La dame qui répondit oui à Dieu

LA DAME QUI RÉPONDIT OUI À DIEU

De nombreux chrétiens ont négligé Marie, la mère de Jésus, peut-être en réaction au sentiment d'exploitation dont elle a été victime de la part de certaines gens qui l'ont exalté jusqu'à la vénérer. Mais elle mérite un bien meilleur traitement car l'Écriture nous dévoile une richesse d'information assez surprenante à son sujet. Une compréhension plus réaliste de Marie pourrait rendre possible une meilleure appréciation de son divin Fils dans Son incarnation et ainsi élargir les frontières de notre foi.

La Bible n'est pas la source de certaines croyances populaires à son égard; par exemple, l'idée de son immaculée conception dans le sein de sa mère. L'Écriture exige que Marie ait porté les mêmes gênes que tous les êtres humains reçoivent de leurs parents, car c'est de Christ seul que la Parole inspirée déclare : « Lui qui n'a point commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s'est point trouvé de fraude. » ( 1 Pierre 2.22 ) Du reste de la race humaine nous lisons : « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » ( Romains 3.23 ). Marie elle-même est rapportée comme reconnaissant son propre besoin d'un « Sauveur », une chose qu'aucune personne immaculée ne pourrait confesser ( Luc 1.46-47 ).

La Bible ne présente pas non plus Marie comme une « dispensatrice de la grâce ». Elle la dépeint plutôt comme une récipiendaire unique de la grâce ( Luc 1.28, 30, 49 ). L'idée de sa virginité perpétuelle vient également de la tradition et non des Écritures, et repose sur une vision non biblique de la sexualité qui dénature la bénédiction divinement conçue de l'union entre l'homme et la femme (voir Genèse 1.27, 31; Proverbes 5.15-18; Matthieu 1.25 ) De fausses conceptions de la virginité de Marie contribuent à cette fausse piété qui considère la sexualité dans le mariage comme contraire à une vraie sainteté.

Alors que nous ne trouvons aucune allusion dans les Écritures à propos de l'élévation de Marie à un culte ou à la vénération de la part des premiers chrétiens, nous avons cependant des indices de son caractère et de sa personnalité. Par exemple :
  1. Elle aimait apparemment la belle littérature et était elle-même habile comme poétesse. Ceci est mis en évidence dans son poème connu sous le nom de Magnificat ( Luc 1.46-55 ).

  2. Elle semble intelligente, capable de garder son sang-froid en temps de crise, calme et maître d'elle-même. Nous voyons cela dans sa manière de faire face à l'ange Gabriel quand il vint lui annoncer qu'elle avait été choisie pour être la mère du Messie ( Luc 1.26-38 ).

  3. Elle se fit remarquer par son calme, sa réflexion et sa discrétion. Nous tirons ceci des commentaires de Luc concernant Sa naissance et l'enfance de Jésus : « Marie gardait toutes ces choses et les repassait dans son coeur. » ( Luc 2.19 ) D 'aussi grands secrets seraient certes difficiles à garder pour la plupart d'entre nous!

  4. Sa foi enfantine et cependant mature fut telle que Dieu put l'employer comme son agent dans le plus grand miracle de tous les temps. Élisabeth fit l'éloge de la foi de Marie nouvellement enceinte dans les paroles de cette bénédiction convoitée : « Heureuse celle qui a cru, parce que les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement. » ( Luc 1.45 ).

  5. Il est probable que Marie ait eu, plus que toute autre femme, une capacité d'endurer la peine. Elle fut en effet « bénie » mais son âme sensible pouvait aussi être déchirée par une douleur qu'aucune autre femme d'aucune époque ne pourrait connaître.

  6. « Une épée te transpercera l'âme » avait dit avec discernement le prophète Siméon alors que l'inspiration agita son âme en tenant son saint Enfant dans ses bras dans le temple ( Luc 2.35 ). Cette épée devait percer son âme à plusieurs reprises au cours des 33 années qui suivraient, et voir son Fils mourir finalement sur une croix sera pour elle une douleur infiniment supérieure à ce que n'importe quelle mère ordinaire ressentirait en regardant un fils ordinaire mourir sous l'agonie et l'abus, car Sa mort surpassa en magnitude toutes les autres morts.

