L'ÉVANGILE DANS LE LIVRE DE GALATES

LA LOI AJOUTÉE AU SINAÏ

Je passe à votre argument sur Galates 3.17-19. Là-dessus vous dites :

« Cette loi a été donnée quatre cent trente ans après la promesse à Abraham. Pourrait-elle être identique donc à 'mes commandements, mes statuts et mes lois' que gardait Abraham? ( Genèse 26.5 ). Il est évident qu'ils constituaient la loi morale, et que cette loi n'est donc pas la loi morale. » (p. 43).

Votre argument va trop loin. C'est l'inverse du point de vue de Campbell qui dit que la loi morale n'existait pas avant d'avoir été donnée sur le mont Sinaï. Votre argument prétend que la loi morale n'a pas été donnée sur le mont Sinaï parce qu'elle existait [déjà] au temps d'Abraham. Mais c'est un fait que Dieu a donné une certaine loi du haut du mont Sinaï et que cet événement est survenu quatre cent trente ans après la promesse à Abraham; c'est pourquoi votre déclaration que la loi donnée quatre cent trente ans après l'époque d'Abraham ne peut pas être la loi morale parce qu'Abraham garda la loi morale revient à affirmer que la loi donnée sur le mont Sinaï n'était pas la loi morale. De plus, votre argument, s'il est valide, prouverait que la loi ici considérée n'est pas non plus la loi cérémonielle car Abraham la possédait déjà en substance. Il avait reçu la circoncision que vous dites représenter la loi cérémonielle dans son ensemble et il offrait des sacrifices. Je pense que lorsque vous réviserez votre livre, cet argument au moins devrait être omis.

Vous dites ensuite :

« La loi a été 'ajoutée à cause des transgressions'. Le mot original signifie 'passer à côté ou par-dessus, transgresser ou violer'. Cette loi a donc été 'ajoutée' parce qu'une autre loi avait été 'contournée', 'transgressée' ou 'violée'. Elle ne fut pas 'ajoutée' à elle-même parce qu'elle avait elle-même été 'violée'. Ce serait absurde si cela s'appliquait à la loi morale; car aucun de nous ne peut prétendre que la loi morale existait davantage après que les dix commandements aient été prononcés. Ils existaient tous auparavant, même si Israël peut en avoir ignoré certaines portions. »

Il semble que votre principal argument soit un jeu de mots. Il ne suffit pas de dire qu'une chose est absurde pour la contredire. Certaines choses peuvent sembler absurdes à une personne et paraître très raisonnables à une autre. Paul déclare que la prédication de la croix est une folie ou une absurdité pour certaines personnes et j'ai souvent entendu des gens ridiculiser l'idée que la mort d'une personne pouvait expier les péchés d'une autre. Ils qualifient d'absurde une telle idée et pourtant vous et moi la trouvons tout à fait raisonnable. Ainsi quand vous dites qu'il est absurde d'appliquer le terme « ajoutée » à la loi morale, vous devriez soutenir votre affirmation par des preuves afin qu'elle ait une quelconque valeur.

Vous dites : « Il ne pourrait être correctement dit que la loi morale fut 'instituée' quatre cents ans après Abraham, sachant qu'elle existait et qu'il la gardait déjà à cette époque. » Cet argument a déjà été souligné et j'y ajouterai une autre remarque. Si la loi à laquelle on se réfère signifie la loi cérémonielle, et que votre argument que nous venons juste de citer est valable, alors il exclut la possibilité qu'il ait existé une quelconque loi cérémonielle au temps d'Abraham; mais Abraham connaissait déjà les parties essentielles de la loi cérémonielle, même si cette loi n'avait pas été formellement donnée. Si vous niez qu'Abraham possédait la loi cérémonielle et insistez sur le fait que cette loi n'a été donnée que quatre cents ans plus tard, alors j'aimerais vous demander quel système d'expiation y avait-il avant l'Exode? Vous dites que la loi cérémonielle a été ajoutée à cause des transgressions, c'est-à-dire comme système d'expiation. Alors n'a-t-elle pas plutôt été ajoutée dès que la transgression a été commise et non 2 500 ans plus tard? Je prétends que le système d'expiation est entré en fonction immédiatement après la chute et je vous cite l'offrande d'Abel en guise de preuve. Vous pouvez dire qu'à ce moment-là la loi cérémonielle a été donnée de manière plus formelle et circonstancielle qu'auparavant; très bien, mais si cet argument s'applique à la loi cérémonielle, ce qui est un fait indéniable, pourquoi ne s'appliquerait-il pas aussi à la loi morale? Vous ne pouvez nier que la loi morale ait été donnée au Sinaï, même si elle était connue depuis la création. Pourquoi alors leur a-t-elle donnée? Parce qu'elle n'avait jamais été formellement annoncée. Jusque là, comme nous le savons, aucune copie de celle-ci n'avait jamais été écrite et une vaste majorité du peuple en ignorait presque totalement le contenu. Vous dites vous-mêmes qu'Israël peut avoir ignorer certaines portions de la loi morale et c'est sans aucun doute vrai. Alors il y a de nombreuses raisons pour lesquelles elle a été donnée à ce moment-là à cause des transgressions. Si tout le peuple avait connu la loi et y avait obéi, il n'aurait pas été nécessaire de la promulguer au Sinaï; mais comme ils en ignoraient les exigences et l'avaient transgressée, il était devenu nécessaire de la donner sous cette forme.

