Je passe à la page 33, à vos remarques finales du second chapitre où
vous dites :
« Nous avons parcouru jusqu'ici presque deux chapitres entiers de
cette lettre, soit à peu près le tiers de toute l'épître, et nous
n'avons pas trouvé une seule référence à la loi morale; alors que dans
tout ceci, on se réfère constamment à l'autre loi, celle de Moïse. »
Je pense que vous n'aviez pas dans l'idée le
verset 19 du second chapitre
quand vous avez écrit cela. Le verset se lit ainsi : « Car
c'est par la loi que je suis mort à la loi, afin de vivre pour Dieu. »
La loi cérémonielle n'a jamais eu le pouvoir de tuer quiconque. Mais
même en supposant qu'elle ait disposé de ce pouvoir à un certain
moment, elle est elle-même morte, ayant été clouée à la croix au moins
trois ans avant que Paul ne soit converti. Maintenant je vous demande,
comment Paul pouvait-il être tué par une loi qui n'avait plus
d'existence depuis trois ans? Ce verset montre clairement que c'est la
loi morale à laquelle il est fait référence. C'est la même loi à
laquelle Paul se réfère quand il dit : « Pour moi, étant autrefois
sans loi, je vivais; mais quand le commandement vint, le péché reprit
vie, et moi je mourus. Ainsi, le commandement qui conduit à la vie se
trouva pour moi conduire à la mort. » (
Romains 7.9-10
) Les limites d'une brève analyse ne me permettent pas de donner un
exposé des références à la loi qui sont dans le
second chapitre de Galates,
comme j'espère le faire à un moment donné, mais cela nécessite peu
d'espace pour montrer que c'est la loi morale et non une autre loi qui
est considérée dans
Romains 2.18.
Je vois que vous appliquez
Galates 3.10
à la loi cérémonielle. En agissant ainsi, vous prenez sûrement une
nouvelle voie. Je pense avoir lu chaque livre publié au sein de notre
dénomination et je n'ai jamais lu cette position dans aucun d'eux. Au
contraire, chaque personne ayant écrit sur le sujet a appliqué ceci à
la loi morale et je ne vois pas comment il serait possible de
l'appliquer autrement. Je ne mets pas en doute la déclaration que « le
livre de la loi » incluait à la fois la loi morale et la loi
cérémonielle. Je suis heureux que vous admettiez au moins ceci, car
plusieurs de ceux qui ont parlé et écrit sur ce sujet semblent dire
que « le livre de la loi » se réfère exclusivement à la loi
cérémonielle. Vous noterez cependant que le livre du Deutéronome est
presque totalement consacré aux préceptes moraux et contient seulement
une ou deux références à la loi cérémonielle, références qui touchent
les trois fêtes annuelles, l'antitype de ce qui est encore futur. Il
devrait être évident pour quiconque lit attentivement ce livre que la
loi morale occupe la position principale du Deutéronome. Voir les
textes
4.5-13;
5;
6; (le
verset 6.25
est utilisé de manière universelle à propos de la loi morale);
11.8, 18-28;
13
et beaucoup d'autres en dehors de ceux-ci que j'ai choisis au hasard.
Deutéronome 29.29
s'applique certainement à la loi morale et l'expression qui est
utilisée dans la dernière clause implique que la loi morale est la loi
considérée dans le livre. Et dans
Deutéronome 27,
où se trouvent les malédictions, au verset 26 ensuite cité dans
Galates 3.10,
seule la loi morale est considérée.
