1-4 : «
1 Puis je vis monter de la mer une bête qui
avait dix cornes et sept têtes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur
ses têtes des noms de blasphèmes.
2 La bête que je vis était
semblable à un léopard; ses pieds étaient comme ceux d’un ours, et sa
gueule comme une gueule de lion : Le dragon lui donna sa puissance, et
son trône, et une grande autorité.
3 Et je vis l’une de ses
têtes comme blessée à mort; mais sa blessure mortelle fut guérie. Et
toute la terre était dans l’admiration derrière la bête.
4 Et
ils adorèrent le dragon, parce qu’il avait donné l’autorité à la bête;
et ils adorèrent la bête en disant : Qui est semblable à la bête, et
qui peut combattre contre elle? »
La mer symbolise « des peuples, des foules, des nations, des
langues. » (
Apocalypse 17 :15
). Dans la Bible, une bête est le symbole d’une nation ou d’une
puissance. Parfois, elle représente seulement le pouvoir civil, ou
bien le pouvoir ecclésiastique uni au pouvoir civil. Chaque fois que
l’on voit surgir une bête de la mer, ceci signifie que cette puissance
se lève d’un territoire fortement peuplé. Si les vents soufflent sur
la mer, comme dans
Daniel 7 :2, 3
, ceci indique des agitations politiques, des luttes civiles et des
révolutions.
Par le dragon du chapitre antérieur et la bête qui est montrée ici, on
nous présente la puissance romaine dans son ensemble, c’est-à-dire
dans ses deux phases : la païenne et la papale; d’où le fait que ces
deux symboles ont tous deux sept têtes et dix cornes (Voir les
commentaires sur Apocalypse 17 :10).
Semblable à un léopard.
La bête à sept têtes et dix cornes, semblable à un léopard, qui nous
est présentée ici, symbolise une puissance qui exerce aussi bien
l’autorité ecclésiastique que civile. Ce point a suffisamment
d’importance pour justifier la présentation de certains arguments
concluants afin de le prouver.
La chaîne prophétique, dans laquelle ce symbole est présenté,
commence avec
Apocalypse 12
. Les symboles des gouvernements terrestres englobés dans la prophétie
sont le dragon d’
Apocalypse 12
, la bête semblable à un léopard, et la bête à deux cornes d’
Apocalypse 13
. La même chaîne prophétique continue évidemment dans le
chapitre 14
. D’Apocalypse 12 :1 à Apocalypse 14 :5, nous avons donc une chaîne
prophétique distincte et complète en elle-même.
Toutes ces puissances nous sont présentées comme des bêtes sauvages
persécutant l’Église de Dieu. La scène débute avec l’Église symbolisée
par une femme attendant impatiemment l’accomplissement de la
promesse : que la semence de la femme, le Seigneur de gloire, se
manifeste parmi les hommes. Le dragon se tenait devant la femme pour
dévorer son fils. Son mauvais dessein est tenu en échec, et le fils
est enlevé vers Dieu et son trône. Vient ensuite une période durant
laquelle l’Église souffre sévèrement de l’oppression du dragon, ou de
la puissance qui le représente. Dans cette partie de la scène, le
prophète regarde occasionnellement l’avenir, en une fois presque
jusqu’à la fin, parce que tous les ennemis de l’Église vont être mus
par l’esprit du dragon. Dans le verset 1 d’Apocalypse 13, nous
remontons au moment où la bête, semblable à un léopard, successeur du
dragon, commence sa carrière. L’Église souffre l’opposition et la
persécution de cette puissance pendant la longue période de 1260 ans.
Après cette période d’opposition, l’Église connaît un autre conflit,
bref mais intense, avec la bête à deux cornes. Ensuite la libération
arrive. La prophétie s’achève avec l’Église libre de toutes
persécutions, debout, victorieuse avec l’Agneau sur le Mont-Sion.
Grâces soient rendues à Dieu pour la promesse sûre d’une victoire
finale!
Le seul personnage qui reste toujours le même dans toutes les scènes,
et dont l’histoire est le thème principal de toute la prophétie, est
la véritable Église de Dieu. Les autres personnages sont ses
persécuteurs, et ils ne sont présentés que parce qu’ils sont tels.
Ici, comme introduction, nous soulevons la question suivante :
qu’est-ce qui persécute toujours la vraie religion? Une fausse
religion. Qui a déjà entendu que le seul pouvoir civil de n’importe
quelle nation ait persécuté le peuple de Dieu de sa propre initiative?
Les gouvernements peuvent combattre d’autres gouvernements pour venger
un dommage réel ou imaginaire, ou pour acquérir des territoires et
étendre leur pouvoir. Mais les gouvernements ne persécutent pas
(remarquez le verbe, ne persécutent pas) les gens pour motif
religieux, à moins qu’ils soient sous le contrôle d’un système
religieux opposé ou hostile.
La bête semblable à un léopard est une puissance persécutrice.
Les puissances présentées dans cette prophétie : le dragon, la bête
semblable à un léopard, et la bête à deux cornes des versets 11-17,
sont toutes des puissances persécutrices. Elles agissent par rage et
hostilité contre le peuple et l’Église de Dieu. Ce fait est en
lui-même une évidence suffisamment concluante qu’en chacune de ces
puissances l’élément ecclésiastique ou religieux est le pouvoir
contrôleur.
Prenons le dragon. Que symbolise-t-il? La réponse est indéniable :
d’abord Satan, selon ce que nous avons démontré précédemment; ensuite,
l’empire romain. Mais ce n’est pas suffisant. Personne ne se
contentera de cette seule réponse. Elle doit être plus définie. Aussi
nous ajoutons : l’empire romain dans sa forme païenne, comme tous
doivent l’admettre. Mais dès que nous disons païenne, nous
introduisons un élément religieux, car le paganisme est un des
systèmes les plus gigantesques de fausse religion que Satan ait
inventé. Aussi, le dragon est une puissance ecclésiastique à tel
point que la caractéristique même qui le distingue est un faux
système religieux. Pourquoi le dragon persécutait-il l’Église de
Christ? Il la persécutait parce que le christianisme allait gagner du
terrain sur le paganisme, en détruisant ses superstitions, en
renversant ses idoles et en démantelant ses temples. L’élément
religieux de cette puissance était touché, et la persécution en était
le résultat.
Venons-en maintenant à la bête semblable à un léopard, d’
Apocalypse 13
. Que symbolise-t-elle? La réponse est : l’empire romain. Mais le
dragon symbolisait l’empire romain. Pourquoi le même symbole ne
continue-t-il pas à le représenter? Parce qu’il y a eu un changement
dans le caractère religieux de l’empire. Cette bête représente Rome
dans sa forme de soi-disant christianisme. C’est ce changement de
religion, et ceci seulement, qui rend nécessaire un changement de
symbole. Cette bête diffère du dragon par une seule chose : elle
présente un aspect religieux différent. Ce serait donc une erreur
d’affirmer qu’elle représente simplement le pouvoir civil romain.
Un symbole de la papauté.
Le dragon donne son pouvoir, son trône et une grande autorité à cette
bête. Quelle puissance succéda à la Rome païenne? Nous savons tous que
ce fut la Rome papale. Il ne nous est pas important pour le moment, de
savoir quand et de quelle façon eut lieu ce changement. Ce qui ressort
et que tous reconnaissent, c’est que la phase suivante et importante
pour l’empire romain, après sa forme païenne, fut la forme papale. Il
ne serait donc pas correct de dire que la Rome païenne donna son
pouvoir et son trône à une forme de gouvernement simplement civile qui
n’avait aucun élément religieux. Même en forçant beaucoup
l’imagination, une telle transaction ne peut pas se concevoir. Mais on
reconnaît ici deux phases de l’empire; et dans la prophétie, Rome est
païenne jusqu’à ce qu’elle devienne papale. La déclaration que le
dragon donne son pouvoir et son trône à la bête semblable à un léopard
est une évidence de plus que le dragon d’
Apocalypse 12 :3
est utilisé comme symbole de la Rome païenne. Mais derrière chacune de
ces puissances, se trouve Satan, qui les dirige dans leur oeuvre
impie.
Mais il se peut que quelqu’un affirme qu’aussi bien la bête semblable
à un léopard que la bête à deux cornes sont nécessaires pour
constituer la papauté, et que pour cela le dragon donne à ces deux
puissances, son trône et une grande autorité. Mais la prophétie ne le
dit pas. Le dragon traite uniquement avec la bête semblable à un
léopard. C’est seulement à cette bête qu’il donne son pouvoir, son
trône et une grande autorité. C’est la bête dont l’une des têtes est
blessée à mort, et qui guérit par la suite; c’est derrière cette bête
que la terre entière s’émerveille; c’est la bête qui profère des
blasphèmes et qui opprime les saints pendant 1260 ans. Elle fait tout
cela avant l’apparition de la puissance qui vient après, la bête à
deux cornes. Aussi, seule la bête semblable à un léopard symbolise
l’empire romain dans sa forme papale, dont l’influence dirigeante est
ecclésiastique.
Elle est identique à la petite corne.
Pour démontrer ceci plus amplement, il nous suffit de faire un
parallèle entre la petite corne de
Daniel 7 :8, 20, 24, 25
et cette puissance. On verra alors que la petite corne et la bête
semblable à un léopard symbolisent la même puissance. On admet
généralement que la petite corne symbolise la papauté. Six points
peuvent être présentés pour établir son identité :
- La petite corne est un pouvoir blasphémateur. « Il prononcera
des paroles contre le Très-Haut » (
Daniel 7 :25
). La bête semblable à un léopard d’
Apocalypse 13 :6,
fait la même chose : « Elle ouvrit la bouche pour proférer des
blasphèmes contre Dieu. »
- La petite corne fait « la guerre aux saints et » l’emporte sur
eux. La bête d’
Apocalypse 13 :7
fait la guerre aux saints et elle les vainc.
- La petite corne avait une bouche qui parlait avec arrogance (
Daniel 7 :8, 20
). Au sujet de cette bête nous lisons : « elle proférait des
paroles arrogantes et des blasphèmes » (
Apocalypse 13 :5 ).
- La petite corne s’éleva quand cessa la forme païenne de l’empire
romain. La bête d’
Apocalypse 13 :2
apparaît à ce moment-là; parce que le dragon, c’est-à-dire la
Rome païenne, lui donne son pouvoir, son trône et une grande
autorité.
- Le pouvoir est donné à la petite corne de subsister un temps,
des temps et la moitié d’un temps, soit 1260 ans (
Daniel 7 :25
). Le pouvoir est aussi donné à cette bête pendant 42 mois, soit
1260 ans (
Apocalypse 13 :5 ).
- À la fin de la période spécifiée de 1260 ans, les « saints »,
les « temps » et la « loi » allaient être libérés de la « main »
de la petite corne (
Daniel 7 :25
). À la fin de la même période, la bête semblable à un léopard
devait être emmenée en « captivité » (
Apocalypse 13 :10
). Ces deux caractéristiques s’accomplirent pendant la captivité
et l’exil du pape, et le renversement de la papauté par la
France en 1798.
Ces six points prouvent de façon satisfaisante l’identité de la petite
corne et de la bête semblable à un léopard. Quand dans la prophétie
nous avons, comme dans ce cas, deux symboles qui représentent des
puissances qui apparaissent en même temps sur la scène, qui occupent
le même territoire, qui manifestent le même caractère, qui
accomplissent la même oeuvre, qui subsistent pendant la même période
et qui ont le même sort, ces symboles représentent une même et
identique puissance.
Elle reçut une blessure mortelle.
La tête qui reçut une blessure mortelle fut la tête papale. Nous
aboutissons à cette conclusion par le principe évident que quand il
est parlé dans la prophétie du symbole d’un quelconque gouvernement il
s’applique à ce gouvernement aussi longtemps que ce symbole le
représente. Maintenant Rome est représentée par deux symboles : le
dragon et la bête semblable à un léopard, parce qu’elle présente deux
phases : la païenne et la papale; et tout ce qui se dit au sujet du
dragon s’applique à la Rome mais seulement sous sa forme païenne, et
ce que l’on dit de la bête semblable à un léopard ne s’applique qu’à
la forme soi-disant chrétienne de Rome. Jean dit que ce fut l’une des
têtes de cette dernière bête semblable à un léopard qui fut blessée à
mort. En d’autres termes, cette blessure fut infligée à la forme de
gouvernement qui existait sous l’empire romain après son changement du
paganisme au christianisme. Il est donc évident que la tête papale fut
celle qui fut blessée à mort et dont la blessure fut guérie. Recevoir
la blessure correspond à aller en captivité (
Apocalypse 13 :10
). La blessure fut infligée quand le pape fut fait prisonnier par le
général français Berthier et la papauté fut abolie pendant un temps en
1798. Dépouillée de son pouvoir civil et ecclésiastique, le pape
captif, Pie VI, mourut en exil à Valence dans le Dauphiné, en France,
le 29 Août 1799. Mais la blessure mortelle commença à guérir quand la
papauté fut rétablie, bien qu’avec moins de pouvoir qu’antérieurement,
par l’élection d’un nouveau pape, le 14 Mars 1800.
5-10 : «
5 Et il lui fut donné une bouche qui proférait
des paroles arrogantes et des blasphèmes; et il lui fut donné le
pouvoir d’agir pendant quarante-deux mois.
6 Et elle ouvrit sa
bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son
nom, et son tabernacle, et ceux qui habitent dans le ciel.
7 Et
il lui fut donné de faire la guerre aux saints, et de les vaincre. Et
il lui fut donné autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue,
et toute nation.
8 Et tous les habitants de la terre
l’adoreront, ceux dont le nom n’a pas été écrit dès la fondation du
monde dans le livre de vie de l’Agneau, qui a été immolé.
9 Si
quelqu’un a des oreilles, qu’il entende.
10 Si quelqu’un mène
en captivité, il ira en captivité; si quelqu’un tue par l’épée, il
faut qu’il soit tué par l’épée. C’est ici la persévérance et la foi
des saints. »
Elle profère des blasphèmes.
Cette bête ouvre « sa bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu,
pour blasphémer son nom, et son tabernacle, et ceux qui habitent dans
le ciel. » Nous avons déjà mentionné dans les commentaires sur le
livre de Daniel la signification de l’expression : « il prononcera des
paroles contre le Très-Haut. » (
Daniel 7 :25
). Dans le verset 5 de ce chapitre de l’Apocalypse, on utilise des
mots similaires, car « elle proférait des paroles arrogantes ». Mais
on ajoute le mot « blasphèmes », lequel indique de toute évidence que
les « paroles arrogantes » sont des déclarations blasphématoires
contre le Dieu du ciel.
Dans les Évangiles nous trouvons des indications de ce qui constitue
un blasphème. Dans
Jean 10 :33
nous lisons que les Juifs accusèrent faussement Jésus de blasphémer.
Ils dirent : « toi qui es homme, tu te fais Dieu ». Dans le cas du
Sauveur, c’était faux, parce qu’il était le Fils de Dieu. Il était
« Emmanuel, Dieu avec nous ». Mais quand l’homme assume les privilèges
de Dieu et les titres de la divinité, ceci constitue un blasphème.
