se répercute
sur la terre, la plus grande confusion régnera dans la nature.
Pour se convaincre que ceci n'est pas une simple fantaisie de
l'imagination, il suffit de lire les phrases exactes que quelques-uns
des prophètes utilisèrent en référence à ce temps. Ésaïe dit : « La
terre est déchirée, la terre se brise, la terre chancelle. La terre
chancelle comme un homme ivre, elle vacille comme une cabane; son
péché pèse sur elle, elle tombe, et ne se relève pas » (
Ésaïe 24: 19, 20
). Le langage tout aussi émouvant de Jérémie décrit la scène comme
suit : « Je regarde la terre, et voici, elle est informe et vide; les
cieux, et leur lumière a disparu. Je regarde les montagnes, et voici,
elles sont ébranlées; et toutes les collines chancellent. Je regarde,
et voici, il n'y a point d'homme; et tous les oiseaux des cieux ont
pris la fuite... Car ainsi parle l'Éternel: Tout le pays est dévasté » (
Jérémie 4: 23-27 ).
Alors, le rêve de sécurité charnel élaboré par le monde sera
effectivement détruit. Les rois, intoxiqués par leur propre autorité
terrestre, qui n'ont jamais songé qu'un pouvoir supérieur au leur
pouvait exister, comprennent maintenant qu'il y a Quelqu'un qui règne
comme Roi des rois. Les grands contemplent la vanité de toute la pompe
terrestre, parce qu'il y a une grandeur supérieure à celle de la
terre. Les riches jettent leur or et leur argent aux taupes et aux
chauves-souris, parce qu'ils ne peuvent les sauver en ce jour. Les
capitaines oublient leur brève autorité, et les puissants oublient
leur force. Tout serviteur qui se trouve dans le pire des esclavages
du péché, et l'homme libre, c'est-à-dire toutes les catégories
d'impies, depuis le plus grand jusqu'au plus humble, participent aux
cris collectifs de consternation et de désespoir.
Ceux qui ne prièrent jamais Celui dont le bras aurait pu les sauver,
élèvent maintenant une prière agonisante aux rochers et aux montagnes
pour qu'ils les ensevelissent pour toujours et les cachent aux yeux de
Celui dont la présence leur apporte la destruction. Ils voudraient
bien maintenant éviter la récolte de ce qu'ils ont semé par une vie de
concupiscence et de péché. Ils voudraient bien fuir de la colère
qu'ils ont accumulée sur eux-mêmes pour ce jour. Ils voudraient bien
s'enfoncer avec tout leur catalogue de crimes dans les ténèbres
éternelles. Aussi, fuient-ils dans les rochers, les cavernes et les
antres que leur offrent maintenant la superficie fissurée de la terre.
Mais il est trop tard. Ils ne peuvent ni cacher leur culpabilité ni
échapper à la vengeance tant retardée.
Le jour qu'ils pensèrent ne voir jamais arriver les a surpris
finalement comme un piège, et le langage involontaire de leur coeur
est : « Le grand jour de sa colère est venu; qui pourra subsister? »
Avant l'arrivée de ce jour, avec ses scènes terrifiantes, nous te
prions, cher lecteur, de prêter l'attention la plus sérieuse et la
plus sincère à ton salut.
Beaucoup font maintenant étalage de leur mépris pour la prière mais,
à un moment ou à un autre, les hommes doivent prier. Ceux qui ne
veulent pas prier Dieu maintenant avec pénitence, prieront alors les
rochers et les montagnes avec désespoir; et ce sera la plus grande
réunion de prière qui ne se sera jamais célébrée.