Paul passe ensuite à la vérité de l'universalité du péché. « Tous sont
sous l'empire du péché » (verset 9).
Il englobe ici à la fois Juifs et Gentils. Nous retrouvons dans ces
deux groupes toute la race humaine. Les « Juifs » représentaient tous
ceux qui ont l'avantage de la Parole de Dieu. Les « Gentils »
comprenaient le reste de l'humanité.
L'avantage d'avoir les oracles de Dieu place son possesseur dans
l'obligation de partager ce qui lui a été donné avec d'autres qui
n'ont pas eu les mêmes privilèges au niveau de leur naissance et de
leur environnement. Mais indépendamment des avantages ou des
désavantages de chacun, « tous » sont sous la même condamnation, la
même culpabilité et la même tyrannie du péché. Ceci est un fait
universel qui ne peut être contredit. Le faire équivaut à nier la
réalité. Paul élabore son raisonnement dans
Romains 3
en passant de l'universel au particulier. L'élément universel
prédomine nettement.
Les versets 10 à 19 démontrent ce que Paul signifie par « tous »
sont sous l'empire du péché. Le caractère de l'homme déchu est décrit
aux versets 10-12 :
« Il n'y a point de juste, pas même un seul; personne ne comprend,
personne ne cherche Dieu. Ils se sont tous égarés, ils sont tous
devenus inutiles. Il n'en est aucun qui fasse le bien, non, pas un
seul. »
Le mot « tous » souligne l'idée d'universalité. Ce discours est
ensuite analysé aux versets 13 et 14 :
« Leur gosier est un sépulcre ouvert; ils se sont servis de leurs
langues pour tromper; ils ont sous leurs lèvres un venin d'aspic; leur
bouche est pleine de malédiction et d'amertume. »
Cette image indique que seules la mort et la pourriture se trouvent
dans la bouche de l'homme déchu. Le mot « tromper » signifie
persévérer dans un profession hypocrite. La culpabilité se retrouve
dans la bouche et elle est suivie d'actions pécheresses :
« Ils ont les pieds légers pour répandre le sang; la destruction et le
malheur sont sur leur route; ils ne connaissent pas le chemin de la
paix; la crainte de Dieu n'est pas devant leurs yeux. » (Versets 15-18)
C'est le but de Dieu de guider nos pas dans le chemin de la paix. On
trouve ce chemin dans la loi de Dieu. « Il y a beaucoup de paix pour
ceux qui aiment ta loi, et rien ne les fait trébucher. » (
Psaume 119.165
). Cette paix vient en acceptant la justification de Dieu par la foi.
« Ayant été justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par
notre Seigneur Jésus-Christ. » (
Romains 5.1
). La justification par la foi nous met en harmonie avec la loi morale
de justice. Cette loi de justice est écrite dans le coeur en vertu des
promesses divines de la nouvelle alliance et l'oeuvre de la justice
est paix, quiétude et assurance (
Psaume 119.172;
Hébreux 8.10;
Ésaïe 32.17 ).
Certains refusent cependant de croire ou rejettent l'oeuvre de Dieu
pour eux et en eux. Ils ne veulent pas suivre les voies de Dieu et ils
n'ont donc aucune paix. Dieu leur dit : « Oh! si tu avais suivi mes
commandements! Alors ta paix aurait été comme un fleuve, et ta justice
comme les flots de la mer. » (
Ésaïe 48.18 ).
Au
verset 19 de Romains 3,
Paul résume son argumentation : « Or, nous savons que tout ce que dit
la loi, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que toute bouche
soit fermée, et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu. »
« Sous la loi » signifie ici littéralement « dans la loi » (en to nomo)
ou sous sa juridiction. Toute l'humanité est sous la juridiction de la
loi morale de Dieu. Personne ne peut se soustraire à ses exigences. La
raison de l'universalité du péché et de la culpabilité se trouve dans
l'universalité de la loi de Dieu. La loi parle et toute bouche sera
fermée lors du jugement. Toute bouche serait maintenant fermée si
chacun réalisait que la loi est la parole écrite de Dieu. C'est Dieu
qui parle dans Sa sainte loi. Il dit : « Voici le chemin,
marchez-y ».