Mais vous dites qu'il n'est pas correct d'appliquer le terme « ajoutée » à la loi morale. La Bible doit trancher cette question. Au chapitre 5 du Deutéronome, Moïse rappelle aux enfants d'Israël les circonstances du don de la loi. Les versets 5 à 21 contiennent les dix commandements et de ceux-ci, Moïse dit au verset 22 : « Telles sont les paroles que prononça l'Éternel à haute voix sur la montagne, du milieu du feu, des nuées et de l'obscurité, et qu'il adressa à toute votre assemblée, sans rien ajouter. » Le terme « ajouter » dans ce verset est exactement le même terme que la Septuaginte donne comme « ajoutée » dans Galates 3.19. Le mot hébreu est le même mot « ajoute » dans Genèse 30.24. Personne ne peut nier que ce soit là une référence indubitable à la loi morale dans Deutéronome 5.22 et à cette loi seule. Il m'importe peu que vous le traduisiez par « ajoutée », « adressée » ou « promulguée », cela ne fait aucune différence. Dans Hébreux 12.18-19, nous avons dans les paroles « tels que ceux qui l'entendirent demandèrent qu'il ne leur en fût adressée aucune de plus », une référence infaillible à la voix de Dieu proclamant la loi du haut du Sinaï et à la requête du peuple que Dieu ne leur parle plus directement ( Exode 20.18-19 ). Ici le mot traduit par « adressée » est le même que celui qui est traduit par « ajoutée » dans Galates 3.19 et Deutéronome 5.22. Si nous voulons, nous pouvons l'exprimer ainsi : « Ils demandèrent que la parole ne leur soit plus ajoutée du tout », et nous aurions alors une traduction identique à l'autre. Ou nous pourrions l'exprimer dans les deux cas par « adressée » et alors nous lirions dans Deutéronome que le Seigneur adressa toutes ces paroles sur la montagne, du milieu du feu, etc., d'une voix forte, « et Il ne parla (s'adressa) plus » et ce serait tout à fait vrai et bien traduit. Et de la même manière, par souci d'uniformité, nous aurions pu avec raison exprimer ainsi Galates 3.19. « Elle (vous) a été adressée à cause des transgressions. » Ou nous aurions pu prendre la parole de Deutéronome 5.22 dans le même sens où elle est utilisée dans Genèse 30.24 et la même idée apparaîtrait (encore). Quand Rachel a dit : « Dieu m'ajoutera un autre fils », c'était la même chose que si elle avait dit : « Dieu me donnera un autre fils. » Ainsi la signification dans Deutéronome 5.22 est qu'après que le Seigneur leur ait donné les commandements enregistrés dans les versets précédents, Il ne les a plus donnés. Il me semble très raisonnable d'appliquer le terme « ajoutée » à la loi morale; et que ce soit raisonnable ou non, j'ai assurément cité deux textes qui l'appliquent ainsi, en dehors de Galates 3.19. Mais vous ne pouvez pas trouver dans la Bible un seul cas où le mot « ajoutée » est appliqué à la loi cérémonielle afin de soutenir votre point de vue sur Galates 3.19.

