Les Juifs ultra-religieux étaient passés maîtres dans la connaissance
extérieure des Écritures et pourtant, malgré toutes leurs lectures de
l'Ancien Testament, ils ne comprenaient pas les prophéties. Non
seulement les prophéties se sont abondamment accomplies sous leurs
yeux mais ils ont eux-mêmes contribué à les accomplir tout en étant
trop aveugles spirituellement pour en reconnaître l'accomplissement.
Pierre a déclaré : « Tous les prophètes qui ont successivement parlé,
depuis Samuel, ont aussi annoncé ces jours-là. »
(
Actes 3.24) Paul a
proclamé : « Et, après qu'ils (les Juifs) eurent accompli tout ce qui
est écrit de lui... la promesse faite à nos pères, Dieu l'a accomplie
pour nous, leurs enfants, en ressuscitant Jésus. »
(
Actes 13.27-33).
Quand les prophéties de l'Ancien Testament que les Juifs connaissaient
si bien, étant « lues chaque Sabbat », ont été accomplies de manière
aussi précise, comment pouvaient-ils être si aveuglés devant leur
accomplissement, surtout après y avoir honteusement collaboré? Dans
Actes 13.27,
la raison nous en est donnée : « Car les habitants de
Jérusalem et leurs chefs, parce qu'ils ne l'ont pas reconnu ni les
paroles des prophètes qui se lisent chaque sabbat, ils les ont
accomplies en le condamnant. » Parce qu'ils n'ont pas reconnu Jésus --
parce qu'ils n'étaient pas en accord avec Dieu qui avait envoyé Jésus
-- ils ont mal lu les prophéties de l'Ancien Testament concernant la
venue du Messie et l'établissement de Son royaume. S'ils avaient
accepté Jésus comme leur Seigneur, Il leur aurait donné la délivrance
du péché, et le discernement spirituel leur permettant de de voir
l'objectif moral de la prophétie leur aurait été communiqué avec le
pouvoir de vivre une vie personnelle victorieuse.
Un auteur a dit : « Les chefs des Juifs avaient étudié les
enseignements des prophètes sur le royaume du Messie; mais ils
l'avaient fait, non avec un sincère désir de connaître la vérité, mais
dans le but de trouver les preuves nécessaires pour soutenir leurs
espoirs ambitieux. » (Jésus-Christ, p. 196)
Si leur coeur avait été en harmonie avec le plan de Dieu, ils auraient
clairement compris ce plan.
On découvrira que les interprétations correctes des prophéties
relatives aux événements présents et futurs, lorsqu'elles sont
examinées, s'harmonisent avec l'expérience chrétienne présente. Plus
nous connaissons le caractère de Dieu et plus nous devenons comme Lui,
plus nous sommes rendus capables de comprendre en expérience les
Écritures. « Afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père
de gloire, vous donne l'esprit de sagesse et de révélation dans sa
connaissance, et qu'il illumine les yeux de votre intelligence... »
(
Éphésiens 1.17, 18)
« Mais croissez dans la grâce et dans la
connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. »
(
2 Pierre 3.18)
Plus nous croissons en grâce, plus grande est la connaissance
de notre Sauveur, une connaissance pratique, expérimentale. « L'âme
qui se tourne vers Dieu pour obtenir Son aide, Son soutien, Sa
puissance par la prière sincère et quotidienne, aura de nobles
aspirations, de claires perceptions de la vérité et du devoir. »
(Une vie meilleure, p. 103)
« L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui
sort de la bouche de Dieu. »
(
Matthieu 4.4). Notre Seigneur citait
Deutéronome 8.3
où cette déclaration est donnée comme la raison morale
pour laquelle Dieu a donné la manne aux enfants d'Israël. Il voulait
qu'ils l'appliquent dans leur relation personnelle avec le Sauveur.
Si les Juifs du temps de notre Seigneur avaient sincèrement connu par
expérience le renouvellement quotidien de la manne céleste -- s'ils
avaient vécu de toute parole de Dieu -- ils auraient accepté avec joie
l'application spirituelle du Sauveur du don de la manne à Sa propre
personne. (Voir
Jean 6.31-66.
« Plusieurs de ses disciples, après
l'avoir entendu, dirent : Cette parole est dure; qui peut
l'écouter?... Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se
retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui. ») Leur vie n'était pas
en harmonie avec les Écritures, c'est pourquoi ils ne les comprenaient
pas.
