1-3 : «
1 Nébucadnetsar, roi, à tous les peuples, aux nations,
aux hommes de toutes langues, qui habitent sur toute la terre. Que la
paix vous soit donnée avec abondance!
2 Il m’a semblé bon de faire
connaître les signes et les prodiges que le Dieu suprême a opérés à
mon égard.
3 Que ses signes sont grands! que ses prodiges sont
puissants! Son règne est un règne éternel, et sa domination subsiste
de génération en génération. »
Ce chapitre, dit Adam Clarke, « est un décret dans les règles, et l’un
des plus anciens récits; et il n’y a pas de doute qu’il fut copié des
documents de l’état de Babylone. Daniel l’a conservé dans la langue
originale. »
Le roi loue le vrai Dieu.
Ce décret de Nébucadnetsar fut promulgué de la façon habituelle. Il
désirait faire connaître, non pas à quelques hommes seulement, mais à
tous les peuples et à toutes les nations, la façon admirable dont Dieu
avait agi avec lui. Les gens sont toujours disposés à raconter ce que
Dieu a fait pour eux lorsqu’il s’agit de bénéfices ou de bénédictions.
Nous devrions être également disposés à raconter ce qu’Il a fait pour
nous humilier et nous châtier. Nébucadnetsar est un bon exemple dans
ce domaine, comme nous le verrons plus loin dans ce chapitre. Il
confessa avec franchise, la vanité et l’orgueil de son coeur, et il
parle librement des méthodes employées par Dieu pour l’humilier. Avec
un esprit sincère de repentance et d’humiliation, il considéra comme
une bonne chose de révéler ces choses pour que la souveraineté de Dieu
soit exaltée et son nom adoré. Déjà, Nébucadnetsar ne demandait plus
l’immutabilité de son royaume, mais il s’en remit totalement à Dieu,
reconnaissant que seul Son royaume sera éternel, et Sa domination de
génération en génération.
4-18 : «
4 Moi, Nébucadnetsar, je vivais tranquille dans ma
maison, et heureux dans mon palais.
5 J’ai eu un songe qui m’a
effrayé; les pensées dont j’étais poursuivi sur ma couche et les
visions de mon esprit me remplissaient d’épouvante.
6 J’ordonnai
qu’on fit venir devant moi tous les sages de Babylone, afin qu’ils me
donnassent l’explication du songe.
7 Alors vinrent les magiciens, les
astrologues, les Chaldéens et les devins. Je leur dis le songe, et ils
ne m’en donnèrent point l’explication.
8 En dernier lieu, se présenta
devant moi Daniel, nommé Beltschatsar d’après le nom de mon dieu, et
qui a en lui l’esprit des dieux saints. Je lui dis le songe:
9
Beltschatsar, chef des magiciens, qui as en toi, je le sais, l’esprit
des dieux saints, et pour qui aucun secret n’est difficile, donne-moi
l’explication des visions que j’ai eues en songe.
10 Voici les visions
de mon esprit, pendant que j’étais sur ma couche. Je regardais, et
voici, il y avait au milieu de la terre un arbre d’une grande hauteur.
11 Cet arbre était devenu grand et fort, sa cime s’élevait jusqu’aux
cieux, et on le voyait de toute la terre.
12 Son feuillage était beau,
et ses fruits abondants; il portait de la nourriture pour tous; les
bêtes des champs s’abritaient sous son ombre, les oiseaux du ciel
faisaient leur demeure parmi ses branches, et tout être vivant tirait
de lui sa nourriture.
13 Dans les visions de mon esprit, que j’avais
sur ma couche, je regardais, et voici, un de ceux qui veillent et qui
sont saints descendit des cieux.
14 Il cria avec force et parla ainsi :
Abattez l’arbre, et coupez ses branches; secouez le feuillage, et
dispersez les fruits; que les bêtes fuient de dessous, et les oiseaux
du milieu de ses branches!
15 Mais laissez en terre le tronc où se
trouvent les racines, et liez-le avec des chaînes de fer et d’airain,
parmi l’herbe des champs. Qu’il soit trempé de la rosée du ciel, et
qu’il ait, comme les bêtes, l’herbe de la terre pour partage.
16 Son
coeur d’homme lui sera ôté, et un coeur de bête lui sera donné; et
sept temps passeront sur lui.