  7. La grâce divine rendit Marie capable d'être une sage mère pour son précieux Fils; en effet, aucune femme ne peut être une sage mère sans cette grâce. Mais la confiance et la responsabilité que Dieu a mis en cette femme nous étonne. « Je te salue, tu es grandement favorisée,... tu es bénie entre toutes les femmes » a dit l'ange ( Luc 1.28 ).

Nous ne pouvons pas être des chrétiens qui croient en la Bible à moins d'accepter toutes les implications de l'Incarnation : Le Fils de Marie était vraiment son Fils, la Parole est devenue chair humaine, une chair qu'elle Lui a donnée. Le ciel a totalement confié à ses soins le précieux Enfant. Un accès de colère dans un moment d'indifférence, d'inattention ou d'égoïsme de la part de Marie en tant que mère aurait pu ternir le caractère de son rejeton impressionnable, car Son enfance fut une expérience humaine d'apprentissage, comme la nôtre. Nous lisons qu'Il « apprit l'obéissance » et qu'Il était « soumis » à ses parents terrestres ( Hébreux 5.8; Luc 2.51 ) La maternité de Marie fut une expérience indescriptiblement merveilleuse et nous accomplissons justement sa prophétie : « Toutes les générations me diront bienheureuse » ( Luc 1.48 ).

Marie était-elle la jeune et ravissante actrice de cinéma que les artistes ont pris plaisir à peindre ainsi? Était-elle à ce moment convoitée par tous les soupirants du village? Plusieurs révélations du Nouveau Testament suggèrent qu'elle ait pu subir de douloureux désappointements dans sa jeunesse, une condition incompatible avec le concept populaire qu'elle était une belle adolescente. Comme la Bible est complètement inspirée, il se peut que les peintures des artistes le soient moins.

Dans son poème révélateur, Marie rapporte que Dieu a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante ( Luc 1.48 ). Le mot grec est « tapeinosis » qui est traduit par « humiliation » dans Actes 8.33. (Le verbe signifie être abaissé dans 2 Corinthiens 11.7 et Luc 14.11.) C'est un mot qui dépeint adéquatement le mépris et le déshonneur soufferts par Christ dans Sa condamnation illégale et Sa mort. Le mot évoque plus que la simplicité habituelle du paysan. Il signifie une humiliation douloureuse, embarrassante et, pour une quelconque raison, Marie se l'applique personnellement.

Le récit de l'Évangile démontre clairement que Joseph doit avoir été veuf avec au moins six enfants. Les noms des quatre garçons sont mentionnés dans Matthieu 13.55 et Marc 6.3, et au moins deux filles sont mentionnées. Les garçons étaient évidemment plus âgés que Jésus car Jean nous raconte comment ils ont essayé de le diriger, une chose que seuls des garçons plus âgés auraient osé faire dans la culture juive ( Jean 7.3-5 ). Quelqu'un pourrait se demander quel veuf sensé ayant au moins six enfants sans mère voudrait honnêtement marier une jeune adolescente pour qu'elle devienne leur belle-mère. (Évidemment, lorsque Joseph se fiança à Marie, la pensée qu'elle devienne la mère du Messie ne pouvait lui être passée par l'esprit.) Ce dont il avait besoin, c'était une femme mature pour l'aider avec ses problèmes.

Quand l'ange Gabriel annonça à Marie qu'elle était enceinte, elle voulut partager l'excitant secret avec sa meilleure amie et confidente comme le ferait n'importe quelle femme. Cette confidente était-elle une adolescente de Nazareth? Non. Nous découvrons qu'elle part « en hâte » pour la montagne où demeure une femme âgée, Élisabeth, qui, comme Anne autrefois, avait connu l'amertume d'être une femme juive sans enfant et dont l'humiliation (tapeinosis) venait aussi d'être enlevée par sa miraculeuse conception de Jean le Baptiste à un âge avancé ( Luc 1.5-24, 39-44 ). Pourquoi Marie chercherait-elle une telle compagnie? Élisabeth et elle avaient-elles quelque chose d'autre en commun qu'un lien de parenté?

