Martin Luther s'est moqué des théologiens de son temps en disant
qu'ils coulaient le pur lait de la parole de Dieu au travers du sac de
charbon de leur philosophie. Certaines traductions et paraphrases
populaires de la Lettre de Paul aux Galates tordent tellement le sens
des paroles de l'apôtre qu'elles produisent de la confusion et lui
font perdre tout intérêt. Elles introduisent parfois des idées
légalistes auxquelles Paul n'a jamais cru et « font obstacle à la
grâce de Dieu » qu'il appréciait tellement. Elles imposent ainsi à
cette magnifique lettre une fin sèche et complètement ignorante des
préoccupations de notre monde moderne ou encore la font basculer
totalement dans l'antinomie (suggérant qu'il est impossible d'obéir à
la loi de Dieu).
Le but proposé dans cette paraphrase est d'essayer de saisir à nouveau
l'impact que le livre des Galates peut avoir eu sur le coeur de ses
premiers lecteurs et de laisser Paul prendre tout son sens à nos yeux
dans des expressions typiques comme « sous la loi », « les oeuvres de
la loi », « sous la grâce », « par la foi », « crucifié avec Christ »
ou « se glorifier... dans la croix ».
Je suis profondément redevable aux ouvrages L'Évangile dans les
Galates et La bonne nouvelle dans l'Epître aux Galates de E. J.
Waggoner pour plusieurs des idées que je vois implicites dans la
lettre de Paul. C'est en 1738 que John Wesley, ayant assisté à la
lecture du Commentaire de l'Epître aux Galates de Luther, rendit
témoignage que son coeur fut « étrangement réchauffé ». J'espère que
cette lettre de Paul pourra ressortir dans notre vocabulaire moderne
en termes si clairs que les lecteurs pourront eux aussi revivre la
même expérience ardente d'une chaleur qui ne se refroidira jamais.
Je reconnais d'emblée que cette paraphrase est faite sans prétention
ni règles particulières, néanmoins j'ai sincèrement cherché à laisser
émerger le véritable message de Paul de manière aussi précise et
claire que possible. Le moins que je puisse espérer, c'est que votre
intérêt soit à ce point éveillé que vous aurez appris à aimer d'une
façon particulière l'Epître aux Galates et que vous serez ainsi
poussés à l'étudier toujours davantage.
Si, bien sûr, la lecture du texte des Galates dans votre traduction
actuelle de la Bible est suffisamment claire pour vous motiver à tout
sacrifier pour Christ à l'exemple de Paul, alors jetez cette
paraphrase. Car, dans ce cas, vous n'avez besoin d'aide de personne.
Je dois cependant avouer ouvertement que j'ai moi-même eu besoin
d'aide, ce qui me fait supposer qu'il peut y en avoir d'autres comme
moi.
Robert J. Wieland