1 : « La première année de Belschatsar, roi de Babylone, Daniel
eut un songe et des visions de son esprit, pendant qu’il était sur sa
couche. Ensuite il écrivit le songe, et raconta les principales choses ».
Il s’agit du même Belschatsar mentionné dans
Daniel 5.
Chronologiquement ce chapitre précède le cinquième; mais ici, la
chronologie est laissée de côté pour que la partie historique du livre
reste séparée du reste.
2-3 : «
2 Daniel commença et dit: Je regardais pendant ma
vision nocturne, et voici, les quatre vents des cieux firent irruption
sur la grande mer.
3 Et quatre grands animaux sortirent de la mer,
différents l’un de l’autre. »
Daniel relate lui-même sa vision.
Le langage des Écritures doit toujours être pris dans son sens
littéral à moins qu’il y n’ait de bonnes raisons pour le prendre dans
son sens figuré. Tout ce qui est figuré doit être interprété par ce
qui est littéral. Que le langage employé ici soit symbolique est
évident à partir du verset 17, qui dit : « Ces quatre grands animaux,
ce sont quatre rois qui s’élèveront de la terre. » Que cela se réfère
à des royaumes, et pas seulement à des rois individuels, est évident
dans le verset 18 : « les saints du Très-Haut recevront le royaume ».
En donnant l’explication du verset 23, l’ange dit : « Le quatrième
animal, c’est un quatrième royaume qui existera sur la terre ». Ces
quatre animaux sont des symboles de quatre grands royaumes. Les
circonstances dans lesquelles ils s’élevèrent, tels qu’ils sont
représentés dans la prophétie, sont aussi décrites dans un langage
symbolique. Les symboles introduits sont les quatre vents, la mer,
quatre grands animaux, dix cornes, et une autre corne qui a des yeux
et une bouche et qui fit la guerre contre Dieu et contre Son peuple.
Il nous faut maintenant nous informer de leur signification.
Dans le langage symbolique les vents représentent des luttes, des
agitations politiques, et des guerres, comme nous le lisons dans le
prophète Jérémie : « Voici, la calamité va de nation en nation, et une
grande tempête s’élève des extrémités de la terre. Ceux que tuera
l’Éternel en ce jour seront étendus d’un bout à l’autre de la terre » (
Jérémie 25:32, 33 ).
Le prophète parle d’une controverse qu’il aura avec les nations. La
lutte et l’agitation qui sont à l’origine de toute cette destruction
sont appelées « une grande tempête ».
Que ces vents représentent les luttes et les guerres est évident dans
la vision elle-même. Comme résultat des vents qui soufflent, les
royaumes s’élèvent et tombent sous les agitations politiques.
Les mers et les eaux, quand elles sont utilisées comme symbole
biblique, représentent des peuples, des nations, et des langues.
L’ange dit au prophète Jean : « Les eaux que tu as vues,... ce sont
des peuples, des foules, des nations, et des langues" (
Apocalypse 17:15 ).
La signification du symbole des quatre bêtes est donnée à Daniel avant
la fin de la vision : « Ces quatre grands animaux, ce sont quatre rois
qui s’élèveront de la terre. » Avec cette explication des symboles, le
champ de la vision est définitivement ouvert devant nous.
Si ces bêtes représentent quatre rois, ou royaumes, nous pouvons nous
demander, où commencerons-nous et quels sont ces quatre empires
représentés? Ces bêtes s’élèveront consécutivement, car ils sont
énumérés du premier au quatrième. Le dernier subsiste encore lorsque
les scènes terrestres s’achèvent par le jugement final. Depuis
l’époque de Daniel jusqu’à la fin de l’histoire de ce monde, il devait
y avoir seulement quatre empires universels, comme nous l’avons appris
par le songe de la grande statue de Nébucadnetsar, dans
Daniel 2,
songe interprété soixante-cinq ans plus tôt. Daniel vivait encore sous
le royaume représenté par la tête d’or.
La première bête de cette vision doit donc représenter le même royaume
que la tête d’or de la grande statue, appelé Babylone. Les autres
bêtes représentent sans aucun doute, les royaumes successifs dépeins
par cette statue. Mais si cette vision couvre essentiellement la même
période de l’histoire que la statue de
Daniel 2,
la question qui se pose est : pourquoi fut-elle donnée? Pourquoi la
première vision ne fut-elle pas suffisante? Nous répondons que
l’histoire des empires du monde est présentée et représentée pour
détacher certaines caractéristiques, certains faits et particularités
additionnels. La leçon nous est donnée « règle sur règle » en accord
avec les Écritures. Dans le
chapitre 2, seul l’aspect politique
du pouvoir mondial est décrit. Ici, les gouvernements terrestres sont
présentés en relation avec la vérité et le peuple de Dieu. Leur vrai
caractère est révélé par les symboles utilisés, à savoir, les bêtes.
4 : « Et quatre grands animaux sortirent de la mer, différents
l’un de l’autre. Le premier était semblable à un lion, et avait des
ailes d’aigle; je regardais, jusqu’au moment où ses ailes furent
arrachées; il fut enlevé de terre et mis debout sur ses pieds comme
un homme, et un coeur d’homme lui fut donné. »
Le lion.
Dans la vision de
Daniel 7,
la première bête vue par le prophète était un lion. Au sujet de
l’utilisation du lion comme symbole, lire
Jérémie 4:7;
50:17, 43, 44.
Le lion qui apparaît dans la vision avait des ailes d’aigles.
L’utilisation symbolique des ailes est décrite d’une façon
impressionnante dans
Habakuk 1:6-8
où il est dit que les Chaldéens « volent comme l’aigle qui fond sur sa
proie ».
Par ces symboles, il nous est facile de déduire que Babylone était un
royaume d’une grande force, et que sous Nébucadnetsar ses conquêtes
s’étendirent avec une grande rapidité. Mais il vint un moment où ses
ailes lui furent arrachées. Le lion ne se précipitait déjà plus sur sa
proie comme un aigle. Son audace et son courage de lion en vinrent à
disparaître. Un coeur d’homme, faible, craintif, et défaillant, prit
la place de la force du lion. Telle fut la condition de la nation
durant les dernières années de son histoire, lorsqu’elle devint faible
et efféminée par la richesse et le luxe.
5 : « Et voici, un second animal était semblable à un ours, et
se tenait sur le côté; il avait trois côtes dans la gueule entre les
dents, et on lui disait: Lève-toi, mange beaucoup de chair. »
L’ours.
Comme dans la statue de
Daniel 2,
on remarque dans cette suite de symboles une détérioration à mesure
que nous descendons d’un royaume à un autre. L’argent de la poitrine
et des bras est inférieur à l’or de la tête. L’ours est inférieur au
lion. L’empire Médo-Perse fut inférieur à Babylone, quant aux
richesses, à la magnificence et à l’éclat. L’ours se tenait sur un
côté. Le royaume était composé de deux nationalités, les Mèdes et les
Perses. Le même fait est représenté par les deux cornes du bélier de
Daniel 8.
Au sujet de ces deux cornes on dit que la plus haute s’éleva la
dernière, et au sujet de l’ours, le texte indique qu’il s’appuyait
plus sur un côté que sur l’autre. Ceci s’accomplit par la partie Perse
du royaume, parce que bien qu’il apparaisse après, il atteint une plus
grande importance que celui des Mèdes; et son influence en vint à
prédominer dans la nation (Voir les commentaires sur
Daniel 8:3 ).
Les trois côtes signifient sans l’ombre d’un doute, les trois
provinces de Babylonie, Lydie et Égypte, qui furent particulièrement
opprimées par l’empire Médo-Perse. L’ordre de « lève-toi, mange
beaucoup de chair », doit sans doute faire référence à l’encouragement
que la conquête de ces provinces donna aux Mèdes et aux Perses. Le
caractère de cette puissance était bien représenté par un ours. Les
Mèdes et les Perses étaient cruels et rapaces, voleurs et rançonneurs
du peuple. Le royaume Médo-Perse persista depuis la prise de Babylone
par Cyrus jusqu’à la bataille d’Arbèles en 331 av. J.-C., soit une
période de 207 ans.
6 : « Après cela, je regardais, et voici, un autre était
semblable à un léopard, et avait sur le dos quatre ailes comme un
oiseau; cet animal avait quatre têtes, et la domination lui fut
donnée. »
Le léopard.
Le troisième royaume, la Grèce, est représenté ici, par le symbole du
léopard. Si les ailes sur le lion signifiaient la rapidité des
conquêtes, elles doivent avoir la même signification ici. Le léopard
est lui-même un animal agile, mais ce n’était pas suffisant pour
représenter la carrière de la nation symbolisée ici. On dut lui
rajouter deux ailes. Deux ailes, le même nombre que le lion, n’étaient
pas suffisantes; le léopard devait en avoir quatre. Ceci devait
signifier une rapidité de mouvements sans précédent, ce qui est
reconnu comme un fait historique du royaume Grec. Les conquêtes
grecques sous la direction d’Alexandre furent sans précédent dans
l’histoire antique par leur soudaineté et leur rapidité. Ses exploits
militaires sont résumés par W. W. Tarn : « Il était un maître dans la
combinaison d’armes diverses; il enseigna au monde les avantages des
campagnes d’hivers, la valeur de la poursuite sans relâche poussée à
l’extrême, et du principe de ‘marcher divisés, combattre unis’. Il
marchait, en général, en deux divisions, l’une conduisant
l’impedimenta et la sienne voyageant avec peu de charge; sa vitesse de
mouvement était extraordinaire. On dit qu’il attribuait ses succès
militaires au fait qu’il « ne négligeait rien »... Les énormes
distances qu’il parcourait en pays inconnu impliquaient une très haute
capacité d’organisation; en dix ans il essuya seulement deux gros
revers... Si un homme de moindre envergure avait tenté ce qu’il
réalisa, et échoua, nous en aurions entendu suffisamment sur les
difficultés militaires sans espoirs de l’entreprise ».
« Cet animal avait quatre têtes ». L’empire Grec maintint son unité
aussi longtemps que la vie d’Alexandre. Après une brillante carrière
qui prit fin lors d’une fièvre due à une orgie bien arrosée, l’empire
fut divisé entre ses quatre principaux généraux. Cassandre eut la
Macédoine et l’ouest de la Grèce; Lysimaque reçut la Thrace et les
parties de l’Asie qui sont sur l’Hellespont [Dardanelles] et le
Bosphore dans le Nord; Ptolémé reçut l’Égypte, la Lydie, l’Arabie, la
Palestine et la Coelosyrie dans le Sud; et Séleucos la Syrie et tout
le reste des territoires d’Alexandre le Grand à l’Est. Vers l’année
301 av. J.-C., à la mort d’Antigonos, la division du royaume
d’Alexandre en quatre parties fut achevée par ses généraux. Cette
division était représentée par les quatre têtes du léopard.