Deutéronome 5.22 déclare clairement que les dix commandements ont été proclamés par le Seigneur et que rien d'autre que les dix commandements n'a été adressé, donné ou ajouté. Galates 3.19 nous dit pourquoi ils ont été promulgués. Ce fut à cause des transgressions, c'est-à-dire parce que les gens étaient largement ignorants de la loi. Nous pouvons ne pas jouer sur le mot « ajoutée » et l'utiliser dans un sens mathématique, mais nous devons absolument l'utiliser dans le sens de déclarer ou exprimer. Il n'y avait pas plus de loi morale après que Dieu l'ait dite au Sinaï qu'il y en avait une auparavant, mais elle était certes beaucoup mieux connue et le péché devenait moins excusable qu'il ne l'était précédemment. Dans les versets antérieurs, l'apôtre a parlé de la promesse à Abraham et de l'alliance faite avec lui. La déclaration que cette alliance fut confirmée en Christ démontre clairement que l'alliance avec Abraham confirmait le pardon des péchés à travers Christ. Mais le pardon du péché impliquait nécessairement une connaissance du péché. Seuls les justes peuvent être héritiers de la promesse et une connaissance du péché et de la justice ne peut s'obtenir que par la loi morale. Par conséquent, il était nécessaire que la loi soit donnée d'une manière plus spécifique que jamais auparavant, afin que le peuple puisse participer aux bénédictions promises à Abraham.

La même chose est déclarée dans Romains 5.20 : « Or, la loi est intervenue afin que l'offense puisse abonder » et je n'ai jamais vu aucun chrétien sincère avoir de la difficulté à appliquer ceci à la loi morale, bien que le texte soit aussi difficile que celui de Galates 3.19. L'expression « est intervenue » est, dans le sens littéral, « venir en ». La Version Révisée le donne ainsi : « venir s'ajouter ». Mais la loi morale existait avant l'époque de Moïse comme le démontrent les versets 13 et 14 du même chapitre et l'expression « afin que l'offense puisse abonder » contenue dans le même verset, montrant que le péché la transgression de la loi existait déjà avant la venue de la loi. Même si la loi existait dans toute sa force avant l'Exode, elle est pourtant « venue », « entrée », fut dite ou donnée, ou « ajoutée » à ce moment-là. Et pour quelle raison? Afin que l'offense puisse abonder, c'est-à-dire « afin que le péché devienne par le commandement excessivement grave », afin que ce qui était péché auparavant puisse être plus clairement reconnu comme péché. Alors elle est entrée ou a été ajoutée, « à cause des transgressions ». Si ce n'avait été des transgressions, il n'aurait pas été nécessaire que la loi fut introduite au Sinaï. Pourquoi est-elle intervenue à cause des transgressions? « Afin que l'offense puisse abonder », afin de rendre le péché encore plus grave qu'auparavant, de sorte que les hommes puissent être poussés vers la grâce surabondante de Dieu telle que manifestée en Christ. Elle est ainsi devenue un maître d'école, un pédagogue, afin d'amener les hommes à Christ, pour qu'ils puissent être justifiés par la foi et être faits justice de Dieu en Lui. Il est ainsi déclaré plus tard que la loi n'est pas contre les promesses divines. Elle agit en harmonie avec la promesse car sans elle la promesse ne serait d'aucun effet. Et ceci atteste avec encore plus de poids la perpétuité de la loi.

L'opinion des commentateurs ne m'importe pas à moins qu'ils ne déclarent d'une manière plus claire ce qui a déjà été prouvé par la Bible; mais vous semblez, dans votre pamphlet, avoir donné une importance considérable à l'opinion des commentateurs, et il pourrait être profitable d'en citer ici quelques-uns. Je le ferai cependant, non parce que je pense qu'ils ajoutent quoi que ce soit à la discussion, mais simplement pour contrebalancer vos citations et parce qu'ils apportent peut-être un peu plus d'éclairage encore. Le professeur Boise dans ses Notes critiques sur le texte grec des Galates dit de ce texte :

« 'À cause des transgressions' indique par conséquent cette idée de donner une connaissance des transgressions, de définir d'une manière parfaitement claire et distincte ce qu'étaient les transgressions réelles des exigences divines. »

Il ajoute :

« En accord avec cette idée et peut-être par implication, nous trouvons l'interprétation 'restreindre les transgressions'. »

Et il cite Érasme, Olshausen, Neander, DeWette, Ewald, Luther, Bengel et d'autres comme partageant le même point de vue. Si les opinions des commentateurs doivent trancher la question, je pense que la loi morale l'emportera.