Dans
Luc 5 :21,
nous trouvons les pharisiens essayant de surprendre Jésus dans ses
paroles. Ils demandèrent : « qui est celui-ci, qui profère des
blasphèmes? Qui peut pardonner les péchés, si ce n’est Dieu seul? »
Jésus pouvait pardonner les transgressions parce qu’il était le
Sauveur divin. Mais quand un homme mortel affirme avoir une telle
autorité il blasphème certainement.
Nous pourrions nous demander si la puissance représentée par ce
symbole a accompli cette partie de la prophétie. Dans les commentaires
sur
Daniel 7 :25
nous avons vu clairement qu’elle avait « parlé avec arrogance » contre
le Dieu du ciel. Observons maintenant ce qui est dit concernant la
prétention du prêtre à pardonner les péchés :
« Le prêtre occupe la place du Sauveur même quand il dit : ‘Ego te
absolvo’ [je t’absous], il absout du péché... Pour pardonner un seul
péché toute la puissance de Dieu est nécessaire... Mais la seule chose
que Dieu puisse faire par sa toute puissance, le prêtre peut le faire
aussi en disant : ‘Ego te absolvo a pecatis tuis’... Innocent III
écrivit : ‘En vérité, il n’est pas exagéré de dire qu’en vue du
caractère sublime de leur charge les prêtres sont autant de
dieux.’ »
Notons encore d’autres déclarations blasphématoires de cette
puissance :
« Mais notre étonnement doit être plus grand encore quand nous
trouvons qu’en obéissance aux paroles de leurs prêtres : HOC EST
CORPUS MEUM [Ceci est Mon corps], Dieu lui-même descend sur l’autel,
Il vient d’où qu’on L’appelle, et aussi souvent qu’on L’appelle, et Il
se place dans leurs mains, même lorsqu’ils sont Ses ennemis. Et après
être venu, Il reste à leur entière disposition; ils Le déplacent comme
ils veulent d’un lieu à un autre; ils peuvent, s’ils le désirent,
L’enfermer dans le tabernacle, ou L’exposer sur l’autel, ou
L’emporter hors de l’église; ils peuvent, s’ils le désirent, manger Sa
chair et alimenter les autres. Oh! comme leur pouvoir est grand! --
dit Saint Laurent Justinien, en parlant des prêtres. Il tombe une
parole de leurs lèvres et le corps de Christ est là substantiellement
formé de la matière du pain, et le Verbe Incarné descendu du ciel se
trouve réellement présent sur la table de l’autel!’ »
« Ainsi, le prêtre peut, d’une certaine façon, être appelé créateur de
son Créateur... ‘Le pouvoir du prêtre -- dit Saint Bernardin de
Sienne -- est le pouvoir de la personne divine; parce que la
transsubstantiation du pain demande autant de pouvoir que la création
du monde.’ »
C’est ainsi que cette puissance, représentée par la bête, blasphème
contre le temple du ciel, attirant l’attention de ses sujets vers son
propre trône et son palais, au lieu du tabernacle de Dieu; déviant
leur attention du Fils de Dieu vers le sacrifice de la messe.
Elle blasphème contre ceux qui demeurent dans le ciel en assumant le
pouvoir de pardonner les péchés, et elle dévie ainsi les hommes de
l’oeuvre de médiation de Christ et ses assistants célestes dans le
sanctuaire d’en haut.
Le verset 10 nous fait revenir aux événements de 1798, quand ce
pouvoir, qui avait emmené les saints de Dieu en captivité pendant 1260
ans, fut lui-même emmené en captivité.
11 : « Puis je vis monter de la terre une autre bête, qui avait
deux cornes semblables à celles d’un agneau, et qui parlait comme un
dragon. »
Une bête à deux cornes.
Ce verset présente le troisième grand symbole de la chaîne prophétique
que nous examinons, celui que nous pouvons appeler la bête à deux
cornes. Voyons à quoi il s’applique. Le dragon, ou Rome païenne, et la
bête semblable à un léopard, ou Rome papale, nous présentent deux
grandes organisations représentatives de deux grands systèmes d’une
fausse religion. L’analogie semble exiger que le symbole restant, la
bête à deux cornes, ait une application similaire et trouve son
accomplissement dans une nation représentative d’un autre grand
système de religion. L’unique système restant qui exerce une influence
de contrôle dans le monde aujourd’hui est le protestantisme. Pris dans
son sens abstrait, le paganisme englobe tous les pays païens, qui
contiennent plus de la moitié de la population du globe. Le
catholicisme, duquel la religion grecque orthodoxe peut être
considérée comme partie intégrante, presque identique à lui, réunit la
majorité des nations qui composent la chrétienté. Dans d’autres
prophéties on nous a donné un tableau de l’islam et son influence
(Voir les commentaires sur Daniel 11 et Apocalypse 9). Mais le
protestantisme est la religion des nations qui constitue l’avant-garde
du monde quant à la liberté, les connaissances, le progrès et le
pouvoir.
Un symbole des États-Unis.
Si donc le protestantisme est la religion que nous devons chercher, à
quelle nation représentative de cette religion s’applique la prophétie?
Il y a des nations protestantes notables en Europe; mais, pour des
raisons que nous verrons après, le symbole ne peut pas leur être
appliqué. Une soigneuse investigation nous a amené à la conclusion
qu’il s’applique à l’Amérique protestante, c’est-à-dire aux États-Unis
d’Amérique. Nous allons analyser soigneusement la raison d’une telle
application et les évidences qui l’appuient.
Avons-nous des motifs de croire que les États-Unis seraient mentionnés
dans la prophétie? Comment les autres nations trouvèrent-elles une
place dans le récit prophétique? Premièrement parce qu’elles jouèrent
un rôle éminent dans l’histoire du monde, deuxièmement et surtout,
parce qu’elles exercèrent une juridiction sur le peuple de Dieu ou
elle eurent avec lui des relations importantes. Dans les annales
bibliques et de l’histoire séculaire, nous trouvons des données
desquelles nous pouvons déduire cette règle relative à la mention
prophétique des gouvernements terrestres : Une nation entre dans la
prophétie quand l’oeuvre et le destin du peuple de Dieu est
définitivement lié à elle. Toutes ces conditions se réalisent dans le
cas des États-Unis. La conviction que la naissance et le progrès de
cette nation ont été tels que la Providence considéra comme approprié
de les prédire dans la prophétie, a pénétré dans beaucoup d’esprits.
Le gouverneur Pownal, homme d’état anglais, prédit en 1780, tandis que
la Révolution américaine se déroulait, que ce pays deviendrait
indépendant; qu’une activité civilisatrice bien supérieure à celle que
l’Europe ne pourrait jamais connaître l’animerait; et que sa puissance
commerciale et navale parviendrait aux confins du globe. Il mentionne
ensuite l’établissement probable de ce pays comme puissance libre et
souveraine, et il l’appelle « une révolution qui a des indices plus
étranges d’intervention divine, en substitution du cours commun des
affaires humaines que n’importe quel événement que le monde ait
expérimenté.»
George Alfred Townsend, parlant des disgrâces qui accompagnèrent les
autres gouvernements de l’hémisphère occidental dit :
« L’histoire des États-Unis fut séparée par une Providence
bienfaisante, de cette sauvage et cruelle histoire du reste du
continent. »
Des considérations comme celles-ci tendent à éveiller dans chaque
esprit la solide conviction que la nation qui nous intéresse a joué un
rôle dans l’exécution des desseins providentiels de Dieu dans ce
monde, et qu’elle doit être mentionnée dans une partie de la
prophétie.
Chronologie de cette puissance.
À quelle époque de l’histoire de ce monde, la prophétie place-t-elle
la naissance de cette puissance? La base des conclusions auxquelles
nous devons arriver a été déjà placée dans les faits présentés au
sujet de la bête semblable à un léopard. C’était au moment où cette
bête fut emmenée en captivité, ou mise à mort par l’épée (verset 10),
ou lorsqu’elle eut une de ses têtes blessée à mort (verset 3), que
Jean vit la bête à deux cornes qui montait. Si la bête semblable à un
léopard signifie la papauté, comme nous l’avons prouvé de façon
concluante, et si sa captivité en exil s’accomplit lors du
renversement temporaire de la papauté par les Français, en 1798, alors
le moment de la naissance de cette puissance nous est clairement
spécifié. Le verbe « monter » doit signifier que la puissance à
laquelle il s’applique était organisée depuis peu, et elle était en
train de prendre de l’importance et avait de l’influence.
Qui peut douter qu’elle était la nation qui en réalité « montait » en
1798? Il est certainement nécessaire d’admettre que les États-Unis
sont l’unique puissance qui satisfait les caractéristiques de la
prophétie du point de vue de la chronologie.
La lutte des colonies américaines pour l’indépendance débuta en 1775.
En 1776, elles se déclarèrent nations libres et indépendantes. En
1777, elles se réunirent en Congrès et les articles de leur
Confédération furent adoptés par leurs délégués des treize états
d’origine : New Hampshire, Massachusetts, Rhode Island, Connecticut,
New York, New Jersey, Pennsylvanie, Delaware, Maryland, Virginie,
Caroline du Nord et du Sud et Géorgie. En 1783, la guerre
d’Indépendance prit fin par un traité de paix avec la Grande-Bretagne,
qui reconnut l’indépendance des États-Unis et leur céda plus de deux
millions de kilomètres carrés de territoire. En 1787, la Constitution
fut instaurée; le 26 Juillet 1788, onze des treize états d’origine
l’avaient ratifiée; et elle entra en vigueur le 1er Mars 1789. Les
États-Unis commencèrent donc avec plus ou moins deux millions de
kilomètres carrés de superficie et moins de quatre millions
d’habitants. Nous arrivons ainsi en 1798, quand la nation fit son
entrée dans la prophétie.
John Wesley, dans ses notes sur Apocalypse 13, écrites en 1754, dit au
sujet de la bête à deux cornes :
« Elle n’est pas encore venue, bien qu’elle ne doive plus être loin.
Parce qu’elle doit paraître à la fin des quarante-deux mois de la
première bête. »
L’âge de cette puissance.
Il y a dans la prophétie de bonnes évidences que le gouvernement
symbolisé par la bête à deux cornes se présente pendant la première
partie de sa carrière; c’est-à-dire, alors qu’elle est encore une
jeune puissance. Jean dit : « Je vis monter de la terre une autre
bête, qui avait deux cornes semblables à celles d’un agneau. »
Pourquoi Jean ne dit-il pas tout simplement « elle avait deux
cornes »? Pourquoi ajouta-t-il « semblables à celles d’un agneau »?
Ce doit être dans le but de faire ressortir le caractère de cette bête
et montrer que non seulement elle se conduit d’une façon innocente et
inoffensive, mais aussi que c’est une jeune puissance; parce que les
cornes d’un agneau sont des cornes qui commencent tout juste à
croître.
Gardons à l’esprit qu’avec l’argument précédent relatif à la
chronologie, notre regard est fixé sur l’année 1798, quand la
puissance symbolisée était jeune. Quelle est la puissance remarquable
qui allait prendre alors de l’importance, mais qui était jeune? Ce
n’était pas l’Angleterre, ni la France, ni la Russie, ni aucune
puissance européenne. Si nous cherchons une jeune puissance qui se
lève à cette époque, nous devons diriger les yeux vers le Nouveau
Monde. Mais aussitôt dirigés dans cette direction, ils se fixent
inévitablement sur les États-Unis comme puissance en question. Aucune
autre puissance située à l’ouest de l’Atlantique ne concorde avec la
description.
La localisation de la bête à deux cornes.
Une seule déclaration de la prophétie suffit à nous amener à des
conclusions importantes et correctes sur ce point. Jean l’appelle «
l’autre bête ». Ce n’est donc pas une partie de la première bête; et
la puissance qu’elle symbolise ne fait pas partie non plus de ce que
représente cette première bête. Ceci est fatal pour l’affirmation de
ceux qui évitent d’appliquer ce symbole aux États-Unis en disant
qu’elle signifie une phase de la papauté; parce que si c’était le cas,
elle serait une partie de la bête précédente, celle semblable à un
léopard.
Vu que c’est une autre « bête », qui « monte de la terre », elle doit
se trouver dans un territoire qui n’a pas été couvert par d’autres
symboles. Babylone et la Médo-Perse englobent toute la partie
civilisée de l’Asie. La Grèce englobe l’Europe orientale, la Russie
incluse. Rome, avec les dix royaumes dans lesquels elle s’est divisée,
représentés par les dix orteils des pieds de la statue de
Daniel 2,
les dix cornes de la quatrième bête de
Daniel 7,
les dix cornes du dragon d’
Apocalypse 12
et les dix cornes de la bête semblable à un léopard d’
Apocalypse 13,
englobe toute l’Europe occidentale. En d’autres termes, tout
l’hémisphère oriental connu par l’histoire et la civilisation est
englobé par les symboles prophétiques dont l’application ne laisse pas
place au moindre doute.
Mais il y a dans l’hémisphère occidental une nation puissante, qui
est, comme nous l’avons déjà vu, digne d’être mentionnée par la
prophétie, mais qui n’a pas encore été présentée par elle. Il reste
aussi un symbole qui n’a pas été appliqué. Tous l’ont été sauf un, et
toutes les régions disponibles de l’hémisphère oriental sont englobées
par les applications. De tous les symboles mentionnés, il en reste
un : la bête à deux cornes d’
Apocalypse 13.
De tous les pays de la terre pour lesquels il y a un motif d’être
mentionnés par la prophétie, il en reste seulement un : les États-Unis
d’Amérique. Les États-Unis représentent-ils la bête à deux cornes? Si
c’est le cas, tous les symboles trouvent leur application, et tout le
territoire est englobé. Dans le cas contraire, les États-Unis ne sont
pas représentés dans la prophétie, et le symbole de la bête à deux
cornes ne trouve aucune nation à laquelle il puisse s’appliquer. Mais
la première de ces suppositions n’est pas probable, et la seconde
n’est pas possible.
Un autre facteur, qui nous aidera à localiser cette puissance, vient
du fait que Jean la vit monter de la terre. Si la mer, de laquelle la
bête semblable à un léopard s’est levée (
Apocalypse 13 :1
), représente des peuples, des nations et des foules (
Apocalypse 17 :15
), la terre suggère par contraste un territoire nouveau et pas occupé
auparavant. Si nous excluons les continents de l’hémisphère oriental
et si nous cherchons un territoire autrefois méconnu de la
civilisation, notre attention se dirige nécessairement vers
l’hémisphère occidental.
Comment elle naquit.
La façon dont la bête à deux cornes monte, avec sa localisation, son
âge et sa chronologie, démontre qu’il s’agit d’un symbole des
États-Unis. Jean vit que la bête « montait de la terre ». Cette
expression doit être utilisée à propos pour signaler le contraste
entre la naissance de cette bête et celle des autres symboles
prophétiques nationaux. Les quatre bêtes de
Daniel 7
et la bête semblable à un léopard, d’
Apocalypse 13,
surgirent toutes de la mer. Généralement, les nouvelles nations se
lèvent par le renversement des autres, et elles occupent leur place.
Mais aucune autre nation n’est renversée pour faire place aux
États-Unis, et il y avait déjà quinze ans qu’ils avaient obtenu leur
indépendance quand ils entrèrent dans le champ de la prophétie. Le
prophète vit seulement un tableau paisible.