17 Cette sentence est un décret de ceux
qui veillent, cette résolution est un ordre des saints, afin que les
vivants sachent que le Très-Haut domine sur le règne des hommes, qu’Il
le donne à qui il lui plaît, et qu’il y élève le plus vil des hommes.
18 Voilà le songe que j’ai eu, moi, le roi Nébucadnetsar. Toi,
Beltschatsar, donnes-en l’explication, puisque tous les sages de mon
royaume ne peuvent me la donner; toi, tu le peux, car tu as en toi
l’esprit des dieux saints. »
Cette partie du récit commence lorsque Nébucadnetsar a obtenu la
victoire sur tous ses ennemis. Il a exécuté avec succès toutes ses
entreprises militaires. Il avait asservi l’Assyrie, la Phénicie, la
Judée, l’Égypte et l’Arabie. Ces grandes conquêtes le poussèrent
probablement à la vanité et à la confiance en soi. C’est au moment où
il se sentit le plus sûr, et alors qu’il était très improbable que
quelque chose vienne perturber sa propre satisfaction tranquille, que
Dieu choisit de l’affliger par des craintes et des pressentiments.
Le roi troublé par un autre rêve.
Mais qu’est-ce qui pouvait bien apporter des craintes dans le coeur
d’un monarque comme Nébucadnetsar? Il avait guerroyé dès sa jeunesse.
Il avait souvent affronté les périls de la bataille, les terreurs des
massacres et des carnages, et au milieu de ces scènes il était resté
impassible. Qu’est-ce qui pouvait bien l’effrayer maintenant? Aucun
ennemi ne le menaçait, aucun nuage néfaste était visible! Ses propres
pensées et visions étaient utilisées pour lui enseigner ce qu’aucune
autre chose ne pouvait lui apprendre : une leçon salutaire de
dépendance et d’humilité. Celui qui avait terrifié les autres, mais
que les autres n’avaient pu terroriser, était terrifié par lui-même.
Les magiciens souffrirent une plus grande humiliation que celle
relatée dans le deuxième chapitre. À ce moment-là, ils s’étaient
vantés que s’ils connaissaient seulement le rêve ils pourraient en
faire connaître l’interprétation. Cette fois, Nébucadnetsar se
souvenait très bien de son rêve et il le leur raconta, mais les
magiciens échouèrent à nouveau lamentablement. Ils furent incapable
d’en donner l’explication, et une fois de plus le roi se tourna vers
le prophète de Dieu.
Le royaume de Nébucadnetsar était symbolisé par un arbre au milieu de
la terre. Babylone, la cité où régnait Nébucadnetsar, était
approximativement au centre du monde connu. L’arbre s’élevait
jusqu’aux cieux, son feuillage était beau. Sa gloire extérieure et sa
splendeur étaient grandes. Ses fruits étaient abondants, et il portait
de la nourriture pour tous. Les bêtes des champs s’abritaient sous son
ombre; et les oiseaux du ciel faisaient leurs demeures dans ses
branches. De quelle autre façon pouvait-on représenter avec plus de
force et de clarté le fait que Nébucadnetsar gouvernait sur son
royaume avec tant d’efficacité qu’il offrait une totale protection, le
soutien et la prospérité à tous ses sujets? Quand l’ordre fut donné
d’abattre l’arbre, il fut ordonné que la souche soit laissée en terre.
Il fut protégé par des chaînes de fer et d’airain, afin qu’il ne
pourrisse pas mais qu’il fût une source de croissance et de grandeur
futures.
Le jour vient où les méchants seront abattus et il n’en restera rien.
La miséricorde ne sera pas mélangée à leur châtiment. Il ne leur sera
laissé ni racine ni rameau [
Malachie 3:19 ].
Le décret disait : « Sept temps passeront sur lui ». Il est évident
que cette simple expression doit être comprise littéralement. Mais
quelle est la durée de la période indiquée par les mots « sept temps »?
Elle peut être déterminée par la durée pendant laquelle Nébucadnetsar,
en accomplissement de la prédiction, fut conduit à faire sa demeure
avec les bêtes des champs. Joseph nous dit qu’elle fut de sept années.
Ici, un « temps » signifie donc une année.
Quel intérêt les saints, ou les anges, ont pour les affaires humaines!
Ils regardent, comme aucun mortel ne peut le faire, combien l’orgueil
du coeur humain est une chose inconvenante. En tant que ministres de
Dieu, ils exécutent joyeusement Ses décrets pour corriger le mal.