Le Dr Barnes dit de l'expression « à cause des transgressions » :

« À cause des transgressions ou en référence à elles. Cela signifie que la loi fut donnée pour montrer la vraie nature de la transgression ou pour montrer ce qu'était le péché. Ce n'était pas pour révéler un moyen de justification mais c'était pour dévoiler la vraie nature du péché, pour décourager les hommes de le commettre, pour déclarer la pénalité qui s'ensuit, pour en convaincre les hommes et ainsi être un aide ou une préparation à l'oeuvre de rédemption opérée par le Rédempteur. C'est ici le véritable compte-rendu de la loi de Dieu tel que donné aux hommes apostats et cette utilisation de la loi existe toujours. »

Le Dr Clarke dit pour sa part :

« Elle fut donnée afin que nous puissions connaître notre iniquité et le besoin de nous placer sous la miséricorde de Dieu. La loi est la ligne droite, le rebord droit qui montre le caractère oblique de notre conduite. Voir les notes sur Romains 4.15, et spécialement sur Romains 5.20 où ce sujet est largement discuté et l'image expliquée. »

Votre argument contre le fait que la loi morale ait été « ajoutée à cause des transgressions » doit s'appliquer avec une force égale contre le fait que la loi morale soit « intervenue afin que l'offense puisse abonder ». Si vous prétendez que Galates 3.19 ne s'applique pas à la loi morale, alors vous devez aussi dire que Romains 5.20 ne s'applique pas à cette loi.

Je cite encore de votre pamphlet, à partir du paragraphe qui se termine en haut de la page 44 :

« Il serait absurde de supposer que la loi fut 'ajoutée' à elle-même. Elle s'applique selon toute vraisemblance à une autre loi, introduite parce que celle qui existait précédemment a été 'violée'. Une loi ne peut être transgressée à moins qu'elle n'existe; car 'là où il n'y a pas de loi, il n'y a pas de transgression'. »

J'ai déjà démontré l'importance du mot « ajoutée ». Je n'ai jamais prétendu qu'une quelconque loi pouvait s'ajouter à elle-même ou qu'un quelconque procédé mathématique était ici représenté par le mot « ajoutée ». Que voulez-vous dire en mentionnant qu'une loi ne peut être transgressée avant qu'elle n'existe? Vous semblez impliquer que la loi morale n'existait pas de sorte qu'elle ne pouvait être transgressée avant qu'elle n'ait été donnée sur le mont Sinaï. Je sais que vous ne croyez pas cela et pourtant, dans un autre paragraphe, c'est indiqué encore plus clairement. Je citerai à nouveau Romains 5.20 : « Or, la loi est intervenue pour que l'offense abondât, mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé. » Cette loi est sans l'ombre d'un doute la loi morale, cependant vous pourriez dire qu'il est impossible que ce soit la loi morale parce que les offenses existaient avant que la loi dont on parle ici ne soit venue et là où il n'y a pas de loi, il n'y a pas de transgression; par conséquent, la loi ici introduite était une autre loi. Mais vous ne voudriez pas discuter ici là-dessus. Vous prétendriez comme je le fais que le texte signifie que la loi est venue ou a été donnée afin que le péché puisse paraître dans toute son énormité. Comme Paul le dit ailleurs, afin que le péché par le commandement devint excessivement grave. La loi morale existait dès la création et longtemps avant. Les patriarches la connaissaient de même que les antédiluviens et les habitants de Sodome, puisqu'ils furent jugés pécheurs; cependant elle n'existait pas sous forme écrite et ceux qui n'étaient pas en contact direct avec Dieu ne pouvaient pas avoir cette connaissance parfaite de la loi qui leur montrerait le caractère absolument détestable du péché. Ils pouvaient savoir que les choses qu'ils avaient commises étaient mauvaises, mais ils ne pouvaient réaliser leur extrême gravité; c'était particulièrement le cas quand les Israélites sortirent de l'esclavage en Égypte. Mais Dieu avait fait une alliance avec Abraham et avait promis de merveilleuses choses mais seulement à condition de posséder une justice parfaite à travers Christ; et pour que les hommes réussissent un jour à atteindre cette justice parfaite, ils doivent posséder la loi dans toute son étendue et ils doivent savoir que beaucoup de choses sont péché qu'ils auraient pu auparavant avoir considérées comme innocentes. Aussi la loi est intervenue afin que l'offense puisse abonder et parce que l'offense a abondé et que les hommes ont vu leur dépravation, ils ont découvert que la grâce surabondait afin de couvrir leurs péchés. Le cas est si clair et l'argument dans Galates 3.19 est un parallèle si évident que je me demande comment quelqu'un ayant une juste conception de la relation entre la loi et l'évangile pourrait en douter ne serait-ce qu'un moment.