Le Fils de Marie est connu comme « un homme de douleur, habitué à la souffrance » ( Ésaïe 53.3 ). Marie a dit qu'elle avait elle aussi goûté à la douleur de la « tapeinosis », peut-être le rejet humiliant d'avoir été ignorée, non désirée. Son héroïne favorite était évidemment Anne, la mère délicieusement triste du prophète Samuel, car le Magnificat de Marie est étroitement modelé sur le chant émouvant d'Anne, chant de réjouissance à la naissance de son fils (cf. 1 Samuel 2.1-10; Luc 1.46-55 ). Anne connut à tout le moins le toucher d'une « épée » transperçant son âme, l'amertume d'avoir été apparemment oubliée par Dieu et laissée sans enfant alors qu'Il semblait favoriser la seconde femme, l'arrogante Pénina ( 1 Samuel 1.4-10 ). Peu de jeunes adolescentes recherchées et rayonnantes trouvent le temps de s'identifier de manière aussi émotive avec Anne.

Nous ne savons pas à quoi ressemblait Marie car aucun artiste connu ne l'a prise pour modèle. Même si son Fils possédait la véritable beauté d'un caractère d'amour, nous n'aurions probablement jamais tourné la tête pour Le regarder deux fois si nous n'avions pas su qui Il était. Nous lisons de lui : « Il n'avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, et son aspect n'avait rien pour nous plaire. Il était méprisé et abandonné des hommes » ( Ésaïe 53.2-3 ) Il était le Fils de Marie dans Son incarnation.

Qu'est-ce qu'était la « tapeinosis » de Marie? Était-elle aussi, dans un autre sens, pour une quelconque raison, « méprisée et rejetée par les hommes » de sorte qu'elle connut des nuits où elle mouilla son oreiller de larmes solitaires, apparemment privée à jamais de l'occasion de réaliser, par le mariage, le rêve ultime de toute femme juive, être la mère du Messie tant attendu? Si tel était le cas, imaginez la joie éclatante de son coeur quand elle chanta son cantique : « Et mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur, parce qu'il a jeté les yeux sur la bassesse [la douloureuse humiliation] de sa servante. » ( Luc 1.47-48 )

Considérez l'étonnante maturité de la foi de cette femme. Elle était sûrement suffisamment intelligente pour savoir que sa mystérieuse grossesse susciterait les regards désapprobateurs de toute la ville, sans mentionner la réaction évidente de Joseph en apprenant la nouvelle. Ce pourrait être un suicide virtuel pour une femme! La joie incomparable de sa grossesse devait être ternie par cette autre peine douloureuse, l'ostracisme de la société. N'importe quelle femme ordinaire demanderait : « Que va penser Joseph? Oui, que vont penser les voisins? » Et Jean rapporte que les voisins ont toujours eu plein de choses à dire par la suite, car les Juifs firent un reproche méprisant à son Fils innocent : « Nous ne sommes pas nés de la fornication! » ( Jean 8.41 )

Mais Marie était déjà prête et elle accepta bravement la tâche que Dieu lui confiait : « Je suis la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon ta parole! » ( Luc 1.38 )

Quand César Auguste publia son décret impérial requérant que Joseph parte en voyage vers Bethléhem pour le recensement (pour l'imposition de taxes), il aurait été naturel pour Marie de vouloir l'accompagner, ne serait-ce que pour éviter les moqueries des voisins. Il n'est pas nécessaire de supposer qu'elle planifiait consciemment d'accoucher à Bethléhem. Évidemment, Joseph et elle n'avaient pas de parents à cet endroit pour les aider, autrement ils ne seraient pas allés à la recherche d'un hôtel pour ensuite être abrités dans une étable.

Peut-être Marie n'a-t-elle pas réalisé que la naissance était si proche car elle n'aurait pas entrepris un voyage de 110 km à pied ou à dos d'âne. (Ce ne pouvait être le mois de décembre car un tel voyage aurait été impossible dans le froid, la pluie et la neige de cette époque de l'année, et les bergers n'auraient pas campé à l'extérieur dans les champs; la date de naissance du 25 décembre est une relique de la mythologie.)

Luc raconte l'histoire d'une manière qui implique que la naissance est survenue trop tôt et de façon inattendue : « Pendant qu'ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher arriva. » ( Luc 2.6 ) Elle n'avait même pas de layette! L'expérience initiale n'aurait pu avoir été aussi romantique que les artistes l'ont dépeinte. Avoir un bébé dans un enclos de vache puante et Le déposer dans une auge d'âne n'est pas d'un plaisir trop antiseptique. Elle doit Lui avoir raconté plus tard les circonstances dangereuses de Sa naissance, dans un environnement aussi peu hygiénique, à en juger par Ses propres paroles prophétiques ( Psaumes 22.9-11 ). La peine qui allait toujours restreindre la joie de Marie faisait déjà son entrée. Si son bébé était le Christ du Seigneur, pourquoi Dieu ne S'occupait-Il pas mieux d'elle?