Les Juifs étudiaient les prophéties, mais sans discernement
spirituel
Alors que la condition spirituelle de l'Église décline, on porte plus
d'attention aux choses externes de la religion et moins aux choses
internes -- une coquille morte au lieu du grain vivant. Les choses
littérales qui ont été instituées à cause de leur signification
spirituelle perdent leur sens spirituel et le service de l'Église
dégénère en formalisme : la lettre prend de l'importance alors que
l'esprit diminue. Telles étaient les expériences de l'ancien Israël
qui se répétèrent dans l'Église chrétienne. « Les Juifs perdirent la
vie spirituelle dans leurs cérémonies et s'attachèrent à des formes
mortes. » (Jésus-Christ, p. 20)
Pour montrer cette perte de vision spirituelle des Juifs, notez
l'extrait suivant :
« Dieu avait dit à Moïse à propos de Ses commandements : 'Tu les
attacheras sur ta main, pour te servir de signe, et ils seront comme
des fronteaux entre tes yeux.'
(
Deutéronome 6.8). Ces paroles
revêtent une signification profonde. Quand la Parole de Dieu sera
méditée et mise en pratique, l'homme tout entier sera ennobli. Les
mains occupées à des actes de justice et de miséricorde révéleront
comme un sceau les principes de la loi divine... Les regards, dirigés
vers un noble but, seront clairs et honnêtes... Mais les Juifs du
temps de Christ n'ont rien discerné de tout ceci. Le commandement
donné à Moïse a été mal compris de sorte que les préceptes de
l'Écriture étaient portés sur la personne. Par conséquent, ils les
écrivaient sur des bandes de parchemin et les liaient d'une manière
ostensible autour de la tête ou des poignets. " (Id., p. 609)
Leur disposition orgueilleuse à faire montre de justice aux yeux de
leur prochain les amenait à interpréter les Écritures dans ce sens.
S'ils avaient été doux et humbles de coeur, ils auraient discerné
l'importance spirituelle de
Deutéronome 6.8.
Ésaïe avait prophétisé : « Alors la gloire de l'Éternel sera révélée,
et au même instant toute chair la verra; car la bouche de l'Éternel a
parlé. »
(
Ésaïe 40.5)
Mais avant que la gloire visible de Dieu ne
soit manifestée lors du second avènement, la gloire spirituelle de
Dieu serait révélée dans le caractère et la vie du Seigneur Jésus. Si
les Juifs avaient apprécié la bienheureuse communion avec Dieu et
compris Son caractère, ils auraient discerné la gloire de Dieu dans la
vie de Jésus et auraient vu que le prophète parlait de la révélation
de la gloire spirituelle avant que la gloire littérale de Dieu ne
doive être révélée.
Le besoin des Juifs d'une vision spirituelle fut aussi illustré par
leur aveuglement devant le sens de la prophétie
d'
Aggée 2.7-9. Commentant sur cette
prophétie, l'auteur de La Tragédie des siècles dit à la page 24 :
« Ce temple [de Salomon] était l'édifice le plus magnifique que le
monde ait jamais vu. Cependant le Seigneur avait déclaré... 'La
gloire de cette dernière maison sera plus grande que celle de la
première... Je remplirai cette maison de gloire'... Mais le second
temple n'avait pas égalé la magnificence du premier, ni est-ce qu'il
avait été sanctifié par ces signes visibles de la présence divine qui
avaient marqué le premier temple. Il n'y eut aucune manifestation de
puissance surnaturelle pour marquer sa consécration... Pendant des
siècles, les Juifs s'étaient vainement efforcés de montrer en quoi la
promesse de Dieu donnée à Aggée avait été accomplie; cependant
l'orgueil et l'incrédulité aveuglaient leur esprit devant le véritable
sens des paroles du prophète. Le second temple n'était pas honoré de
la nuée de gloire de Jéhovah, mais de la présence vivante de Celui en
qui habite la plénitude de la divinité corporellement... C'est dans
la présence de Christ et en ceci seulement que le second temple excéda
la gloire du premier. »
Si les Juifs avaient été corrects avec Dieu, ils auraient reconnu la
grandeur et la gloire de Dieu éclatant dans le caractère de Christ;
ils auraient vu l'accomplissement de la prophétie d'Aggée. Quand
Jésus a dit : « Or, je vous le dis, il y a ici quelque chose de plus
grand que le temple.»