Je lis de nouveau à la page 44 :

« La loi morale est indiquée comme étant celle qui a été transgressée. Mais la loi 'ajoutée' dont parle Paul faisait provision pour le pardon de ces transgressions de manière figurative jusqu'à ce que le vrai Sacrifice soit offert. »

Votre mauvaise application du mot « ajoutée » a déjà été suffisamment soulignée, mais il y a une idée exprimée dans cette citation qui m'a peiné lorsque j'ai vu récemment qu'elle était jusqu'à un certain point enseignée. Et c'est que dans la dispensation qu'on appelle judaïque, le pardon des péchés était seulement figuratif. Vos paroles indiquent clairement qu'il n'y avait pas de vrai pardon des péchés avant que Christ, le vrai Sacrifice, n'ait été offert. Si tel était le cas, j'aimerais savoir comment Hénoc et Élie sont allés au ciel. Ont-ils été amenés là alors que leurs péchés n'avaient pas été pardonnés? Sont-ils demeurés au ciel pendant deux ou trois mille ans avant que leurs péchés ne soient pardonnés? Le fait même qu'ils aient été emmenés au ciel est une preuve suffisante que leurs péchés furent réellement pardonnés. Quand David dit : « Béni soit celui dont les transgressions sont remises, dont les péchés sont couverts », il veut dire exactement ce que Paul a dit en utilisant les mêmes termes. David a dit au Seigneur : « Tu as pardonné l'iniquité de mon péché. » Ce n'était pas un semblant de pardon. Et il fut expressément déclaré que si une âme devait pécher contre l'un des commandements du Seigneur, elle devait offrir un sacrifice et ses péchés lui seraient pardonnés. ( Lévitique 4.2-3, 20, 26, 31 ). Il n'y avait aucune vertu dans le sacrifice qui n'était que figuratif, cependant le pardon était aussi réel que n'importe quel pardon accordé depuis la crucifixion. Comment était-ce possible? Simplement parce que Christ est l'Agneau immolé dès la fondation du monde. Qu'Il S'offre Lui-même en sacrifice avait été l'objet de la promesse à nos premiers parents en Éden et avait été confirmé à Abraham par un serment de Dieu. (1) Par conséquent, en vertu de cette promesse, Abraham, Isaac et Jacob, et tous ceux qui le souhaitaient, pouvaient recevoir autant de vertu du sang de Christ que nous le pouvons. La réalité du pardon est démontrée par le fait qu'Abel reçut par son offrande le témoignage qu'il était juste. Mais il ne peut y avoir de justice si le pardon ne l'a précédée. Si le pardon était figuratif, alors la justice devrait aussi être figurative. Mais Abel, Noé, Abraham et les autres étaient réellement justes; ils avaient la parfaite justice de la foi; c'est pourquoi ils devaient avoir été réellement pardonnés. Ceci est encore démontré par le fait que le pardon des péchés doit précéder toute justification. Car il ne peut y avoir de justification sans la foi ( Romains 6.23 ) et la foi amène toujours le pardon. ( Romains 3.24, 25; 5.1 ).

Je cite le paragraphe suivant de votre pamphlet, page 44 :

« 'Jusqu'à ce que vienne la postérité' limite la durée de ce système de pardon au-delà de tout doute. Le mot 'jusqu'à' a toujours cette signification. La loi 'ajoutée' devait cesser d'exister lorsque viendrait la postérité. C'est ce que le texte déclare infailliblement. La loi morale ne s'étendait-elle pas au delà de la pleine révélation du Messie? Aucun chrétien digne de ce nom n'admettrait cela. Or, c'était précisément le cas avec l'autre loi. »

Vous dites que la loi ajoutée devait cesser d'exister lorsque la postérité viendrait, parce que le mot « jusqu'à » a toujours signifié une durée de temps limitée. Permettez-moi de vous citer quelques textes. Dans Psaumes 112.8, je lis sur l'homme de bien : « Son coeur est ferme, il n'aura point de crainte, jusqu'à ce qu'il ait vu son désir se réaliser sur ses adversaires. » Pensez-vous que cela implique qu'aussitôt que l'homme aura vu son désir se réaliser sur ses ennemis, il aura peur? De nouveau je lis à propos de Christ dans Ésaïe 42.4 : « Il ne se découragera point et ne se relâchera point, jusqu'à ce qu'il ait jugé la terre. » Pensez-vous que le mot « jusqu'à » dans cet exemple limite la durée du temps pendant lequel Christ ne serait pas découragé? Et ceci implique-t-il qu'aussitôt qu'Il aura établi le jugement sur terre, Il échouera et se découragera? La question n'a pas besoin de réponse. Une fois de plus, dans Daniel 1.21, je lis : « Ainsi fut Daniel jusqu'à la première année de Cyrus. » Cela veut-il dire qu'il n'a pas vécu plus longtemps? Pas du tout, car au dixième chapitre nous lisons qu'une vision lui fut donnée dans la troisième année de Cyrus. 1 Samuel 15.35 dit que « Samuel n'alla plus voir Saül jusqu'au jour de sa mort ». Pensez-vous qu'il est allé le voir aussitôt qu'il est mort? Ces textes montrent que « jusqu'à » ne limite pas nécessairement la durée de la chose à laquelle elle est appliquée et n'implique pas nécessairement que la loi cessera d'exister avec la venue de la postérité. La signification exacte du terme dans cet exemple viendra plus tard.