L’homme doit savoir qu’il n’est pas l’architecte de sa propre fortune,
parce qu’il y a quelqu’Un qui gouverne le royaume des hommes et c’est
de Lui que les homme devraient dépendre humblement. Un homme peut
avoir beaucoup de succès en tant que monarque, mais il ne doit pas
s’enorgueillir, car si Dieu ne lui avait pas permis de gouverner, il
n’aurait jamais pu accéder à cette position honorable.
Nébucadnetsar reconnut la suprématie du vrai Dieu sur les oracles
païens. Il demanda à Daniel de résoudre le mystère. « Toi, tu le peux »,
dit-il « car tu as en toi l’esprit des dieux saints ».
Comme nous l’avons vu dans
Daniel 3:25,
Nébucadnetsar utilise ici encore sa manière habituelle de mentionner
les « dieux » au pluriel, bien que la Septante traduise cette phrase
de cette façon : « le Saint-Esprit de Dieu est en toi ».
19-27. «
19 Alors Daniel, nommé Beltschatsar, fut un moment
stupéfait, et ses pensées le troublaient. Le roi reprit et dit :
Beltschatsar, que le songe et l’explication ne te troublent pas! Et
Beltschatsar répondit : Mon seigneur, que le songe soit pour tes
ennemis, et son explication pour tes adversaires!
20 L’arbre que tu as
vu, qui était devenu fort, et dont la cime s’élevait jusqu’aux cieux,
et qu’on voyait de tous les points de la terre;
21 cet arbre, dont le
feuillage était beau et les fruits abondants, qui portait de la
nourriture pour tous, sous lequel s’abritaient les bêtes des champs,
et parmi les branches duquel les oiseaux du ciel faisaient leur
demeure,
22 c’est toi, ô roi, qui es devenu grand et fort, dont la
grandeur s’est accrue et s’est élevée jusqu’aux cieux, et dont la
domination s’étend jusqu’aux extrémités de la terre.
23 Le roi a vu
l’un de ceux qui veillent et qui sont saints descendre des cieux et
dire : Abattez l’arbre, et détruisez-le; mais laissez en terre le
tronc où se trouvent les racines, et liez-le avec des chaînes de fer
et d’airain, parmi l’herbe des champs; qu’il soit trempé de la rosé du
ciel, et que son partage soit avec les bêtes des champs, jusqu’à ce
que sept temps soient passés sur lui.
24 Voici l’explication, ô roi,
voici le décret du Très-Haut, qui s’accomplira sur mon Seigneur le
roi.
25 On te chassera du milieu des hommes, tu auras ta demeure avec
les bêtes des champs, et l’on te donnera comme aux boeufs de l’herbe à
manger; tu seras trempé de la rosée du ciel, et sept temps passeront
sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très-Haut domine sur le règne
des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît.
26 L’ordre de laisser
le tronc où se trouvent les racines de l’arbre signifie que ton
royaume te restera quand tu reconnaîtras que celui qui domine est dans
les cieux.
27 C’est pourquoi, ô roi, puisse mon conseil te plaire!
mets un terme à tes péchés en pratiquant la justice, et à tes
iniquités en usant de compassion envers les malheureux, et ton bonheur
pourra se prolonger. »
L’hésitation de Daniel, qui resta assis, frappé de stupeur pendant une
heure, n’était pas due à une difficulté à interpréter le rêve, mais au
sujet délicat qu’il devait faire connaître au roi. Daniel avait reçu
des faveurs du roi, seulement des faveurs autant que nous sachions, et
il lui coûtait d’être le porteur de la terrible menace d’un jugement
contre lui telle qu’elle était contenue dans le rêve. Le prophète
était troublé par la nécessité de décider quelle serait la meilleure
façon de le lui faire connaître. Il semble que le roi s’attendait à
recevoir quelque chose de ce style, aussi rassura-t-il le prophète en
lui disant de ne pas se laisser troubler par le rêve ou son
interprétation. C’était comme s’il avait dit : N’hésite pas à me le
faire connaître, quelle que soit sa signification pour moi.
Daniel interprète le songe.
Ainsi rassuré, Daniel parla avec puissance et courtoisie : « Mon
seigneur, que le songe soit pour tes ennemis, et son explication pour
tes adversaires. » Ce rêve annonçait une calamité que Daniel aurait
voulu voir s’abattre sur les ennemis du roi plutôt que sur lui.
