L'ÉVANGILE DANS LE LIVRE DE GALATES

LA CIRCONCISION

Je poursuivrai maintenant en soulignant quelques points de votre pamphlet, selon l'ordre dans lequel ils apparaissent. Vous dites à la page 8 :

« Le Seigneur a choisi Abraham et ses descendants pour être Son peuple particulier. Ils l'ont été jusqu'à la croix. Il leur a donné le rite de la circoncision, un cercle découpé dans la chair comme un signe de leur séparation du reste de la famille humaine. »

Cette mauvaise compréhension apparente de la nature de la circoncision apparaît partout dans votre pamphlet. Il semble étrange qu'il en soit ainsi alors que l'apôtre Paul parle si clairement sur cette question. Dans Romains 4.11, je lis à propos d'Abraham : « Et il reçut le signe de la circoncision, comme sceau de la justice qu'il avait obtenue par la foi quand il était incirconcis, afin d'être le père de tous les incirconcis qui croient, pour que la justice leur fût aussi imputée. »

La convenance de ce rite comme signe de la justice apparaîtra immédiatement à quiconque comprend les maux physiques contre lesquels la circoncision est une protection. À l'heure actuelle, elle est souvent pratiquée par les médecins comme un acte de prévention contre l'impureté physique. Elle était pratiquée dans ce but par de nombreuses nations de l'Antiquité. Hérodote (2.37) dit des Égyptiens : « Ils pratiquent la circoncision dans un but de propreté, considérant qu'il est mieux d'être propre que d'être beau. » Le professeur Von Orelli de Bâle dit dans l'Encyclopédie Schaff-Herzag : « La coutume est aussi trouvée parmi les nations qui n'ont aucun lien retraçable avec une quelconque forme de civilisation ancienne comme, par exemple, les noirs du Congo et les Caffrariens d'Afrique, les Indiens Salivas d'Amérique du Sud, les habitants de Otaheite et des îles Fiji, etc. » Il ajoute : « Les Arabes de notre époque appellent cette opération tutur tahir, la purification. »

Je pense que, le rite existe aujourd'hui chez les Juifs comme prévention contre l'impureté physique seulement. J'étais présent quand il fut accompli par un éminent rabbi de San Francisco qui déclara que c'était la seule raison de le faire. En ceci comme dans tout le reste, les Juifs ont perdu toute connaissance de la signification spirituelle de leurs cérémonies. Le voile demeure encore sur leurs coeurs. Mais cet enlèvement de la cause de l'impureté physique signifiait l'enlèvement de l'impureté du coeur qui était accompli par la foi en Christ. Voir Deutéronome 10.16 et beaucoup d'autres textes comme preuve que la circoncision a eu dès le commencement cette signification plus profonde.

La question se pose alors naturellement : si la circoncision était pratiquée par d'autres peuples, pourquoi est-ce que tout le monde méprisait les Juifs à cause d'elle? Je réponds que la haine était due, non au simple acte de la circoncision, mais à ce qu'elle représentait pour les Juifs dévôts. « Le méchant complote contre le juste, et il grince des dents contre lui. » ( Psaumes 37.12 ) « Tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés. » ( 2 Timothée 3.12 ). Et ceci est vrai de tout temps. Comme preuve que les païens incirconcis haïssaient les Juifs uniquement à cause de leur justice et non à cause de leur circoncision, nous n'avons qu'à noter leur promptitude à se mêler aux Juifs chaque fois qu'ils pouvaient les attirer dans l'idolâtrie. Si les Juifs voulaient se relâcher dans leurs stricts principes de vie, s'éloigner de Dieu et servir d'autres dieux, les païens n'avaient pas d'objections à se mêler à eux et à permettre des mariages mixtes.

Et ceci nous conduit au point principal, c'est-à-dire que le simple acte de la circoncision n'a jamais fait des Juifs le peuple particulier de Dieu. Ils n'ont été Son peuple particulier que lorsqu'ils avaient ce dont la circoncision était le signe, c'est-à-dire la justice. Lorsqu'ils ne la possédaient pas, ils étaient [considérés] comme s'ils n'avaient jamais été circoncis ( Romains 2.25-29; Philippiens 3.3 ) et se voyaient retranchés sans miséricorde aussi rapidement que l'étaient les païens. La circoncision était seulement un signe qu'ils possédaient la justice; et quand la justice était absente, la circoncision ne signifiait plus rien.

À la page 10, je lis à propos des Juifs :

« Puis est venue la croix quand tous leurs privilèges spéciaux, dont la circoncision comme leur symbole et leur signe, furent emportés. Ils les avaient perdus par la désobéissance et la rébellion. »

À la page 11, je lis aussi du Juif :

« Il détestait énormément être considéré comme un vulgaire pécheur de même niveau que le païen qu'il haïssait. Aussi luttait-il avec vigueur pour la circoncision et les privilèges qui l'accompagnaient. »

À la page 37, je lis :

« La loi rituelle en contenait une quantité immense [de ces privilèges] de sorte qu'ils constituaient un joug d'esclavage difficile à porter dont Paul dit qu'ils étaient périmés. »

Je ne peux harmoniser cette dernière citation avec les deux premières. Comment un « joug d'esclavage » peut-il être considéré comme des « privilèges spéciaux »? Et pourquoi le Juif devrait-il lutter avec force en faveur de « la circoncision et les privilèges qui l'accompagnaient », s'il sentait que c'était là un « joug d'esclavage difficile à porter »? C'est une question mineure mais la consistance devrait paraître dans tous les détails de la vérité. Je ne prendrai pas maintenant le temps de donner mon point de vue sur ce qu'est ce joug d'esclavage mais j'y reviendrai plus loin.