Les paroles de la prophétie s’accomplirent dans tous les détails.
Alexandre ne laissant aucun successeur disponible, pourquoi l’immense
empire ne fut-il pas divisé en de nombreux fragments insignifiants?
Pour des raisons que la prophétie prévit et prédit. Le léopard avait
quatre têtes, le puissant bouc avait quatre cornes, le royaume devait
être divisé en quatre parties, et il le fut (Voir les commentaires
plus complets sur
Daniel 8 ).
7 : « Après cela, je regardais pendant mes visions nocturnes,
et voici, il y avait un quatrième animal, terrible, épouvantable et
extraordinairement fort; il avait de grandes dents de fer, il
mangeait, brisait, et il foulait aux pieds ce qui restait; il était
différent de tous les animaux précédents, il avait dix cornes. »
La bête épouvantable.
L’inspiration ne trouva dans la nature aucune bête pouvant symboliser
le pouvoir décrit ici. L’ajout de sabots, de têtes, de cornes, d’ailes,
d’écailles, de dents et de griffes à une quelconque bête dans la
nature ne suffisait pas. Ce pouvoir est différent de n’importe quelle
chose trouvée dans le règne animal.
On pourrait baser tout un volume sur le verset 7, mais par manque
d’espace nous sommes obligés de le traiter brièvement. Cette bête
correspond à la quatrième partie de la grande statue : les jambes de
fer. Dans le commentaire sur
Daniel 2:40
nous avons donné les raisons que nous avons de croire que ce pouvoir
est Rome. Les mêmes raisons s’appliquent à la prophétie que nous
étudions maintenant. Avec quelle exactitude Rome répond à la partie de
fer de la statue! Avec quelle exactitude elle correspond à la bête que
nous étudions. Par l’épouvante et la terreur qu’elle inspire, et par
sa grande force, elle répond admirablement à la description prophétique.
Jamais auparavant le monde n’avait vu chose pareille. Elle dévorait
comme avec des dents de fer, elle mettait en pièces tout ce qui se
trouvait sur son passage. Elle foulait les nations dans la poussière
sous ses sabots d’airain. Elle avait dix cornes qui, selon ce qui est
écrit au verset 24, étaient dix rois, ou dix royaumes, qui devaient
s’élever de cet empire. Selon ce qui a été noté dans les commentaires
sur
Daniel 2,
Rome fut divisé en dix royaumes. Ces divisions ont été mentionnées
comme étant les dix royaumes de l’empire Romain.
8 : « Je considérais les cornes, et voici, une autre petite
corne sortit du milieu d’elles, et trois des premières cornes furent
arrachées devant cette corne; et voici, elle avait des yeux comme des
yeux d’homme, et une bouche qui parlait avec arrogance. »
Daniel considéra les cornes. Un étrange mouvement apparut parmi elles.
Une autre corne, petite au début, mais plus tard plus grosse que ses
compagnes, s’éleva. Elle ne se contenta pas de trouver sa place parmi
les autres, et de l’occuper; elle dut en mettre quelques-unes de côté,
et usurper leur place. Trois royaumes furent arrachés.
La petite corne parmi les dix.
Cette petite corne, comme nous aurons l’occasion de la décrire plus en
détails, plus loin, était la papauté. Les trois cornes arrachées à la
base représentaient les Hérules, les Ostrogoths, et les Vandales. La
raison pour laquelle ils furent supprimés était leur opposition aux
enseignements et aux prétentions de la hiérarchie papale.
Cette corne « avait des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche qui
parlait avec arrogance » les attributs de l’astuce, de la
perspicacité, et des prétentions arrogantes d’une organisation
religieuse apostate.
9-10 : «
9 Je regardais, pendant que l’on plaçait des trônes. Et
l’Ancien des jours s’assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et
les cheveux de sa tête étaient comme de la laine pure; son trône était
comme des flammes de feu, et les roues comme un feu ardent.
10 Un
fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le
servaient, et dix mille millions se tenaient en sa présence. Les juges
s’assirent, et les livres furent ouverts. »
Une scène du jugement.
On ne trouvera pas dans la Parole de Dieu, de description aussi
sublime que cette scène imposante. Ce ne sont pas seulement les
représentations grandioses et sublimes qui doivent attirer notre
attention; la nature de la scène elle-même demande notre plus
sérieuse considération. Le jugement nous est présenté. Chaque fois
qu'il nous est présenté, la révérence doit s’emparer de chaque esprit,
parce que nous sommes tous profondément concernés par son dénouement.
Par une traduction malheureuse du verset 9, on a de forte chance de
faire naître une idée erronée. La phrase « on plaçait » vient du mot
Chaldéen remi, qui peut être correctement rendue par « jeté avec
violence », parole utilisée pour décrire le lancement des trois
Hébreux dans la fournaise ardente, et le lancement de Daniel dans la
fosse aux lions. Mais l’autre traduction également correcte est
« placer ou mettre en ordre », comme la mise en place des sièges pour
le jugement mentionné ici, ou aussi une mise en place ou mise en ordre
comme dans
Apocalypse 4:2,
où le Grec a la même signification. La traduction de
Daniel 7:9
par Louis Segond est donc correcte, « on plaçait des trônes ».
Gesenius définit la racine remah, en citant
Daniel 7:9
comme exemple.
L’Ancien des jours, Dieu le Père, préside le jugement. Remarquez la
description de Sa personne. Ceux qui croient en l’impersonnalité de
Dieu sont obligés d’admettre qu’il est décrit ici comme un être
personnel, mais ils se consolent en disant que c’est la seule
description de cette sorte qu’il y a dans la Bible. Nous n’acceptons
pas cette dernière assertion; mais admettons qu’elle soit vraie, une
seule description de la sorte n’est-elle pas aussi fatale pour leur
théorie que si elle était répétée une douzaine de fois? Les mille
milliers qui le servaient et les dix mille millions qui se tenaient en
Sa présence ne sont pas des pécheurs assignés à comparaître en jugement,
mais les êtres célestes qui officient devant Lui, attendant Sa volonté.
Jean vit les mêmes assistants célestes devant le trône de Dieu, et il
décrit la scène majestueuse en ces termes : « Je regardai, et
j’entendis la voix de beaucoup d’anges autour du trône et des êtres
vivants et des vieillards, et leur nombre était des myriades de
myriades et des milliers de milliers » (
Apocalypse 5: 11 ).
Une pleine compréhension de ces versets implique une compréhension des
services du sanctuaire.
Le jugement décrit ici, est la fin du ministère de Christ, notre
Souverain Sacrificateur, dans le sanctuaire céleste. C’est un jugement
investigatif. Les livres sont ouverts, et les cas de tous sont
examinés devant le grand tribunal, afin que soit décidé au préalable
qui doit recevoir la vie éternelle lorsque le Seigneur viendra la
remettre à son peuple. Un autre passage de
Daniel 8:14
témoigne que cette oeuvre solennelle se réalise en ce moment même dans
le sanctuaire céleste.
11-12 : «
11 Je regardais alors, à cause des paroles arrogantes
que prononçait la corne; et tandis que je regardais, l’animal fut tué,
et son corps fut anéanti, livré au feu pour être brûlé.
12 Les autres
animaux furent dépouillés de leur puissance, mais une prolongation de
vie leur fut accordée jusqu’à un certain temps. »
La fin de la quatrième bête.
Il y en a qui croient qu’il y aura un règne de mille ans de justice
dans le monde entier avant la venue de Christ. D’autres pensent qu’il
y aura un temps de grâce après la venue du Seigneur, pendant lequel
les justes immortels proclameront encore l’Évangile aux pécheurs
mortels, et ils les guideront dans le chemin du salut. Aucune de ces
théories ne peut être appuyée par la Bible, comme nous le verrons.
La quatrième bête épouvantable continue sans changement de caractère;
et la petite corne continue à proférer ses blasphèmes, enfermant ses
millions d’adeptes dans les liens de l’aveuglement de la superstition,
jusqu’à ce que la bête soit livrée aux flammes dévorantes. Ceci ne
représente pas sa conversion mais sa destruction (Voir
2 Thessaloniciens 2:8 ).
La vie de la quatrième bête n’est pas prolongée après la disparition
de sa domination, comme cela arriva avec les bêtes précédentes. Leur
domination leur fut enlevée, mais leur vie fut prolongée pour une
période. Le territoire et les sujets du royaume Babylonien existent
toujours, bien qu’ils soient ressortissants Perses. Il arriva la même
chose au royaume Perse avec la Grèce, et des Grecs avec Rome. Mais
qu’en est-il du quatrième royaume? Ce qui le suit n’est pas un
gouvernement ou un état dans lequel les mortels ont une part. Sa
carrière prend fin dans le lac de feu, et il n’a plus d’existence. Le
lion fut absorbé par l’ours, l’ours par le léopard, le léopard par la
quatrième bête. Mais la quatrième bête n’est pas absorbée par une
autre bête. Elle est jetée dans le lac de feu.
13-14 : «
13 Je regardais pendant mes visions nocturnes, et
voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à un fils
de l’homme; il s’avança vers l’Ancien des jours, et on le fit
approcher de lui.
14 On lui donna la domination, la gloire et le
règne; et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes
langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui
ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit. »
Le Fils de l’homme reçoit son royaume.
La scène décrite ici n’est pas la seconde venue de Christ sur cette
terre, car l’Ancien des jours n’est pas sur la terre, et la venue dont
il est question ici est celle de l’Ancien des jours. Là, en présence
du Père, le Fils de l’homme reçoit la domination, la gloire, et le
royaume. Christ reçoit Son royaume avant son retour sur la terre (Voir
Luc 19:10-12 ).
C’est donc une scène qui prend place dans le ciel, et qui est en
étroite relation avec celle qui est présentée dans les versets 9 et
10. Christ reçoit Son royaume à la fin de Sa prêtrise dans le
sanctuaire. Les peuples et les nations qui Le serviront sont les
rachetés (
Apocalypse 21:24 ),
et pas les nations impies de la terre, car elles seront détruites par
l’éclat de la seconde venue de Christ (
Psaumes 2:9;
2 Thessaloniciens 2:8 ).
Ceux qui serviront Dieu avec joie et bonheur sortiront de toutes les
nations, peuples, et tribus de la terre. Ils hériteront le royaume de
notre Seigneur.
