Je porterai maintenant un peu d'attention à l'expression « jusqu'à ce
que vienne la postérité à qui la promesse avait été faite » et je
montrerai comment elle s'harmonise avec les autres expressions du
verset telles que je les ai expliquées. Premièrement je citerai une
référence que vous y faites. Vous dites :
« Nous considérerons brièvement un autre argument, une invention très
tardive, conçue pour éviter la conclusion que la loi 'ajoutée' a pris
fin à la croix. C'est la prétention que 'la postérité' n'est pas
encore venue et ne viendra pas avant le second avènement de Christ. Il
serait difficile pour l'auteur de penser réellement que n'importe quel
croyant en Christ prendrait cette position, si nous ne l'avions pas lu
dans notre chère revue Signs of the Times du 29 juillet 1886 (p. 46). »
Si ceci avait été écrit par certains hommes, je penserais que c'est de
la fausse représentation délibérée; car elle fausse certainement et
malheureusement le point de vue que j'ai pris et publié. J'ai
soigneusement relu mes articles pour voir si j'avais pu laisser
entendre, par quelque malheureuse expression, que Christ, la postérité
de la promesse, n'était pas encore venu et je ne trouve pas la moindre
suggestion d'une telle idée. Je n'ai cependant pas la moindre pensée
que vous ayez volontairement voulu médire d'une personne et je ne peux
qu'attribuer votre erreur à déclarer correctement ma position à une
lecture trop hâtive de celle-ci. Il n'est pas du tout surprenant pour
moi que dans le peu de temps que vous avez à votre disposition,
accablé en même temps d'une multitude de soucis propres à distraire
votre esprit, vous n'ayez pas saisi l'ensemble de l'argument,
considérant particulièrement que votre esprit n'y avait pas été
précédemment dirigé. Mais même si votre fausse représentation n'était
pas intentionnelle, elle n'en donne pas moins une impression erronée
de mon enseignement.
L'argument que j'ai mis de l'avant n'est pas une invention aussi
tardive que vous le pensez. J'ai soutenu ce point de vue depuis
plusieurs années et il ne vient pas de moi. Mais même s'il était
entièrement nouveau, ceci ne serait pas en soi un bon argument; car
« tout scribe instruit de ce qui regarde le royaume des cieux est
semblable à un maître de maison qui tire de son trésor des choses
nouvelles et des choses anciennes. » (
Matthieu 13.52 ).
Il est vrai que je soutenais et soutiens encore que la venue de la
postérité dont il est question dans
Galates 3.19
signifie la seconde venue de Christ; mais ceci n'implique pas que
Christ ne soit pas déjà venu ou qu'Il ne soit pas aujourd'hui la
postérité. Vous prêchez souvent que le Seigneur vient et vous citez
sans doute des textes de l'Écriture comme
Psaumes 50.3-4,
1 Corinthiens 4.5
et des dizaines d'autres. Maintenant si un homme vous entendant
prêcher un tel sermon devait s'en aller et dire que vous ne croyez pas
que le Seigneur est venu il y a 1 800 ans, il ne serait pas plus dans
l'erreur que vous l'êtes en disant que j'ai enseigné que Christ n'est
pas venu. Nous avons dans l'Ancien Testament de nombreuses références
à la venue de Christ; certaines signifient Sa première venue et
certaines Sa seconde. La seule manière dont nous pouvons les
distinguer, c'est par les événements mentionnés en rapport avec cette
venue. C'est ainsi que nous devons décider du sens de
Galates 3.18.
Il y a un seul motif pour lequel vous pouvez prétendre que la venue de
la postérité ne peut pas se référer à la seconde venue de Christ et
c'est en disant qu'Il ne sera pas la postérité à ce moment-là, qu'Il
est la postérité au premier avènement seulement. Mais une telle
prétention ne peut tenir même un instant, car Christ est aussi
sûrement la postérité quand Il écrase la tête du serpent que lorsqu'Il
a Lui-même été écrasé [KJV]. Il sera la postérité quand la promesse
sera accomplie pour Lui. La question se présente alors comme suit :
Christ est la postérité; par conséquent dire que « jusqu'à ce que
vienne la postérité » équivaut à dire « jusqu'à ce que Christ
vienne ». Le point suivant est alors : l'expression « la venue de
Christ » s'applique-t-elle absolument et seulement à la première
venue? Certainement pas car il y a deux venues et cette simple
expression « la venue de Christ » peut s'appliquer à l'une comme à
l'autre. C'est pourquoi, en autant que l'expression « jusqu'à ce que
vienne la postérité » est concernée, il n'y a aucune raison pour
laquelle elle ne devrait pas s'appliquer au second avènement aussi
bien qu'au premier. En effet, nous pouvons dire qu'il y a une
probabilité antécédente qu'elle devrait se référer à la seconde venue
de Christ, car elle est la plus notable des deux et que c'est celle à
laquelle nous pensons toujours quand l'expression n'est pas précisée.