Le mot utilisé dans le verset 11 pour décrire la manière dont cette
bête monte est très significatif. C’est anabainon, dont l’une des
principales définitions est : « croître ou germer comme une plante ».
C’est un fait notable que quelques écrivains politiques, sans se
référer à la prophétie, ont utilisé cette même image pour mieux
exprimer l’idée de la naissance des États-Unis. George Alfred Townsend
dit :
« Dans ce réseau d’îles, les Antilles, la vie des deux Amériques [du
Nord et du Sud] commença. Là, Christophe Colomb vit la terre; là,
l’Espagne débuta son néfaste et brillant empire occidental : de là,
partirent Cortés pour le Mexique, De Soto pour le Mississippi, Balboa
pour le Pacifique et Pizarro pour le Pérou. L’histoire des États-Unis
fut séparée par une Providence bienfaisante de cette histoire sauvage
et cruelle du reste du continent, et comme une semence silencieuse,
nous grandîmes jusqu’à devenir un empire; tandis que l’empire qui
commençait au sud, se vit balayé par un ouragan si interminable que la
partie de son histoire que nous pouvons vérifier est seulement celle
illuminée par les rayons mêmes qui le dévastèrent. La croissance de
l’Amérique anglaise peut être comparée à une série de chants lyriques
interprétés par des chanteurs séparés qui, en s’alliant, forment à la
fin un choeur puissant qui en attire beaucoup de loin, qui augmente et
se prolonge jusqu’à ce qu’il assume la dignité et les proportions d’un
chant épique. »
Dans la Nation, de Dublin, un écrivain parla des États-Unis comme d’un
empire admirable qui était en train, qui « surgira» et « au milieu du
silence de la terre, augmentera quotidiennement son pouvoir et sa
fierté. »
Dans un discours sur les exilés anglais qui fondèrent ce gouvernement,
Edward Everett dit :
« Cherchèrent-ils un lieu retiré, inoffensif par son obscurité, et sûr
par son éloignement, où la petite église de Leyden puisse avoir la
liberté de conscience? Voici les puissantes régions où, par une
conquête pacifique -- victoria sine clade [victoire sans lutte] -- les
étendards de la croix sont arrivés. »
Le lecteur veut-il maintenant comparer ces expressions : « elle
montait de la terre », « au milieu du silence de la terre », « comme
une semence silencieuse nous grandîmes jusqu’à devenir un empire »,
« les puissantes régions », assurées par « une conquête pacifique ».
La première est employée par le prophète quand il dit ce qui
arriverait quand la bête à deux cornes se lèverait; les autres
proviennent d’écrivains politiques qui expliquent ce qui arriva dans
l’histoire des États-Unis d’Amérique du Nord. Quelqu’un peut-il ne pas
voir que les trois dernières sont des synonymes exacts de la première,
et qu’elles sont l’accomplissement absolu de la prédiction?
Une autre question apparaît naturellement : Les États-Unis,
s’élevèrent-ils d’une façon qui remplit les caractéristiques de la
prophétie? Peu avant que ne débute la Réforme, à l’époque de Martin
Luther, il y a plus de quatre cents ans, cet hémisphère occidental fut
découvert. La Réforme réveilla les nations qui étaient enchaînées dans
les liens amers de la superstition et de l’oppression, et leur fit
comprendre une grande vérité, à savoir, que le ciel donne à tous les
hommes le droit d’adorer Dieu en accord avec les dictées de leur
propre conscience. Mais les gouverneurs ne voulaient pas perdre leur
pouvoir, et l’intolérance religieuse continua à opprimer les gens. En
de telles circonstances, un groupe de héros religieux résolut de
chercher dans les terres vierges de l’Amérique la mesure de liberté
civile et religieuse qu’ils désiraient tant. Pour accomplir leur noble
but, cent de ces exilés volontaires débarquèrent du « Mayflower » sur
la côte de la Nouvelle Angleterre, le 21 Décembre 1620. « Là, -- dit
Martyn -- naquit la Nouvelle Angleterre, » et son « premier cri de
nouveau-né fut une prière et une action de grâce au Seigneur. »
Un autre colonie anglaise permanente s’était établie à Jamestown, en
Virginie, en 1607. Avec le passage du temps, d’autres colonies
s’établirent et s’organisèrent, qui restèrent toutes assujetties à la
couronne anglaise jusqu’à la déclaration de leur indépendance, le 4
Juillet 1776.
La population de ces colonies atteignit en 1701, 262 000 âmes; en
1749, 1 046 000; en 1775, 2 803 000. Alors, la lutte pour
l’indépendance éclata, l’établissement d’un gouvernement
constitutionnel uni, et la proclamation au monde que tous pouvaient
trouver ici un asile contre l’oppression et l’intolérance. Les
immigrants accoururent du Vieux Monde par milliers, et la population
et la prospérité de la nouvelle nation augmentèrent par des moyens
pacifiques. De grands territoires furent achetés ou acquis par traités
pour que tous ceux qui venaient, puissent s’installer. Maintenant, en
sautant plus de 150 ans, pour arriver au second quart du XXe siècle,
les territoires des États-Unis se sont étendus jusqu’à occuper plus de
huit millions de kilomètres carrés, et sa population s’est élevée à
140 000 000 habitants.
Le développement des États-Unis dans sa prospérité matérielle et ses
connaissances étonne le monde, et appuie certainement notre
application de la prophétie.
Le caractère de son gouvernement symbolisé.
Dans cette division du thème, nous trouvons des évidences
supplémentaires que le symbole représente les États-Unis. En décrivant
ce pouvoir, Jean dit qu’il « avait deux cornes semblables à celles
d’un agneau ». Les cornes de l’agneau indiquent sa jeunesse, son
innocence et sa douceur. En tant que nouvelle puissance récemment née,
les États-Unis répondent admirablement au symbole quant à son âge,
tandis qu’on ne trouve aucune autre puissance qui le fasse. Si on
considère les cornes comme un indice de pouvoir et de caractère, on
peut décider qu’elles sont en relation avec le gouvernement qui nous
occupe si on peut déterminer quel est le secret de sa force et ce que
révèle son caractère ou ce qu’il professe ouvertement. J. A. Bingham
nous donne une clé de tout le sujet en disant que le but de ceux qui,
au début, partirent à la recherche des plages d’Amérique du Nord était
de fonder « ce que le monde n’avait pas vu depuis des siècles, à
savoir, une église sans pape et un état sans roi. » Ou en d’autres
mots, un gouvernement dans lequel le pouvoir ecclésiastique serait
séparé du civil, un gouvernement caractérisé par la liberté civile et
religieuse.
Des arguments ne sont pas nécessaire pour démontrer que c’est
précisément ce que professe le gouvernement américain. La section 4 de
l’article IV de la Constitution des États-Unis dit en partie :
« Aucun examen religieux ne sera réclamé comme qualification
nécessaire à n’importe quelle charge ou responsabilité publique aux
États-Unis. » Le premier amendement de la Constitution commence ainsi
: « Le Congrès ne fera aucune loi sur l’établissement de la religion
ou interdisant le libre exercice de celle-ci. » Ces articles offrent
la plus grande garantie de liberté civile et religieuse, une
séparation complète et perpétuelle de l’état et de l’église. Quels
meilleurs symboles pouvait-on nous donner d’eux que les « deux cornes
semblables à celles d’un agneau »? Dans quel autre pays peut-on
trouver un tel état de choses capable de représenter si parfaitement
cette présentation du symbole d’
Apocalypse 13?
Républicain dans sa forme.
La bête à deux cornes n’a pas de couronne sur ses cornes, car elle a
symbolisé une nation dotée d’un gouvernement de forme républicaine. La
couronne est le symbole d’un gouvernement de forme monarchique ou
dictatoriale, et dans ce cas, l’absence de couronne suggère un
gouvernement dont le pouvoir ne réside pas dans un gouvernement
unique, mais se trouve aux mains du peuple.
Mais ceci n’est pas la preuve la plus convainquante que la nation
symbolisée ici est républicaine dans sa façon de gouverner. Le verset
14 nous indique qu’un appel est fait au peuple quand il s’agit
d’exécuter une action nationale : « disant aux habitants de la terre
de faire une image à la bête. » Tel est réellement le cas des
États-Unis. La Constitution sur laquelle ils sont basés garantit « une
forme républicaine de gouvernement », comme nous l’avons déjà démontré.
Ceci constitue un autre échelon de la chaîne des évidences que ce
symbole s’applique aux États-Unis d’Amérique. Il n’existe aucun autre
gouvernement auquel appliquer raisonnablement ce symbole.
Une nation protestante.
La bête à deux cornes symbolise une nation qui ne peut pas appartenir
à la religion catholique. La papauté est fondamentalement une union de
l’église et de l’État. La Constitution des États-Unis d’Amérique
(Article VI) déclare que « aucun examen religieux ne sera réclamé
comme qualification nécessaire à n’importe quelle charge ou
responsabilité publique », et par là, elle établit une séparation
perpétuelle de l’église et de l’État. La liberté civile et religieuse
est un principe fondamental du protestantisme. Les fondateurs du grand
pays qui est devenu les États-Unis, pour avoir vécu en des temps qui
leur permirent d’être les témoins des résultats de l’union de l’église
et de l’État, se montrèrent jaloux des libertés qu’ils réclamaient
comme les droits de tous, et ils dénonçaient prestement tout ce qui
pouvait ressembler à une union entre l’église et l’État. Aussi, du
point de vue religieux, les États-Unis sont une nation protestante et
ils satisfont les caractéristiques de la prophétie là-dessus. La
prophétie nous oriente à nouveau vers cette nation. Avant d’entrer
dans la discussion d’un autre aspect de ce symbole prophétique, qu’il
nous soit permis de repasser les points déjà établis :
- La puissance symbolisée par la bête à deux cornes doit être une
nation distincte des puissances civiles et ecclésiastiques du
Vieux Monde.
- Elle doit naître dans l’hémisphère occidental.
- Elle doit assumer l’éminence et l’influence vers l’année
1798.
- Elle doit naître d’une façon pacifique et silencieuse, et elle
ne doit pas augmenter son pouvoir et son territoire par des
guerres agressives et des conquêtes, comme le firent les autres
nations.
- Son progrès doit être si évident qu’il étonne le spectateur,
comme le ferait la croissance perceptible d’un animal sous ses
yeux.
- Elle doit être républicaine dans sa forme de
gouvernement.
- Elle doit appartenir à la religion protestante.
- Elle doit présenter au monde, comme indice de son caractère et
comme éléments de son gouvernement, deux grands principes qui
sont en eux-mêmes parfaitement justes, innocents et semblables à
un agneau.
- Elle doit accomplir son oeuvre après 1798.
Nous avons vu que toutes ces caractéristiques, qu’on peut affirmer
concluantes, se trouvent jusqu’ici dans l’histoire des États-Unis;
tandis qu’aucune autre nation ne les accomplit. Il est donc impossible
d’appliquer le symbole d’
Apocalypse 13 : 11
à une autre nation que les États-Unis d’Amérique.
« Elle parlait comme un dragon ».
Maintenant que nous avons identifié les États-Unis d’Amérique comme la
puissance symbolisée par la bête à deux cornes, nous pouvons suivre,
sans crainte ni préjugé, le cours que cette nation suit en accord avec
ce qui est clairement tracé dans la prophétie elle-même. En le faisant,
nous voyons une fois de plus que le dragon, ou premier symbole
présenté dans la chaîne prophétique que nous étudions, poursuivait
implacablement l’Église de Dieu. La bête semblable à un léopard qui
lui faisait suite, était elle aussi une puissance persécutrice, car
elle ôta la vie à des millions de chrétiens pendant les 1260 ans.
Quand nous arrivons à la troisième bête, qui avait deux cornes
semblables à celles d’un agneau, on dit qu’elle « parlait comme un
dragon ». Ceci veut dire qu’à un certain moment sa nature d’agneau
change pour devenir celle d’un dragon, de telle façon qu’elle parle et
agisse comme le dragon avant elle.
Permettez-moi de dire, en relation avec cela, qu’il nous est
douloureux de voir qu’une nation née si pacifique, et consacrée à des
principes de gouvernement si nobles, en vienne à assumer la nature des
bêtes qui la précédèrent et, en le faisant, s’abaisse jusqu’à
persécuter le peuple de Dieu. Mais il ne nous reste pas d’autre remède
que de nous laisser guider dans notre étude par l’esquisse divinement
inspirée que nous a donnée la prophétie. Vu que les États-Unis sont la
puissance représentée par le symbole qui parle comme un dragon, on en
déduit que des lois injustes et oppressives seront promulguées contre
la foi religieuse et pratique de ses citoyens au point de mériter le
nom de puissance persécutrice.
12 : « Elle exerçait toute l’autorité de la première bête en sa
présence, et elle faisait que la terre et ses habitants adoraient la
première bête, dont la blessure mortelle avait été guérie. »
Elle exercera un pouvoir persécuteur.
Non seulement cette nation parle comme un dragon, mais « elle exerçait
toute l’autorité de la première bête en sa présence. » Si nous jetons
un coup d’oeil rétrospectif, nous découvrirons que la première bête
est celle semblable à un léopard, symbole de la papauté. La seule
conclusion que nous pouvons tirer est qu’une nation dite protestante
exercera le pouvoir persécuteur de la papauté, et deviendra donc,
pseudo-protestante, c’est-à-dire le « faux-prophète » mentionné dans
Apocalypse 19 :20
et expliqué dans le prochain sujet.
Cette puissance exerce ce pouvoir en obligeant les gens qui se
trouvent sous sa juridiction à « adorer la première bête », la
papauté. Le mot grec pour « adorer » est très significatif. Il vient
du verbe kuneo, « je baise », avec une préposition qui indique que le
baiser est adressé à quelqu’un, dans ce cas à la papauté, ou sa tête
nominale, le pape. On le traduit habituellement par « rendre hommage,
se prosterner devant, » comme l’emploie la version de la Septante dans
le décret de Nébucadnetsar envoyé à tous « peuples, nations et hommes
de toutes langues » qui leur ordonna : « vous vous prosternerez et
vous adorerez la statue d’or qu’a élevée le roi Nébucadnetsar » dans
la plaine de la Dura (
Daniel 3 :4, 5
). Cette adoration doit signifier que les gens se soumettent à
l’autorité et au décret des personnes à qui ils rendent hommage. Tel
est le tableau présenté dans la prophétie de l’adoration rendue à la
papauté par un peuple soi-disant protestant.
13, 14 : «
13 Elle opérait de grands prodiges, même
jusqu’à faire descendre du feu du ciel sur la terre à la vue des
hommes.
14 Et elle séduisait les habitants de la terre par les
prodiges qu’il lui était donné d’opérer en présence de la bête, disant
aux habitants de la terre de faire une image à la bête qui avait la
blessure de l’épée et qui vivait. »
Elle opérait de grands prodiges.
Dans cette partie de la prédiction qui présente l’oeuvre de la bête à
deux cornes, nous lisons qu’elle « opérait de grand prodiges, même
jusqu’à faire descendre du feu du ciel sur la terre à la vue des
hommes. » Cette caractéristique est une preuve supplémentaire que les
États-Unis sont la puissance représentée par la bête à deux cornes.