15-18 : «
15 Moi, Daniel, j’eus l’esprit troublé au dedans de
moi, et les visions de ma tête m’effrayèrent.
16 Je m’approchai de
l’un de ceux qui étaient là, et je lui demandai ce qu’il y avait de
vrai dans toutes ces choses. Il me le dit, et m’en donna
l’explication :
17 Ces quatre grands animaux, ce sont quatre rois qui
s’élèveront de la terre;
18 mais les saints du Très-Haut recevront le
royaume, et ils posséderont le royaume éternellement, d’éternité en
éternité. »
La vision interprétée par Daniel.
Nous ne devrions pas être moins préoccupés que Daniel pour comprendre
la vérité de ces choses. Nous avons l’assurance que lorsque nous
cherchons avec un coeur sincère, nous trouverons le Seigneur aussi
disposé à nous communiquer une compréhension correcte de ces
importantes vérités aujourd’hui, qu’il l’était à l’époque du prophète.
Les bêtes et les royaumes qu’elles représentent ont déjà été
expliqués. Nous avons suivi le prophète à travers le cours des
événements, et même jusqu’à la destruction de la quatrième bête, la
défaite finale de tous les gouvernements terrestres. Ensuite, la scène
change, puisque nous lisons : « les saints du Très-Haut recevront le
royaume » (verset 18). Les saints, méprisés, couverts d’opprobre,
persécutés, exilés; considérés parmi les hommes comme ceux qui étaient
les moins désignés à voir se matérialiser leurs espérances, ceux-ci
prendront possession du royaume pour toujours! L’usurpation et le
mauvais gouvernement des impies cesseront. L’héritage perdu à cause du
péché sera racheté. La paix et la justice régneront éternellement sur
toute l’étendue de la terre rénovée.
19-20 : «
19 Ensuite je désirai savoir la vérité sur le
quatrième animal, qui était différent de tous les autres, extrêmement
terrible, qui avait des dents de fer et des ongles d’airain, qui
mangeait, brisait, et foulait aux pieds ce qui restait;
20 et sur les
dix cornes qu’il avait à la tête, et sur l’une qui était sortie et
devant laquelle trois étaient tombées, sur cette corne qui avait des
yeux, une bouche parlant avec arrogance, et une plus grande apparence
que les autres. »
La vérité sur la quatrième bête.
Daniel comprenait clairement tout ce qui concernait les trois
premières bêtes de cette vision. Mais la quatrième bête l’étonnait par
son caractère épouvantable et contraire à la nature. Il désira obtenir
plus d’information au sujet de cette bête et de ses dix cornes, et
plus particulièrement sur la petite corne qui était apparue après les
autres, et qui avait « une plus grande apparence que les autres ». Le
lion est un produit de la nature, mais il lui était nécessaire d’avoir
deux ailes pour représenter le royaume de Babylone. L’ours aussi se
trouve dans la nature, mais comme symbole de Médo-Perse les trois
côtes qu’il tient dans la bouche dénote une férocité qui n’est pas
naturelle. Le léopard est également un animal de la nature, mais pour
qu’il puisse représenter la Grèce de façon appropriée, il était
nécessaire de lui ajouter quatre ailes et quatre têtes. Mais la nature
ne pouvait donner aucun symbole qui puisse illustrer de manière
adéquate le quatrième royaume. Aussi, la vision introduit-elle une
bête jamais vue, une bête épouvantable et terrible, avec des griffes
d’airain et des dents de fer, et qui était si cruelle, rapace et
féroce, que par le plaisir qu’elle trouvait dans l’oppression,
dévorait et réduisait en pièces ses victimes pour les fouler ensuite
sous ses pieds.
Bien que cela lui parût stupéfiant, quelque chose d’encore plus
étonnant attira l’attention du prophète. Une petite corne s’éleva,
qui fidèle à la nature de la bête de laquelle elle était sortie,
écarta trois de ses compagnes. Mais c’était une corne qui avait des
yeux. Ce n’étaient pas les yeux incultes d’une brute, mais les yeux
aigus, astucieux et intelligents d’un homme. Ce qu’il y avait encore
de plus étrange, c’était qu’elle avait une bouche, et qu’avec cette
bouche elle proférait des paroles pleines d’orgueil, d’absurdité et
d’arrogance. Il n’est pas étrange que le prophète ait réclamé plus
d’information concernant ce monstre, qui n’a rien de terrestre dans
ses instincts, dans la férocité de ses oeuvres et dans ses
agissements. Dans les versets suivants, des caractéristiques nous sont
données concernant cette petite corne, permettant à celui qui étudie
les prophéties de faire l’application de ce symbole sans danger de se
tromper.
21-22 :
21 « Je vis cette corne faire la guerre aux saints, et
l’emporter sur eux,
22 jusqu’au moment où l’Ancien des jours vint
donner droit aux saints du Très-Haut, et le temps arriva où les
saints furent en possession du royaume. »
La petite corne fait la guerre aux saints.
La colère étonnante de cette petite corne contre les saints attire
toute l’attention de Daniel. La naissance des dix cornes, ou mieux dit,
la division de Rome en dix royaumes, entre les années 351 et 476, a
déjà été étudiée dans les commentaires sur
Daniel 2:41.
Comme ces cornes représentent des royaumes, la petite corne doit aussi
représenter un royaume, mais pas de la même nature, parce qu’elle
était différente des autres, qui étaient des royaumes politiques.
Maintenant, il nous suffit de vérifier si depuis 476 ap. J.-C., aucun
royaume ne s’est élevé parmi les dix divisions de l’empire Romain
qui soit différent de tous les autres; et si c’est le cas, quel
est-il? La réponse est : Oui, le royaume spirituel de la papauté. Il
répond au symbole dans tous ses détails, comme nous le verrons au fur
et à mesure de notre progression.
Daniel vit ce pouvoir faire la guerre aux saints. Y eut-il une guerre
menée par la papauté? Des millions de martyrs répondent : Oui. Les
cruelles persécutions contre les Vaudois, les Albigeois, les
Protestants en général, témoignent contre le pouvoir papal.
Au verset 22, trois événements consécutifs semblent apparaître. En
regardant plus en avant, au moment où la petite corne atteint
l’apogée de sa puissance jusqu’au terme de la longue controverse
entre les saints et Satan avec ses agents, Daniel note trois
événements qui se détachent comme les bornes kilométriques le long du
chemin :
- La venue de l’Ancien des jours, c’est-à-dire la position que
Jéhova occupe lors de l’ouverture de la scène du jugement décrite
dans les versets 9 et 10.
- Le jugement qui est donné aux saints, à savoir, le moment où les
saints siègent avec Christ durant mille ans, après la première
résurrection (
Apocalypse 20:1-4 ),
et assignent aux méchants le châtiment que leurs péchés
méritent. Les martyrs s’assiéront alors pour juger la grande
puissance persécutrice, qui, à l’époque de leur affliction les
poursuivait comme des bêtes du désert, et versait leur sang
comme de l’eau.
- Le moment où les saints prennent possession du royaume,
c’est-à-dire, le moment où ils reçoivent la nouvelle terre.
Alors le dernier vestige de la malédiction du péché, et des
pécheurs, racine et rameaux, aura été effacé, et le territoire
si longtemps mal gouverné par les pouvoirs impies de la terre,
les ennemis du peuple de Dieu, leur sera donné pour toujours (
1 Corinthiens 6:2, 3;
Matthieu 25:34 ).
23-26 : «
23 Il me parla ainsi : Le quatrième animal, c’est un
quatrième royaume qui existera sur la terre, différent de tous les
royaumes, et qui dévorera toute la terre, la foulera et la brisera.
24 Les dix cornes, ce sont dix rois qui s’élèveront de ce royaume. Un
autre s’élèvera après eux, il sera différent des premiers, et il
abaissera trois rois.
25 Il prononcera des paroles contre le Très-Haut,
il opprimera les saints du Très-Haut, et il espérera changer les temps
et la loi; et les saints seront livrés entre ses mains pendant un
temps, des temps, et la moitié d’un temps.
26 Puis viendra le
jugement, et on lui ôtera sa domination, qui sera détruite et anéantie
pour jamais. »
L’ascension et l’oeuvre de la petite corne.
Il en a peut-être déjà été dit suffisamment sur la quatrième bête
(Rome) et les dix cornes, ou dix royaumes, qui sortirent de cette
puissance. La petite corne demande maintenant plus particulièrement
notre attention. Comme il est dit dans les commentaires sur le verset
8, nous trouvons l’accomplissement de cette prophétie concernant cette
corne dans l’ascension et l’oeuvre de la papauté. C’est un sujet à la
fois intéressant et important; aussi, il faut examiner les causes qui
favorisèrent le développement de ce pouvoir arrogant.
Le premier pasteur ou évêque de Rome jouissait d’un respect
proportionné au rang de la ville où il résidait. Durant les premiers
siècles de l’ère chrétienne, Rome était la plus grande, la plus riche,
et la plus puissante cité du monde. Elle était le siège de l’empire,
la capitale des nations. « Tous les habitants de la terre lui
appartenaient », dit Julien; et Claudien déclara qu’elle était « la
fontaine des lois ». « Si Rome est la reine des villes, pourquoi son
pasteur ne serait-il pas le roi des évêques? » c’était le raisonnement
que ces pasteurs Romains présentaient. « Pourquoi l’église Romaine ne
serait-elle pas la mère de la chrétienté? Pourquoi toutes les nations
ne seraient-elles pas ses enfants, et son autorité leur loi
souveraine? C’était facile de raisonner de la sorte, dit d’Aubigné
dont nous citons les paroles, pour le coeur ambitieux de l’homme.
C’est ce que fit la Rome ambitieuse. »
Les évêques des différentes parties de l’empire Romain aimaient
attribuer à l’évêque de Rome une partie de l’honneur que la ville
recevait des nations de la terre. À l’origine, cet honneur qu’ils lui
décernaient n’était pas de leur part l’indice de leur dépendance.
« Mais -- continue d’Aubigné -- le pouvoir usurpé s’accrut comme une
avalanche. Les remontrances, au début fraternelles, ne tardèrent pas à
devenir des ordres absolus dans la bouche du pontife... Les évêques
occidentaux favorisèrent cette usurpation des pasteurs romains, soit
par jalousie envers les évêques orientaux, soit parce qu’ils
préféraient se soumettre à la suprématie d’un pape plutôt qu’à un
pouvoir temporel ». Telles furent les influences qui se concentrèrent
autour de l’évêque de Rome, et ainsi, tout tendait à l’élever
rapidement à la suprématie spirituelle de la chrétienté.
