L'ÉVANGILE DANS LE LIVRE DE GALATES

LE CONCILE DE JÉRUSALEM

Je poursuis avec l'analyse de votre second chapitre. Je ne pense pas qu'il y ait quelqu'un dont l'opinion vaille la peine d'être considérée qui questionnera un seul moment votre déclaration que la visite dont il est question au premier verset de ce chapitre soit la même que celle dont nous avons le compte-rendu dans Actes 15. Je suis certainement d'accord avec vous ici. Comme vous le remarquerez, j'en ai fait un point particulier dans mes articles; en fait, j'ai insisté sur la chose comme étant un fondement nécessaire à mon argumentation. J'ai répété à plusieurs reprises ce que j'avais déjà déclaré dans cette lettre, que l'Épître aux Galates avait été écrite pour la même raison, la teneur de ce que certains hommes qui étaient venus à Antioche enseignaient : « À moins que vous ne vous fassiez circoncire, vous ne pouvez être sauvés. » Je suis d'accord avec vous que « c'est précisément la même question qui fut amenée devant le concile qui forme le sujet principal de la lettre de l'apôtre à cette église. » Mais je ne suis pas d'accord avec vous dans tout ce que vous dites par la suite et qui se trouve à la page 25 de votre pamphlet :

« Un chrétien prétendra-t-il que la loi morale était le sujet considéré par ce concile? Était-ce la loi morale que Pierre appelle 'un joug... que ni nos pères ni nous n'avons été capables de porter'? Les lois morale et cérémonielle furent-elles complètement mêlées et confondues à ce concile? La décision de l'assemblée a-t-elle écarté les lois interdisant le vol, le mensonge, la transgression du Sabbat et le meurtre? Nous savons bien que non. Le concile n'a rien considéré en rapport avec les dix commandements. »

Croyez-vous réellement que le concile n'ait pas considéré les dix commandements? Si tel est le cas, pouvez-vous me dire de quelle loi la fornication est-elle une transgression? La fornication est l'une des quatre choses défendues par le concile. Maintenant, je me rappelle très distinctement un sermon très clair que vous avez donné sur le sujet à la Conférence Générale et d'un Témoignage encore plus clair, que j'ai pensé être très pertinents. Vous avez prouvé par les Écritures que le septième commandement peut être brisé même par un regard ou un désir du coeur. Et cependant vous prétendez que le concile qui défendit la fornication ne considéra rien qui ait eu rapport aux dix commandements. Comment pouvez-vous faire une telle déclaration après avoir lu le chapitre 15 des Actes? Cela me dépasse.

Et encore, une autre chose qui fut interdite par le concile fut « la souillure des idoles ». Ceci doit certainement avoir un rapport avec les premier et second commandements, sans parler des autres commandements qui étaient brisés dans des fêtes idolâtres. Je serais extrêmement déçu que les gens pensent que nous ne considérons pas les souillures des idoles ou la fornication comme des violations de la loi morale. Vous prétendez que c'est seulement la loi cérémonielle qui fut considérée dans ce concile. Citez-moi, je vous prie, cette portion de la loi cérémonielle qui défend la fornication et l'idolâtrie.

C'est une question importante et c'est ici que toute votre argumentation s'écroule. Vous faites une juste corrélation entre le livre des Galates et le chapitre 15 des Actes. Vous dites avec justesse que Paul poursuit dans Galates le même type d'argumentation qui a été suivi dans le concile. Et vous vous appuyez sur la supposition que le concile ne s'est jamais arrêté sur la loi morale, tout ceci afin de prouver que la loi morale n'entre pas en ligne de compte dans Galates. Mais une simple lecture du rapport du concile démontre que la loi morale y a été considérée; et par conséquent, en accord avec votre propre argumentation, la loi morale doit être considérée dans le livre des Galates.

Supposons pour un moment que la loi cérémonielle seule fut considérée par le concile; il s'ensuit nécessairement, comme cela est clairement établi dans « Les deux lois », p. 31, que le concile a décidé que quatre points de la loi cérémonielle ont été déclarés obligatoires pour les chrétiens. Maintenant permettez-moi de vous demander :
  1. La décision du concile est-elle aussi obligatoire pour nous qu'elle l'était pour les premiers chrétiens? Si oui, alors la loi cérémonielle n'a pas été enlevée à la croix et nous y sommes encore soumis.

  2. Si la loi cérémonielle était un joug d'esclavage et que ce concile a décrété qu'une partie de celle-ci devait être observée par les chrétiens, n'ont-ils pas alors délibérément placé les chrétiens sous un joug d'esclavage, en dépit des protestations énergiques de Pierre contre le fait de leur imposer un tel joug?

  3. Si ces « quatre choses nécessaires » faisaient partie de la loi cérémonielle et demeuraient encore obligatoires vingt-et-une années après la crucifixion, si cela a jamais été le cas, quand ont-elles cessé d'être appliquées? Nous n'avons aucun rapport que ces quatre choses nécessaires aient jamais cessé d'être des choses nécessaires; et c'est pourquoi, selon la théorie que la loi cérémonielle était un joug d'esclavage, il est impossible que les chrétiens en soient jamais parfaitement affranchis. Une chose est certaine, si la loi cérémonielle avait été clouée à la croix, alors les apôtres, agissant en harmonie avec les instructions de l'Esprit de Dieu, n'auraient pas déclaré qu'une partie de la loi cérémonielle constituait des « choses nécessaires ». Et ainsi quiconque prétend que les « quatre choses nécessaires » enjointes par le concile à Jérusalem faisaient partie de la loi cérémonielle, nie que la loi cérémonielle ait cessé à la croix. Je ne peux m'imaginer que vous auriez pris cette position si vous aviez pris le temps de considérer avec soin cette question.