Personne ne niera que nous vivons dans un siècle de merveilles. Que le
lecteur se reporte à nos observations sur
Daniel 12 :4
concernant les exploits étonnants de notre époque et des illustrations
des grands triomphes des connaissances scientifiques et inventives.
Mais la prophétie ne s’accomplit pas avec le grand progrès de la
connaissance, des découvertes remarquables et des inventions modernes.
Les signes auxquels se réfère le prophète sont évidemment réalisés
dans le but de tromper les gens, car nous lisons au verset 14 :
« elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui
était donné d’opérer en présence de la bête. »
Nous devons déterminer maintenant par quels moyens les miracles en
question sont réalisés, parce qu’
Apocalypse 16 :13, 14
se rapporte à « des esprits de démons, qui font des prodiges, et qui
vont vers les rois de toute la terre. »
En prédisant les événements qui se produiront précisément avant sa
venue, le Seigneur dit : « car il s’élèvera de faux christs et de faux
prophètes; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de
séduire, s’il était possible, même les élus. » (
Matthieu 24 :24
). Dans ce passage, il est donc prédit des prodiges qui seront
réalisés dans le but de tromper si puissamment que, si c’était
possible, même les élus seraient séduits.
Ici (comme dans beaucoup d’autres endroits) on prédit que dans les
derniers jours, une puissance accomplissant des prodiges se
développerait, et qu’elle se manifesterait d’une façon surprenante et
sans pareille pour propager le mensonge et l’erreur. Les « esprits de
démons » sortiraient sur « toute la terre », mais la nation avec
laquelle ceci est en relation d’une façon spéciale dans
Apocalypse 13,
est celle représentée par la bête à deux cornes, ou « faux-prophète ».
Nous devons donc conclure que la prophétie indique qu’une telle oeuvre
sera réalisée aux États-Unis. Voyons-nous quelque chose de ce style
aujourd’hui?
Dans toutes les classes de la société il existe la croyance bien
répandue et l’enseignement selon lequel quand un être humain meurt et
que son corps est déposé dans la tombe, un «esprit » ou « âme »
immortelle se sépare de lui, pour aller dans le lieu où il recevra sa
récompense ou son châtiment. Cette croyance le pousse à se poser la
question : « Si les esprits désincarnés sont vivants, pourquoi ne
pourrions-nous pas nous mettre en communication avec eux? » Ils sont
des milliers à croire qu’ils peuvent le faire et qui le font, et ils
sont nombreux ceux qui assurent recevoir des communications de leurs
amis défunts.
Mais la Bible, dans les termes les plus explicites, nous assure que
les morts sont complètements inactifs et inconscients jusqu’à la
résurrection; que les morts ne savent rien (
Écclésiaste 9 :5
); que leur esprit cesse toute activité (
Psaume 146 :4
); que leurs sentiments ont péri (
Écclésiaste 9 :6
); et qu’il n’y a aucune activité, pensée, connaissance ou sagesse
dans le sépulcre où ils gisent (
Écclésiaste 9 :10).
Aussi, n’importe quel être ou esprit qui vient à nous en professant
être un de nos amis défunts, affirme une chose que la Parole de Dieu
déclare impossible. Que nos amis ou parents morts ne reviennent pas
vers nous est démontré dans
2 Samuel 12 :23,
où David dit au sujet de son fils mort : « Maintenant qu’il est
mort... J’irai vers lui, mais il ne reviendra pas vers moi. »
N’importe quel être ou esprit, qui vient ainsi vers nous, ne peut pas
être un bon ange, parce que les anges de Dieu ne mentent pas. Les
esprits de démons mentent, car c’est ce en quoi consiste leur tâche
depuis que leur chef énonça en Éden le premier mensonge au sujet de la
mort : « Vous ne mourrez pas » alors que le Seigneur avait dit
clairement à Adam : « Vous mourrez » (
Genèse 3 :4;
2 :17 ).
Où naquit le spiritisme.
Le spiritisme moderne répond aussi à la prophétie par le fait qu’il
eut son origine aux États-Unis et ses prodiges sont en relation avec
l’oeuvre de la bête à deux cornes. Il commença à Hydesville, dans
l’état de New-York, dans la famille de John D. Fox, fin Mars 1848, et
il se propagea avec une rapidité incroyable dans tous les pays du
monde.
Ces supposées révélations occasionnèrent beaucoup d’agitation, et
quelques personnes éminentes se mirent à étudier la « supercherie des
coups », comme on appelait communément les phénomènes spirites.
Depuis lors, le spiritisme a été, dans le monde moderne, une force qui
est allée en augmentant constamment. Il est difficile de déterminer le
nombre de ses adeptes, parce qu’un grand nombre de ceux qui croient et
pratiquent ses enseignements déclarent n’appartenir à aucune
dénomination; mais d’un autre côté, beaucoup de ceux qui continuent
d’appartenir à différentes organisations religieuses tentent,
cependant, de communiquer avec les morts. On a calculé qu’il y a
16 000 000 de spirites en Amérique du Nord; et dans le monde entier,
si nous incluons les adhérents des religions païennes dans lesquelles
le spiritisme joue un rôle très important, ils atteindraient sans
doute un total de plusieurs centaines de millions.
Comme Sir Arthur Conan Doyle le remarqua, il y a quelques années :
« Les humbles manifestations de Hydesville ont mûri et ont produit des
résultats qui ont attiré le groupe le plus sélect d’intellectuels de
ce pays durant les dernières vingt années, et à mon avis, elles sont
destinées à produire le plus grand développement de l’expérience
humaine que le monde ait jamais vu. » « Si une telle opinion du
christianisme fut généralement acceptée, et renforcée par la sécurité
et la démonstration de la Nouvelle Révélation qui, selon ce que je
crois, vient de l’au-delà, il semblait alors que cela pourrait aboutir
à un credo qui pourrait unir les églises, être réconcilié avec la
science, défier toutes les attaques et soutenir la foi chrétienne pour
un temps indéfini. »
Les enseignements du spiritisme.
Mais les doctrines qu’enseignent les spirites contredisent vraiment la
Parole de Dieu. Au sujet de leur attitude envers la Bible, notez le
paragraphe suivant :
« Nous ne voulons pas cacher le simple fait qu’il y a des parties de
la Bible qui ne s’amalgament pas avec notre enseignement, puisqu’il
est, en réalité, le mélange de l’erreur humaine qui arrive par
l’intermédiaire de l’esprit du médium choisi. » « Les livres dans leur
condition actuelle ne sont, en aucune façon, l’oeuvre de l’auteur à
qui ils sont attribués. Ils sont la compilation d’Esdras et de ses
scribes, et ils ne font qu’incorporer les concepts et les légendes de
l’époque... Nous mentionnons ceci pour éviter de suite le besoin de
répondre à n’importe quel passage de ces livres qui peuvent être cités
comme argument. »
Lisons maintenant ce que les spirites pensent de Christ et de son
oeuvre d’expiation :
« Ils [les spirites] assurent aussi que Jésus-Christ n’a rien à voir
avec la question de la vie et de la mort, et eux ne savent rien de la
‘médiation de notre Sauveur Jésus-Christ’. »
Les croyants au spiritisme, ne croient pas non plus à la seconde venue
de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ :
« Jésus-Christ est en train d’organiser Ses plans pour venir chercher
son peuple, pour révéler davantage de lumière et purifier les
croyances erronées qui se sont accumulées dans le passé. J’ai entendu
quelque chose là-dessus provenant d’autres sources. Est-ce cela le
retour de Christ? C’est le retour spirituel. Il n’y aura pas de retour
physique tel que l’homme l’a rêvé. Son retour vers son peuple, se fera
par la voix de ses messagers parlant à ceux dont les oreilles sont
ouvertes. »
Les phénomènes spirites.
Comme ces paroles sont significatives! Il y a plusieurs siècles, le
voyant de Patmos déclara qu’une puissance faisant de grands prodiges
se lèverait aux États-Unis, et voici que le spiritisme se présente en
affirmant faire ces choses là.
Le spiritisme répond avec exactitude à la prophétie par la
manifestation de grands signes et de prodiges. Parmi les diverses
choses qu’il a accomplies, on peut noter les suivantes : Divers objets
transportés d’un lieu à un autre par les esprits; de merveilleuses
musiques produites sans l’intervention humaine, avec ou sans l’aide
d’instruments visibles; de nombreux cas confirmés de guérison; des
personnes transportées dans les airs par les esprits en présence de
spectateurs; lévitation de tables qui restaient ensuite en l’air avec
de nombreuses personnes dessus; des esprits qui se sont présentés sous
forme corporelle et qui ont parlé de façon audible.
La puissance représentée dans cette prophétie doit « faire descendre
du feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes. » Mais cette
manifestation de son pouvoir, comme les autres, a pour but de «séduire
les habitants de la terre ». Les miracles sont réalisés par les
« esprits de démons » (
Apocalypse 16 :14
). Et les avertissements de la Parole de Dieu contre ceux qui entament
des relations avec les mauvais esprits sont nombreux. À l’époque de
l’église primitive, de solennels avertissements furent donnés à
l’Église de Dieu : « Mais l’Esprit dit expressément que, dans les
derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à
des esprits séducteurs et à des doctrines de démons. » (
1 Timothée 4 :1
). Le conseil que Dieu donne à Son peuple, en ces derniers jours, est :
« Si l’on vous dit : Consultez ceux qui évoquent les morts et ceux qui
prédisent l’avenir, qui poussent des sifflements et des soupirs,
répondez : un peuple ne consultera-t-il pas son Dieu? S’adressera-t-il
aux morts en faveur des vivants? À la loi et au témoignage! Si l’on ne
parle pas ainsi, il n’y aura point d’aurore pour le peuple. » (
Ésaïe 8 :19, 20 )
15-17 : «
15 Et il lui fut donné d’animer l’image de la
bête, afin que l’image de la bête parlât, et qu’elle fît que tous ceux
qui n’adoreraient pas l’image de la bête fussent tués .
16 Et
elle fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et
esclaves, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front,
17 et que personne ne pût acheter ni vendre, sans avoir la
marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom ».
Elle fait une image à la bête.
La réalisation de miracles est en étroite relation avec l’érection
d’une image à la bête. Le prophète met ces deux choses en relation
dans le verset 14 : « Et elle séduisait les habitants de la terre par
les prodiges qu’il lui était donné d’opérer en présence de la bête,
disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête qui
avait la blessure de l’épée et qui vivait. » La tromperie réalisée par
les miracles prépare le chemin pour que l’exigence qu’une image soit
faite à la bête puisse s’accomplir.
Pour comprendre ce que constitue une image à la bête papale, nous
devons d’abord avoir une idée définie de ce que constitue la papauté
elle-même. Le plein développement de la bête, ou établissement de la
suprématie papale, date de la fameuse lettre de Justinien, qui entra
en vigueur en 538 et institua le pape comme tête de l’église et
correcteur des hérésies. La papauté était une église investie du
pouvoir civil, un corps ecclésiastique qui avait le pouvoir de châtier
tous les dissidents par la confiscation de leurs biens,
l’emprisonnement, la torture ou la mort. Que serait une image de la
bête? Un autre établissement ecclésiastique investi du pouvoir civil;
en d’autres termes, une union de l’église et de l’État. Comment une
telle image pourrait-elle se former aux États-Unis? En permettant aux
églises protestantes de se revêtir de pouvoir pour définir et châtier
l’hérésie, imposer ses dogmes sous peine de châtiments imposés par la
loi civile, et nous pourrons demander si nous n’aurions pas une
reproduction exacte de ce que fut la papauté pendant sa suprématie.
Il est certain que nous l’aurons. Mais cette éventualité est-elle
possible dans un pays dont les pierres angulaires sont la liberté
civile et religieuse, et dont le droit de chacun à « la vie, la
liberté, et la recherche du bonheur » a été reconnu sans discussion à
travers les âges? Examinons maintenant les évidences.
Une nation fondée sur la liberté.
La main de Dieu accompagna les hommes nobles et religieux qui jetèrent
les bases de la nouvelle nation. L’honorable Henry D. Estabrook, dit
en parlant de l’Association des Avocats du Connecticut : « Dans ce
grand continent, que Dieu avait maintenu caché dans un petit monde,
-- ici, avec un nouveau ciel et une nouvelle terre, où les vieilles
choses étaient passées, des foules vinrent de toutes les nations, avec
des besoins divers et des credos variés, mais unis par le coeur, l’âme
et l’esprit dans un même but, et elles édifièrent un autel à la
liberté, le premier qui fut jamais construit ou qui serait jamais
construit, et elles l’appelèrent : la Constitution des États-Unis. »
C’était en 1787. Le prophète vit que vers 1798, la bête semblable à un
agneau monterait de la terre. Il ne s’agissait donc pas d’une
coïncidence. George Washington, le premier président des États-Unis, a
dit dans son discours d’inauguration :
« Aucun peuple ne peut se sentir plus obligé que celui des États-Unis
à reconnaître et à adorer la Main Invisible qui dirige les affaires
des hommes. Chaque pas que nous avons fait en avant pour obtenir une
nation indépendante semble avoir été honoré d’un signe de l’activité
providentielle. »
Dans sa réponse à ce discours remarquable, le sénat déclara :
« Quand nous contemplons la coïncidence des circonstances et la
merveilleuse combinaison des causes qui préparèrent graduellement le
peuple de ce pays à l’indépendance; quand nous contemplons l’origine,
le progrès et la fin de la guerre récente qui lui donna un nom parmi
les nations de la terre; nous nous sentons, avec vous, inévitablement
poussés à reconnaître et à adorer le grand Arbitre de l’univers, par
qui les empires se lèvent et tombent. »
La lutte contre la tyrannie religieuse.
Ces hommes n’étaient pas seulement pieux, mais sages et prévoyants.
Quand certains groupes religieux demandèrent que « la reconnaissance
explicite du Dieu unique et véritable et de Jésus-Christ » soit inclus
dans la Constitution, la demande fut rejetée. En écrivant au sujet de
cet incident, Thomas Jefferson dit : « L’insertion fut rejetée par une
grande majorité, comme preuve qu’ils avaient l’intention d’y inclure
le manteau de leur protection au Juif et au Gentil, au Chrétien et au
Musulman, à l’Hindou et à l’infidèle de n’importe quelle
dénomination. »
Le 18 Février 1874, la Commission des Affaires Judiciaires de la
Chambre donna cette information en réponse à une pétition
similaire : « Comme ce pays, dont le gouvernement était alors en train
de placer le fondement, devait être la patrie des opprimés de toutes
les nations de la terre, qu’ils soient chrétiens ou païens, et
comprenant bien les dangers que l’union entre l’église et l’état avait
imposé à tant de nations du Vieux Monde, à une grande majorité [ils
admirent] qu’il ne convenait pas d’inclure, dans la Constitution ou
dans le cadre du gouvernement, quelque chose qui puisse être
interprété comme se référant à un quelconque credo religieux ou
doctrine. »
L’histoire atteste le fait que ces grands hommes qui jetèrent les
pierres fondamentales, sur lesquelles s’érigèrent les États-Unis,
regardèrent l’avenir avec une vision presque prophétique et ils
distinguèrent les dangers que la liberté personnelle aurait à
affronter un jour dans le pays. Leurs craintes furent bien exprimées
par Thomas Jefferson : « L’esprit des temps peut s’altérer et il
s’altérera. Nos gouvernements se corrompront et notre peuple deviendra
négligent. Un seul fanatique peut commencer la persécution et des
hommes meilleurs que lui être ses victimes. On ne répétera jamais
assez que le moment d’établir tout droit essentiel sur une base
légale, est lorsque nos gouverneurs sont honorés et que nous sommes
unis. Après la fin de cette guerre, nous irons en déclinant. Ce ne sera
pas alors le moment de recourir au peuple à chaque instant pour
obtenir de l’appui. Aussi, on oubliera et on méprisera ses droits.