Le défi de l’arianisme.
Mais le quatrième siècle était destiné à être le témoin d’un obstacle
projeté en travers de la trajectoire de son rêve ambitieux. La
prophétie avait déclaré que le pouvoir représenté par la petite corne
écarterait trois rois. Par la naissance et l’essor de l’arianisme, au
début du quatrième siècle, et le défi que présentait la suprématie
papale, nous trouvons les causes qui conduisirent à l’éviction de
trois des royaumes de la Rome occidentale par la puissance papale.
Arius, curé de l’ancienne et influente église d’Alexandrie, proclama
sa doctrine au monde, et provoqua une controverse si violente dans
l’église chrétienne que l’empereur Constantin convoqua le concile
général de Nicée en 325, pour examiner ses enseignements et trancher
la question. Arius maintint que « le Fils était totalement et
essentiellement distinct du Père; qu’Il était le premier et le plus
noble des êtres que le Père créa, l’instrument par l’action accessoire
duquel le Père Tout-Puissant forma l’univers, et qui était donc aussi
inférieur au Père dans sa nature que dans sa dignité. » Cette opinion
fut condamnée par le concile, qui décréta que Christ était de la même
substance que le Père. À la suite de cela, Arius fut exilé en Illyrie,
et ses partisans se virent obligés d’accepter le credo rédigé à cette
occasion.
Mais la controverse elle-même, ne pouvait cependant pas se terminer de
cette façon sommaire. Durant des siècles elle continua à agiter le
monde chrétien, les ariens devenant partout les ennemis acharnés du
pape et de l’église Catholique Romaine. Il était évident que
l’extension de l’Arianisme devait freiner la marche en avant du
Catholicisme, et que la possession de l’Italie et sa capitale de
renom par un peuple Arien serait fatale à la suprématie d’un évêque
catholique. La prophétie a pourtant déclaré que cette corne
symbolisant la papauté s’élèverait au pouvoir suprême, et qu’en
accédant à cette position elle asservirait trois rois.
La petite corne renverse trois puissances ariennes.
Il y a eut certaines divergences d’opinion quant aux puissances qui
furent renversées par la papauté lorsqu’elle s’éleva au pouvoir. Les
remarques d’Albert Barnes sur ce sujet semblent pertinentes : « Par la
confusion qui existait lors de la division de l’empire Romain, et par
les récits imparfaits que nous avons des événements qui se déroulèrent
lors de l’ascension du pouvoir papal, il n’est pas étonnant qu’il ait
été difficile de trouver des événements clairement enregistrés qui
aurait été dans tous ces aspects un accomplissement exact et absolu de
la vision. Cependant, il est possible de discerner son accomplissement
dans l’histoire du pape, avec un degré raisonnable de certitude. »
Joseph Mède suppose que les trois royaumes renversés étaient ceux des
Grecs, des Lombards et des Francs; et Isaac Newton pense que ces trois
royaumes furent l’exarchat de Ravenne, le royaume des Lombards et le
sénat du duché de Rome. Thomas Newton oppose de sérieuses objections
à ces deux suppositions. Les Francs ne peuvent pas être l’un de ces
trois royaumes car ils ne furent jamais renversés. Quand aux Lombards,
ils ne furent jamais assujettis aux papes. Albert Barnes dit plus
loin : « Je ne crois pas vraiment que le royaume des Lombards était,
comme on le dit communément, au nombre des souverainetés temporelles
qui furent soumises à l’autorité des papes. » Le sénat et le duché de
Rome ne peuvent avoir été l’un d’eux, car ils ne constituèrent jamais
l’un des dix royaumes, desquels trois furent renversés devant la petite
corne.
Mais nous nous rendons compte que la principale difficulté que ces
deux éminents commentateurs rencontrèrent dans l’application qu’ils
firent de la prophétie sur l’exaltation de la papauté, résidait dans
le fait qu’ils supposèrent que la prophétie ne s’était pas encore
accomplie, et qu’elle ne le serait pas tant que le pape ne deviendrait
pas un prince temporel. Aussi, tentèrent-ils de trouver la réalisation
de la prophétie dans les événements qui favorisèrent la suprématie
temporelle du pape. Mais de toute évidence, la prophétie des versets
24 et 25, se réfèrent non pas à un pouvoir civil mais à son pouvoir de
dominer les esprits et les consciences des hommes. La papauté parvint
à exercer ce pouvoir en 538, comme nous le verrons plus loin.
Le mot « devant », utilisé dans les versets 8 et 20, est la traduction
du Chaldéen qadam, dont le radical signifie « en face ». Associé avec
min qui signifie « de », Davidson le traduit par « de la présence de »,
et Gesenius dit qu’il équivaut à l’hébreux lipna, qui veut dire « en
présence de ». Il correspond donc à notre adverbe de lieu « devant »
comme dans la phrase qui se trouve au verset 10, qui a été traduit de
façon appropriée par « de devant lui ». Nous avons donc, au verset 8,
l’image d’une petite corne qui force le passage entre les dix autres
et qui arrache avec violence trois cornes de devant elle. Au verset
20, il est dit : « devant laquelle trois étaient tombées » comme si
elles étaient vaincues par elle. Au verset 24, nous lisons qu’un autre
roi, représentant la petite corne, « abaissera trois rois [cornes] »,
manifestement par la violence. Bien que la parole qadam s’utilise
aussi dans le sens de temps, comme au verset 7, où elle est rendue par
le mot « précédent », il ne fait aucun doute qu’elle est utilisée
comme adverbe de lieu dans les trois versets cités plus haut. Edward
Elliott accepte tout à fait cette interprétation (Voir la page 52).
Nous affirmons en toute confiance que les trois puissances, ou cornes,
renversées sont les Hérules, les Vandales, et les Ostrogoths; et cette
croyance se base sur des faits historiques sérieux. Odoacre, le chef
des Hérules, fut le premier des barbares qui régna sur les Romains.
Il accéda au trône d’Italie en 476. Au sujet de ses croyances
religieuses, Gibbon dit : « Comme le reste des barbares, il avait été
instruit dans l’hérésie de l’Arianisme; mais il révérait les
caractères monacaux et épiscopaux; et le silence des Catholiques
atteste de la tolérance dont ils jouirent. »
Le même auteur dit : « Les Ostrogoths, les Burgondes, les Suèves, et
les Vandales, qui avaient écouté l’éloquence du clergé latin,
préférèrent les leçons plus intelligibles de leurs maîtres familiers;
et l’Arianisme fut adopté comme la foi nationale des guerriers
convertis qui s’étaient assis sur les ruines de l’empire de l’Ouest.
Cette différence incompatible de religion était une perpétuelle source
de jalousie et de haine; et le reproche d’être barbare était exacerbé
par le plus odieux épithète d’hérétique. Les héros du Nord, qui
s’étaient soumis avec répugnance à croire que tous leurs ancêtres
étaient en enfer, furent étonnés et exaspérés d’apprendre qu’eux-mêmes
n’étaient parvenus qu’à changer leur condamnation éternelle. »
La doctrine arienne eut une influence notable sur l’église de cette
époque, comme le démontrent les paragraphes suivants : « Tout
l’immense peuple Goth qui descendit sur l’empire Romain, dans ce qu’il
avait de chrétien, révérait la foi de l’hérétique d’Alexandrie. Notre
première version Teutonique des Écritures fut faite par un
missionnaire Arien, Ulfilas. Le premier conquérant de Rome, Alaric, le
premier conquérant d’Afrique, Genséric, étaient Ariens. Théodocic le
Grand, roi d’Italie, et héros de la mythologie germanique de
« Nibelungen », était Arien. Le vide de son tombeau massif à Ravenne,
est un témoignage de la vengeance des Orthodoxes contre sa mémoire,
quand dans leur triomphe, ils brisèrent l’urne de porphyre dans
laquelle ses sujets avaient gardé ses cendres. »
Ranke dit : « Mais elle [l’église] tomba, comme c’était inévitable,
dans beaucoup de situations embarrassantes, et se retrouva dans une
condition complètement modifiée. Un peuple païen prit possession de la
Grande Bretagne; des rois Ariens s’emparèrent de la plus grande partie
du reste de l’occident; tandis que les Lombards, longtemps attachés à
l’Arianisme, établirent, comme leurs voisins les plus dangereux et
hostiles, une souveraineté puissante aux portes même de Rome.
Entre-temps, les évêques Romains, assiégés de toute part,
s’efforcèrent avec toute la prudence et la persévérance, qui sont
restées leurs attributs particuliers, de récupérer la suprématie, au
moins dans leur diocèse patriarcal. »
Machiavelli dit : « Presque toutes les guerres que les barbares du
Nord réalisèrent en Italie, qui peuvent être remarquées ici, furent
occasionnées par les pontifes; et les hordes qui inondèrent le pays,
furent généralement provoquées par eux. »
La relation que ces rois Ariens entretinrent avec le pape est montrée
par le témoignage suivant de Mosheim dans son histoire de l’église :
« D’autre part, il est confirmé, aussi bien par une variété des
annales les plus authentiques que par les empereurs, que les nations
en général étaient loin de se sentir disposées à supporter patiemment
le joug de servitude que le siège épiscopal de Rome imposait avec
arrogance à l’église chrétienne. Les princes goths mirent des limites
au pouvoir de l’évêque de Rome en Italie; ils ne permirent que
personne ne fût élevé au pontificat sans leur approbation, et ils se
réservèrent le droit de juger la légalité de chaque nouvelle élection. »
Une circonstance qui prouve cette déclaration arriva dans l’histoire
d’Odoacre, le premier roi Arien déjà mentionné. Quand à la mort du
pape Simplicius, en 483, le clergé et le peuple se rassemblèrent pour
l’élection du nouveau pape, Basilius, le lieutenant du roi Odoacre
apparut soudain dans l’assemblée, et il exprima sa surprise de voir
qu’on entreprenait la succession du pape défunt sans lui; il déclara,
au nom du roi, que tout ce qui avait été fait était annulé et il
ordonna qu’on recommence à nouveau l’élection.
Pendant ce temps, Zénon, l’empereur de l’Est, et ami du pape,
souhaitait chasser Odoacre hors d’Italie, ce qu’il eut très vite la
satisfaction de voir se réaliser sans aucun dérangement de sa part.