Je cite à nouveau votre pamphlet :

« La loi 'ajoutée' fut 'ordonnée' par des anges dans la main d'un médiateur. » Tous sont d'accord que ce 'médiateur' était Moïse qui servait d'intermédiaire entre Dieu et le peuple. Le mot original pour 'ordonnée' est traduit 'promulguée' par Greenfield qui cite ce texte en guise d'illustration. Était-il vrai que les dix commandements furent 'ordonnés' ou 'promulgués' par des anges, 'dans' ou 'par la main de Moïse'? Dieu leur a Lui-même parlé d'une voix qui ébranla la terre et leur écrivit de Son propre doigt sur des tables de pierre. Mais l'autre loi fut donnée par des anges et écrite dans un 'livre' par 'la main de Moïse'. Si le lecteur désire voir certains exemples où la même expression est utilisée en substance quand il est question de la 'loi de Moïse', nous lui suggérons de voir Lévitique 26.46, Nombres 4.37, 15.22-23 et particulièrement Néhémie 9.13-14 où la distinction est clairement faite entre les lois que Dieu a données oralement et les préceptes, statuts et lois 'donnés' par la main de Moïse. »

Il y a plusieurs points à noter dans ce paragraphe et nous le ferons en ordre. Premièrement, la loi cérémonielle a-t-elle été donnée par des anges? Ceux qui comme vous le croient disent que oui et le prouvent en citant Galates 3.19 en guise de preuve. Mais ce n'est pas là un bon argument car c'est justement le texte discuté; mais malheureusement pour votre théorie, c'est le seul texte que vous pouvez citer. Et ainsi la « preuve » que la loi cérémonielle fut donnée par des anges n'est rien qu'un raisonnement circulaire [une tautologie]. Ainsi vous dites que Galates 3.19 se réfère à la loi cérémonielle parce qu'il parle d'une loi qui fut « ordonnée par des anges », puis vous « prouvez » que la loi cérémonielle a été dite par des anges en citant Galates 3.19 que vous avez déjà « prouvé » comme se référant à la loi cérémonielle. Ceci ne prouve absolument rien, mais laisse la question sans réponse. Vous avez commencé par démontrer que Galates 3.19 faisait référence à la loi cérémonielle parce qu'il parle d'une loi ordonnée par des anges. Pour que ce soit valable, vous devez citer au moins un autre texte de la Bible où au moins une allusion est faite que les anges ont donné la loi cérémonielle, mais vous ne pouvez le faire.

D'autre part, la relation des anges avec le don des dix commandements du Sinaï est très clairement marquée. Je cite d'abord Psaumes 68.18 : « Les chariots de l'Éternel se comptent par vingt mille, même en milliers d'anges; le Seigneur est au milieu d'eux, comme au Sinaï, au lieu saint. » Et je me réfère ensuite à Deutéronome 33.2 : « L'Éternel est venu du Sinaï, Il s'est levé sur eux de Séir, Il a resplendi de la montagne de Paran, et Il est venu avec dix mille saints [saints anges] : Il leur a de sa droite envoyé une loi brûlante. » Ces textes montrent clairement que les anges de Dieu étaient au Sinaï quand la loi fut proclamée. Ils étaient évidemment là dans un but précis, même si nous ne pouvons pas dire lequel. Mais nous avons un témoignage encore plus important dans le discours d'Étienne, Actes 7.51-53:

« Hommes au cou raide, incirconcis de coeur et d'oreilles! vous vous opposez toujours au Saint-Esprit. Ce que vos pères ont fait, vous l'avez fait aussi. Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté? Ils ont tué ceux qui annonçaient d'avance la venue du Juste, que vous avez livré maintenant, et dont vous avez été les meurtriers, vous qui avez reçu la loi par la disposition d'anges, et qui ne l'avez point gardée! »

La loi que ces méchants Juifs n'avaient pas gardée était la loi morale dont Étienne déclare qu'elle a été donnée « par la disposition d'anges », le même terme qui est traduit dans Galates 3.19 « ordonnée par des anges ». Le mot diatasso traduit par ordonner, signifie selon Lidell et Scott « placer, ordonner, établir, mettre en ordre, lever une armée ». Le mot « disposition » dans Actes 7.53 vient de diataxis, un nom dérivé du verbe précédent et il signifie « disposition, arrangement, plus particulièrement une levée de troupes, le rangement en ordre de bataille ». Ces mots ont aussi le sens de « décréter », de « vouloir », mais la signification précédente semble soutenir l'idée des mots tels qu'ils sont utilisés dans les textes cités.