Nébucadnetsar avait fait un exposé minutieux de son rêve, et aussitôt
Daniel l’informa que le rêve s’appliquait à lui, qu’il était évident
que le roi avait prononcé sa propre sentence. L’interprétation qui
suivit était si claire qu’elle ne nécessita aucune explication. Les
menaces de jugements étaient conditionnelles. Elles devaient enseigner
au roi « que les Cieux gouvernent », le mot « Cieux » est utilisé ici
pour Dieu, le gouverneur des cieux. Daniel profita de l’occasion pour
donner au roi des conseils quant au jugement qui le menaçait. Mais il
ne l’accusa pas avec un esprit dur et critique. La bonté et la
persuasion furent les armes qu’il décida d’employer : « Puisse mon
conseil te plaire! » De la même façon, l’apôtre Paul prient les hommes
« de supporter ces paroles d’exhortation » (
Hébreux 13: 22 ).
Si le roi voulait mettre un terme à ses « péchés en pratiquant la
justice » et à ses « iniquités en usant de compassion envers les
malheureux », le résultat pourrait en être une prolongation de sa
tranquillité, ou comme le dit une note dans la marge de certaines
versions : « Par la repentance il aurait pu éviter le châtiment que le
Seigneur se proposait de faire tomber sur lui ».
28-33 : «
28 Toutes ces choses se sont accomplies sur le roi
Nébucadnetsar.
29 Au bout de douze mois, comme il se promenait dans le
palais royal à Babylone,
30 le roi prit la parole et dit : N’est-ce
pas ici Babylone la grande, que j’ai bâtie, comme résidence royale,
par la puissance de ma force et pour la gloire de ma magnificence?
31
La parole était encore dans la bouche du roi, qu’une voix descendit du
ciel : Apprends, roi Nébucadnetsar, qu’on va t’enlever le royaume.
32
On te chassera du milieu des hommes, tu auras ta demeure avec les
bêtes des champs, on te donnera comme aux boeufs de l’herbe à manger;
et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le
Très-Haut domine sur le règne des hommes et qu’il le donne à qui il
lui plaît.
33 Au même instant la parole s’accomplit sur Nébucadnetsar.
Il fut chassé du milieu des hommes, il mangea de l’herbe comme les
boeufs, son corps fut trempé de la rosée du ciel; jusqu’à ce que ses
cheveux crussent comme les plumes des aigles, et ses ongles comme ceux
des oiseaux. »
L’orgueil et l’humiliation du roi.
Nébucadnetsar ne tira pas profit de l’avertissement reçu, mais Dieu
patienta douze mois avant de laisser tomber le châtiment. Durant tout
ce temps, le roi continua à caresser l’orgueil dans son coeur, et
finalement il atteint le point culminant que Dieu ne pouvait lui
permettre de dépasser. Le roi était en train de marcher dans son
palais, et comme il regardait les splendeurs de cette merveille du
monde, la grande Babylone, la beauté des royaumes, il oublia la source
de toute sa force et de sa grandeur et il s’exclama : « N’est-ce par
ici Babylone la grande, que j’ai bâtie? » Les archéologues ont
découvert les ruines de cette antique cité, que sir Frédéric Kenyon
décrit comme suit :
« Ces ruines confirmèrent le caractère généralement dévasté du site,
mais elles révélèrent aussi beaucoup de son plan, de son architecture
et de son ornementation. Les édifices trouvés étaient presque tous
l’oeuvre de Nébucadnetsar, qui reconstruisit considérablement la ville
antérieure, son propre palais énorme (Babylone la grande, que j’ai
bâtie, comme résidence royale, par la puissance de ma force et pour la
gloire de ma magnificence) étant le plus remarquable de tous. »
Le moment où Nébucadnetsar devait être humilié était arrivé. Une voix
du ciel vint lui annoncer à nouveau le jugement menaçant, et la divine
providence procéda immédiatement à son exécution. Il perdit la raison.
La pompe et la gloire de sa grande cité ne l’enchantaient déjà plus.
Dieu, par le contact de son doigt, lui enleva la capacité de
l’apprécier et d’en jouir. Il abandonna la demeure des hommes, et
chercha un refuge et la compagnie entre les bêtes des champs.