Lui-même les oubliera, excepté l’unique faculté de gagner de l’argent,
et jamais il ne pensera à s’unir pour obtenir le respect dû à ses
droits. Aussi, les chaînes que nous ne faisons pas tomber à la fin de
cette guerre, resteront très longtemps parmi nous, et elles deviendront
toujours plus lourdes, jusqu’à ce que nos droits revivent ou meurent
dans un bouleversement. »
Le 4 Juillet 1788, le juge James Wilson prononça un discours, dans
lequel il signala comment les ennemis de la liberté étaient en train
d’agir. Il dit : « Les ennemis de la liberté sont astucieux et
insidieux. Une falsification lui vole [à la liberté] son vêtement,
imite ses manières, copie sa signature, prend son nom. Mais le
véritable nom de cette trompeuse est ‘licence’. Son effronterie est
telle qu’elle accusera la liberté d’imposture; et avec une audace
éhontée elle insistera pour se présenter comme étant la seule personne
véridique, et qu’elle seule a droit au respect que sa personne mérite.
Pour ceux qui sont étourdis et sans discernement, et qui se laissent
impressionner plus profondément par l’impudence que par le mérite
modeste, ses assertions ont très souvent du succès. Elle reçoit les
honneurs de la liberté, et la liberté elle-même est traitée comme une
traîtresse et une usurpatrice. Mais en général, cet imposteur
audacieux ne joue qu’un rôle secondaire. Bien qu’elle seule apparaisse
sur la scène, ses mouvements sont régis par l’ambition obscure, qui
reste assise et cachée derrière le rideau, et elle sait que le
despotisme, son autre favori, peut toujours suivre le succès de la
licence. Contre ces ennemis de la liberté, qui agissent de concert,
bien qu’ils paraissent appartenir à des bandes opposées, le patriote
se maintiendra toujours en garde et vigilant."
Menacés par la domination ecclésiastique.
Remarquez que dans le panorama des événements à venir qui passèrent
devant le prophète Jean, il fut témoin de ce changement étonnant dans
la nature de la bête à deux cornes. En fin de compte, elle commença à
parler « comme un dragon » et à contrôler le culte de son peuple,
« disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête. »
La bête « qui avait la blessure de l’épée et qui vivait », c’est la
papauté. C’était une église qui dominait le pouvoir civil. En d’autres
termes, c’était une union de l’église et de l’État, et elle imposait
ses dogmes religieux par l’intermédiaire du pouvoir civil, sous peine
de confiscation des biens, emprisonnement et mort. Une image de la
bête serait une autre organisation ecclésiastique investie du pouvoir
civil, une autre union de l’église et de l’État pour imposer les
dogmes religieux par des lois.
Nous trouvons des preuves qu'une telle image doit se former dans le
fait que de grandes organisations protestantes influantes, dont le but
est d'établir et d'imposer certaines normes religieuses par la loi,
sont déjà en train d'agir et agiront avec persistance. En voici
quelques-unes : National Reform Association (Association pour la
Réforme nationale), International Reform Bureau (Bureau pour la
Réforme Nationale), Lord's Day Alliance (Alliance pour le Jour du
Seigneur), Federal Council of the Churches of Christ in America
(Concile Fédéral des Églises de Christ en Amérique). De plus, les
sociétés catholiques des États-Unis, en accord avec leur tradition
séculaire, tendent au même but. Finalement, ces deux forces sont
destinées à se donner la main dans un effort commun.
La National Reform Association confesse que son objectif est
« d'obtenir un amendement de la Constitution des États-Unis ... qui
montre que c’est une nation chrétienne, et de placer toutes les lois,
les institutions et les usages chrétiens de notre gouvernement sur une
base incontestablement légale dans la loi fondamentale du pays. »
Au sujet de la question de faire des États-Unis une « nation
chrétienne », l’évêque Earl Cranston, docteur en théologie de l’église
méthodiste épiscopale, fit les observations suivantes dans un discours
prononcé à Washington, le 13 Mars 1910 :
« Supposons que cette nation soit déclarée chrétienne par une
interprétation constitutionnelle. Quelle en serait sa signification?
Laquelle des deux définitions opposées du christianisme serait la plus
indiquée pour le mot « chrétienne »? L’idée protestante bien sûr;
parce que sous notre système les majorités gouvernent, et la majorité
des Américains des États-Unis sont protestants. Très bien. Mais
supposons que par l’addition de certains territoires américains
contigus, avec 12 millions ou plus de catholiques, l’annexion de
quelques îles en plus, avec 6 autres millions de catholiques, et la
même proportion d’immigrants que maintenant, les catholiques
deviennent la majorité dans quelques années; qui peut alors douter un
seul instant que le pape régnant assumerait le contrôle de la
législation et du gouvernement? Il dirait, en toute confiance et
logique : ‘C’est une nation chrétienne. C’est ce qu’elle déclarait
depuis le début et c’est aussi ce qu’elle déclare, depuis plusieurs
années. Une majorité définit alors ce qu’était le christianisme et ce
qu’il doit être’. Cette ‘majorité’ serait le pape. »
Cette association, organisée pour réaliser une soi-disant « Réforme
Nationale », n’a pas de scrupules à s’unir avec le pape pour atteindre
son objectif d’établir une religion nationale. Elle déclare :
« Cordialement, joyeusement, nous reconnaissons le fait que dans les
républiques sud-américaines, en France et dans d’autres pays
européens, les catholiques romains sont les défenseurs reconnus du
christianisme national, et ils s’opposent à toutes les propositions
tendant à les séculariser... Toutes les fois qu’ils sont disposés à
coopérer pour résister au progrès de l’athéisme politique, nous leurs
donnerons la main avec joie. Lors d’une conférence mondiale pour la
promotion du christianisme national, qui devait se célébrer sous peu,
beaucoup de pays pouvaient être représentés seulement par des
catholiques romains. »
Prendrons-nous note maintenant de l’objectif que les autres
organisations confessent avoir?
Dans une History of the International Reform Bureau, la société dit
d’elle-même : « Le Bureau pour la Réforme est le premier groupe
politique chrétien établi dans notre capitale nationale pour parler au
gouvernement en faveur de toutes les dénominations. »
Dans les pages 61 et 65 de l’ouvrage déjà cité on déclare que
l’obtention de lois qui rendent obligatoire l’observation du dimanche
est un des principaux objectifs de cette organisation et d’autres
similaires.
En parlant devant la Commission Judiciaire du Sénat des États-Unis
contre le projet de la Cour Suprême, le professeur Théodore Graebner,
de Concordia College, Saint-Louis, fit cette observation intéressante :
« Il y a maintenant plus de cinquante ans, la National Reform
Association tenta ... de convertir toute l’éducation publique au
christianisme et avec elle faire de Jésus-Christ le roi de la
nation... Le mouvement subsiste encore aujourd’hui, et il est en train
de donner le jour à une énorme quantité de publications dans le but
d’obtenir l’adoption d’un amendement chrétien. »
L’objectif réel de cette organisation est d’imposer la religion aux
gens par une promulgation légale, obtenir une loi dominicale et
réglementer le christianisme de la population.
Un feuillet publié par l’organisation Lord’s Day Alliance, des
États-Unis, nous expose son objectif :
«
- Préserver le jour du Seigneur [Dimanche] pour l’Amérique;
-
- Obtenir une alliance active dans chaque état où il n’y en a
toujours pas d’organisée;
-
- inciter le gouvernement Fédéral, autant qu’il est possible, à
donner l’exemple dans l’observation du sabbat. »
-
Ceci signifie obtenir, autant qu’il est possible, des lois d’État et
nationales qui imposent l’observation du dimanche, le même moyen par
lequel l’église obtint le contrôle de l’État et par lequel, ensemble,
ils s’unirent pendant le IV et V siècles de l’ère chrétienne.
Le Concile Fédéral des Églises de Christ en Amérique, qui est pour
beaucoup l’union la plus puissante et représentative des églises
protestantes de la nation, affirma donc représenter, à ses débuts,
18 organisations et 50 000 000 de membres. En exposant les raisons de
son existence, elle déclara :
« Que les grandes organisations chrétiennes de notre pays doivent être
unies ... [en traitant] des questions comme celles qui se réfèrent au
mariage, au divorce, la profanation du jour du repos, les maux
sociaux, » etc.
En définissant comment elle se proposait d’agir, quant à la
profanation du « sabbat », le Concile déclara :
« Qu’il résiste énergiquement à toutes les violations des
revendications et de la sainteté du jour du Seigneur, au moyen de la
presse, des associations et de l’alliance pour le jour du Seigneur, et
par une telle législation on peut obtenir la protection et la
conservation de ce rempart de notre christianisme américain. »
On voit ainsi que l’obtention de lois pour imposer l’observation du
dimanche est un trait saillant de toutes ces organisations dans leurs
efforts pour « christianiser » la nation. En participant à ces
efforts, beaucoup ne voient pas qu’ils sont en train de rejeter les
principes du christianisme, du protestantisme et du gouvernement des
États-Unis, et qu’ils se placent directement sous la main du pouvoir
qui créa le « sabbat » du dimanche et obtint le contrôle du pouvoir
civil au moyen de la législation dominicale : la papauté.
Ce danger fut clairement discerné par les législateurs des États-Unis
il y a plus d’un siècle. En 1830, certaines réclamations pour
interdire le transport du courrier et l’ouverture des postes le
dimanche, furent soumises à la Commission du Courrier, nommée par le
Congrès. Cette commission donna un rapport défavorable à la pétition
des mémorialistes. Ce rapport fut adopté et imprimé sur l’ordre du
Sénat des États-Unis, et la Commission fut relevée de toute
considération ultérieure sur le sujet. Au sujet de la Constitution, il
disait :
« La Commission chercha en vain dans cet instrument une délégation de
pouvoir autorisant ce corps à s’informer et à déterminer quelle partie
du temps devait être mise à part... ou s’il y en avait une mise à part
par le Très-Haut pour les exercices religieux.
« La Constitution considère la conscience du Juif aussi sacrée que
celle du chrétien; et elle ne donne pas plus d’autorité pour adopter
une mesure qui affecte la conscience d’une seule personne que toute
une communauté. Le représentant qui voudrait violer ce principe
perdrait son caractère de délégué et la confiance de ses constituants.
Si le Congrès déclarait le premier jour de la semaine saint, il ne
convaincrait pas le Juif ou le sabbatiste. Il les laissera tous deux
insatisfaits, et en conséquence, il ne les convertirait pas non
plus... Si, par un acte solennel législatif il détermine un point de
la loi de Dieu, ou s’il indique au citoyen un devoir religieux, on
peut avec la même correction procéder à la définition de chaque partie
de la révélation divine; et imposer toute obligation religieuse, même
les formes et les cérémonies de culte, la dotation de l’église et le
soutien du clergé.
Ceux qui élaborèrent la Constitution reconnaissaient le principe
éternel que la relation de l’homme avec son Dieu est au-dessus de la
législation humaine, et que les droits de leur conscience sont
inaliénables. »
Ils tentent d’établir la justice par la loi.
Il est bien triste que les dirigeants religieux de notre époque ne
soient déjà plus aussi sensibles aux dangers qui se cachent dans leur
programme pour rendre les gens meilleurs par la promulgation légale
des dogmes religieux.
Nous ne méprisons pas les nobles services que les églises protestantes
ont rendus à l’humanité et au monde avec l’introduction et la défense
des grands principes du protestantisme, la propagation de l’Évangile
et la défense de la cause de la liberté.
Que personne ne croie que nous voulons jeter des ombres sur le
caractère des hommes engagés dans cette entreprise que nous
considérons. Ce sont des hommes de haute qualité morale, qui tentent
sincèrement d’arrêter et d’éliminer les maux qui assaillent la
société. Personne ne peut douter que leurs efforts donneront, de bien
des façons, de bons fruits. Nous leur souhaitons tout le succès
possible dans leur oeuvre pour la promotion de la tempérance,
l’élimination de la guerre, la sauvegarde de la jeunesse et autres
nobles buts. Tous les croyants doivent prier et travailler en faveur
de ces choses.
Pourquoi ces bonnes personnes se laissent-elles alors dévier au point
de faire quelque chose contre laquelle la Bible prononce une
solennelle admonestation? La raison en est qu’ils se sont détournés du
conseil que Dieu donne dans sa Parole, et ils sont en train d’essayer
d’établir à leur manière la justice et le royaume de Dieu sur la
terre. Ils ont méprisé les parties prophétiques de la Bible, par
lesquelles nous pouvons connaître à quelle étape du conflit entre le
royaume de Satan et celui de Christ cette époque est arrivée, et
comment coopérer avec la providence de Dieu, aux temps où nous vivons.
Ils ont coupé leur relation avec leur Chef divin et les moyens qu’Il
utilise aujourd’hui pour faire progresser Son royaume sur la terre.
Ils ont une conception erronée du royaume à venir, et ils attendent un
royaume mêlé d’éléments terrestres, qui doit s’établir par des moyens
terrestres, tels que le vote, la législation et l’éducation.
Dans de telles circonstances il n’est pas surprenant qu’ils
travaillent d’une manière qui contrarie la providence de Dieu. C’est
une erreur fatale qui est commise que celle de ne pas vouloir se
laisser guider par les instructions de la Parole de Dieu. Plus le zèle
d’une église est grand quand elle s’est égarée et suit une conduite
erronée, plus le dommage causé sera grand.
L’apôtre Paul parle d’un temps où les hommes auront « l’apparence de
la piété, mais » ils renieront « ce qui en fait la force ».
Nous regrettons beaucoup de voir les églises protestantes actives dans
l’accomplissement de cette partie de la prophétie. Bien qu’il leur
manque la puissance de Dieu, elles conservent les formes extérieures
du culte chrétien. Ayant perdu la puissance de Dieu, elles ont recours
chaque fois un peu plus à l’État pour suppléer à leurs manques. Toute
l’histoire atteste que c’est précisément dans la proportion où une
quelconque organisation ecclésiastique populaire et importante perd
l’Esprit et la puissance de Dieu, qu’elle sollicite l’appui du bras
civil et la religion en arrive à être finalement une partie de l’État.
Il en sera ainsi avec la formation de l’image de la bête, car la
prophétie déclare : « Et il lui fut donné d’animer l’image de la bête,
afin que l’image de la bête parlât, et qu’elle fît que tous ceux qui
n’adoreraient pas l’image de la bête fussent tués » (
Apocalypse 13 : 5 ).