Le texte considéré ne dit pas que les anges ont proclamé la loi et nous savons très bien qu'ils n'ont pas proclamé la loi morale ni la loi cérémonielle. Le Seigneur les a Lui-même proclamées, l'une directement au peuple et l'autre à Moïse. Mais les anges étaient là, dans leur ordre régulier évidemment, en tant qu'armées du ciel. Quel rôle ont-ils joué exactement, personne ne le sait car la Bible ne le précise pas. Tout ce que je prétends, c'est que les Écritures parlent d'eux comme intimement liés au don de la loi morale, alors qu'il n'y a pas un texte dans la Bible qui les mentionne en rapport avec le don de la loi cérémonielle; et le texte des Actes déjà cité dit clairement de la loi morale qu'elle fut donnée « par la disposition d'anges ». L'expression « ordonnée par des anges » en est une sur laquelle ceux qui argumentent en faveur de la loi cérémonielle dans Galates ont beaucoup placé leur confiance, mais même là, elle joue contre eux.

Deuxièmement, la distinction qui est faite entre les lois morale et cérémonielle, c'est-à-dire que la loi morale fut proclamée par le Seigneur et la loi cérémonielle par Moïse, ne tiendra pas. Les textes mêmes que vous citez s'opposent à cette distinction. Je prendrai le premier, Lévitique 26.46. Il se lit : « Tels sont les statuts, les ordonnances et les lois, que l'Éternel a établis entre lui et les enfants d'Israël, sur la montagne de Sinaï, par la main de Moïse. » C'est le dernier verset du chapitre. Les deux premiers versets du chapitre se lisent ainsi :

« Vous ne vous ferez point d'idoles, vous ne vous élèverez ni image taillée ni statue, et vous ne placerez dans votre pays aucune statue de pierre, pour vous prosterner devant elle; car je suis l'Éternel, votre Dieu. Vous observerez mes sabbats, et vous révérerez mon sanctuaire. Je suis l'Éternel. »

Puis le chapitre se poursuit avec des instructions de garder les commandements du Seigneur, de marcher dans Ses statuts, il nous dit quels jugements viendront sur eux s'ils brisent les commandements, particulièrement le Sabbat et termine avec les paroles citées au début. Mais dans tout le chapitre, il n'y a pas l'ombre d'une allusion à la loi cérémonielle.

Votre référence suivante, Nombres 4.37, ne fait allusion ni à la loi morale, ni à la loi cérémonielle. Elle déclare simplement que Moïse et Aaron ont dénombré les familles des Kehathites, « selon le commandement du Seigneur par la main de Moïse ».

Votre troisième référence, Nombres 15.22-23, fait immanquablement allusion à la loi morale et à elle seule, comme on peut le voir en lisant en succession les versets 24, 25 et 26. Je les citerai :

« Si vous avez erré, et n'avez pas observé tous ces commandements que l'Éternel a fait connaître à Moïse, tout ce que l'Éternel vous a ordonné par la main de Moïse, depuis le jour où l'Éternel a donné des commandements et par la suite au sein de vos générations; alors il arrivera que si l'on a péché par ignorance, sans que l'assemblée le sache, toute l'assemblée offrira un jeune taureau en holocauste... Le sacrificateur fera l'expiation pour toute l'assemblée des enfants d'Israël, et il leur sera pardonné; car ils ont péché par ignorance, et ils apporteront leur offrande, un sacrifice consumé par le feu en l'honneur de l'Éternel et une victime expiatoire devant l'Éternel, à cause de leur ignorance; et il sera pardonné à toute l'assemblée des enfants d'Israël »

Tout ce sacrifice expiatoire devait être fait à cause des péchés commis contre ce que le Seigneur avait ordonné par la main de Moïse. Mais rien n'est péché excepté une violation des dix commandements.

