Aussi sérieuses que soient ces intrusions dans les différents domaines
de la vérité, il est probable qu'aucune doctrine n'affecte autant
notre compréhension de l'évangile que l'enseignement de l'immortalité
de l'âme ne le fait dans le domaine de l'expiation. Car il est
clairement dit : « Le salaire du péché, c'est la mort » (
Romains 6.23
). Et : « L'âme qui pèche, c'est celle qui mourra » (
Ézéchiel 18.20
). « Et le péché, étant consommé, produit la mort » (
Jacques 1.15 ).
Nous ne lisons pas que le salaire du péché est un tourment éternel
dans les feux de l'enfer mais la mort, qui est l'absence complète de
vie et de conscience, l'extinction finale et complète de l'être.
« C'est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le
monde, et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort s'est étendue sur
tous les hommes, parce que tous ont péché... » (
Romains 5.12
). Tous sont donc sous la pénalité de la mort à cause du péché. « Mais
Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions
encore des pécheurs, Christ est mort pour nous » (
Romains 5.8
). L'oeuvre de rédemption et d'expiation ne peut être accomplie que
par l'intervention d'un Substitut mourant à la place de l'homme déchu
et rendant ainsi effective la réconciliation, c'est-à-dire le salut
pour tous ceux qui choisissent de répondre à cette démonstration de
l'amour de Dieu. « Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été
réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison,
étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. Et non seulement
cela, mais encore nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur
Jésus-Christ, par qui maintenant nous avons obtenu la réconciliation » (
Romains 5.10-11
). Nos péchés ont été placés sur le Substitut et Garant, car
« l'Éternel a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous » (
Ésaïe 53.6 ).
Le fait que Christ ait pris sur Lui la pénalité du péché dont nous
aurions dû souffrir constitue le point central du thème du salut.
C'est un fil d'or qui court tout au long des pages sacrées des
Écritures. Comme nous le décrit la plume inspirée :
« Le Christ a été traité selon nos mérites, afin que nous puissions
être traités selon Ses mérites. Il a été condamné pour nos péchés,
auxquels Il n'avait pas participé, afin que nous puissions être
justifiés par Sa justice, à laquelle nous n'avions pas participé. Il a
souffert la mort qui était la nôtre, afin que nous puissions recevoir
la vie qui était la Sienne. 'C'est par ses meurtrissures que nous
sommes guéris'. » (Jésus-Christ, p. 15)
Or, si le « salaire du péché c'est la mort », et que Christ a accompli
pour nous une expiation complète sur la croix, il est évident que Son
agonie et Sa mort au Calvaire ont pleinement satisfait les exigences
de la justice céleste face au problème d'une loi transgressée. Mais
si, comme certains le prétendent, les pécheurs doivent être
éternellement torturés dans une cuve bouillante à cause de leurs
péchés, la question se pose tout de suite : pourquoi Christ ne
souffre-t-Il pas maintenant l'agonie d'un tourment éternel, si tel est
en effet le salaire du péché? Car pour sauver ce monde perdu, Dieu a
vu qu'il était nécessaire de fournir un Substitut qui prendrait sur
Lui toute la culpabilité et la punition du péché de la race humaine
tout entière, et que c'est de cette manière seule que la race humaine
pouvait être sauvée. Donc le fait que Christ ne soit pas en ce moment
en train de souffrir un tournent éternel est suffisant pour montrer
que « le salaire du péché, c'est la mort » et non une agonie éternelle
dans les feux de l'enfer.
Cependant quelqu'un pourrait avec raison s'interroger ici, que si
Christ n'a pas pris sur Lui un tourment éternel, ne serait-il pas
aussi juste de dire qu'Il n'a pas non plus souffert la pénalité de la
mort éternelle mais qu'Il est en ce moment bien vivant et qu'Il Se
tient à la droite du Père? Il est certain que lorsque la Bible nous
dit que « le salaire du péché, c'est la mort », cela doit signifier la
mort éternelle, la séparation éternelle d'avec Dieu, et non la mort
pour un temps, suivie d'une joyeuse résurrection. Sinon les méchants
qui ressusciteront à la fin des mille ans (
Apocalypse 20.5, 7-8
) pourraient aussi dire : « Nous sommes déjà passés par la mort une
fois. Nous avons payé le prix pour nos péchés. Il n'est pas juste que
nous mourrions de nouveau. » La réponse est très simple, c'est que la
mort en tant que salaire du péché signifie une mort éternelle. Mais
alors comment peut-on dire que Christ est mort pour nos péchés et en a
payé le plein prix, effectuant ainsi une expiation totale et complète,
tout en ressuscitant le troisième jour et étant vivant depuis lors?
Cette question nous amène non seulement au coeur de l'expiation, mais
au coeur même de Dieu, de la révélation de Son caractère, le centre
virtuel de l'univers. Cela implique une compréhension du grand mobile
de l'amour exposé dans la Parole de Dieu, un point qui a été, triste à
dire, réellement négligé et aussi grandement incompris. Nous allons
maintenant considérer ce sujet d'un peu plus près.