Mais aucune justification ne peut provenir de la loi. C'est là la
conclusion de Paul suite à ses prémisses. « Car nul [aucune chair, KJV]
ne sera justifié devant lui par les oeuvres de la loi, puisque c'est
par la loi que vient la connaissance du péché. » L'expression
« aucune chair » est un terme universel représentant ici tous les
hommes. Le mot « chair » utilisé ici équivaut à « tous les hommes ».
Dans la langue originale, le mot pour « toute » (pasa) est employé
avec « chair ». Ceci signifie qu'il s'agit de toute la race humaine,
de toute l'humanité. Pas une personne ne peut être justifiée aux yeux
de Dieu par les oeuvres de la loi. C'est ainsi parce que la loi révèle
le péché et la culpabilité mais ne peut déclarer ni rendre le pécheur
juste.
Afin d'être justifié par la loi, quelqu'un devrait être juste en tout
temps, dans chaque circonstance, en foi comme en pratique. À cause du
péché d'Adam, sa postérité a été affaiblie et a hérité d'une nature
pécheresse portée à la méchanceté. Cet héritage poussera toujours
l'homme à pécher à moins qu'il ne soit constamment gardé par la
puissance de Dieu. La seule manière dont un homme pourrait être
justifié par les oeuvres de la loi serait d'avoir en lui-même, par
nature, la justice exigée par la loi. Mais à cause du péché de
l'homme, il lui est impossible d'être justifié par la loi. Si la
justification était venue par la loi, alors Christ serait mort pour
rien (
Galates 2.21 ).
La plupart des gens croient à l'universalité du péché. Et en ceci,
certains présentent l'idée que ce qu'Adam a fait à la race est plus
important que ce que Christ a fait pour elle. Ils ont universalisé le
péché tout en restreignant la justification. Mais le péché est-il plus
universel que la justification opérée par Christ? Adam a-t-il
réellement gravé ses initiales plus profondément dans la chair de
l'humanité que ne l'a fait Christ? L'oeuvre de Christ a-t-elle eu
moins d'impact sur la race déchue que la chute d'Adam? L'oeuvre de
justification de Christ n'est-elle pas pour la race aussi universelle
dans sa portée que la chute d'Adam? Oui, et bien plus.
Par Sa mort Christ n'aurait pu légalement justifier un seul individu
sans justifier légalement toute la race humaine. S'Il n'avait pas
légalement justifié chacun, il Lui faudrait mourir individuellement
pour chacun. Mais non. Il est mort une fois pour toutes. Et cette mort
qui nous justifie était pour tous. La justification légale est une
justification passive. Nous n'avions pas le choix d'y participer, tout
comme nous n'avons pas eu le choix de plonger avec Adam dans les eaux
glaciales de la mort au péché dans lesquelles il nous a entraînés.
Ceci est fondamental au message de la justification par la foi. Il
existe une seule justification et elle est légale. Elle est
historique. Elle est objective elle possède une véritable existence,
une réalité, autre que l'expérience subjective qui se déroule dans
l'esprit du croyant. Lorsqu'on y croit, on la reçoit subjectivement à
travers l'imputation et la communication de la justice de Christ.
Cette croyance n'est pas un simple assentiment intellectuel d'un fait
objectif historique. C'est une réponse sincère de gratitude et
d'appréciation envers Dieu pour Sa bonté à notre égard dans le don de
Son Fils Jésus-Christ comme second Adam le Représentant et le Sauveur
de la race déchue qui a épuisé la pénalité qui était contre nous.
L'oeuvre de substitution de Christ pour nous est représentative.
Christ est mort pour nous, comme étant nous. Puisqu'Il est mort pour
nous tous, il s'ensuit que nous sommes tous morts (
2 Corinthiens 5.14
). Lorsque Christ est accepté par la foi, un changement dramatique
prend place dans l'esprit et le coeur du croyant.