Votre dernière référence, Néhémie 9.13-14, peut faire allusion à la fois à la loi morale et à la loi cérémonielle. Je citerai les versets :

« Tu descendis aussi sur la montagne de Sinaï, tu leur parlas du haut des cieux, et tu leur donnas des ordonnances justes, des lois de vérité, de bons préceptes et commandements. Tu leur fis connaître ton saint sabbat, et tu leur prescrivis par Moïse, ton serviteur, des commandements, des préceptes et des lois. »

C'est le seul texte parmi tous ceux auxquels vous avez fait référence qui fait allusion même indirectement à la loi cérémonielle. Et c'est certainement une allusion forcée qui la limite « par la main de Moïse » à la dernière partie du verset 14. Tous les autres textes, d'une manière ou d'une autre, quand ils font référence à une loi quelconque, se réfèrent seulement à la loi morale qu'on dit avoir été ordonnée « par la main de Moïse ».

Vous direz peut-être que j'ai abattu la distinction entre la loi morale et la loi cérémonielle et que j'ai ouvert la voie pour que les ennemis de la loi confondent les deux. Mais je ne l'ai pas fait. J'ai simplement cité les textes auxquels vous faites référence et j'ai montré leur application exacte. Il n'y a aucune possibilité de confusion entre les deux lois car nous avons cette distinction claire : La loi morale a été prononcée par le Seigneur d'une voix audible, venant du feu et de la fumée du Sinaï. Les dix commandements sont tout ce qui a été transmis de cette manière ( Deutéronome 5.22 ), et ils sont les seuls à avoir été écrits sur des tables de pierre par le doigt de Dieu. La loi cérémonielle a été donnée d'une manière plus privée. Ceci empêche certainement toute confusion. Cependant il est dit, comme nous l'avons vu dans les texte cités, que la loi morale et la loi cérémonielle ont toutes deux été données par la main de Moïse et les deux ont été écrites dans le livre de la loi. Mais il y a encore cette distinction que la loi cérémonielle a été écrite seulement dans le livre, alors que la loi morale a été écrite sur des tables de pierre, avec le doigt de Dieu, ainsi que dans un livre. Que le terme « la loi de Moïse » se réfère parfois aux dix commandements sera évident pour quiconque lira attentivement Deutéronome 4.44 à 5.22 et suivants, Josué 23.6-7, 1 Rois 2.3-4, 2 Rois 23.24-25, etc. Voir aussi The Great Controversy, vol. 2, p. 217-218, en commençant par le dernier paragraphe à la page 217. D'autre part, l'expression « la loi du Seigneur » est appliquée aux ordonnances cérémonielles. Voir par exemple Luc 2.23-24. Ainsi les expressions « la loi de Moïse » et « la loi du Seigneur » sont utilisées indifféremment pour les deux lois.

Troisièmement vous dites sur la dernière partie de Galates 3.19 que tous sont d'accord que ce médiateur était Moïse. Je ne suis pas d'accord et je ne pense pas que le texte et le contexte soutiennent une telle hypothèse. L'apôtre continue au verset suivant : « Or un médiateur n'est pas médiateur d'un seul, mais Dieu est un seul. » Maintenant voyons 1 Timothée 2.5 et lisons : « Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme. » Dieu est l'un des partis dans la transaction et Christ en est le médiateur. Je suppose que vous ne mettrez pas en doute la déclaration que Christ était Celui qui prononça les dix commandements sur le mont Sinaï. Dans The Great Controversy, vol. 2, p. 217 (concernant le sermon sur la montagne), je lis : « La même voix qui déclara la loi morale et la loi cérémonielle, qui étaient le fondement de tout le système hébreu, prononça ces paroles d'instruction sur la montagne. » Et ceci est indiqué dans le texte que nous considérons et aussi dans Actes 7.38 où Étienne dit de Moïse : « C'est lui qui, lors de l'assemblée au désert, était avec l'ange qui lui parlait sur la montagne de Sinaï et avec nos pères. » L'ange que nous comprenons tous comme étant celui qui parla à Moïse à partir du buisson, celui qui marcha devant les enfants d'Israël, celui qui portait le nom de Dieu, n'était autre que notre Seigneur Jésus-Christ. Si je pensais que c'était nécessaire, je vous donnerais beaucoup de témoignages de l'Écriture sur ce point. Et ainsi, le texte considéré, comme je l'ai prouvé en notant vos points, enseigne que la loi a été donnée sur le mont Sinaï à cause de la transgression, c'est-à-dire, afin que le peuple puisse connaître ce qu'était le péché et puisse apprécier le pardon qui fut offert à Abraham dans l'alliance et savoir qu'elle a été ainsi donnée jusqu'à ce que vienne la postérité à qui la promesse avait été faite; et l'apôtre montre la dignité et la valeur de la loi par la déclaration qu'elle fut disposée, arrangée ou ordonnée par des anges, dans la main de notre grand médiateur, le Seigneur Jésus-Christ.