Théodoric avait accédé au trône du royaume Ostrogoth de Mésie et
Pannonie. Etant en bons termes avec Zénon, il lui écrivit qu’il lui
était impossible de retenir ses Goths dans la province appauvrie de
Pannonie, et il lui demandait la permission de les emmener dans une
région plus favorable qu’ils pourraient conquérir et posséder. Zénon
lui donna la permission de marcher contre Odoacre et de prendre
possession de l’Italie. Donc, après cinq ans de guerre, le royaume
Hérule de l’Italie fut détruit, Odoacre mourut trahi, et Théodoric
établit son royaume Ostrogoth dans la péninsule Italienne. Comme nous
l’avons déjà mentionné, il était Arien, et il conserva la loi
d’Odoacre, qui soumettait l’élection du pape à l’approbation du roi.
L’incident suivant démontrera à quel point le pape était soumis à son
pouvoir. Comme les Catholiques d’Orient avaient entrepris une
persécution contre les Ariens en 523, Théodoric convoqua le pape Jean
et lui parla de cette façon : « Si l’empereur [Justin, le prédécesseur
de Justinien] ne pense pas révoquer l’édit qu’il a promulgué
dernièrement contre ceux de ma religion [c’est-à-dire les Ariens],
j’ai la ferme intention de promulguer le même édit contre ceux de la
sienne [c’est-à-dire les Catholiques]; et je veillerai à ce qu’il soit
exécuté avec la même rigueur. Ceux qui ne professent pas la foi de
Nicée sont des hérétiques pour lui, et ceux qui la professent le sont
pour moi. Tout ce qui peut excuser ou justifier sa sévérité contre les
précédents, excusera ou justifiera la mienne contre les derniers. Mais
l’empereur -- continua le roi -- n’a personne autour de lui qui ose
lui dire franchement et ouvertement ce qu’il pense, et il ne
l’écouterait même pas s’il y avait quelqu’un pour le faire. Mais la
grande vénération qu’il professe avoir pour votre Saint-Siège, ne me
laisse aucun doute qu’il vous écoutera. Aussi, je veux que vous alliez
immédiatement à Constantinople, et que là vous protestiez en mon nom
et en votre nom, contre les violentes mesures que cette cour a
engagées d’une façon téméraire. Il est en votre pouvoir d’en détourner
l’empereur; et tant que vous n’y serez pas parvenu, tant que les
Catholiques [ce mot, Théodoric l’applique aux Ariens] ne pourront pas
à nouveau exercer librement leur religion, et tant que toutes leurs
églises desquelles ils ont été dépossédés ne leur seront pas rendues,
ne pensez pas revenir en Italie. »
Le pape qui reçut ainsi de l’empereur Arien l’ordre péremptoire de ne
pas remettre les pieds sur le sol Italien jusqu’à ce qu’il ait
accompli la volonté du roi, ne pouvait certainement pas espérer faire
beaucoup de progrès dans n’importe quelle sorte de suprématie tant que
ce pouvoir ne serait pas éliminé.
On peut se faire une idée exacte des sentiments que le parti du pape
éprouvait envers Théodoric par le récit de leur vengeance envers sa
mémoire. Ils arrachèrent de sa tombe l’urne dans laquelle ses sujets
Ariens avaient recueilli ses cendres. Ces sentiments sont exprimés par
Baronius lorsqu’il invective Théodoric de « barbare cruel, de tyran
barbare, et d’Arien impie. »
Alors que les Catholiques ressentaient les restrictions d’un roi Arien
en Italie, ils souffraient de violentes persécutions de la part des
Vandales Ariens en Afrique. Elliott dit : « Les rois Vandales étaient
non seulement Ariens, mais aussi persécuteurs des Catholiques, tant en
Sardaigne et en Corse, sous l’épiscopat romain, qu’en Afrique. »
Telle était la situation, lorsqu’en 533, Justinien commença ses
guerres contre les Vandales et les Goths. Désirant obtenir l’appui du
pape et du parti Catholique, il promulgua ce décret mémorable qui
devait faire du pape la tête des églises, décret, qui devint effectif
en 538, date du commencement de la suprématie papale. Quiconque lit
l’histoire de la campagne africaine (533-534), et de celle réalisée en
Italie (534-538) remarquera que partout, les Catholiques saluèrent
comme des libérateurs les soldats de l’armée de Bélisaire, le général
de Justinien.
Mais aucun décret de cette nature ne pouvait rentrer en vigueur tant
que les peuples Ariens qui s’y opposaient n’étaient pas vaincus.
Cependant, les choses changèrent lorsque durant les campagnes
militaires d’Afrique et d’Italie, les légions victorieuses de
Bélisaire infligèrent un coup si terrible à l’Arianisme que ses
derniers partisans furent vaincus.
Procope relate que la guerre d’Afrique était entreprise par Justinien
pour soulager les chrétiens (Catholiques) de cette région, et que
lorsqu’il exprima son dessein sur la question, le préfet du palais le
dissuada presque de son projet. Mais il eut un rêve dans lequel il lui
était ordonné « de ne pas renoncer à son projet, parce qu’en secourant
les chrétiens, le pouvoir des Vandales serait abattu. »
Mosheim déclare : « Il est vrai que les Grecs qui acceptèrent les
décrets du concile de Nicée [c’est-à-dire des Catholiques],
persécutaient et opprimaient les Ariens partout où s’étendaient leur
influence et leur autorité; mais les partisans du concile de Nicée, ne
furent pas traités moins rigoureusement que leurs adversaires [les
Ariens], surtout en Afrique et en Italie, où ils ressentaient d’une
façon très sévère le poids du pouvoir des Ariens et l’amertume de leur
ressentiment. Les triomphes de l’arianisme furent cependant
transitoires, et leurs jours de prospérité furent totalement éclipsés
lorsque les Vandales furent refoulés d’Afrique, et les Goths expulsés
d’Italie, par les armées de Justinien. »
Elliott résume : « Je pourrais en citer trois de la liste donnée au
début qui furent renversés devant le pape, à savoir : les Hérules,
sous Odoacre, les Vandales, et les Ostrogoths. »
Nous croyons, en nous basant sur les témoignages cités plus hauts, que
les trois cornes expulsées étaient la puissance des Hérules en 493,
celle des Vandales en 534, et finalement celle des Ostrogoths en 553,
bien que l’opposition effective de ces derniers au décret de
Justinien cessa lorsqu’ils furent expulsés de Rome par Bélisaire en
538, selon ce qui est expliqué plus haut.
La petite corne « prononcera des paroles contre le Très-Haut ».
Cette prophétie aussi, s’est malheureusement accomplie dans l’histoire
des papes. Ils ont tenté, ou du moins ils ont permis qu’on leur
attribue des titres qui auraient été exagérés et blasphématoires s’ils
avaient été attribués à des anges de Dieu.
Lucius Ferraris, dans sa Promta Bibliotheca à laquelle se réfère la
Catholic Encyclopedia comme « une véritable encyclopédie de
connaissances religieuses », et « une mine précieuse de renseignements »,
déclare dans ses articles sur le pape, que « le pape de si grande
dignité, est si exalté qu’il n’est pas un simple homme, mais comme
s’il était Dieu, et le vicaire de Dieu... Le pape est de dignité si
sublime et suprême qu’à proprement parlé, il n’a pas été établi à un
rang de dignité, mais plutôt il a été placé au sommet de toutes les
dignités... Le pape est appelé très saint car on présume qu’il l’est
légitimement...
« Le pape seul est appelé, à juste titre, de ‘très saint’, parce que
lui seul est le vicaire de Christ, qui est la fontaine, la source et
la plénitude de toute sainteté... De plus, il est ‘le monarque divin,
l’empereur suprême, et le roi des rois’... Désormais, le pape est
couronné d’une triple couronne, en tant que roi du ciel, de la terre
et des régions inférieures... En outre, la supériorité et la
puissance du pontife Romain ne se réfèrent pas seulement aux choses
célestes, aux terrestres et à celles qui sont sous la terre, mais
aussi elles s’étendent sur les anges, car il leur est supérieur... De
façon que s’il était possible que les anges puissent errer dans la
foi, ou puissent penser différemment au sujet de la foi, ils
pourraient être jugés et excommuniés par le pape... Parce qu’il a une
si grande dignité et un si grand pouvoir qu’il forme avec Christ un
même tribunal...
« Le pape est comme s’il était Dieu sur la terre, seul souverain des
fidèles de Christ, le roi des rois, ayant la plénitude du pouvoir; à
qui le Dieu omnipotent a confié non seulement la direction des choses
terrestres mais celle du royaume céleste... Le pape a une autorité et
un pouvoir si grands qu’il peut modifier, expliquer ou interpréter
même les lois divines. »
Christopher Marcellus, à la quatrième session du cinquième concile du
Latran, dans un discours au pape, s’exclama : « Tu es le pasteur, tu
es le médecin, tu es le directeur, tu es le métayer; finalement, tu es
un autre Dieu sur la terre. »
Adam Clarke dit au sujet du verset 25 : « ‘Il parlera comme s’il
était Dieu’. C’est ce que dit Saint Jérôme de Symmaque. Ceci ne peut
pas s’appliquer aussi clairement et aussi bien qu’aux papes de Rome.
Ils ont assumé l’infaillibilité qui n’appartient qu’à Dieu. Ils ont
professé pardonner les péchés ce que Dieu seul peut faire. Ils ont
déclaré fermer et ouvrir le ciel, qui n’appartient qu’à Dieu seul. Ils
ont professé être supérieurs à tous les rois de la terre, ce qui est
réservé à Dieu. Ils se placent au-dessus de Dieu en prétendant relever
des nations entières de leur serment d’allégeance à leurs rois,
lorsque de tels rois ne leur plaisent pas. Et ils vont à l’encontre de
Dieu lorsqu’ils donnent des indulgences pour le péché. C’est le pire
de tous les blasphèmes. »
La petite corne « opprimera les saints du Très-Haut ».
Il faut peu d’investigations historiques pour prouver que Rome, aussi
bien dans l’Antiquité qu’au Moyen Age, favorisa la destruction de
l’église de Dieu. Des preuves abondantes peuvent être présentées
montrant que, avant et après la Réforme, les guerres, les croisades,
les massacres, les inquisitions et les persécutions de toutes sortes
furent les méthodes adoptées pour obliger tout le monde à se soumettre
au joug Romain.
L’histoire de la persécution médiévale en est un exemple effroyable,
et nous redoutons de nous étendre sur ses détails. Cependant, pour une
meilleure compréhension de ce passage, il est nécessaire de rappeler
certains événements de ces temps malheureux. Albert Barnes, dans son
commentaire de ce passage, remarque :
« Quelqu’un peut-il douter de cette vérité concernant la papauté?