Maintenant permettez-moi d'expliquer en bref ce que je considère comme étant la vérité à propos du concile de Jérusalem. Certaines personnes sont descendues à Antioche et ont enseigné aux frères que s'ils n'étaient pas circoncis, ils ne pouvaient pas être sauvés. Ces personnes, ou d'autres de la même classe, ont grandement troublé toutes les églises que Paul avait formées, dont celle des Galates. Les hommes qui enseignaient ceci n'étaient pas vraiment des chrétiens mais de « faux frères ». (Voir Galates 2.4.) Suite à leur enseignement, beaucoup de gens se sont détournés de l'évangile. En mettant leur confiance dans la circoncision pour être justifiés, ils s'appuyaient sur un roseau brisé qui ne pouvait leur servir à rien. Au lieu de gagner la justice par ce moyen, ils ont été inconsciemment amenés à de mauvaises pratiques, car sans la foi en Christ, aucun homme ne peut vivre une vie juste. Supposons maintenant que le concile ait confirmé les enseignements de ces faux frères et ait décrété que la circoncision était nécessaire à la justification; quel en aurait été le résultat? Simplement ceci : ils auraient détourné les disciples de Christ; car le seul objectif en venant à Christ est de recevoir la justification ou le pardon, et si les gens peuvent l'obtenir sans aller à Christ, ils n'ont évidemment pas besoin de Lui. Mais malgré tout ce que les apôtres auraient pu décréter, le fait serait demeuré que la circoncision n'est rien et que les disciples n'auraient pas pu être justifiés davantage par elle qu'en claquant des doigts. Par conséquent, s'ils avaient été amenés à mettre leur confiance dans la circoncision, ils se seraient reposés satisfaits dans leurs péchés; et cela aurait mis un joug sur eux. Le péché est un esclavage et enseigner aux hommes à placer leur confiance dans une fausse espérance qui les amènera à se sentir satisfaits dans leurs péchés, pensant qu'ils en sont libérés, c'est simplement les soumettre à l'esclavage.

Pierre a dit : « Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, en mettant sur le cou des disciples un joug que ni nos pères ni nous n'avons pu porter? » ( Actes 15.10 ). Maintenant les pères avaient la loi cérémonielle et l'ont supportée; ils l'ont pratiquée et se sont réjouis en elle, comme l'a dit David : « Plantés dans la maison de l'Éternel, ils prospèrent dans les parvis de notre Dieu; ils portent encore des fruits dans la vieillesse, ils sont gras et florissants » ( Psaumes 92.14-15 ). Quiconque lit les Psaumes verra que David ne considérait pas la loi cérémonielle comme un joug pesant, ni ne pensait que c'était un esclavage sévère d'en pratiquer les ordonnances. C'était un plaisir pour lui d'offrir des sacrifices d'actions de grâces parce qu'il démontrait ainsi sa foi en Christ. La foi en Christ était l'âme et la vie de son service. Sans cela, son culte aurait été un formalisme vide. Mais s'il avait été mal informé au point de supposer que le simple accomplissement machinal de la loi cérémonielle le purifierait du péché, alors, en effet, il se serait retrouvé dans une condition grave. Il y a deux jougs, le joug du péché (le joug de Satan), et le joug de Christ. Le joug du péché est difficile à porter, Satan étant un tyran implacable; mais le joug de Christ est aisé et Son fardeau est léger. Il nous libère du péché afin que nous puissions Le servir en portant Son joug doux ( Matthieu 11.29-30 ).

Maintenant quelle était la raison pour laquelle quatre choses seulement furent recommandées à ces convertis troublés? C'était que ces quatre choses couvraient le danger qui les menaçait. La conformité aux cérémonies juives comme moyen de justification les séparait de Christ et les amenait naturellement à regarder d'un oeil favorable les cérémonies païennes. Leur ayant dit qu'aucune cérémonie juive de quelque genre n'était requise de leur part, ils furent avertis contre quatre choses qui constituaient pour eux le plus grand danger. Si les convertis d'entre les Gentils devaient commencer à se refroidir, la fornication et la consommation de sang animal seraient les premières choses qu'ils reprendraient parce qu'elles étaient tellement communes chez les Gentils qu'elles n'étaient pas du tout considérées comme péché.

Ainsi nous voyons que, tandis que la loi cérémonielle était sous considération dans le concile de Jérusalem, et que la question était de savoir si oui ou non les chrétiens devaient l'observer, la seule importance qu'on y attachait et la seule raison pour laquelle ceux qui enseignaient la circoncision furent réprimandés, c'était qu'un tel enseignement menait invariablement à la violation de la loi morale; et c'est là le résumé de l'enseignement du livre des Galates. Paul avertit fortement les Galates contre le fait d'être circoncis, non parce que la circoncision était en elle-même une chose détestable car il avait lui-même circoncis Timothée (et cela même après le concile de Jérusalem) , mais parce qu'ils se fiaient à la circoncision pour leur justification, coupant ainsi tout lien avec Christ et retombant dans l'idolâtrie.