Mais bien qu'il soit sans doute vrai que la loi cérémonielle était
incluse dans le « livre de la loi », je cherche encore une preuve
scripturaire de cette déclaration qu'il y avait une malédiction
prononcée pour le non-accomplissement de la loi cérémonielle comme loi
indépendante. Je vais essayer de définir ce que je veux dire. Il ne
peut y avoir d'obligation morale d'accomplir quelque chose qui n'est
pas requis par la loi morale. C'est simplement une autre manière de
dire que le péché est la transgression de la loi. Maintenant si, à un
moment quelconque, le péché peut être imputé pour l'accomplissement ou
le non-accomplissement de n'importe quel acte non défendu ou enjoint
par la loi morale, il s'ensuit nécessairement que la loi n'est pas une
règle d'action parfaite. Mais la loi morale est une loi parfaite. Elle
incarne toute justice, même la justice de Dieu et rien de plus ne peut
être requis de quiconque qu'une parfaite obéissance à celle-ci. Cette
loi est si grande qu'elle couvre chaque action et chaque pensée, de
sorte qu'il est totalement impossible pour une personne de concevoir
un péché qui ne soit pas défendu par la loi morale. Je ne vois pas
comment cette position peut être questionnée par quelqu'un qui croit
dans l'origine divine et la perpétuité de la loi; pourtant votre
position nie virtuellement que la loi morale soit une règle parfaite
de conduite; car vous dites que la malédiction est attachée à la fois
à la loi cérémonielle et à la loi morale.
Je suppose que nous ne nierez pas que la malédiction de la loi, c'est
la mort et, par conséquent, je ne m'arrêterai pas ici pour offrir une
preuve plus poussée mais quelques mots ici ne seraient pas superflus.
Je note simplement les points suivants :
1) La malédiction de la loi est ce que Christ a porté pour nous. Voir
Galates 3.13.
2) Cette malédiction consistait à être pendu à un arbre. Voir la
dernière partie du verset 3. Cette pendaison à un arbre était la
crucifixion de Christ car à aucun autre moment Il n'a été pendu à un
arbre (en dehors de cet événement); et Pierre a dit aux méchants Juifs
: « Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus que vous avez tué et pendu
à un arbre » (
Actes 5.30
). C'est pourquoi la mort est la malédiction que Christ a portée pour
nous; mais la mort est le salaire du péché et le péché est la
transgression de la loi morale. Par conséquent, Christ a porté la
malédiction de la loi morale pour nous. Il n'y a aucune autre loi à
laquelle se trouve attachée une malédiction. Il est certain qu'aucune
malédiction n'est ou ne peut être prononcée si ce n'est sur le péché;
si donc la malédiction est prononcée à cause d'un manque à se
conformer aux rites de la loi cérémonielle, alors un tel manque doit
être en lui-même péché et, par conséquent, la loi cérémonielle est
elle aussi une norme de justice. Je ne vois pas comment, à partir de
votre position, vous pouvez éviter de conclure que la loi morale n'est
pas ou du moins n'était pas, à l'époque juive, une norme parfaite de
justice en soi. Le grand défaut que je trouve dans la position que
vous soutenez, c'est qu'elle déprécie la loi morale et par ricochet
l'évangile.
Laissez-moi répéter l'argument : si la malédiction est attachée à la
loi cérémonielle, alors la transgression de la loi cérémonielle est
péché; et si la transgression de la loi cérémonielle est péché, il
existe donc un péché qui n'est pas couvert par les dix commandements;
ainsi les dix commandements ne forment pas une norme parfaite au
niveau du comportement; bien plus, puisque la loi cérémonielle n'est
plus en vigueur, il en découle que la norme de justice n'est plus
aussi parfaite qu'au temps de Moïse. Si ceci ne constitue pas une
conclusion légitime de vos hypothèses, je dois confesser mon ignorance
de la logique. Un autre point : aucun péché ne peut disparaître de
lui-même ni même être expié par une quelconque bonne action
subséquente. Il doit donc y avoir un certain plan d'expiation pour le
péché. Maintenant si le péché est imputé en raison d'une négligence de
la loi cérémonielle, quel remède était fourni pour ce péché? La loi
cérémonielle faisait simplement partie des ordonnances de l'évangile.
Si les pécheurs condamnés étaient rendus encore plus condamnables par
le remède même fourni pour leur salut, alors la loi cérémonielle doit
certainement avoir été un joug. Un homme se trouve dans une position
vraiment piteuse quand le remède qui lui est donné pour une maladie
purulente ne fait qu'aggraver sa maladie.