L’Inquisition, la ‘persécution des Vaudois’; les ravages du Duc
d’Albe; les bûchers de Smithfield; les tortures de Goa; à dire vrai,
toute l’histoire de la papauté peut être invoquée pour prouver que
ceci s’applique à son pouvoir. S’il y eut quelque chose qui tenta de
briser ‘les saints du Très-Haut’, qui les aurait retranchés de la
terre pour que la religion évangélique disparaisse, ce furent les
persécutions du pouvoir papal. En 1208, le pape Innocent III proclama
une croisade contre les Vaudois et les Albigeois durant laquelle un
million d’hommes périrent. Depuis la fondation de l’ordre des
Jésuites, en 1540, jusqu’en 1580, 900 000 personnes moururent.
L’Inquisition fit périr 150 000 personnes en trente ans. Dans les
Pays-Bas, 50 000 personnes furent pendues, décapitées, brûlées et
enterrées vivantes pour délit d’hérésie, en l’espace de trente huit
ans, par les édits de Charles V contre les Protestants, jusqu’à la
paix de Cateau-Cambrésis en 1559. Dans l’espace de cinq ans et demi,
sous l’administration du Duc d’Albe, 18 000 personnes furent remises
aux mains des bourreaux. À dire vrai, la plus minime connaissance de
l’histoire de la papauté convaincra n’importe qui, que dire qu’elle
fait « la guerre aux saints », et qu’elle « opprime les saints du
Très-Haut », s’applique strictement à ce pouvoir, et décrit avec
exactitude son histoire. »
Ces faits sont confirmés par le témoignage de W. E. H. Lecky, qui
déclare :
« Que l’église de Rome ait versé plus de sang innocent qu’aucune autre
institution qui ait existé dans tout le genre humain, est quelque
chose qu’aucun Protestant ne mettra en doute s’il a une connaissance
complète de l’histoire. En fait, les documents qui pourraient rappeler
beaucoup de ses persécutions sont si rares maintenant qu’il est
impossible de se faire une idée précise de la multitude de ses
victimes, et il est également certain qu’aucun pouvoir de
l’imagination ne peut parvenir à comprendre leurs souffrances... Ces
atrocités ne furent pas perpétrées en paroxysmes brefs par un royaume
de terreur, ou par les mains d’un obscur sectaire, mais elles étaient
infligées par une église triomphante, en toute solennité et
réflexion. »
Cela ne fait aucune différence, si dans la plupart des cas les
victimes furent remises aux autorités civiles. C’était l’église qui
avait pris la décision sur la question des hérésies, et qui envoyait
ensuite les offenseurs au tribunal séculier. Mais à cette époque, le
pouvoir séculier était un instrument utilisé par les mains de
l’église.
Il était sous son contrôle et il exécutait ses ordres. Lorsque
l’église livrait ses prisonniers aux bourreaux pour être détruits,
elle prononçait, avec une moquerie diabolique, l’expression suivante :
« Nous te laissons et nous te remettons au bras séculier et au pouvoir
du tribunal séculier; mais en même temps nous prions ardemment ce
tribunal de modérer sa sentence pour qu’il ne verse pas ton sang, et
ne mette pas ta vie en danger. » Puis, comme cela était projeté, les
pauvres victimes de la haine papale étaient immédiatement exécutées.
Le témoignage de Lepicier vient à propos sur ce sujet : « Le pouvoir
civil peut punir uniquement le crime d’incrédulité dans la mesure où
le crime a été révélé judiciairement par des personnes
ecclésiastiques, expertes dans la doctrine de la foi. Mais l’église,
en prenant connaissance du crime d’incrédulité, peut décréter elle-même
la sentence de mort, bien qu’elle ne l’exécute pas, mais elle en
confie l’exécution au bras séculier. »
Les fausses affirmations de certains Catholiques que leur église n’a
jamais tué les dissidents, ont été catégoriquement niées par l’un de
leurs porte-voix autorisé, le cardinal Bellarmin, né en Toscane en
1542, et qui, après sa mort en 1621, fut sur le point d’être inscrit
parmi les saints du calendrier pour les grands services qu’il rendit
à l’église. Cet homme, à une certaine occasion, dans le feu d’une
controverse, se trahit au point d’admettre les faits réels. Luther
avait dit que l’église (en parlant de la véritable église) ne brûla
jamais les hérétiques, Bellarmin, ayant compris qu’il s’agissait de
l’église Catholique Romaine, répondit : ‘Cet argument ne prouve pas le
sentiment mais l’ignorance ou l’impudence de Luther; puisqu’un nombre
presque infini de personnes furent brûlées ou tuées d’une tout autre
façon, ou Luther ne le savait pas, donc c’était un ignorant, ou, s’il
le savait, il était coupable d’impudence et de mensonge -- car, ces
hérétiques furent souvent brûlés par l’église et cela peut être
prouvé par quelques-uns des nombreux exemples. »
Alfred Baudrillart, recteur de l’Institut Catholique de Paris, en se
référant à l’attitude de l’église face à l’hérésie, remarque :
« Lorsqu’elle se trouvait confrontée à l’hérésie, elle ne se
contentait pas de la persuasion; les arguments d’ordre intellectuel et
moral lui semblaient insuffisants, et elle recourait à la force, au
châtiment corporel et à la torture. Elle créa des tribunaux comme ceux
de l’Inquisition, et réclama l’aide des lois de l’État; si c’était
nécessaire elle encourageait une croisade, ou une guerre religieuse,
et toute son ‘horreur du sang’ culmine dans son incitation du pouvoir
séculier à le verser, procédé qui est presque encore plus haïssable,
parce que moins franc que de le verser elle-même.
« Elle agit de cette façon, surtout au XVIe siècle contre les
Protestants. Elle ne se contenta pas de réformer moralement,
d’enseigner par l’exemple, de convertir en envoyant des missionnaires
éloquents et saints, elle alluma en Italie, aux Pays-Bas, et surtout
en Espagne, les bûchers de l’Inquisition. En France, sous François
Ier et Henri II, en Angleterre sous Mary Tudor, elle tortura les
hérétiques, tandis qu’aussi bien en France qu’en Allemagne, durant la
seconde moitié du XVIe siècle, et le début du XVIIe, si en fait elle
ne les commença pas, elle stimula et participa activement aux guerres
de religions. »
Dans une lettre du pape Martin V (1417-1431), se trouvent les
instructions suivantes dirigées au roi de Pologne :
« Sachez que l’intérêt du Saint Siège, et de ceux de votre couronne,
vous imposent le devoir d’exterminer les Hussites. Souvenez-vous que
ces impies osent proclamer des principes d’égalité; ils soutiennent
que tous les chrétiens sont frères, et que Dieu n’a pas donné à des
hommes privilégiés le droit de gouverner les nations; ils affirment
que Christ vint sur la terre pour abolir l’esclavage; ils appellent
les gens à la liberté, c’est-à-dire à l’anéantissement des rois et des
prêtres! Aussi, pendant qu’il est temps, dirigez vos forces contre la
Bohème; tuez, faites des déserts partout parce que rien ne pourra être
plus agréable à Dieu, ni plus utile à la cause des rois, que
l’extermination des Hussites. »
Tout ceci est en harmonie avec l’enseignement de l’église. L’hérésie
ne devait pas être tolérée, mais détruite.
La Rome païenne persécuta implacablement l’église Chrétienne. On
calcule que trois millions de chrétiens périrent durant les trois
premiers siècles de l’ère chrétienne. Cependant, on dit que les
premiers chrétiens priaient pour que la Rome impériale subsiste, parce
qu’ils savaient que lorsque cette forme de gouvernement cesserait, un
autre pouvoir persécuteur encore pire se lèverait, qui littéralement
devrait « opprimer les saints du Très-Haut », selon la déclaration de
cette prophétie. La Rome païenne pouvait tuer les enfants, mais elle
pardonnait aux mères; tandis que la Rome papale tuait aussi bien les
mères que les enfants. Il n’y avait pas d’âge, ni de sexe ni de
condition qui puisse être à l’abri de sa colère implacable.
La petite corne « espérera changer les temps et la loi ».
Quelle loi? Pas la loi des autres gouvernements terrestres; car il
n’était pas rare qu’une puissance change les lois d’une autre, chaque
fois qu’elle réussissait à mettre cette autre puissance sous sa
domination. Par des lois humaines ou rien de la sorte; car la petite
corne avait le pouvoir de changer les lois humaines partout où sa
juridiction s’étendait; mais, les temps et la loi mentionnés ici
étaient de telle nature que cette puissance pouvait seulement penser
les changer, mais elle était incapable de le faire. C’est la loi du
même Être à qui appartiennent les saints qui sont opprimés par ce
pouvoir, à savoir, la loi du Très-Haut. Le pape a-t-il tenté de la
changer? Oui, réellement.
Il a ajouté le second commandement au premier, pour en faire un seul,
et il a divisé le dixième en deux, ainsi le neuvième interdit de
convoiter l’épouse du prochain, et le dixième la propriété de son
voisin, afin de conserver le nombre total de dix. Bien que toutes les
paroles du second commandement soient conservées dans la Bible
Catholique Romaine et dans le Catéchisme Romain autorisé par le
Concile de Trente, on trouve dans les deux, des explications
minutieuses précisant que dans le cas des images et des choses
semblables, sauf celles de Dieu lui-même, leur fabrication et leur
emploi n’est pas interdit par le commandement quand elles sont
utilisées pour vénérer les vertus des saints, et non pour les adorer
comme des dieux, ce qui est expressément interdit par le commandement.
Le même principe est aussi appliqué aux cendres, aux os et autres
reliques des saints, et aux représentations des anges.
Certains auteurs Catholiques ont beaucoup à dire pour justifier leur
église de l’usage des images dans leur culte; et ils nous parlent
surtout de leur utilité « pour enseigner au peuple de grandes vérités
religieuses. » Mais en réalité, dans le culte catholique, le rôle joué
par les images ne se limite pas à la phase didactique. On leur voue
une vénération, et le peuple s’incline devant elles et les honore,
choses qui sont précisément interdites, car la défense de faire des
images taillées s’applique quand elles sont destinées à des fins de
culte, et pas lors de l’enseignement.
Quant au quatrième commandement, qui est le troisième après les
changements opérés, le catéchisme de la plus haute autorité dans
l’église Catholique conserva tout le commandement et insista pour que
l’observation scrupuleuse du jour du repos dans la vie personnelle et
le culte public soit un privilège et un devoir sacré.
DECALOGUE ORIGINEL
Selon Exode 20, version Louis Segond
I
Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.