34-37 : «
34 Après le temps marqué, moi, Nébucadnetsar, je
levai les yeux vers le ciel, et la raison me revint. J’ai béni le
Très-Haut, j’ai loué et glorifié celui qui vit éternellement, celui
dont la domination est une domination éternelle, et dont le règne
subsiste de génération en génération.
35 Tous les habitants de la
terre ne sont à ses yeux que néant : il agit comme il lui plaît avec
l’armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n’y a
personne qui résiste à sa main et qui lui dise:
36 Que fais-tu? En ce
temps, la raison me revint; la gloire de mon royaume, ma magnificence
et ma splendeur me furent rendues; mes conseillers et mes grands me
redemandèrent; je fus rétabli dans mon royaume, et ma puissance ne fit
que s’accroître.
37 Maintenant, moi, Nébucadnetsar, je loue, j’exalte
et je glorifie le roi des cieux, dont toutes les oeuvres sont vraies
et les voies justes, et qui peut abaisser ceux qui marchent avec
orgueil. »
Nébucadnetsar loue le Dieu des cieux.
À la fin des sept ans, la main de Dieu cessa d’affliger le roi, et il
retrouva la raison et l’intelligence. Son premier geste fut de bénir
le Très-Haut. À ce sujet, Matthew Henry nota avec beaucoup d’à propos :
« On peut en toute justice considérer ceux qui ne bénissent ni ne
louent Dieu comme privés de leur intelligence; et tant qu’ils ne
commencent pas à être religieux, les hommes n’utilisent pas
correctement leur raison, ni ne vivent comme des hommes jusqu’à ce
qu’ils vivent pour la gloire de Dieu. »
L’honneur et l’intelligence lui furent rendus, ses conseillers le
redemandèrent et il fut rétablit dans son royaume. Il reçut la
promesse que son règne lui serait assuré (vers. 26). On dit que durant
sa folie, son fils Evil-Merodach régna à sa place. L’interprétation
que Daniel donna du rêve fut sans l’ombre d’un doute comprise au
palais, et il fut probablement le sujet des conversations. Le retour
de Nébucadnetsar dans son royaume dut être attendu avec intérêt. Nous
n’avons pas d’information au sujet du pourquoi il lui fut permis de
vivre dans les champs et dans des conditions si déplorables au lieu
d’être confortablement assisté par les employés du palais.
L’affliction eut l’effet désiré. La leçon d’humilité fut apprise. Le
roi ne l’oublia pas lorsqu’il retrouva sa prospérité. Il était prêt à
reconnaître que le Très-Haut gouverne les royaumes des hommes, et il
les donne à qui il veut. Il envoya à travers tout son royaume un avis
royal dans lequel il reconnaissait son orgueil et un manifeste de
louange et d’adoration du Roi des cieux.
C’est la dernière mention que nous avons de Nébucadnetsar. Ce décret
est daté de 563 av. J. C., soit, d’après la chronologie adoptée par
Adam Clarke, un an avant la mort de Nébucadnetsar, mais d’autres lui
attribue une date qui précède sa mort de dix-sept ans. Il n’existe
aucune indication que le roi soit retombé dans l’idolâtrie. Nous
pouvons donc en conclure qu’il est mort en croyant au Dieu d’Israël.
Ainsi prit fin la vie de cet homme remarquable. Au milieu de toutes
les tentations qui accompagnaient sa haute position de roi, nous
pouvons supposer que Dieu vit en lui un coeur sincère, intègre, et des
desseins purs, qu’Il pouvait utiliser pour la gloire de son nom. Il
s’ensuit qu’Il oeuvra de façon admirable avec lui, dans le but
apparent de le séparer de sa fausse religion, et de lui faire servir
le vrai Dieu. Nous avons son rêve de la grande statue, qui contient
une leçon de courage pour les hommes des générations futures. Nous
nous souvenons de son expérience avec Schadrac, Méschac et Abed-Nego
lorsqu’ils refusèrent d’adorer sa statue d’or, lors de laquelle il dut
à nouveau reconnaître la suprématie du vrai Dieu. Pour finir, nous
avons les admirables incidents enregistrés dans ce chapitre, qui nous
montrent les efforts incessants du Seigneur pour amener Nébucadnetsar
à reconnaître entièrement le Créateur. Ne nous est-il pas permis
d’espérer que le plus illustre roi de Babylone, la tête d’or, aura
finalement part à ce royaume devant lequel tous les royaumes de la
terre seront comme la balle, et dont la gloire ne se flétrira
jamais?