Si une organisation ecclésiastique se forme, et le gouvernement la
légalise et lui donne le pouvoir d’imposer aux gens les dogmes que les
différentes dénominations peuvent adopter comme base d’union,
qu’obtenons-nous? Exactement ce que la prophétie présente : une image
de la bête papale dotée de vie par la bête à deux cornes, pour qu’elle
parle et agisse avec puissance.
La marque de la bête.
La bête à deux cornes impose à ses sujets la marque de la première
bête. Trois agents ont été introduits dans la prophétie, et nous
devons les distinguer soigneusement pour éviter toute confusion.
La bête papale est la puissance qui est désignée comme la « bête », la
« première bête », « la bête qui avait la blessure de l’épée et qui
vivait », et « la première bête, dont la blessure mortelle avait été
guérie ». Ces expressions se réfèrent à la même puissance, et quel que
soit le moment où elles se présentent dans cette prophétie, elles se
réfèrent exclusivement à la papauté.
La bête à deux cornes est la puissance présentée dans
Apocalypse 13 : 11
et, dans le reste de la prophétie, elle est représentée par le pronom
« elle », jusqu’au verset 17 (avec la possible exception du verset 16
où l’expression « elle fît » peut se référer à l’image de la bête).
L’image de la bête est habituellement appelée dans les chapitres
suivants de l’Apocalypse, « l’image »; ainsi, le danger de confondre
cet agent avec un autre est nul. L’action attribuée à l’image consiste
à parler comme un dragon et à imposer l’adoration d’elle-même sous
peine de mort. C’est la seule promulgation que la prophétie annonce
comme imposée sous peine de mort.
La marque de la bête est imposée directement ou par l’intermédiaire de
l’image, par la bête à deux cornes. La peine qu’elle applique au refus
de recevoir cette marque est la perte de tous les privilèges sociaux,
la privation du droit d’acheter et de vendre. La marque est celle de
la bête papale. Le message du troisième ange d’
Apocalypse 14 : 9 à 12
est un avertissement très solennel et saisissant contre cette
adoration de la bête et de son image, et la réception de sa marque.
Selon cette prophétie, c’est donc la crise que nous devrons très
bientôt affronter. Certaines organisations humaines, dominées et
dirigées par l’esprit du dragon, vont ordonner aux hommes de faire
certaines choses qui sont en réalité l’adoration d’une puissance
religieuse apostate et la réception de sa marque. S’ils refusent de
le faire, ils perdront leurs droits de citoyens, et ils deviendront
les parias de la terre. Ils doivent faire quelque chose qui est un
culte à l’image de la bête, ou perdre la vie. D’un autre côté, Dieu
envoie un message un peu avant que son peuple affronte cette terrible
crise, comme nous le verrons dans les observations sur
Apocalypse 14 : 9 à 12,
pour déclarer que tous ceux qui font l’une de ces choses, « il boira,
lui aussi, du vin de la fureur de Dieu, versé sans mélange dans la
coupe de sa colère. » Celui qui refuse d’accomplir les exigences des
puissances terrestres s’expose aux sanctions les plus sévères que les
hommes puissent infliger. Celui qui les accomplit s’expose aux menaces
les plus terribles de la colère divine qui se trouvent dans la Parole
de Dieu. Les habitants du monde, de cette époque, sous la plus grande
pression des deux côtés qui ne s’est jamais fait sentir à n’importe
quelle génération, devront décider s’ils obéiront aux hommes ou à
Dieu.
L’adoration de la bête et de son image et la réception de sa marque
doivent être quelque chose qui implique la plus grande offense qui
puisse être commise envers Dieu, pour mériter une dénonciation si
sévère. C’est une oeuvre qui, comme nous l’avons déjà démontrée, est
accomplie dans les derniers jours. Puisque Dieu nous a donné dans sa
Parole des évidences très abondantes, que nous vivons dans les
derniers jours, que personne n’a besoin d’être surpris par le jour du
Seigneur comme par un voleur, il nous a aussi donné les évidences par
lesquelles nous pouvons déterminer ce que signifie recevoir la marque
de la bête, afin que nous puissions éviter le terrible châtiment qui
suivra certainement sa réception. Dieu ne joue pas avec les espoirs et
les destins des hommes pour prononcer une condamnation épouvantable
contre certains péchés et ensuite nous laisser sans la possibilité de
savoir ce qu’est ce péché et comment nous en préserver.
Aussi, nous attirons maintenant votre attention sur une question
importante : qu’est-ce que la marque de la bête? L’image d’une marque
provient d’une ancienne coutume. Thomas Newton dit :
« Dans l’antiquité, c’était la coutume que les serviteurs reçoivent la
marque de leur maître, et les soldats celle de leur général; et les
adorateurs d’une divinité particulière, celle de leur divinité. Ces
marques s’imprimaient généralement sur la main droite ou sur le front,
et elles consistaient en quelques hiéroglyphes, ou dans le nom exprimé
en lettres communes, ou déguisé par les lettres numériques, selon la
fantaisie de celui qui imposait la marque. »
Prideaux dit que Ptolémée Philopatôr ordonna que tous les Juifs qui
sollicitaient leur immatriculation comme citoyens d’Alexandrie se
fassent imprimer avec du fer ardent, sous peine de mort, les tracés
d’une feuille de lierre (insigne de son dieu, Bacchus).
Le mot grec utilisé dans cette prophétie traduit par marque est
charagma, qui signifie : « une sculpture, une gravure, une marque
entaillée ou poinçonnée, tamponnée. » Il est présent neuf fois dans
le Nouveau Testament, et à l’exception d’
Actes 17 : 29,
il se réfère chaque fois à la marque de la bête. Nous ne devons donc
pas en déduire qu’il s’agit d’une marque littérale, mais que
l’imposition d’une marque littérale, comme elle se pratiquait dans
l’antiquité, est utilisée ici, comme une figure pour illustrer
certains actes qui seront exécutés en accomplissement de la
prophétie. De cette marque littérale qui était utilisée dans
l’antiquité, nous apprenons quelque chose sur la signification qu’elle
a dans la prophétie, parce qu’il doit y avoir une certaine ressemblance
entre le symbole et la chose symbolisée. Dans son emploi littéral, la
marque signifiait que la personne qui la recevait était la servante de
celui dont elle portait la marque, elle reconnaissait son autorité et
lui promettait fidélité. Ainsi aussi, la marque de la bête ou du pape,
doit être quelque chose qui se fait ou qui se professe par laquelle on
reconnaît l’autorité de ce pouvoir. Qu’est-ce que c’est?
Caractéristiques du pouvoir papal.
Il est plus naturel de le chercher dans une des caractéristiques du
pouvoir papal. En décrivant ce pouvoir sous le symbole d’une petite
corne, Daniel dit de lui qu’il fait la guerre à Dieu en opprimant les
saints du Très-Haut et en espérant changer les temps et la loi. Le
prophète spécifia expressément ce point : « il espérera changer les
temps et la loi de Dieu » (
Daniel 7 : 25
). Ceci se réfère certainement à la loi du Très-Haut. Appliquer cette
expression à une loi humaine et faire que la prophétie dise : « il
prononcera des paroles contre le Très-Haut, il opprimera les saints du
Très-Haut, et il espérera changer les temps et la loi »
serait évidemment faire violence au langage du prophète.
Mais l’appliquer à la loi de Dieu, de façon qu’il dise : « il
prononcera des parole contre le Très-Haut, il opprimera les saints du
Très-Haut, et il espérera changer les temps et la loi » est quelque
chose de logique et conséquent. Au mot « loi », l’hébreu a « dath » et
la Septante met « nomos », et cette forme singulière suggère
directement la loi de Dieu. La papauté a été capable de faire plus que
simplement « penser » changer les lois humaines. Elle les a changées à
sa guise. Elle a annulé des décrets royaux et impériaux, et elle a
absout les sujets de leur serment de fidélité à leurs souverains
légitimes. Elle a mis son « bras long » dans les affaires des nations,
et elle a amené des princes à se prosterner à ses pieds dans la plus
abjecte humilité. Mais le prophète contemple des actes de présomption
encore plus grands. Il la voit s’efforcer de faire ce qu’elle ne
pouvait accomplir, ni même penser faire. Il la voit tenter un acte
qu’aucun homme ou groupe d’hommes ne peut réaliser; à savoir, changer
la loi du Très-Haut. Souvenons-nous de cela tandis que nous examinons
le témoignage d’un autre auteur sacré au sujet du même thème.
L’apôtre Paul parle du même pouvoir dans
2 Thessaloniciens 2.
Il le décrit, sous la personne du pape, comme « l’homme de péché »,
qui s’exalte « au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on
adore, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu », c’est-à-dire
l’église. Et c’est ainsi que le pape s’exalte, comme celui auquel
toute l’église doit regarder comme représentant l’autorité à la place
de Dieu.
Nous demandons au lecteur de peser soigneusement la question de voir
comment il peut s’exalter au-dessus de Dieu. Parcourons toute
l’échelle des procédés humains, allons aux extrêmes de l’effort
humain, et voyons au moyen de quel plan, quelle action, quelle
assertion, cet usurpateur pourrait s’exalter au-dessus de Dieu. Il
pourrait instituer toutes les cérémonies qu’il voudrait, prescrire
n’importe quelle forme de culte, montrer tout le pouvoir qu’il
voudrait, tant qu’il y aura des commandements de Dieu que les gens se
sentiront obligés de prendre en considération plutôt que les siens, il
ne sera pas au-dessus de Dieu. Il pourrait promulguer une loi et
enseigner aux gens à avoir d’aussi grandes obligations envers elle
qu’envers la loi de Dieu; et même ainsi, il ne serait qu’égal à
Dieu.
Mais il devait faire plus que cela; il allait tenter de se placer
au-dessus de Dieu. Pour cela, il allait promulguer une loi qui serait
en conflit avec la loi de Dieu. Pour lui, la façon la plus efficace de
se placer dans la position que la prophétie lui assigne, consiste à
changer la loi de Dieu. En réussissant à faire que les gens adoptent
le changement au lieu de la promulgation originelle, alors celui qui
changea la loi, serait au-dessus de Dieu, le Législateur. Telle est
l’oeuvre que la puissance représentée par la petite corne ferait,
selon ce que dit Daniel.
Telle est l’oeuvre que la papauté allait accomplir selon la prophétie,
qui ne peut se tromper. Mais quand cette oeuvre se fera, qu’auront les
habitants du monde? Ils auront deux lois qui exigent l’obéissance.
L’une est la loi de Dieu, telle qu’Il la promulgua à son origine,
l’incarnation de sa volonté et l’expression de ce qu’Il réclame de ses
créatures; l’autre est une édition révisée de cette loi, qui émane du
pape de Rome et qui exprime sa volonté. Comment les gens doivent-ils
déterminer celle de ces deux puissances qu’ils vont adorer et honorer?
S’ils gardent la loi de Dieu telle qu’Il la donna, c’est à Lui qu’ils
obéissent et qu’ils adorent. S’ils observent la loi telle que la
papauté l’a changée, ils adorent cette puissance.
De plus, la prophétie ne dit pas que la petite corne, la papauté,
mettrait de côté la loi de Dieu et en donnerait une totalement
différente. Ceci ne serait pas changer la loi, mais en donner une
nouvelle. Elle allait seulement tenter un changement, pour que la loi
provenant de Dieu et la loi donnée par la papauté soient précisément
les même excepté la partie changée par le pape. Les deux lois ont
beaucoup de points en commun. Mais aucun des préceptes qu’elles ont en
commun ne peut distinguer une personne comme adoratrice d’une
puissance plutôt qu’une autre. Si la loi de Dieu dit : « Tu ne tueras
point », et que la loi donnée par la papauté dise la même chose,
personne ne peut dire par l’observation de ce précepte, si une
personne obéit à Dieu plutôt qu’au pape, ou au pape plutôt qu’à Dieu.
Mais quand un précepte a été changé, c’est le sujet de l’action, alors
quiconque observe ce précepte tel qu’il fut donné à l’origine par
Dieu, se distingue par lui comme adorateur de Dieu; et la personne qui
observe celui qui a été changé est marquée comme étant un adepte de la
puissance qui fit le changement. Il n’y a pas d’autre façon de
distinguer les deux classes d’adorateurs.
Aucun esprit sincère ne peut être en désaccord avec cette conclusion,
mais elle donne une réponse générale à la question : « Qu’est-ce que
la marque de la bête? » La réponse est simplement celle-ci : La marque
de la bête est le changement que la bête tente de faire dans la loi de
Dieu.
Le changement de la loi de Dieu.
Demandons-nous maintenant en quoi consiste ce changement. Par la loi
de Dieu, nous comprenons la loi morale, la seule loi de l’univers,
dont l’obligation est immuable et perpétuelle. Dans sa définition du
mot « loi » en accord avec le sens universel que lui donne la
chrétienté, Webster dit : « La loi morale est sommairement contenue
dans le Décalogue, écrie par le doigt de Dieu sur deux tables de
pierre, et remise à Moïse sur le Mont Sinaï. »
Dans notre commentaire sur
Daniel 7 :25,
sur la prédiction que la papauté pensera « changer les temps et la
loi », nous présentons les preuves du Catéchisme Romain basé sur
l’autorité indiscutable du Concile de Trente et publié par l’ordre du
pape Pie V dans la presse du Vatican, à Rome, pour démontrer que
l’église avait changé le jour de repos, du septième jour de la semaine
au premier. Bien que ce catéchisme publie entièrement le quatrième
commandement tel qu’on peut le lire dans la Bible, et bien qu’il soit
complètement conservé dans la Bible catholique officielle en latin, la
Vulgate, et dans les versions officielles dans d’autres langues, les
livres de catéchisme utilisés pour l’enseignement moderne omettent
tout le commandement et à sa place ils donnent l’ordre de « sanctifier
les fêtes ». En Français, ils disent « les dimanches tu garderas en
servant Dieu dévotement », tandis qu’en anglais ils citent
habituellement la première phrase du commandement divin :
« Souviens-toi du jour du repos », et ensuite ils ajoutent un long
témoignage au sujet du changement du jour de repos du Sabbat au
dimanche effectué « par l’autorité de l’église catholique et la
tradition apostolique ». Tout ce qui peut être dit sur le texte du
Catéchisme du Concile de Trente et de la Bible catholique romaine qui
conservent tout le commandement tel qu’il se trouve dans les
Écritures, est que quoi qu’il en soit, ceci ne supprime pas la
pratique des prélats et des prêtres qui est d’enseigner seulement
l’institution d’un Sabbat, mais le place au premier jour de la semaine
au lieu du septième, par autorité de l’église.
Rappelez-vous qu’en accord avec la prophétie, la papauté allait penser
changer les temps et la loi. Ceci implique clairement l’idée d’une
intention et d’un dessein, et fait que ces critères soient essentiels
pour le changement en question. Mais concernant l’omission du second
commandement, les catholiques expliquent qu’il est inclus dans le
premier, et donc il ne doit pas être compté comme un commandement
séparé. Au sujet du dixième, ils soutiennent qu’il y a une distinction
si claire des idées qu’il nécessite deux commandements; de façon
qu’ils font de l’interdiction de convoiter l’épouse du prochain le
neuvième commandement, et le dixième avec l’interdiction de convoiter
les biens du prochain.