II
Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque
des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la
terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te
prosternera point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi,
l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des
pères et des enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération
de ceux qui me haïssent, et qui fait miséricorde jusqu’en mille
générations de ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.
III
Tu ne prendras point le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain; car
l’Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.
IV
Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six
jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour
du repos de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi,
ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton
bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours
l’Éternel a fait les cieux , la terre et la mer, et tout ce qui y est
contenu, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi
l’Éternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié.
V
Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le
pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne.
VI
Tu ne tueras point.
VII
Tu ne commettras point d’adultère.
VIII
Tu ne déroberas point.
IX
Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
X
Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras
point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni
son boeuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.
DECALOGUE POPULAIRE
Selon le Catéchisme
I
Un seul Dieu tu adoreras, Et aimeras parfaitement.
II
Dieu en vain tu ne jureras, Ni autre chose pareillement.
III
Les dimanches tu garderas, En servant Dieu dévotement.
IV
Tes père et mère honoreras, Afin de vivre longuement.
V
Homicide point ne feras, De fait ni volontairement.
VI
Luxurieux point ne seras, De corps ni de consentement.
VII
Le bien d’autrui tu ne prendras, Ni retiendras à ton escient.
VIII
Faux témoignage tu ne diras, Ni mentiras aucunement.
IX
L’oeuvre de chair ne désireras, Qu’en mariage seulement.
X
Bien d’autrui ne convoiteras, Pour les avoir injustement.
Cependant, elle déclara que le jour particulier, le Sabbat qui devait
être observé, était en relation avec les ordonnances cérémonielles
juives, et qu’avec elles il fut aboli en Christ; raison pour laquelle
le jour de repos doit être observé le premier jour de la semaine,
jour appelé plus communément dimanche.
Pour appuyer la brève déclaration qui précède sur le changement « des
temps et de la loi » par le pape, nous présenterons des preuves prises
de ce Catéchisme de la plus haute autorité dans l’église Catholique
Romaine. En accord avec The Catholic Encyclopedia, « l’autorité de ce
catéchisme est supérieure à tout autre, mais elle n’atteint pas bien
sûr le niveau de celle des canons et des décrets d’un concile. »
Avant de présenter les citations, il faut d’abord préciser que dans
le gouvernement de l’église Catholique Romaine, les canons et les
décrets d’un concile ecclésiastique oecuménique sont à la fois
officiels et suprêmes. Parmi tous ces conciles ecclésiastiques
oecuméniques, celui de Trente, célébré à Trente en Italie, entre 1545
et 1563, est le plus marquant. Puisque ce concile appelé à
contrecarrer l’influence de la Réforme protestante, traitait largement
des doctrines et des coutumes de l’église, décréta officiellement que:
« le saint synode ordonnera à tous les évêques... [d’expliquer les
sacrements] tous les sacrements, en accord avec la forme prescrite par
le saint synode, dans un catéchisme, que les évêques auront soin
d’avoir traduit fidèlement dans la langue populaire et exposé au
peuple par les prêtres des paroisses. »
En réponse à cet ordre, un catéchisme fut composé en Latin pour
l’église Catholique Romaine par Saint Charles Borromée et d’autres
théologiens, en 1566, et publié à Rome par la Congrégation Vaticane
pour la propagation de la foi, sous le titre de Catechismus Romanus
ex decreto Sacrosancti Concilii Tridentini, jussu S. Pii V Pontificis
Maximi editus, en d’autres termes, « Catéchisme Romain selon le décret
du Concile Sacré de Trente, publié par ordre de sa sainteté Pie V,
Pontifex Maximus. »
Ce livre a été traduit en Anglais par le révérend J. Donovan, prélat
et domestique de Sa Sainteté Grégoire XVI, etc., et publié à Dublin
avec une préface datée du 10 Juin 1829. Ce livre s’intitule Catechism
According to the Decree of the Council of Trent, édité sur l’ordre de
notre très illustre seigneur Pie V.
De la cinquième édition de ce Catéchisme Romain publié à Rome en 1796,
nous mentionnerons la citation suivante, prise de la Traduction
Anglaise de Donovan, sur le quatrième (le troisième dans le décalogue
Catholique) commandement :
« Il plut à l’église de Dieu, que la célébration religieuse du jour du
Sabbat soit transférée au ‘Jour du Seigneur’, [c’est-à-dire le
dimanche]; puisque ce jour fut le premier où la lumière brilla sur le
monde, ainsi notre vie sortit des ténèbres à la lumière en
ressuscitant ce jour-là notre Rédempteur, qui nous ouvrit la porte de
la vie éternelle; c’est aussi pour cette raison que les Apôtres
voulurent l’appeler le ‘Jour du Seigneur’. Nous observons aussi dans
les Écritures sacrées que ce jour était tenu pour sacré parce que ce
jour-là, la création du monde commença, et le Saint-Esprit fut donné
aux disciples. »
Ici, la papauté déclare que l’église Catholique Romaine a changé le
moment de l’observation du Sabbat du septième jour enregistré dans le
décalogue par le premier jour de la semaine, qui est ici appelé par
erreur « le Jour du Seigneur » (Voir commentaire sur
Apocalypse 1: 10 ).
Il faut observer que les apôtres sont ici rendus responsables d’avoir
changé le septième jour par le premier, mais sans citer aucune preuve
des Écritures, parce qu’il n’y en a pas. Toutes les raisons de ce
changement données ici, sont purement humaines et sont une invention
ecclésiastique.
Le témoignage précédent suffit à montrer comment la papauté tenta de
changer les temps et la loi. Comment, plus tard les catéchismes
Catholiques Romains pour l’instruction des « fidèles » déclarèrent
avec audace que l’église changea le jour et raillèrent les Protestants
parce qu’ils acceptaient et observait le changement, se trouve dans
notre commentaire sur la marque de la bête, dans l’interprétation du
chapitre 13 d’Apocalypse.
Avant de laisser ce thème sur le changement du Sabbat, il serait
instructif d’observer les autres raisons données par la papauté sur
cette modification, en plus de l’assertion erronée que le changement a
été fait par les apôtres. Dans ce même catéchisme Romain auquel nous
nous sommes déjà référés plus haut, se trouve une tentative
d’explication sur la différence qu’il y a entre le commandement du
Sabbat et les autres du décalogue :
« Car la différence est évidente, que les autres préceptes du
décalogue sous la loi naturelle, sont perpétuels et immuables; c’est
pour cette raison que bien que la loi de Moïse fut abrogée, le peuple
chrétien garde encore tous les commandements qui sont sur les deux
tables, non pas parce que Moïse l’ordonna, mais parce qu’ils sont en
accord avec la loi de la nature, par la force de laquelle les hommes
sont poussés à leur observation; mais ce commandement touchant à la
sanctification du Sabbat, [si nous considérons le temps assigné pour
son observation], n’est pas fixe et immuable, mais il est susceptible
d’être changé, parce qu’il n’appartient pas à la loi morale mais à la
loi cérémonielle, il n’est pas non plus un principe naturel, car la
nature ne nous enseigne pas et ne nous forme pas à donner un culte
extérieur à Dieu ce jour plutôt qu’un autre; mais à partir du moment
où le peuple d’Israël fut libéré de l’esclavage de Pharaon, ils
observèrent le jour du Sabbat...
« Mais le moment où l’observation du Sabbat fut abolie, est le même
que celui où les autres rites hébraïques et les cérémonies furent
abrogés, à savoir à la mort de Christ; parce que ces cérémonies étant
des ombres de la lumière et de la vérité à venir (
Hébreux 10:1 ),
il était nécessaire qu’elles soient abolies lors de la venue de la
lumière et de la vérité, lesquelles sont Jésus-Christ. »
Le lecteur doit seulement se rappeler que la loi des dix commandements
fut écrite par le doigt de Dieu sur des tables de pierre, alors que la
loi cérémonielle fut écrite dans un livre par Moïse. De plus, le
Décalogue fut écrit avant que les lois cérémonielles fussent données à
Moïse. Croyons-nous que Dieu soit capable de mélanger un commandement
cérémoniel avec les neufs de la loi morale, et d’en confier la
correction à un corps ecclésiastique présomptueux? En fait, le motif
pour lequel on devait se reposer le septième jour, était selon ce qui
est indiqué dans le commandement lui-même, parce que le Créateur
lui-même se reposa ce jour-là, et le mit à part comme un monument
commémoratif de Son oeuvre créatrice, sans la moindre suggestion qu’il
puisse être une « ombre des choses à venir » en Christ, que tous les
rites et les ordonnances cérémoniels annonçaient.
Une autre citation du Catéchisme Romain vaut la peine d’être prise en
considération :
« Les apôtres décidèrent donc de consacrer au culte divin le premier
des sept jours, qu’ils appelèrent ‘le jour du Seigneur’; Jean fait
mention du ‘jour du Seigneur’ dans l’Apocalypse (
Apocalypse 1:10 );
et l’apôtre ordonna que les collectes se fassent le premier jour de la
semaine (
1 Corinthiens 16:2 ),
c’est-à-dire le ‘Jour du Seigneur’, selon l’explication de
Chrysostome, laissant à entendre que déjà le ‘jour du Seigneur’ était
considéré comme saint par l’église ».
En plus d’accuser faussement les apôtres d’avoir changer le jour du
Sabbat, il nous est dit ici, que les calculs commerciaux de leurs
comptes le premier jour de la semaine constituent une raison de
l’observer comme jour de repos contrairement à la loi immuable de
Dieu.
Cette citation révèle aussi le fait qu’on s’appuie plus sur les
pratiques et les interprétations des pères, comme « saint Chrysostome »
cité ici, plutôt que les Écritures elles-mêmes pour prouver que le
Sabbat de la loi de Dieu fut changé au dimanche.
Il est nécessaire de faire ici une autre remarque, surtout pour que le
clergé et les laïques Protestants la prennent en considération. Dans
ce catéchisme Romain, composé sur ordre du pape Pie V vers le milieu
du XVIe siècle, sont contenus pratiquement tous les arguments utilisés
par les Protestants de nos jours pour appuyer le changement du Sabbat
du septième jour au premier jour de la semaine. Remarquez bien ce qui
suit :
Ils avancent sans aucune preuve que le Sabbat du septième jour faisait
partie de la loi cérémonielle (bien qu’il était inclus au coeur même
de la loi morale écrite par le doigt même de Dieu), et qu’il fut donc
aboli par Christ.