Mais, direz-vous et avec raison, ceux qui refusaient de se conformer
aux exigences de la loi cérémonielle étaient mis à mort. Pourquoi
était-ce le cas si la malédiction n'était pas reliée à la loi
cérémonielle? J'y répondrai. Le transgresseur de la loi morale
méritait en toute justice la mort, mais Dieu avait pourvu au pardon de
tous ceux qui l'accepteraient. Ce pardon était donné à condition
d'avoir la foi en Christ et il était ordonné que la foi en Christ
devait se manifester à travers les rites de la loi cérémonielle.
Maintenant si un homme se repentait de ses péchés et avait la foi en
Christ, il le manifesterait et recevrait le pardon et puis, bien sûr,
la pénalité ne lui serait pas infligée. Mais s'il n'avait pas foi en
Christ, il ne se conformerait pas aux conditions du pardon et, bien
sûr, la pénalité du péché lui serait infligée. La pénalité ne venait
pas du défaut d'exécuter les rites de la loi cérémonielle, mais du
péché qui aurait pu être remis s'il avait manifesté de la foi. Je
pense que n'importe qui peut voir la véracité de cette position.
Laissez-moi l'illustrer. Voici un homme qui a commis un meurtre et se
trouve condamné à mort. On lui dit que le Gouverneur lui pardonnera
s'il reconnaît sa culpabilité, se repent de son péché et remplit une
demande de pardon; mais il refuse de le faire et la loi doit suivre
son cours : il est pendu. Maintenant pourquoi est-il pendu? Est-ce
parce qu'il refuse de remplir la demande de pardon? Pas du tout. Il
est pendu pour le meurtre commis. Aucune partie de la pénalité ne lui
est infligée parce qu'il a refusé d'inscrire une demande de pardon et
pourtant, s'il l'avait fait, la pénalité lui aurait été remise en
entier. Il en est ainsi pour le pécheur dans sa relation avec la loi
de Dieu. S'il méprise l'offre de pardon et montre son manque d'égard
par son refus de suivre les étapes nécessaires pour recevoir le
pardon, alors la malédiction de la loi, la mort, peut s'abattre sur
lui. Mais le refus de recevoir le pardon n'est pas un péché. Dieu
invite les hommes à recevoir le pardon mais Il n'a aucune loi pour les
forcer à être pardonnés. Le meurtrier auquel a été offert le pardon et
qui l'a rejeté n'est pas plus coupable qu'un autre homme ayant commis
le même crime mais auquel le pardon n'a pas été offert. Je ne sais pas
comme rendre cela plus clair; je ne peux pas voir qu'il soit
nécessaire de le faire. Le résumé de tout ceci est simplement que le
péché est la transgression de la loi morale et non la violation d'une
autre loi; car la loi morale couvre tout devoir. Une malédiction est
attachée à la violation de la loi et cette malédiction, c'est la mort;
car « le salaire du péché, c'est la mort ». Mais il y a une provision
pour le pardon de ceux qui exercent la foi en Christ. Et cette foi est
démontrée par l'accomplissement de certains rites. Avant Christ,
c'était par l'offrande des sacrifices; depuis Christ, c'est par le
baptême et la Sainte Cène. Ceux qui ont réellement la foi le
montreront de la manière prescrite et échapperont à la pénalité. Ceux
qui n'ont pas la foi recevront la punition. C'est exactement ce que
Christ voulait dire lorsqu'Il a dit à Nicodème : « Dieu, en effet, n'a
pas envoyé son Fils dans le monde pour qu'il condamne le monde, mais
pour que le monde soit sauvé par lui. Celui qui croit en lui n'est
point condamné; mais celui qui ne croit pas est déjà condamné, parce
qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. » (
Jean 3.17-18 ).