Mais dans chaque cas, le contexte doit décider à quelle venue il est
fait allusion.
L'application de
Galates 3.19
au premier avènement de Christ provient largement, je crois, d'une
lecture superficielle de celui-ci. Vous présentez l'argument comme
s'il se lisait « jusqu'à ce que vienne la postérité de qui la promesse
a été faite. » Mais c'est « jusqu'à ce que vienne la postérité à qui
la promesse a été faite ». L'apôtre ne dit pas que la postérité a été
promise à Abraham, mais il parle de la promesse faite à Abraham et à
sa postérité, la postérité étant Christ. Maintenant si vous pouvez
trouver une seule promesse qui ait été accomplie pour Christ à Sa
première venue, nous aurons raison d'appliquer
Galates 3.19
au premier avènement de Christ. Mais vous ne le pouvez pas. Il n'y a
absolument rien que Christ ait alors reçu, aucune partie de la
promesse qui ait été accomplie pour Lui. Il a seulement reçu des
rebuffades, des reproches, des moqueries, la pauvreté, la fatigue, la
flagellation et la mort. Bien plus, la promesse à Abraham et à sa
postérité est une promesse conjointe aux deux; or, il est certain
qu'aucune promesse n'a été accomplie pour Abraham à la première venue
de Christ, car Abraham était déjà mort depuis 2 000 ans.
Que l'apôtre relie la venue de la postérité avec l'accomplissement de
la promesse pour Abraham est évident à partir de la simple lecture du
texte. Une certaine promesse avait été faite à Abraham et à sa
postérité, et une certaine chose fut donnée dans un but particulier,
jusqu'à ce que vienne la postérité à qui la promesse avait été faite.
L'idée qui surgit inévitablement de la lecture du texte, en laissant
chaque clause prendre sa propre importance, c'est qu'à la venue ici
considérée, la postérité héritera de la promesse. J'ajouterai quelque
chose sur ce point un peu plus loin.
Mais il n'est pas nécessaire d'émettre des conjectures à propos de ce
qu'est la promesse à laquelle se réfère ce verset. Le verset 18 se lit
: « Car si l'héritage venait de la loi, il ne viendrait plus de la
promesse; or, c'est par la promesse que Dieu l'a donné à Abraham »; et
le verset 19 poursuit : « Pourquoi donc la loi? Elle a été donnée
ensuite à cause des transgressions, jusqu'à ce que vienne la postérité
à qui la promesse avait été faite. » Ceci montre de façon très
concluante que la promesse ici référée est l'héritage. Cet héritage
promis est le monde entier (
Romains 4.13
) et il n'est pas nécessaire de présenter d'argument pour démontrer
que l'héritage est encore futur. Christ ne l'a pas reçu. Car nous
sommes cohéritiers avec Lui; et quand Il le recevra, Abraham et tous
ceux qui sont Ses enfants par la foi le recevront également. Et ceci
invalide votre argument que « les promesses à cette postérité,
plusieurs d'entre elles, s'étendent au-delà du second avènement, comme
celle d'
Ésaïe 9.6-7
et même jusque dans l'éternité. Ainsi, selon ce raisonnement, nous
pouvons attendre la postérité pendant toute l'éternité. » Cet
argument, s'il prouvait quoi que ce soit sous ce rapport, prouverait
simplement que la promesse à Abraham et à sa postérité ne sera jamais
accomplie, ce qui est contraire à la parole de Dieu. Mais comme nous
l'avons vu, il n'y a pas plusieurs promesses considérées au verset 19
mais seulement une promesse, l'héritage, et cet héritage promis sera
reçu à la seconde venue de Christ et pas avant.