Même si Marie ne s'est jamais laissée aller à ce doute agaçant, la forte tentation revenait continuellement. Son Garçon était délicieusement différent des autres enfants mais Il pouvait aussi l'être douloureusement. Il était souvent difficile de Le comprendre. Un Garçon sans péché n'était pas toujours le bienvenu dans la société pécheresse de Nazareth, et les membres de la famille avaient tendance à ne pas Le comprendre. En tant que Juive dévote, Marie ressentait une révérence profondément enracinée pour les rabbins honorés de la synagogue; pourquoi son Fils devait-Il avoir si souvent des points de vue différents de ceux qu'ils chérissaient? À partir de Son enfance et sur tout le parcours qui L'amena jusqu'à la croix, l'incapacité de Jésus de gagner leur bienveillance doit lui avoir causé les tiraillements constants d'une douloureuse perplexité. Et les demi-frères qui avaient souvent tendance à Lui faire des reproches et à se moquer de Lui rendirent la douleur de Marie encore plus amère.

Et finalement, ce fut le Calvaire.

Le mystérieux rejet par les chefs, la condamnation légale au cours de procès bidons, les moqueries cruelles et les raclées, la haine phénoménale dirigée vers Lui et la crucifixion tout ceci lui sembla un cauchemar inexplicable. Ce ne pouvait être vrai! Comment cela pouvait-il arriver à son Fils s'Il était le Messie?

Mais Il était là, étendu sur la croix comme un criminel, ayant même selon divers rapports confessé Sa culpabilité, impliquant que Ses ennemis devaient avoir raison, car ne S'était-Il pas écrié dans Son angoisse quelque chose comme « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-Tu abandonné? » Avait-elle cru à tort pendant toutes ces années? Était-Il seulement un imposteur pieux et naïf, un mégalo maniaque S'étant fait des illusions? Avait-elle porté un tel Fils?

Sous une pression émotionnelle et sociale intense, de bonnes gens peuvent être tentés de douter d'eux-mêmes et de confesser des crimes qu'ils n'ont jamais commis. L'agonie de la tentation de Marie à la croix doit avoir été horrible. Contemplant incrédule cette scène effrayante, elle devait se demander si elle avait seulement imaginé la visite de l'ange Gabriel au tout début, la naissance virginale, la visite des bergers et leur histoire à propos d'anges chantant dans le ciel, et enfin les mages et leurs présents.

Mais elle se rappellerait l'amour toujours présent démontré dans le caractère de son Fils même dans Son enfance, Sa tendresse particulièrement attentionnée envers elle, Ses miracles, les acclamations des gens. Comment au monde ceci pouvait-il arriver si son Fils était le Messie? Comment pouvait-Il mourir comme un criminel, dans la nudité et le mépris? Quelque chose n'allait pas quelque part. Où était Dieu?

Marie devait aussi se rappeler la prophétie énigmatique du vieux Siméon à propos d'une épée qui lui transpercerait l'âme. Était-ce ce dont il parlait?

L'amour maternel naturel de Marie pour un Fils fidèle rendit l'épée qui déchira son coeur encore plus cruelle. Mais plus douloureuse encore était cette crainte effrayante et trop pénible pour y penser. Peut-être tout ceci n'avait-il été qu'un mauvais rêve? Peut-être n'y avait-il pas d'évangile, pas de bonne nouvelle d'une grande joie pour le monde comme les bergers l'avaient entendu chanter par les anges? L'épée fit plus que transpercer les rêves orgueilleux d'une mère, elle transperça les espoirs de l'humanité, dépassant son amour de mère et le rendant encore plus noble. Aucune âme humaine autre que celle de son Fils ne fut aussi déchirée par l'agonie.

Que le Dieu du ciel ait pu trouver sur terre une telle femme pour porter une telle croix est le plus grand miracle en l'honneur de la femme de tous les temps. Marie demeure la mère humaine de notre Sauveur et, comme telle, mérite notre gratitude éternelle. Et son Fils mérite un culte et une adoration encore plus mérités que ce que nous avons pu Lui donner jusqu'ici, car telle est la vraie foi néo-testamentaire.