Ils affirment qu’ils donnent les commandements exactement comme Dieu
voulut qu’ils soient compris; de façon que, bien que nous considérions
ces actes comme erronés dans leur interprétation des commandements,
nous ne pouvons pas les considérer comme des changements intentionnels.
Mais ce n’est pas le cas avec le quatrième commandement. À son sujet,
ils n’affirment pas que leur version soit égale à celle que Dieu
donna. Ils affirment expressément qu’il y a un changement et qu’il a
été fait par l’église. Plus loin, nous illustrons la façon dont il est
écrit dans les catéchismes ultérieurs à celui de Trente et dotés de
l’imprimatur ecclésiastique.
Certains des catéchismes les plus simples ne mentionnent aucun
changement du jour de repos, mais ils déclarent catégoriquement que le
commandement du Sabbat ordonne qu’on observe le dimanche :
« Question : Dites le troisième commandement.
« Réponse : Souviens-toi de garder le Saint Sabbat.
« Q. : Qu’ordonne le troisième commandement?
« R. : De sanctifier le dimanche. »
D’autres disent que l’église changea le jour du culte. Dans un
« Nouveau catéchisme de doctrine et pratique chrétienne », nous
trouvons ce qui suit, en relation avec le troisième commandement :
« Quel est le jour du Sabbat?
« Le septième jour, notre Samedi.
« Gardez-vous le Sabbat?
« Non; nous gardons le jour du Seigneur.
« Quel est-il?
« Le premier jour : le dimanche.
« Qui le changea?
« L’Église catholique. »
Dans le très connu Catéchisme de Baltimore, nous trouvons cette
explication :
« Question : Quel est le troisième commandement?
« Réponse : Le troisième commandement est : Souviens-toi que tu dois
sanctifier le jour du Sabbat.
« Q. : Que nous ordonne le troisième commandement?
« R. : Le troisième commandement nous ordonne de sanctifier le jour du
Seigneur...
« Q. : Le Sabbat et le dimanche sont-ils les mêmes?
« R. : Le Sabbat et le dimanche ne sont pas les mêmes. Le Sabbat est
le septième jour de la semaine, et c’est le jour qui était sanctifié
sous l’ancienne loi; le dimanche est le premier jour de la semaine, et
c’est le jour qui est sanctifié sous la nouvelle loi.
« Q. : Pourquoi l’église nous ordonne-t-elle de sanctifier le dimanche
au lieu du Sabbat?
« R. : L’église nous ordonne de sanctifier le dimanche au lieu du
Sabbat parce que Christ ressuscita des morts le dimanche, et c’est un
dimanche qu’il envoya le Saint-Esprit sur les disciples. »
Dans un autre ouvrage d’enseignement religieux catholique : The
Catholic Christian Instructed, nous lisons :
« Question : Quelle justification avons-nous pour garder le dimanche
plutôt que l’ancien Sabbat, qui était le Samedi?
« Réponse : Nous avons l’autorité de l’église catholique et la
tradition apostolique.
« Q. : Les Écritures enseignent-elles quelque part qu’on doit observer
le dimanche comme Sabbat?
« R. : Les Écritures nous ordonnent d’écouter l’église (
Matthieu 18 : 17;
Luc 10 : 16 ),
et de garder les traditions des apôtres (
2 Thessaloniciens 2 : 15
), mais les Écritures ne mentionnent par ce changement du Sabbat en
particulier. »
Dans un Doctrinal Catechism, (Catéchisme Doctrinal) nous trouvons un
témoignage additionnel sur ce thème :
« Question : Avez-vous une autre manière de prouver que l’église a le
pouvoir d’instituer des fêtes et des jours saints?
« Réponse : Si elle n’avait pas un tel pouvoir, elle ne pourrait pas
avoir fait ce qui concorde avec tous les auteurs religieux modernes :
elle n’aurait pas pu substituer l’observation du dimanche, premier
jour de la semaine, à la place du celle du Sabbat, le septième jour,
changement qui n’est pas autorisé par les Écritures. »
Dans An Abridgment of the Christian Doctrine (Un abrégé de la
doctrine chrétienne), nous trouvons le témoignage suivant :
« Question : Quelle preuve apportez-vous que l’église a le pouvoir
d’ordonner des fêtes et des jours saints?
« Réponse : Par l’acte même d’avoir changé le Sabbat au dimanche, que
les protestants reconnaissent; et ils se contredisent donc en gardant
strictement le dimanche, tandis qu’ils violent la majorité des autres
fêtes prescrites par la même église.
« Q. : Comment le prouvez-vous?
« R. : Parce qu’en observant le dimanche ils reconnaissent le pouvoir
qu’a l’Église d’ordonner des fêtes, et de commander qu’elles soient
observées sous peine de péché. »
Dans The catechism Simply Explained, (Le catéchisme expliqué
simplement), se trouvent les questions et les réponses suivantes :
« Question : Quel est le troisième commandement?
« Réponse : Le troisième commandement est : Souviens-toi de sanctifier
le jour de Sabbat.
« Q. : Que nous ordonne le troisième commandement?
« R. : Le troisième commandement nous ordonne de sanctifier le
dimanche. Le jour du Sabbat des Juifs était le Samedi; nous, les
chrétiens, nous sanctifions le dimanche. L’Église changea
l’observation du Sabbat par celle du dimanche, par le pouvoir que
notre Seigneur lui donna. »
C’est ce que la puissance papale affirme avoir fait concernant le
quatrième commandement. Les catholiques reconnaissent clairement qu’il
n’y a pas d’autorisation biblique au changement qu’ils firent, mais
qu’il est basé uniquement sur l’autorité de l’Église. Ils réclament
comme preuve ou marque d’autorité de leur Église « l’acte même d’avoir
changé le Sabbat au dimanche », et ils le présentent comme une preuve
de son pouvoir à cet égard.
« Mais, dira quelqu’un, je croyais que Christ avait changé le jour de
repos. » Ils sont nombreux ceux qui le supposent, parce que c’est ce
qu’on leur a enseigné. Nous voulons simplement leur rappeler, qu’en
accord avec la prophétie, l’unique changement qui devait se faire dans
la loi de Dieu devait être accompli par la petite corne de
Daniel 7,
l’homme de péché de
2 Thessaloniciens 2;
et que le seul changement qui a été fait en elle est le changement du
Sabbat. Maintenant, si Christ fit un tel changement, il joua le rôle
de la puissance blasphématrice mentionnée par Daniel et Paul; et c’est
une conclusion inacceptable pour n’importe quel chrétien.
Pourquoi certains tentent-ils de prouver que Christ changea le
Sabbat? Qui que ce soit qui le tente entreprend une tâche ingrate. Le
pape ne l’en remerciera pas; parce que si l’on prouve que Christ fit
le changement, le pape est privé de sa marque d’autorité et de
puissance. Aucun protestant réellement éclairé ne lui sera
reconnaissant, parce que s’il réussit, il ne ferait que démontrer que
la papauté n’a pas fait l’oeuvre prédite qu’elle ferait, que la
prophétie a échoué et qu’on ne peut pas avoir confiance dans les
Écritures. Il vaut mieux laisser le sujet tel que le présente la
prophétie, et reconnaître la véracité de l’affirmation faite par le
pape.
Quand une personne est accusée d’avoir fait quelque chose, et que
cette personne confesse d’elle-même ce qu’elle a fait, ceci suffit
généralement pour décider de son cas. Aussi, quand la prophétie
affirme qu’une certaine puissance se lève, fait l’oeuvre prédite, pour
affirmer ensuite avec audace qu’elle l’a accomplie, quel besoin y
a-t-il de trouver des évidences supplémentaires? Le monde ne doit pas
oublier que la grande apostasie prédite par Paul s’est produite; que
l’homme de péché exerça durant de longs siècles un monopole presque
total sur l’enseignement chrétien dans le monde; que le mystère
d’iniquité a recouvert presque toute la chrétienté des ténèbres de son
ombre et des erreurs de ses doctrines; et que la théologie de notre
époque est issue de cette ère d’erreurs, de ténèbres et de corruption.
Il n’est donc pas étonnant de trouver encore quelques reliques du
papisme à rejeter avant que la réforme soit complète! Alexander
Campbell, fondateur de l’église des Disciples de Christ, dit en
parlant des différentes sectes protestantes :
« Toutes conservent dans leur sein, dans leurs organisations
ecclésiastiques, leur culte, leurs doctrines et leurs rites, plusieurs
reliques du papisme. Dans la plupart des cas, ce sont des réformes du
papisme, et des réformes partielles. Les doctrines et les traditions
des hommes entravent toujours la puissance et le progrès de l’Évangile
entre leurs mains. »
La nature du changement que la petite corne tente d’effectuer dans la
loi de Dieu mérite d’être considérée. Fidèle à son dessein de
s’exalter au-dessus de Dieu, elle voulut changer le commandement qui,
parmi tous les autres, est le commandement fondamental de la loi,
celui qui fait connaître le Législateur et qui contient sa signature
en tant que Roi. Le quatrième commandement est tout cela tandis
qu’aucun autre ne l’est. Il est vrai que quatre autres commandements
contiennent le mot Dieu, et trois d’entre eux ont aussi le mot Jéhova.
Mais qui est le Dieu Jéhova dont ils parlent? Il est impossible de le
dire sans le quatrième commandement, parce que les idolâtres de toute
catégorie appliquent les termes Dieu et Seigneur aux multiples objets
de leur adoration. Mais avec le quatrième commandement, qui nomme
l’Auteur du Décalogue, on annule d’un trait de plume toutes les
revendications de tous les faux dieux. Le Dieu qui réclame ici notre
adoration n’est pas un être créé, mais celui qui créa toutes choses.
Le Créateur de la terre, de la mer, du soleil et de la lune, et toutes
les armées des étoiles; le Défenseur et le Gouverneur de l’univers,
est celui qui exige, comme il en a le droit de par sa position, notre
suprême considération en préférence à n’importe quel autre objet. Le
commandement qui fait connaître ces faits est donc celui que ce
pouvoir qui se propose de s’exalter lui-même au-dessus de Dieu, aurait
logiquement essayé de changer. Dieu nous donna le Sabbat afin que
chaque semaine nous nous souvenions de Lui, et en tant qu’institution
commémorative de l’oeuvre qu’Il fit en créant les cieux et la terre,
il soit une puissante barrière contre le paganisme et l’idolâtrie. Il
est la signature et le sceau de la loi. Par son enseignement et sa
pratique, la papauté l’a ôté de sa place et lui a substitué une autre
institution que l’Église présente comme un signe de son autorité.
La décision entre le Sabbat et le dimanche.
Ce changement du quatrième commandement doit donc être le changement
signalé par la prophétie; et le sabbat dominical doit être la marque
de la bête. Il se peut qu’en se trouvant face à cette conclusion
certains de ceux qui ont été enseignés depuis longtemps à considérer
cette institution avec révérence, reculeront presque horrifiés.
L’espace ne nous permet pas ici, et ce n’est pas non plus le moment,
de rentrer dans une longue discussion sur la question du Sabbat, ou
d’exposer l’origine et la nature de l’observation du premier jour de
la semaine. Mais qu’il nous soit permis de présenter seulement cette
proposition : Si le septième jour continue d’être le Sabbat ordonné
par le quatrième commandement, si l’observation du premier jour de la
semaine n’a aucun fondement dans les Écritures, si cette observation a
été introduite comme institution chrétienne et intentionnellement
placée à la place du Sabbat du Décalogue par la puissance symbolisée
par la bête qui le mit là comme signe et témoignage de son pouvoir de
légiférer pour l’église, le changement du Sabbat au dimanche n’est-il
pas inévitablement la marque de la bête? La réponse doit être
affirmative. Les hypothèses que nous venons d’énoncer sont toutes des
certitudes.
Qui reçoit la marque de la bête?
On pourra aussi dire : Alors tous les observateurs du dimanche portent
la marque de la bête; donc, toutes les bonnes personnes des siècles
passés qui gardèrent ce jour reçurent la marque de la bête; Luther,
Whitefield, les Wesley, et tous ceux qui accomplirent une grande et
noble oeuvre de réforme portèrent la marque de la bête; alors toutes
les bénédictions qui furent déversées sur les églises réformées furent
versées sur des personnes portant la marque de la bête; et tous les
croyants de notre époque qui observent le dimanche comme étant le
Sabbat, portent la marque de la bête. Nous répondons : il n’en est pas
ainsi. Nous regrettons de devoir dire que certains de ceux qui
professent enseigner la religion, bien qu’ils furent repris plusieurs
fois, persistèrent à nous calomnier sur ce point. Nous n’avons jamais
soutenu une telle opinion, et nous ne l’avons pas enseignée. Nos
propositions initiales ne conduisent pas à une telle conclusion.
Nous vous prions de nous prêter une grande attention. La marque et
l’adoration de la bête sont imposées par la bête à deux cornes. La
réception de la marque de la bête est un acte spécifique que doit
faire exécter la bête à deux cornes. Le message du troisième ange d’
Apocalypse 14
est un avertissement envoyé miséricordieusement par anticipation afin
de préparer les gens au danger qui approche. Il ne peut donc pas y
avoir d’adoration de la bête ou une réception de sa marque, comme les
annonce la prophétie, tant qu’elles ne seront pas imposées par la bête
à deux cornes et acceptées individuellement en connaissance de cause.
Nous avons vu que l’intention était essentielle au changement que la
papauté fit dans la loi de Dieu, pour effectuer cette modification
dans la marque de cette puissance; ainsi, l’intention est aussi
nécessaire dans l’adoption du changement par les individus pour
qu’elle constitue la réception de cette marque. En d’autres termes,
une personne doit adopter le changement en sachant qu’il est l’oeuvre
de la bête et le recevoir par l’autorité de ce pouvoir en opposition
au commandement de Dieu, avant de pouvoir dire qu’elle a reçu la
marque de la bête.
Mais que dirons-nous des personnes mentionnées plus haut qui gardèrent
le dimanche dans le passé, et de la majorité de ceux qui le gardent
aujourd’hui? L’observent-ils en tant qu’institution de la papauté?
Non. Ont-ils fait leur choix entre ce jour de repos et celui de notre
Seigneur, en comprenant ce qu’exigeait chacun des deux pouvoirs? Non.
Sur quelle base le gardèrent-ils et le gardent-ils encore?
Savaient-ils et savent-ils qu’ils étaient et qu’ils sont en train
d’observer un commandement de Dieu? Ont-ils la marque de la bête?
D’aucune façon. Leur conduite peut être attribuée à une erreur reçue
inconsciemment de l’Église de Rome, pas comme un acte d’adoration
intentionnel.