Ils affirment avec audace que les apôtres ordonnèrent que le premier
jour de la semaine devait être observé à la place du septième, en
citant le terme « jour du Seigneur » utilisé par Jean dans
Apocalypse 1:10,
malgré le fait que le seul jour que Dieu ait jamais mis à part comme
étant saint et lui appartenant, se reposant lui-même ce jour-là, fut
le septième jour du quatrième commandement.
Ils soutiennent que la loi sur le repos du Sabbat « concorde avec la
loi de la nature » en exigeant l’interruption de tous travaux et
l’observation d’un jour de méditation et de culte; mais ils affirment
que le moment de son observation est « susceptible d’être changé », vu
que selon leur argument, « il n’appartient pas à la loi morale mais à
la loi cérémonielle », par conséquent il fut changé par les apôtres,
par les Pères, et par l’église au premier jour de la semaine.
Les arguments qu’ils utilisent en faveur d’un changement sont que la
lumière brilla sur le monde pour la première fois le premier jour de
la semaine; la résurrection de Christ eut lieu ce jour-là; le
Saint-Esprit descendit sur les apôtres ce même jour de la semaine;
Paul conseilla aux chrétiens de faire leurs calculs commerciaux le
premier jour de la semaine et ils en mirent une certaine partie de
côté pour le Seigneur. Tous ces arguments sont inventés par les
hommes et il n’y a aucune autorité biblique pour en justifier le
changement. Les seules raisons données par le Créateur et le Seigneur
du Sabbat, sont qu’Il a créé le monde en six jours, Il s’est reposé
le septième, et Il a mis ce jour à part pour un saint usage de la
même façon permanente et immuable qu’Il créa toute chose durant les
autres jours de la semaine de la création.
Parfois, les Protestants ne se rendent pas compte qu’en défendant le
sabbat du Dimanche, ils utilisent les arguments catholiques romains
contenus dans le Catéchisme du Concile de Trente publié au XVIe
siècle; mais le fait est que chacun d’eux mentionné plus haut se
trouve dans cet ouvrage. Nous appelons chaque Protestant à se séparer
complètement de la papauté, et à prendre la Bible, et rien que la
Bible dans sa croyance et sa pratique.
« Un temps, des temps et la moitié d’un temps ».
Le pronom « ils » (« les saints », dans la Bible en français) contenu
dans cette phrase englobe les saints, les temps, et la loi déjà
mentionnée. Pendant combien de temps devaient-ils être livrés entre
les mains de ce pouvoir? Un temps, comme nous l’avons vu dans
Daniel 4: 23,
représente une année; deux temps, la plus petite quantité qui peut
être désignée par un pluriel, deux ans; et la division d’un temps, la
moitié d’un temps soit une demi année. Le mot « moitié » dans la
phrase : « la moitié d’un temps » est traduite du Chaldéen pelag, que
Gesenius définit comme « une demie », et il prend
Daniel 7:25
comme exemple. La Septante le traduit par « demi ». Nous obtenons
donc une durée de ce pouvoir de trois ans et demi. La parole
chaldéenne pour « temps » dans le texte que nous étudions est iddan,
que Gesenius défini comme étant utilisé dans « le langage prophétique
pour désigner une année.
Daniel 7:25. »
Nous devons considérer que nous nous trouvons au milieu d’une
prophétie symbolique, en conséquence, cette mesure de temps ne peut
pas être littérale mais symbolique. La question qui nous vient à
l’esprit est la suivante : quelle est la durée de la période
représentée par les trois ans et demi du temps prophétique? Le
principe qui nous est donné dans la Bible est que lorsque un jour est
utilisé dans une prophétie symbolique, il représente une année (
Ezéchiel 4:6;
Nombres 14:34 ).
En référence à la parole hébraïque yom, qui signifie jour, Gesenius
fit cette remarque au sujet de son pluriel : « Parfois yamim signifie
une période de temps définie; par exemple un an; comme aussi en
syriaque et en chaldéen, iddan signifie aussi bien temps que année. »
Les étudiants de la Bible ont reconnu ce principe à travers les
siècles. Les citations suivantes révèlent comment les divers auteurs
s’accordent sur ce sujet. Joachim, abbé de Calabre, une des grandes
figures ecclésiastiques du XIIe siècle, applique ce principe de un
jour année à la période de 1260 ans. « La femme enveloppée du soleil,
représentant l’église, resta dans le désert cachée de la vue du
serpent, un jour étant accepté sans aucun doute pour une année, et
1260 jours pour le même nombre d’années. »
« Trois temps et demi, c’est-à-dire, 1260 années solaires, en
calculant un temps pour une année civile de 360 jours, et un jour pour
une année solaire. Après quoi, « viendra le jugement, et on lui ôtera
sa domination, qui sera détruite et anéantie pour jamais. »
L’année biblique, qui doit être utilisée comme base du calcul, avait
une durée de 360 jours (Voir les commentaires sur
Apocalypse 11:3 ).
Trois années et demie comptaient 1260 jours. Comme chaque jour
représente une année, nous obtenons 1260 ans de suprématie de cette
corne. La papauté a-t-elle dominée pendant une telle période? La
réponse est : oui. L’édit de l’empereur Justinien, daté du l’année
533 après J-C, fit de l’évêque de Rome la tête de toutes les églises.
Mais cet édit ne put rentrer en vigueur tant que les Ostrogoths
Ariens, la dernière des trois cornes qui devaient être arrachés pour
laisser la place à la papauté, soient expulsés de Rome; et ceci s’est
accompli, selon ce qui a déjà été mentionné pages 51 et 52, en 538.
L’édit n’aurait eu aucune valeur si ce dernier événement n’avait eu
lieu; en conséquence, nous devons calculer à partir de cette dernière
date, car en réalité les saints ne tombèrent pas entre les mains de ce
pouvoir avant cette date. Mais la papauté exerça-t-elle sa suprématie
pendant 1260 ans à partir de cette date? Exactement. Parce que
538+1260 = 1798; et cette année-là (en 1798) le Général Berthier,
avec l’armée Française, entra à Rome, proclama la république, fit
prisonnier le pape, et infligea une blessure mortelle à la papauté.
Bien que jusqu’alors elle ne parvînt pas à retrouver tous les
privilèges et l’immunité qu’elle possédait avant, nous assistons
actuellement à la restauration graduelle de son pouvoir antérieur.
Puis viendra le jugement.
Après avoir décrit la terrible carrière de la petite corne, et déclaré
que les saints seraient livrés entre ses mains pendant 1260 ans,
période qui nous amène à 1798, le verset 26 déclare : « Puis viendra
le jugement, et on lui ôtera sa domination, qui sera détruite et
anéantie pour jamais. Au verset 10 du même chapitre nous avons
substantiellement la même expression concernant le jugement : « les
juges s’assirent ». Il semble correct de penser qu’il s’agit du même
jugement dans les deux cas. Mais la scène sublime décrite au verset
10 est l’ouverture du jugement investigatif dans le sanctuaire
céleste, comme nous le verrons dans les remarques sur
Daniel 8:14 et
9:25-27.
La prophétie situe l’ouverture de cette scène du jugement à la fin des
2300 années, qui se terminèrent en 1844 (Voir les commentaires sur
Daniel 9: 25-27 ).
Quatre ans après, en 1848, la grande révolution qui secoua tant de
trônes en Europe, expulsa aussi la papauté de ses domaines. Sa
restauration eut lieu peu de temps après, par la force des
baïonnettes étrangères qui la soutinrent jusqu’à ce qu’en 1870 elle
subit la perte de son pouvoir temporel. La chute de la papauté en
1798 marque la fin de la période des 1260 ans, et constitue la
« blessure mortelle » d’
Apocalypse 13:3;
mais selon la prophétie, cette blessure mortelle devait être « guérie ».
La blessure mortelle doit guérir.
En 1800, un autre pape fut élu, et son palais et sa domination
temporelles sur les états pontificaux lui furent rendus, et comme le
dit George Croly, célèbre commentateur britannique, il récupéra toutes
ses prérogatives, excepté celle d’exercer des persécutions
systématiques, parce que la « blessure mortelle » commençait à
cicatriser (
Apocalypse 13:3 ).
Comment cette « blessure mortelle » pouvait-elle guérir, et les
caractéristiques de
Daniel 7:26,
« on lui ôtera sa domination, qui sera détruite et anéantie pour
jamais » se réaliser? Comment pouvons-nous expliquer ce paradoxe
apparent? Quelles que soient les difficultés exégétiques, le fait
subsiste que dans l’histoire de la papauté on trouve ces deux
caractéristiques.
En 1844, le jugement commença son oeuvre dans le sanctuaire céleste
(vers. 10). Au verset 11, on nous dit que « à cause des paroles
arrogantes que prononçait la corne... l’animal fut tué ». Le 8
Décembre 1854, le pape promulgua le dogme de l’immaculée conception.
En 1870, les armées de Victor Emmanuel retirèrent à la papauté son
pouvoir temporel, alors que le Vingtième Concile Oecuménique décrétait
l’infaillibilité papale quand elle parle ex cathedra, c’est-à-dire,
lorsqu’en tant que pasteur ou docteur de tous les chrétiens, elle
définit une doctrine concernant la foi ou la morale. Mais malgré les
honneurs croissants accumulés par le clergé sur l’évêque de Rome, la
papauté perdit complètement le pouvoir temporel. Depuis lors, les
papes s’enfermèrent comme des prisonniers dans le Vatican, à Rome,
jusqu’à la signature du Concordat avec l’Italie, en 1929, qui lui
rendait « la domination » sur la Cité du Vatican, une petite partie de
la ville de Rome.
27-28 : «
27 Le règne, la domination, et la grandeur de
tous les royaumes qui sont sous les cieux, seront donnés au peuple
des saints du Très-Haut. Son règne est un règne éternel, et tous les
dominateurs le serviront et lui obéiront.
28 Ici finirent les
paroles. Moi Daniel, je fus extrêmement troublé par mes pensées, je
changeai de couleur, et je conservai ces paroles dans mon coeur. »
Après avoir contemplé le tableau sombre et désolé de l’oppression de
l’église par la papauté, le prophète est autorisé à tourner à nouveau
ses regards sur le repos glorieux des saints, lorsqu’ils posséderont
à jamais le royaume, libres de tout pouvoir oppressif. Comment les
fils de Dieu pourraient-ils résister dans ce monde actuel si pervers,
au milieu de la tyrannie et de l’oppression des gouvernements de la
terre, et des abominations qui s’y commettent, s’ils ne pouvaient voir
par avance, le royaume de Dieu et le retour de leur Seigneur, avec la
pleine assurance que les promesses concernant ces deux thèmes
s’accompliront avec certitude, et avec rapidité?