Parallèlement à cette question de la résurrection se trouve toute
celle de la destruction du mal et de la punition des méchants. La foi
en l'immortalité naturelle de l'âme exige une croyance correspondante
dans la perpétuité du péché et des pécheurs tout au long des âges sans
fin de l'éternité; ceci, à son tour, requiert de croire en une
punition qui commence à la mort et durera toujours. Conformément à
cette idée, il faudrait en conclure que dès le moment où le péché
entra dans le monde, il devenait impossible de l'éliminer. Si les
pécheurs possèdent déjà l'immortalité, alors Dieu Lui-même est
incapable de les bannir de l'existence. Et ainsi, pour toujours, alors
que les âmes rachetées chanteront les louanges de Celui qui les a
créées et sauvées, les âmes perdues donneront libre cours à leurs
sentiments d'agonie et de frustration par des cris déchirants et des
blasphèmes qui résonneront pendant toute l'éternité. Il n'y aura
jamais un seul moment où le bien et le mal, la joie et la douleur,
l'amour et la haine, la vie et la mort cesseront de coexister dans le
royaume de Dieu.
Heureusement, les Écritures ne font pas un tel portrait des temps à
venir. On nous parle d'un jugement encore futur. Salomon termine son
témoignage au monde en ces mots : « Crains Dieu et observe ses
commandements. C'est là ce que doit tout homme. Car Dieu amènera toute
oeuvre en jugement, au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit
mal » (
Ecclésiaste 12.13-14
). Cette déclaration est à elle seule suffisante pour prouver que les
pécheurs perdus ne sont pas en train d'être punis. Il n'existe
présentement aucun lieu de tourment et il n'y en aura aucun avant la
fin du monde, alors qu'il ne durera que le temps nécessaire pour
anéantir la totalité du péché et de ses effets. Les morts sont en ce
moment dans leurs tombes, parfaitement inconscients. Cette doctrine de
l'immortalité naturelle de l'âme porte en elle le corollaire nécessaire
qu'un châtiment a lieu maintenant dans un enfer brûlant. Mais si le
jugement est encore futur, on ne peut que conclure que des millions de
gens sont en train de souffrir, dont certains depuis déjà des milliers
d'années, qui apprendront peut-être un jour qu'une erreur a été
commise dans leur cas et qu'ils auraient dû être au ciel plutôt qu'en
enfer! Nous pourrions aussi nous demander : « Pourquoi avoir un
jugement futur si le jugement a déjà été rendu? »
Salomon n'est pas le seul écrivain de la Bible qui parle d'un jugement
futur. Nous lisons : « Il est réservé aux hommes de mourir une seule
fois, après quoi vient le jugement » (
Hébreux 9.27
). Et Job dit : « Vous dites : Où est la maison du prince et où sont
les demeures des méchants? Mais quoi! n'avez-vous point interrogé les
voyageurs? Et voulez-vous ignorer leur témoignage que le méchant est
gardé en réserve pour le jour de la destruction? Il rendra des comptes
au jour de la colère. » (
Job 21.28-30
). Pierre fait essentiellement écho à la même pensée : « Car, si Dieu
n'a pas épargné les anges qui ont péché, mais s'il les a précipités
dans les abîmes de ténèbres et les réserve pour le jugement; ... le
Seigneur sait délivrer de l'épreuve les hommes pieux, et réserver les
injustes pour être punis au jour du jugement » (
2 Pierre 2.4, 9
). Et Jude nous dit : « C'est aussi pour eux qu'Énoch, le septième
depuis Adam, a prophétisé en ces ternes : Voici, le Seigneur est venu
avec ses saintes myriades, pour exercer un jugement contre tous, et
pour faire rendre compte à tous les impies parmi eux de tous les actes
d'impiété qu'ils ont commis... » (
Jude 14-15
). Ésaie place le jugement dans le futur : « En ce temps-là, l'Éternel
châtiera l'armée des orgueilleux qui sont en haut, et sur la terre les
rois de la terre » (
Ésaïe 24.21
). Notre Seigneur Lui-même a enseigné un jugement encore à venir :
« Car le Fils de l'homme doit venir dans la gloire de son Père, avec
ses anges; et alors il rendra à chacun selon ses oeuvres » (
Matthieu 16.27
). Et encore : « Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles
a son juge; la parole que j'ai annoncée, c'est elle qui le jugera au
dernier jour » (
Jean 12.48
).
La croyance dans l'immortalité naturelle de l'âme est contraire à tous
ces textes et à beaucoup d'autres encore que nous ne pouvons ici
citer. Pour les raisons que nous avons déjà données, il est impossible
de concilier l'idée d'hommes qui sont morts avec l'idée qu'ils
continuent à vivre quelque part dans un état conscient et que cet
endroit est un endroit de béatitude ou de tourment, impliquant qu'un
jugement a déjà été rendu dans leur cas, alors que l'enseignement des
Écritures affirme clairement que le jugement est encore futur. Comme
les métastases d'un quelconque cancer, cette séduction clef, la
doctrine de l'immortalité naturelle, s'étend partout et détruit toute
la structure de la vérité biblique concernant le plan de Dieu pour ce
monde.