(
Matthieu 12.6),
ils auraient reconnu la présence du Dieu qu'ils croyaient être le
seul plus grand que le temple. (Voir
2 Chroniques 6.18).
Ils auraient vu l'accomplissement de la prophétie de
Malachie 3.1 :
« Et soudain entrera dans son temple
le Seigneur que vous cherchez. »
Jésus a également dit : « La reine du Midi se lèvera, au jour du
jugement, avec cette génération et la condamnera, parce qu'elle vint
des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, et
voici, il y a ici plus grand que Salomon. »
(
Matthieu 12.42) Si les
Juifs avaient lu correctement l'histoire de l'Ancien Testament, ils
auraient vu que l'histoire de personnes notoires telles que Salomon
était enregistrée dans les Écritures pour représenter la venue de
quelqu'un de plus grand, du Messie depuis longtemps promis, et quand
Jésus fit ces déclarations, ils auraient tout de suite vu le glorieux
privilège qui était le leur.
L'Ancien Testament contient de nombreuses prédictions concernant le
royaume du Messie.
« Au temps... où notre Seigneur apparut, il y avait parmi les Juifs
une attente généralisée de la venue du Messie et Son règne était
appelé 'le monde à venir', 'la Jérusalem céleste', 'le royaume des
cieux' ou 'de Dieu'. Entrer dans le royaume, c'était devenir Son
disciple. Les Juifs avaient des idées très erronées de sa nature et
il était nécessaire que notre Seigneur les corrige. C'est ce qu'Il
fait dans Ses enseignements et ceux de Ses disciples. La nature du
royaume de Dieu doit donc être apprise à partir de Nouveau Testament.
» (Angus's Bible Handbook, p. 203)
Quand le Messie est venu « chez les siens », « les siens ne l'ont pas
reçu »
(
Jean 1.11).
Les Juifs ont rejeté Christ parce que Son
interprétation des prophéties de l'Ancien Testament sur le royaume
attendu n'était pas ce qu'ils voulaient. Leur coeur n'était pas
préparé pour le genre de royaume qu'Il prêchait. L'auteur déjà cité
nous dit :
" Certains d'entre les Pharisiens étaient venus vers Jésus en
demandant 'quand viendrait le royaume de Dieu'. Plus de trois années
avaient passé depuis que Jean le Baptiste avait donné le message qui
avait résonné comme une trompette partout dans le pays : 'Le royaume
des cieux est proche?' Et pourtant ces Pharisiens ne virent aucun
indice de l'établissement du royaume. Plusieurs de ceux qui
rejetèrent Jean et qui s'étaient à chaque pas opposés à Jésus,
insinuaient que Sa mission avait échoué. Jésus répondit : 'Le royaume
de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards. On ne dira
point : Il est ici, ou : Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est
en vous.' Le royaume de Dieu commence dans le coeur. Ne cherchez
pas ici où là de puissantes manifestations terrestres devant marquer
Sa venue... Parce qu'il ne s'accompagne pas de pompe mondaine, vous
êtes en danger de ne pas discerner la gloire de ma mission. »
(Jésus-Christ, p. 502)
Les Juifs attendaient le temps où, avec l'avènement du Messie, toutes
les prédicitons regardant l'exaltation d'Israël dans Son royaume
littéral auraient leur grand accomplissement. La double nature du
royaume du Messie ne pouvait être saisie par leur nature non
spirituelle.
Ne souhaitant pas voir cette nature à deux volets prophétisée par les
voyants d'Israël, ils échouèrent à suivre la vérité que la première
phase du royaume avait trait à l'humiliation et à la lutte contre le
mal interne. Christ devait souffrir avant de pouvoir entrer dans Sa
gloire.
(
Luc 24.25, 26, 46;
1 Pierre 1.11).
De même, l'Israël associé avec Lui aurait d'abord à souffrir avant
de pouvoir régner avec Lui.
(
2 Timothée 2.12;
1 Pierre 4.13).
Le coeur humain orgueilleux aimerait participer à la gloire mais non à
l'humiliation et à la souffrance qui sont essentielles pour entrer
dans le royaume
(
Actes 14.22).
La première phase du royaume du Messie est le royaume
de grâce durant laquelle le temps et l'opportunité nous
sont donnés de préparer notre coeur pour la gloire à venir.
La « vie » est un synonyme du « royaume de Dieu »
(
Marc 9.45, 47;
Matthieu 18.9);
dans le royaume de grâce, Jésus donne la vie
spirituelle. Dans le royaume de gloire, Il donne la vie
éternelle.
Christ règne maintenant par Son Esprit dans chaque coeur qui Lui est
soumis ici-bas.
(
Colossiens 1.13, 26, 27;
3.4;
1 Jean 3.14;
5.11-13;
Jean 3.3, 7;
Philippiens 3.20;
Hébreux 12.23, marge;
Éphésiens 2.6, etc.)
Voilà le royaume qui était « à la porte »
(
Matthieu 3.2;
4.17, etc.).