Mais vous dites que même cette promesse n'est pas accomplie avant la
fin des mille ans et que, par conséquent, si la venue de la postérité
ne se produit pas avant l'accomplissement de la promesse, « la
postérité ne peut venir avant la fin des mille ans; car Abraham
n'héritera pas du pays avant ce temps ». Cet argument pourrait très
bien être appelé une « invention de dernière minute ». Je suis certain
qu'il est nouveau parmi notre peuple. Il est vrai que les saints
n'habiteront pas la terre avant la fin des mille ans, mais il n'est
pas vrai qu'ils ne la posséderont pas ou n'en hériteront pas avant ce
temps. Si c'est le cas, alors que veut dire Christ dans
Matthieu 25.31-34
où Il dit que lorsqu'Il viendra dans Sa gloire avec tous Ses anges, Il
s'assoira sur le trône de Sa gloire, séparera les justes des méchants
et dira aux justes : « Venez, vous qui êtes bénis de mon Père; prenez
possession du royaume qui a été préparé pour vous dès la fondation du
monde. » L'erreur dans laquelle vous tombez est de supposer que les
saints ne peuvent entrer en possession de la terre avant de l'habiter.
Si c'était vrai, cela s'appliquerait également à Christ, qui ne
pourrait la posséder avant de l'habiter; mais nous lisons dans
Psaumes 2.8-9
ces paroles du Père au Fils : « Demande-moi et je te donnerai les
nations pour héritage, les extrémités de la terre pour possession; tu
les briseras avec une verge de fer, tu les briseras comme le vase d'un
potier. » Nous apprenons de ce verset comme des versets d'
Apocalypse 11.15-19
et de d'autres textes que Christ reçoit le royaume juste avant Sa
venue sur cette terre. Et ce n'est pas avant que les coins les plus
reculés de la terre Lui aient été donnés pour possession qu'Il mettra
les nations en pièces comme le vase d'un potier. Si Christ ne
possédait pas la terre, Il n'aurait pas le droit de faire cela. Les
méchants sujets de Satan prétendent aujourd'hui posséder la terre qui
a été promise à Christ. Lorsque cette promesse sera accomplie et que
la terre Lui sera restituée, Il la débarrassera alors de ceux qui en
ont usurpé la domination. Il héritera de la terre pendant que les
méchants y seront encore mais Il ne pourra l'habiter tant qu'ils n'en
auront pas été extirpés. Nous disons qu'Il ne peut pas y habiter non
parce qu'Il n'en a pas le pouvoir, mais parce qu'Il ne peut y faire Sa
demeure tant qu'elle est aussi impure. Le fait cependant qu'Il agisse
avec les nations selon Son gré, les arrachant de la terre, montre que
la terre est Sa possession.
Le même argument s'applique aux saints. Ils sont cohéritiers avec
Christ. Ceci veut dire qu'ils reçoivent leur héritage en même temps
que Lui. Quand Il revient sur cette terre, après avoir reçu Son
royaume, Il les appelle à en hériter avec Lui. Ils n'habitent pas tout
de suite sur la terre mais ils habitent dans sa capitale, la Nouvelle
Jérusalem, et la possession de la capitale de n'importe quel royaume
est habituellement considérée comme une preuve de possession du
royaume lui-même. Bien plus, les saints seront assis sur des trônes
pendant les mille ans, afin de juger les méchants et de déterminer la
punition qui leur sera donnée. Ils partagent donc avec Christ la tâche
de débarrasser leur possession commune de ce qui l'encombre. C'est
comme si vous et moi étions cohéritiers d'une ferme. Nous en recevons
la possession à un moment donné, mais nous découvrons qu'elle est
entièrement couverte d'épines et de ronces; ainsi, avant d'y établir
notre demeure, nous nettoyons cet amas de débris et le brûlons. Les
méchants sont l'ivraie qui encombre la ferme promise à Abraham et à sa
postérité; quand Abraham et sa postérité en recevront la possession,
ils se débarrasseront de cette moisson impure puis l'habiteront. Ce
bref argument montre clairement, ce que je pensais déjà établi parmi
nous, c'est-à-dire que Christ et les saints possèdent le royaume quand
Il vient la seconde fois.