Mais qu’en sera-t-il dans le futur? L’église qui doit se préparer pour
la seconde venue de Christ doit être entièrement libre des erreurs et
des corruptions papales. Une réforme doit être faite sur la question
du Sabbat. Le troisième ange d’
Apocalypse 14
proclame les commandements de Dieu, et conduit les hommes au vrai jour
de repos au lieu du faux. Le dragon est en colère et contrôle les
gouvernements impies de la terre de telle façon qu’il les induit à
exercer toute l’autorité du pouvoir humain pour faire accomplir les
exigences de l’homme de péché. Alors le problème est honnêtement
exposé devant les gens. La loi de Dieu exige que l’on garde le vrai
Sabbat; la loi de l’église catholique, de l’église pseudo-protestante
et du pays exige qu’on observe un sabbat contrefait. Ceux qui refusent
d’observer le vrai jour sont menacés de la colère de Dieu sans
mélange; ceux qui rejettent le faux jour sont menacés de persécution
et de mort par les gouvernements terrestres. Face à un tel dilemme,
que fait celui qui cède aux exigences humaines? Il dit virtuellement à
Dieu : Je connais tes exigences, mais je ne les accomplirai pas. Je
sais que le pouvoir qui m’ordonne d’adorer n’est pas chrétien, mais je
cède pour sauver ma vie. Je renonce à t’être fidèle, je m’incline
devant l’usurpateur. Dorénavant, la bête est l’objet de mon adoration;
sous sa bannière, en opposition à ton autorité, je m’aligne dès
maintenant; par défi à tes commandements, je lui accorde désormais
l’obéissance de mon coeur et ma vie.
Tel est l’esprit qui fera agir ceux qui adorent la bête, un esprit qui
insulte en face le Dieu de l’univers, et qui, uniquement par manque de
pouvoir, se voit empêché de renverser son gouvernement et réduire à
néant son trône. Sera-t-il étrange que Jéhova prononce la menace la
plus terrible que contienne sa Parole contre une conduite si
provocante pour le ciel?
L’oeuvre finale.
Nous avons vu ce qui constituera de façon appropriée une image à la
bête, comme celle que la bête à deux cornes doit faire, et nous avons
aussi vérifié que la possibilité existe qu’une telle image se lève aux
États-Unis d’Amérique. Nous avons aussi vu ce qui constitue la marque
de la bête qui doit être imposée à tous. Une organisation
ecclésiastique composée de différentes sectes du pays, en coalition
avec le catholicisme romain, par la promulgation et l’imposition d’une
loi civile pour l’observation du sabbat dominical, accomplira ce que
la prophétie présente en référence à l’image et à la marque de la
bête. Ces mouvements, ou leur équivalent exact, sont ce que la
prophétie requiert pour être accomplie. La chaîne de preuves qui
conduit à ces conclusions est si directe et précise qu’il est
impossible de les éluder. Elles sont la conséquence claire et logique
des prémices qu’elles nous donnent.
Quand pour la première fois
Apocalypse 13 : 11 à 13
fut appliqué aux États-Unis, dès 1850, ces opinions au sujet d’une
union des églises et un mouvement en faveur des lois dominicales
furent adoptées. À cette époque, il n’y avait aucun indice qu’un tel
problème apparaîtrait. Les États-Unis avaient donné d’abondantes
preuves par leur situation, l’époque et la manière dont ils naquirent,
et leur caractère apparent, qu’ils étaient la puissance symbolisée par
la bête à deux cornes. Il ne pouvait pas y avoir d’erreur dans la
conclusion qu’ils étaient la nation désignée par le symbole. Mais il y
avait là des prédictions qui indiquaient une union de l’Église et de
l’État, et une imposition du jour du repos papal comme marque de la
bête. Ce n’était pas alors un petit acte de foi d’assumer l’opinion
que les États-Unis suivraient une telle conduite alors qu’il
n’existait aucune probabilité apparente qu’ils le feraient.
Les fondateurs de la République américaine, en élaborant ses lois
organiques, ne voulaient pas qu’il se produise un jour des
difficultés pour des motifs de conscience. La Constitution fédérale et
la majorité des constitutions des états contiennent des clauses qui
garantissent la liberté religieuse la plus totale. Mais le
développement du mouvement en faveur des lois dominicales démontra
amplement, dès 1850, que la prophétie peut s’accomplir malgré les
sauvegardes que les pères fondateurs de la nation élevèrent contre
l’intolérance.
La prophétie ne spécifie pas exactement comment la tyrannie sur les
âmes et les corps des hommes doit se développer. Elle peut venir d’un
homme ou d’un groupe d’hommes, politiques, religieux ou d’un autre
caractère. Mais elle domine tout : petits et grands. Elle gouverne les
finances, puisque les riches et les pauvres sentent sa poigne. Elle
régit l’économie, car personne ne peut acheter ou vendre sans sa
permission et sa marque. Elle impose la religion, puisqu’elle oblige
tout le monde, sous peine de mort, à adorer en accord avec ses
lois.
Il est naturellement répugnant à un esprit américain de penser que la
persécution religieuse puisse souiller l’histoire d’une nation fondée
sur la liberté pour tous. Mais, depuis sa fondation, ces hommes d’État
les plus prévoyants reconnurent que la tendance à imposer les dogmes
religieux par la loi est trop commune parmi l’humanité, et propice à
provoquer la persécution active dans les endroits les plus
inattendus.
Il faut dire à l’honneur de la nation, qu’à travers son histoire elle
a eu de nobles réactions qui maintinrent en échec cette tendance, dont
les fondateurs envisagèrent la possible manifestation. Mais aucun
Américain ne peut fermer les yeux sur le fait que parallèlement à ces
nobles efforts, des tentatives de certains dirigeants religieux zélés
mais malavisés, ont existé pour imposer par la force des comportements
religieux.
La prophétie prédit qu’une période de persécution viendra. La bête à
deux cornes obligera tout le monde à recevoir une marque, et fera tuer
tous ceux qui ne voudront pas adorer l’image; c’est-à-dire que sa
volonté, ses desseins et ses efforts vont dans ce sens. Elle fera
cette promulgation, elle fera passer cette loi. Mais ceci ne veut pas
dire que tous seront mis à mort, nous ne croyons même pas qu’ils
seront nombreux. Dieu interviendra en faveur de son peuple. Ceux qui
garderont la parole de la persévérance en Christ, seront gardés à
l’heure de la tentation (
Apocalypse 3 : 10
). Aucun malheur n’atteindra ceux qui feront de Dieu leur refuge (
Psaume 91 : 9, 10
). Tous ceux qui seront trouvés inscrits dans le livre seront sauvés (
Daniel 12 : 1
). En tant que vainqueurs de la bête et de son image, ils seront
rachetés d’entre les hommes, et ils chanteront un cantique de triomphe
devant le trône de Dieu (
Apocalypse 14 : 2 à 4 ).
18 : « C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence
calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre d’homme, et son nom
est six cent soixante-six. »
Le nombre de son nom.
Le nombre de la bête, dit la prophétie, « est un nombre d’homme ».
S’il doit dériver d’un nom ou titre, il est naturel de conclure qu’il
est un nom ou titre d’un homme particulier ou représentatif.
L’expression la plus plausible qui nous a été suggérée comme contenant
le nombre de la bête est un des titres appliqué au pape de Rome. Ce
titre est : Vicarius Filii Dei, « Vicaire du Fils de Dieu ». Il vaut
la peine de noter que la Version Catholique de la Bible en anglais, la
Douay, contient le commentaire suivant sur
Apocalypse 13 : 18 :
« Les lettres numérales de son nom formeront ce numéro. » En prenant
les lettres de ce titre qui sont utilisées comme chiffres romains,
nous avons V=5, I=1, C=100, U (autrefois la même lettre que le V)=5,
I=1, L=50, I=1, I=1, D=500, I=1. En additionnant tous ces nombres nous
obtenons 666.
Certains ont affirmé que la valeur numérale du titre des papes devait
se calculer en accord avec la valeur que les Grecs donnaient aux
lettres, puisque Jean écrivit en grec, mais comme le titre apparaît en
latin, langue officielle de l’église de Rome et de la Bible qu’elle
adopta, la Vulgate, un tel procédé détruirait la valeur numérale de ce
titre dans sa propre langue. Il semble raisonnable qu’un titre latin
exhibe ses valeurs numérales latines plutôt que les valeurs que les
lettres ont en grec.
Quant à la pratique de représenter les noms par des numéros, nous
lisons : « C’était une méthode pratiquée parmi les anciens, que celle
de noter les noms par des numéros. »
« La coutume de représenter les numéros par des lettres de l’alphabet
fut à l’origine, parmi les anciens, de la pratique de représenter les
noms par des numéros. Les exemples de cette sorte abondent parmi les
écrits des païens, des Juifs et des chrétiens. »
« C’était une méthode pratiquée parmi les anciens, que celle de
désigner les noms par des numéros. Par exemple, le nom de Tot, ou le
Mercure des Égyptiens, était indiqué par numéro 1218... Ce fut la
méthode usuelle dans toutes les dispensations de Dieu, que le
Saint-Esprit accommode ses expressions aux coutumes, aux modes et aux
manières à travers les âges. Aussi, comme cet art et mystère des
numéros était si commun parmi les anciens, il n’est pas tellement
étonnant que la bête aussi ait un numéro, le 666. »
Ce titre, Vicarius Filii Dei, ou une autre forme équivalente, est
apparu si fréquemment dans la littérature catholique romaine et ses
rites à travers les siècles, qu’il n’est presque pas nécessaire
d’ajouter une autre preuve de sa validité et de son importance.
Quelques-unes des variantes sont : Vicaire de Christ, Vicaire de
Jésus-Christ, Vicaire de Dieu. Une citation du cardinal Manning
illustre ces diverses formes du même titre :
« Maintenant, ils disent aussi : ‘Voyez cette Église Catholique,
cette Église de Dieu, faible et rejetée par les nations mêmes qui se
disent catholiques. Là, se trouvent la France catholique, l’Allemagne
catholique et l’Italie catholique qui renoncent à leur adhésion
simulée au pouvoir temporel du Vicaire de Jésus-Christ’. Et ainsi,
parce que l’église semble faible, et que le Vicaire du Fils de Dieu
est en train de revivre la passion de son Maître sur la terre, nous
nous scandalisons et nous détournons de lui nos visages. » (C’est nous
qui soulignons).
Et dans d’autres parties du même livre, diverses autres variations de
ce titre sont employées.
Au sujet de l’importance de la position occupée par le pape en accord
avec le titre que nous considérons ou ses équivalences, nous citerons
J. A. Wylie, dans son commentaire de l’Apologie d’Ennodius écrite en
défense du pape Symmaque :
« Nous trouvons que le concile [de Rome, en 502 ou 503] convoqué par
Théodoric s’opposa à l’investigation sur les accusations présentées
contre le pape Symmaque, pour les raisons présentées par son défenseur
Ennodius, à savoir, ‘que le pape, en tant que Vicaire de Dieu, était
le juge de tous, et ne pouvait être lui-même jugé par personne.’ ‘Dans
cette apologie -- observe Mosheim -- le lecteur percevra que les
fondements de cet énorme pouvoir que les papes de Rome acquerraient
plus tard, avaient déjà été placés.’ »
Pendant les dernières années, la validité du titre a été discutée,
mais les évidences historiques demeurent que ce titre que s’arrogea
la papauté servit à soutenir l’autorité des papes tandis qu’ils
établissaient leur grande suprématie temporelle pendant l’apogée du
romanisme, dans les temps médiévaux, et pour conserver leur autorité
spirituelle jusqu’à aujourd’hui.
Ce titre particulier de Vicarius Filii Dei apparaît déjà en 752-774
dans un document historiquement connu comme « la Donation de
Constantin ». Bien que plus tard on prouva que ce document avait été
écrit par une autre personne et signé du nom de Constantin pour lui
donner le poids de son autorité, -- une coutume commune pendant le
Moyen Age --, cette soi-disant Donation de Constantin fut utilisée,
comme authentique, par au moins neuf papes durant sept siècles ou plus
pour établir la suprématie spirituelle et temporelle des évêques de
Rome.
Le titre même fut simplement une invention pour désigner la charge de
Pierre comme premier pape en harmonie avec la prétention bien connue
de l’église catholique romaine, que les paroles de Jésus enregistrées
dans
Matthieu 16 : 18, 19
conféraient à Pierre le premier évêché de l’église, -- argument que
les protestants n’ont jamais accepté --, et que cet évêché se transmit
à ses successeurs sue le siège papal, tel que cela est déclaré dans la
Donation de Constantin et que l’église le soutient jusqu’à
aujourd’hui.
Le document qui utilise le titre fut confirmé par un concile de
l’église, dit Binius, haut dignitaire catholique romain de Cologne,
cité par Labbé et Cossart. Il fut incorporé dans la loi canonique
catholique romaine par Gratien, et quand cette dernière oeuvre fut
révisée et publiée, avec l’approbation du pape Grégoire XIII, le
titre fut conservé. Quand Lucio Ferraris écrivit son oeuvre
théologique élaborée, vers 1755, il donna sous le mot « pape » le
titre de Vicarius Filii Dei, et cita comme autorité la loi canonique
révisée. À nouveau, quand l’oeuvre de Ferraris fut révisée, amplifiée
et publiée à Rome en 1890, le titre et le document furent conservés.
Au sujet de l’oeuvre théologique de Ferraris, que nous venons de
citer, la Catholic Encyclopedia dit qu’elle « sera toujours une
précieuse mine d’information ».
Nous citerons ici le latin de la Donation de Constantin, confirmé par
un concile de l’Église, incorporé dans la loi canonique romaine et
cité par Ferraris :
« Ut siut Beatus Petrus in terris Vicarius Filii Dei fuit constitutus,
ita et Pontifices eius succesores in terris principatus potestatum
amplius, quam terrenae imperialis mostrae serenitatis mansuetudo
habere videtur. »
Christopher Coleman traduit ce paragraphe de la loi canonique de
Gratien, comme suit :
« Comme le béni Pierre semble avoir été constitué Vicaire du Fils de
Dieu sur la terre, ainsi aussi les pontifes qui sont les représentants
de ce prince même des apôtres, doivent obtenir de nous et de notre
empire le pouvoir d’une suprématie plus grande que la clémence de
notre sérénité impériale terrestre. »
Une traduction plus libre faite par Edwin Lee Johnson, professeur de
latin et de grec à l’université de Vanderbilt, dit :
« Précisément comme le bienheureux Pierre fut nommé sur la terre
Vicaire du Fils de Dieu, ainsi aussi il semble que les pontifes ses
successeurs, ont sur la terre le pouvoir du gouvernement principal
aussi bien que son Excellence, son Impériale et Sereine Altesse sur la
terre. »
Ainsi se termine le chapitre 13 d’Apocalypse, laissant le peuple de
Dieu face aux puissances meurtrières de la terre déployées contre lui,
et aux décrets de mort et à l’ostracisme de la société parce qu’ils
observent les commandements de Dieu. Au temps spécifié, le spiritisme
accomplira des prodiges plus étonnants, séduisant le monde entier,
sauf les élus (
Matthieu 24 : 24;
2 Thessaloniciens 2 : 8-12
). Ce sera l’heure de la tentation, ou épreuve, qui vient, comme le
dernier test, sur le monde, pour éprouver tous les habitants de la
terre, selon ce que mentionne
Apocalypse 3 : 10.
Quel est l’enjeu du conflit? Cette question importante ne peut pas
rester sans réponse. Les cinq premiers versets du chapitre suivant
complètent la chaîne de cette prophétie, et révèlent le triomphe
glorieux des champions de la vérité.