C'était le but des sermons de Paul. (Voir
Actes 20.25;
28.23, 31).
Les prophéties concernant le royaume du Messie sont maintenant en
train d'être accomplies spirituellement, mais quelqu'un doit avoir
cette connaissance expérimentale de l'Esprit de Christ habitant en Lui
pour apprécier pleinement leur accomplissement présent.
Leur incapacité de lire les prophéties à la lumière de l'oeuvre
salvatrice de Christ a amené les Juifs à se méprendre sur les
prophéties qu'ils connaissaient si bien. À moins que nos
interprétations des prophéties ne révèlent Christ, nous échouerons
nous aussi à saisir leur vraie signification. Les Juifs ont été
amenés à rejeter Christ à cause de leur mauvaise interprétation des
prophéties concernant Israël; ils ont oublié ou ignoré l'objet moral
de la prophétie : la délivrance personnelle du péché. « Tu lui
donneras le nom de Jésus; c'est lui qui sauvera son peuple de ses
péchés »
(
Matthieu 1.21).
L'orgueil spirituel, l'égoïsme et le péché
dans leur coeur ont obscurci leur discernement spirituel.
« Tout en désirant la venue du Messie, les Juifs n'avaient pas une
juste conception de Sa mission. Ils ne cherchaient pas à être
rachetés du péché mais à être délivrés des Romains... Ils avaient
étudié les prophéties mais sans discernement spirituel... L'orgueil
obscurcissait leur vision. Ils interprétèrent les prophéties en
accord avec leurs désirs égoïstes. » (Jésus-Christ, p. 21-22)
Les Juifs étaient des littéralistes rigides
Les Juifs étaient des littéralistes rigides dans l'interprétation des
Écritures. Quand Jésus dit à Nicodème : « Tu dois naître de nouveau
», Nicodème fit mine de comprendre Ses paroles de manière littérale,
comme si Jésus faisait allusion à une naissance physique. Évidemment
Jésus faisait référence à une naissance spirituelle. (Voir
Jean 3).
Quand Jésus a dit : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le
relèverai. Les Juifs dirent : Il a fallu quarante-six ans pour bâtir
ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras? Mais il parlait du
temple de son corps. »
(
Jean 2.29-21).
Sur la question de l'autorité de la prophétie de
Malachie 3.1 et
4.5, les Juifs s'attendaient à ce
qu'Élie revienne littéralement sur terre avant la venue du Messie.
Ceci suscita la question : comment Jésus pouvait-Il être le Messie
puisque Élie était encore apparu en personne
(
Matthieu 17.10;
Jean 1.21)?
Jésus répondit à l'objection soulevée par les Pharisiens en
déclarant que la prophétie de Malachie concernant la venue d'Élie
était accomplie par le ministère de Jean le Baptiste, et qu'Élie était
un type du Précurseur. (Voir
Matthieu 17.11-13).
Quand Jésus a dit :
« Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle »
(
Jean 6.54),
Il parlait d'une relation spirituelle sous la forme d'une
figure, d'un type de l'Ancien Testament. Les auditeurs juifs de
Jésus, étant littéralistes, ont mal compris Ses paroles. L'auteur de
« Jésus-Christ », p. 379-383, nous donne le commentaire suivant sur
cet incident du ministère terrestre de Christ :
« Les paroles de Christ avaient pour objet la même vérité symbolisée
dans le service pascal. Mais on ne la discernait pas encore.
Irrités, les rabbis s'exclamèrent : 'Comment cet homme peut-il nous
donner sa chair à manger?' Ils faisaient semblant de comprendre Ses
paroles dans le même sens littéral que Nicodème lorsqu'il demanda :
'Comment un homme peut-il renaître quand il est vieux?'... En donnant
une fausse construction à Ses paroles, ils espéraient soulever des
préjugés à Son égard parmi le peuple. Le Christ ne consentit pas à
adoucir Sa représentation symbolique... Les Juifs incrédules ne
voulurent voir que le sens le plus littéral des paroles du Sauveur...
Le mystérieux royaume spirituel dont Il avait parlé les laissait
indifférents [parlant des disciples qui rejetèrent les vérités
spirituelles qui les testaient]. »
Les Juifs expliquaient les prophéties « mais sans discernement
spirituel »; ils n'étudiaient pas les prophéties à la lumière de
l'objectif moral de Dieu; ils n'étudiaient pas les prophéties de sorte
qu'elles puissent les fortifier pour vaincre le péché dans leur coeur.
Or, c'était dans ce but qu'elles avaient été données.