Je m'étonne de la façon dont vous lisez
Galates 3.11-12
et pouvez imaginer que le mot loi ait dans ces versets la moindre
référence à la loi cérémonielle. Je les cite : « Et que nul ne soit
justifié devant Dieu par la loi, cela est évident, puisqu'il est dit :
Le juste vivra par la foi. Or, la loi ne procède pas de la foi; mais
elle dit : Celui qui mettra ces choses en pratique vivra par elles. »
Je ne vois pas comment un quelconque commentaire pourrait rendre plus
évidente la vérité que c'est la loi morale seule à laquelle on fait
allusion ici. Vous ne pouvez échapper à cette conclusion en disant que
la déclaration que nul n'est justifié par la loi aux yeux de Dieu
s'applique avec une force égale à n'importe quelle loi et que ceci
peut par conséquent s'appliquer à la loi cérémonielle aussi bien qu'à
la loi morale. La question n'est pas de savoir quelle loi peut être
ici considérée mais quelle loi est considérée. La loi ici considérée
est une loi dont il est dit : « L'homme qui fait ces choses vivra par
elles ». Maintenant ceci est surtout vrai de la loi morale. Cela
équivaut à dire dans
Romains 2.13
: « Ceux qui observent la loi seront justifiés. » Le triste fait
qu'il n'y a personne qui observe la loi ne détruit pas cette vérité
que les observateurs de la loi seront justifiés. Une parfaite
conformité à la loi morale seule est tout ce que Dieu peut exiger de
n'importe quelle créature. Un tel service lui donnerait nécessairement
la vie éternelle. Mais un homme peut accomplir chaque item de la loi
cérémonielle de la manière la plus rigide et la plus scrupuleuse et
être malgré tout condamné. Les Pharisiens étaient de stricts
observateurs de la loi cérémonielle, cependant ils furent maudits :
c'est pourquoi ce texte ne peut faire la moindre référence à la loi
cérémonielle.
De nouveau le texte dit : « La loi ne procède pas de la foi. » Mais la
loi cérémonielle n'avait pas d'autre origine que la foi; c'était une
question de foi du commencement à la fin. C'était la foi qui faisait
toute la différence entre l'offrande d'Abel et celle de Caïn. Voir
Hébreux 11.4.
C'était la foi seule qui donnait à ce système toute la force qu'il ait
jamais eue. Et c'est ici encore une preuve flagrante que ce n'est pas
la loi cérémonielle qui est considérée.
Il semble invraisemblable qu'il faille recourir à cet argument pour
montrer que
Galates 3.11-13
fait référence à la loi morale et à la loi morale exclusivement. Un
point de vue contraire n'a jamais été présenté par notre dénomination
avant la publication de votre pamphlet. Je ne puis réellement croire
que vous niez délibérément que la loi morale est ici envisagée. Les
limites de cette analyse ne me permettront pas de relever chaque
endroit où apparaît le mot « loi » dans le livre des Galates et de
montrer leur application, mais je souhaite poser une question : Est-il
raisonnable de supposer que l'apôtre utiliserait les mots « la loi » à
un endroit alors que quelques versets plus loin, sans avoir changé de
sujet et ne donnant aucune indication d'un tel changement, il
utiliserait encore les mêmes mots et ferait référence à deux lois
entièrement distinctes dans les deux cas? Vous dites vous-même que ce
n'est pas le cas. S'il était vrai que l'apôtre ait écrit d'une manière
si vague, utilisant l'expression « la loi » dans un verset en
référence à la loi morale et au verset suivant en référence à la loi
cérémonielle, alors personne ne pourrait comprendre ses écrits à moins
qu'il ne bénéficie du même degré d'inspiration que possédait
l'apôtre.
Je reviens à votre livre, à la page 39, et j'y lis ce qui suit :
« S'ils voulaient rétablir toute l'économie juive, ce qui
constituerait le résultat logique de leur adoption de la
circoncision, les Galates se plaçaient ainsi sous une malédiction. »
Dans le même paragraphe, vous dites que la déclaration « Maudit est
quiconque n'observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la
loi, et ne le met pas en pratique » (
Galates 3.10
) s'applique à la loi cérémonielle et vous dites que les Galates se
plaçaient sous cette malédiction en voulant rétablir toute l'économie
juive! Je ne puis comprendre la logique de cela. Si c'était vrai, ils
se condamneraient eux-mêmes en le faisant, comme en ne le faisant
pas.